Lundi 8 février 2016

Lundi 8 février 2016
«Nous sommes si imprégnés par la logique de l’entreprise que nous l’appliquons à nos propres vies» 
Thibault Le Texier docteur en économie, chercheur en sciences humaines 
Le chercheur Thibault Le Texier vient de publier un ouvrage «le Maniement des hommes».
Dans cet ouvrage il interroge non le capitalisme mais la gestion des hommes. Ce qu’on appelle aujourd’hui le management.
Management voici encore une invention anglo-saxonne mais en réalité d’origine française.
Wikipedia nous apprend que «L’usage actuel en français du terme « management » provient pour beaucoup d’un emprunt direct au terme anglo-saxon « management ». Cependant, selon l’Oxford English Dictionary le verbe anglais « to manage » et le substantif « management » découlent eux-mêmes d’un terme français du XVe siècle, « mesnager », signifiant en équitation « tenir en main les rênes d’un cheval », provenant lui-même de l’italien « maneggiare » (et du latin « manus » : la main). Il a subsisté en français en équitation au travers du mot « manège ». Par extension, « mesnager » a désigné à partir du XVIe siècle en français le fait de tenir les rênes d’une organisation (exploitation agricole, fabrique, administration, etc.) et non seulement d’un cheval.»
Bien sûr cette origine fait référence au « bon ménage », c’est à dire à la bonne gestion du ménage. Mais aussi à « ménager ». Notamment quand il est question d’équitation, il y a l’idée de ménager sa monture.
Dans un entretien à Libération, Thibault Le Texier explique :
« Au départ, le verbe «manager» signifiait «prendre soin, s’occuper de» : il s’agissait d’aider un être dépendant – un enfant, un vieillard, un malade, un animal de ferme… – à rétablir un équilibre naturel ou à se développer harmonieusement. Avec le taylorisme, c’est fini : le manager ne prend plus soin des managés. Le patron n’est pas là pour faire la charité, il est là pour faire tourner la boîte. S’il se préoccupe de la santé de ses employés, c’est uniquement pour les rendre plus dociles et plus productifs. Il ne s’agit plus, comme au XIXe siècle, d’une habitude paternaliste louée par l’Eglise et instituée dans les mœurs. De la même façon aujourd’hui, Google va offrir des corbeilles de fruits à ses salariés pour éviter de les voir se faire débaucher par la concurrence. »
Mais ce que dénonce surtout ce chercheur c’est la diffusion de l’esprit de management à toutes les dimensions de la vie.
Ainsi dans l’entretien à Libération, il dit notamment : 
«Le principal facteur de diffusion de cette rationalité [managériale], c’est la place centrale qu’a pris l’entreprise dans nos sociétés. En un siècle, elle a accaparé tous les moyens nécessaires à notre survie : elle nous permet de nous déplacer, de nous nourrir, de nous loger, de nous habiller, mais aussi de nous informer ou de prendre soin de nos enfants. Etant chaque jour au contact de dizaines d’entreprises, nous sommes de plus en plus imbibés par leur logique. Autrefois, on passait plus de temps au contact de la famille, de l’Eglise, de l’Etat… On baignait dans un fluide différent.»
[…]
La «rationalité managériale» vise l’efficacité, l’organisation, le contrôle et la rationalisation. Par exemple, on standardise les environnements et les façons d’interagir avec eux, on rationalise la taille des pièces, la place des meubles, la hauteur des tables. A terme, toutes les tables du monde seront probablement à la même hauteur ! Si certains métiers sont davantage préservés, plus aucun territoire n’est imperméable à cette logique managériale. […]
Il y a un siècle, lorsque Taylor invente le management scientifique, l’entreprise est comme une grande famille : le patron est un père pour ses employés, et tout un réseau de relations familiales lient les membres de l’entreprise. Pour Taylor, tous ces liens personnels plombent la productivité – parce qu’on ne peut pas virer tel proche, parce qu’on recrute tel gendre alors qu’il est incompétent, etc. Taylor cherche alors à remplacer les relations de confiance et de proximité par des relations de contrôle indirectes. Désormais, le chef est celui qui mesure, qui organise, qui fixe des objectifs. Avant, les ouvriers possédaient leurs propres outils et leurs manières de faire, et ils pouvaient négocier directement avec le patron le prix de leur travail, leurs délais, etc. Avec le taylorisme, c’est le patron qui détermine tout cela, c’est à prendre ou à laisser. L’ouvrier devient un simple exécutant. Aujourd’hui, ce système s’applique partout, du secteur des services aux tâches domestiques, en passant par l’administration publique. La gestion est devenue universelle.[…]
De nos jours, on a du mal à penser la gestion tant on baigne dedans. La rationalité managériale est devenue un véritable sens commun, une évidence. Par exemple, personne ne questionne plus le principe d’efficacité, l’un des points cardinaux du management. Avant le XIXe siècle, ni l’efficacité ni le profit ne constituaient des critères de choix déterminants : on leur préférait généralement la solidarité familiale, la loyauté ou encore la confiance. Désormais, même en politique, l’efficacité est une valeur suprême – davantage que la justice ou la souveraineté. On peut décider de politiques très efficaces et parfaitement injustes sans que ça ne choque grand monde ! […]
Si l’entreprise a eu un tel succès, c’est parce qu’elle a extraordinairement amélioré notre quotidien. Elle a permis une abondance de biens et de confort indéniable. Et c’est elle qui incarne aujourd’hui le progrès, la modernité, la sacro-sainte croissance. Il ne faut donc pas céder à la théorie du complot : c’est nous qui, chaque jour, avec notre argent, plébiscitons les entreprises en achetant leurs produits. C’est un système très démocratique : chaque entreprise n’a que le pouvoir que nous lui donnons – même si on voit bien que les plus grandes peuvent influencer considérablement les consommateurs.
Le management a aussi été un levier d’émancipation sociale. Par exemple, des femmes au foyer ont appliqué le taylorisme à l’organisation de leurs tâches domestiques dès les années 1900, sous les encouragements de certaines féministes. Parce que ça pouvait leur donner une certaine dignité sociale : elles n’étaient plus des «bobonnes», elles devenaient des «ingénieures domestiques». De même, dans les usines, certains ouvriers ont réclamé eux-mêmes l’instauration du taylorisme, dans l’espoir de mettre des bornes à l’autorité des contremaîtres – une autorité parfois arbitraire et souvent despotique… Car tout n’était pas rose dans l’entreprise familiale, loin de là ![…]
Bien souvent, nous sommes tellement imprégnés par cette logique que nous l’appliquons à nos propres vies. De plus en plus, on nous demande de jouer à la fois le rôle du manager et celui du managé, de nous gérer nous-mêmes. Une fois bien disciplinés, on n’a plus besoin de chef : on va se fixer nous-mêmes nos objectifs, mesurer nos performances, remplir notre fiche d’évaluation, etc. Et on va le faire au travail, mais aussi dans notre vie privée. Des tas de manuels de coaching nous expliquent par exemple comment rationaliser les courses de Noël, la préparation du dîner, l’éducation de nos enfants, ou comment rencontrer l’âme sœur grâce aux méthodes de la Harvard Business School…[…]
Aujourd’hui, l’évolution des connaissances est si rapide que même des gens de 50 ans sont jugés has been et inutiles. Juger les individus essentiellement à l’aune de leur fonctionnalité et de leur efficacité peut avoir des conséquences désastreuses. On en a l’exemple tous les jours.
Le management serait une façon de gouverner, de l’ordre du politique ? […]
Le manager n’est ni un propriétaire ni quelqu’un qui recherche le profit. On a été sensibilisés aux excès du capitalisme, et on comprend relativement bien maintenant comment il fonctionne. Le management, en revanche, est souvent regardé comme une technique neutre et sans danger, une simple question d’efficacité. Le fait qu’il passe ainsi inaperçu, alors même qu’il imprègne en profondeur nos institutions et nos valeurs, est l’une de ses grandes forces. Il est donc plus que temps de le passer au crible de la critique. »
C’est une réflexion qui me parait féconde à tout esprit critique, c’est à dire un esprit non manichéen qui fait la part des choses et essaye de comprendre ce qui se passe dans sa vie et autour de lui.

Vendredi 5 février 2016

Vendredi 5 février 2016
«Tenter, braver, persister, persévérer,
être fidèle à soi-même,
prendre corps à corps le destin,
étonner la catastrophe par le peu de peur qu’elle nous fait,
tantôt affronter la puissance injuste,
tantôt insulter la victoire ivre, tenir bon, tenir tête ;
voilà l’exemple dont les peuples ont besoin,
et la lumière qui les électrise.»
Victor Hugo
Patrick Boucheron est un grand historien français. Il a été nommé au Collège de France à la chaire «Histoire des pouvoirs en Europe occidentale (XXIIIe-XVIe siècle)».
Et dans ce cas, avant de commencer son cours, le nominé au Collège de France prononce une leçon inaugurale où les plus grands professeurs et intelligences de Paris se rendent.
La leçon inaugurale de Patrick Boucheron a été particulièrement remarquée. Il a été invité sur France Inter après cette leçon.
Et il a expliqué : « Je suis médiéviste, je ne pouvais pas imaginer que ce que j’avais appris sur le Califat ou la Croisade, pourrait  un jour être employé par des personnes mal intentionnées.»
Voici l’introduction de sa leçon inaugurale qui a été prononcée en décembre 2015 et dont le titre est : « Que peut l’Histoire ?» : 
« Il y a un mois, je suis retourné place de la République. Comme tant d’autres, avec tant d’autres, incrédules et tristes. Le soleil de novembre jetait une clarté presque insolente, scandaleuse dans sa souveraine indifférence à la peine des hommes.
Depuis janvier 2015, comme une houle battant la falaise, le temps passait sur le socle de pierres blanches qui fait un piédestal à la statue de Marianne.
Le temps passait, les nuits et les jours, la pluie, le vent, qui délavait les dessins d’enfants, éparpillait les objets, effaçait les slogans, estompant leur colère. Et l’on se disait : c’est cela, un monument, qui brandit haut dans le ciel une mémoire active, vivante, fragile ; ce n’est que cela, une ville, cette manière de rendre le passé habitable et de conjoindre sous nos pas ses fragments épars ; c’est tout cela l’histoire, pourvu qu’elle sache accueillir du même front les lenteurs apaisantes de la durée et la brusquerie des événements.
Parmi les fleurs, les bougies et les papiers collés, j’ai vu une page arrachée à un cahier d’écolier.
Quelqu’un, à l’encre bleue, d’une écriture sagement appliquée, y avait recopié une citation de Victor Hugo. Depuis la veille au soir, déjà, la Toile bruissait de ce nom propre, en plusieurs langues et divers alphabets.
Au même moment, un collectif de grapheurs retrouvait dans une vieille locution latine la rage d’espérer, ramenant à la noire lumière d’aujourd’hui la devise parisienne qu’on gravait pour la première fois sur un jeton en 1581 [fluctuat nec mergitur]. Et que ceux qui se flattent de leur désespérance en tenant boutique de nos désarrois, ceux qui s’agitent et s’enivrent aux vapeurs faciles de l’idée de déclin, ceux qui méprisent l’école au nom des illusions qu’ils s’en font, tous ceux qui, finalement, répugnent à l’existence même d’une intelligence collective, que ceux-là se souviennent de ces jours. Car la littérature y fut aussi, pour beaucoup, une ressource d’énergie, de consolation et de mobilisation. 
Je rentrais chez moi et me plongeais dans les grands livres illustrés à la reliure rouge qui m’accompagnent depuis l’enfance. A chacun de mes anniversaires, mon grand-père m’offrait un volume de cette édition ancienne et populaire des œuvres complètes de Victor Hugo.
J’y retrouvais, en entier, la chose vue place de la République.
C’est au troisième livre des Misérables, au premier chapitre intitulé « Paris étudié dans son atome », ode au gamin de la capitale qui raille et qui règne.
On y lit ceci.
« Tenter, braver, persister, persévérer, être fidèle à soi-même, prendre corps à corps le destin, étonner la catastrophe par le peu de peur qu’elle nous fait, tantôt affronter la puissance injuste, tantôt insulter la victoire ivre, tenir bon, tenir tête ; voilà l’exemple dont les peuples ont besoin, et la lumière qui les électrise. »
Le texte de Victor Hugo qui est un hymne à la gloire de Paris est ici : https://fr.wikisource.org/wiki/Les_Mis%C3%A9rables_TIII_L1#Chapitre11
Vous pouvez trouver la leçon inaugurale de Boucheron sur le site du Collège de France, comme d’ailleurs les cours qui suivent. Je vous préviens c’est dense et remarquablement érudit. Peut-être que je tenterais de faire de cette leçon une thématique d’une semaine.
Car la littérature fut pour beaucoup, une ressource d’énergie, de consolation et de mobilisation…

Jeudi 4 février 2016

«Philanthropie, Etat et pauvreté»
Nicolas Duvoux, sociologue

Mark Zuckerberg, le créateur de facebook, est devenu Papa il y a peu. Ceci l’a, bien sûr, rendu très heureux. Et ce bonheur l’a conduit à devenir philanthrope.

Il entre avec son épouse Priscilla Chan dans le cercle américain des milliardaires philanthropes qu’illustrent remarquablement Bill Gates et son épouse Melinda.

Ce sont des gens immensément riches parce qu’ils ont eu une idée géniale qui correspondait à l’air du temps, ils ont beaucoup travaillé et entrepris et aussi … pour un petit peu… profiter d’une diminution considérable des impôts aux Etats Unis et peut être aussi profiter des opportunités que leur offraient le système financier et quelques paradis fiscaux.

Bref, les impôts ou cotisations qu’ils n’ont pas payés et qui aurait permis d’alimenter un système redistributeur public, ont conduit leur fortune d’importante à devenir gigantesque. Et ils sont devenus philanthropes. Bref un système de redistribution privé.

Le mot du jour correspond à un questionnement développé par le sociologue, Nicolas Duvoux, dans l’émission la grande Table du 30/09/2015 où il avait été invité pour parler de son enquête aux Etats-Unis et qu’il a formalisé dans ce livre paru en août 2015 :

«Les oubliés du rêve américain. Philanthropie, Etat et pauvreté urbaine aux Etats-Unis»

Il s’est intéressé dans la ville de Boston à l’action d’une fondation américaine philanthropique en faveur des habitants d’un quartier défavorisé.

Cela pose bien entendu la coexistence, la complémentarité et dans l’exemple américain plutôt le remplacement dans l’action sociale de l’Etat par des organismes privés.

Il n’en a pas toujours été ainsi, les impôts sur les revenus aux Etats Unis ont été très lourd pendant longtemps et les Présidents Kennedy et Johnson ont développé un Etat Social.

Mais cette évolution a été stoppée, sous la présidence de Reagan. En effet, depuis le tournant néolibéral de la fin des années 1970, les politiques sociales américaines ont été progressivement déléguées à des organisations à but non lucratif et financées par des fondations privées.

Il faut se méfier, souvent ce qui se passe aux Etats-Unis est précurseur de ce qui va se passer en France. Aux Etats-Unis, l’Etat s’est désengagé, les inégalités ont explosé et une petite partie de la population est devenu excessivement riche. Pour des motifs religieux, moraux et peut être donner un peu de sens à leur vie certains riches se sont engagés dans l’action philanthropique.

Duvoux a constaté que les « oubliés du rêve américain », qui subissent de plein fouet les effets combinés du démantèlement de l’État social, du renforcement de l’État pénal et carcéral, du racisme et du chômage structurels, « continuent, malgré tout, de croire dans le mythe fondateur de leur société ».

L’hypothèse qu’il défend est que le « don philanthropique » et la participation des habitants aux actions financées ou organisées par les fondations contribuent à reproduire le système de représentations qui légitime les inégalités sociales. Les gens qui profitent de cette action privée n’ont pas le sentiment d’être des assistés parce qu’ils doivent se « prendre en main ». Ce côté apparaît à Duvoux plutôt positif, car le terme d’« assistés » est vécu de manière très négative aux Etats Unis.

En revanche dans ce contexte, il n’est plus question de droits sociaux, notamment dans leur aspect universalistes. En effet, ces actions privées ne touchent pas toutes les personnes dans le besoin. Il existe même un caractère discriminatoire des riches philanthropes qui distribuent leurs aides selon des critères qui leurs sont propres.

Libération a interviewé Nicolas Duvoux lors de la sortie de son livre.

Le titre de l’article est explicite : «Aux Etats-Unis, chaque pauvre doit être entrepreneur de lui-même»

Je vous en livre quelques extraits :

« […] La tradition de la philanthropie remonte au XIXe siècle, mais elle a connu un renouveau ces dernières années avec l’émergence du capitalisme financier. De nouveaux philanthropes sont alors apparus, souvent issus du secteur des nouvelles technologies. Ils ont accumulé des richesses colossales de manière extrêmement rapide, notamment grâce à des taux d’imposition très bas. Warren Buffet soulignait ainsi qu’il payait moins d’impôts que sa secrétaire. La redistribution à laquelle ils se livrent, à travers le secteur associatif, est si considérable qu’elle se substitue, en partie, aux prestations sociales publiques, qui, elles, ont été drastiquement réduites. A l’échelon local, ces nouveaux philanthropes possèdent une véritable force de frappe, désormais proche de celle des pouvoirs publics. […] Les Etats-Unis ont connu une phase de montée en puissance de l’Etat social dans les années 60-70, pendant les mandats Kennedy et Johnson. Ces politiques sociales visaient principalement les minorités. Il s’agissait notamment de compenser, par des prestations sociales, la pauvreté héritée de l’esclavage et des discriminations, après le mouvement des droits civiques. A partir des années 80, pendant l’ère Reagan, on assiste à un retournement complet : les protections sociales en direction des minorités sont en partie démantelées. Ce démantèlement n’est pas indifférencié : les prestations pour les mères célibataires, parmi lesquelles les femmes afro-américaines sont surreprésentées, sont presque supprimées. Au même moment, le taux d’incarcération augmente en flèche chez les Noirs pauvres. On a mis les mères célibataires au travail et les hommes en prison, pour schématiser. On est passé du welfare au workfare. L’Etat social a été pratiquement éradiqué. Durant cette même période, les inégalités de revenus augmentent fortement, et des acteurs privés s’approprient l’action en direction des pauvres, qui cesse d’être un droit. […]

Ce qu’il faut surtout souligner, c’est qu’aux Etats-Unis, la fonction sociale de l’Etat est extrêmement mal vue. On ne parle pas d’assistanat, comme en France, mais de «dépendance» – la coloration péjorative est la même. Dépendre de l’Etat est une catastrophe morale, économique et sociale. Je l’ai constaté pendant l’enquête, même des gens très pauvres qui vivent dans des ghettos peuvent être extrêmement critiques à l’égard de l’aide sociale d’Etat.

[… La fondation privée] veut aider les gens à s’aider eux-mêmes. L’association organise des formations pour apprendre aux habitants du quartier à prendre la parole en public, à monter un business plan. L’idée de base, c’est que donner de l’argent corrompt. Toute solution extérieure est considérée comme intrinsèquement mauvaise. Toute solution doit reposer non pas sur le savoir d’experts, mais, au contraire, sur celui des gens pauvres. Ce sont eux les plus à même d’identifier les vrais problèmes et les remèdes. Il faut semer les graines d’un progrès soutenable : c’est la même idée qui sous-tend l’aide au développement dans les pays du Sud. […]

[Cette vision] qui veut donner le pouvoir aux gens de s’en sortir par eux-mêmes, semble un principe intéressant… [Elle] répond aux limites de l’intervention publique qui, elle, ne donne pas de place à l’initiative des gens. C’est d’ailleurs pour cela que ces programmes suscitent une vraie adhésion. Les personnes pauvres ne veulent plus recevoir, de manière passive et méprisante, des prestations venues de l’extérieur. Mais la limite de ces programmes, c’est qu’on transfère la responsabilité de trouver une solution aux problèmes à des gens qui ont peu de ressources. Et ils contribuent à légitimer la richesse des riches ! La philanthropie a tout de même pour effet de transformer en générosité ce qui est avant tout de l’accumulation privée de richesse, exonérée de fiscalité.

C’est l’une des différences majeures entre les philanthropes d’aujourd’hui et ceux du temps de Rockfeller, qu’on surnommait les «barons voleurs» et qu’on accusait de corrompre les politiques et d’exploiter les ouvriers : Bill Gates ou Warren Buffet sont, eux, extrêmement populaires. […] Ils n’attendent rien de l’Etat. Que chacun puisse s’en sortir par ses propres moyens est leur seul espoir.»

Bon on France on va avoir des difficultés de basculer vers ce modèle.

Bill Gates était venu en France pour soutenir l’action philanthropique. Il avait été reçu sur France Inter par Patrick Cohen qui l’avait interrogé sur ce sujet. Il faut être juste, Bill Gates a répondu poliment et c’est Patrick Cohen qui a fini par cette conclusion qui a fait sourire l’américain : «Il existe des milliardaires philanthropes et des milliardaires français, mais on cherche des milliardaires français philanthropes»

Cela étant je soulignerai deux réflexions de Nicolas Duvoux :

  • La philanthropie a tout de même pour effet de transformer en générosité ce qui est avant tout de l’accumulation privée de richesse, exonérée de fiscalité.
  • Les philanthropes d’aujourd’hui sont extrêmement populaires alors qu’on traitait ceux d’hier de voleurs. (Ils ont probablement de meilleurs communicants …)

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Mercredi 3 février 2016

Mercredi 3 février 2016
« Merci de développer le numérique, mais sans que l’on devienne des numéros. »
Nicole Ferroni
Nicole Ferroni fait un billet d’humeur tous les mercredis avant 9 h 00 sur France Inter. Le 20 janvier elle a profité de la présence de la ministre Axelle Lemaire qui venait présenter sa Loi sur le numérique pour raconter ses déboires avec le numérique de Pôle Emploi.
Elle a appelé son billet : « Avant le haut-débit, il faudrait le grand débat »
Puis elle a ajouté :
«  Aujourd’hui tout se fait sur internet, on paie ses impôts, on trouve sa femme, on trouve un resto, on fait son dossier CAF, son dossier emploi.
On fait tout sur internet, enfin tout ce que le site veut bien nous laisser faire.
Par exemple à Pôle emploi, les chômeurs ne peuvent pas avoir accès à la totalité de leur dossier […]
Avant j’avais l’habitude d’envoyer des méls à ma conseillère, Mme Chautain, bénie soit-elle !
En 2014 on m’a expliqué qu’avec la nouvelle spécialisation de Pôle Emploi ce ne serait plus possible.
La spécialité de Pôle emploi c’était la dématérialisation. Tous les échanges devaient se faire désormais via la plateforme numérique.
Au début, naïve, pour envoyer un courrier j’allais dans la rubrique courrier.
Mais la rubrique courrier ce n’est pas pour envoyer des courriers mais pour en recevoir.
Et après j’allais sur contactez-nous et là je retournais sur la page d’accueil.
C’est bien connu pour envoyer un courrier il faut aller dans la rubrique, « la foire à questions. »
Et là vous allez me dire c’est dommage Nicole que vous soyez devenu intermittente vous avez le QI d’un astronaute. Mais non, en fait il en faut surtout l’imagination.
Parce que le formulaire de Pôle Emploi c’est stratosphérique.
Vous ne pouvez pas envoyer un message de plus de 2000 caractères, pas de pièces jointes et vous ne gardez aucune trace du contenu de ce que vous avez envoyé.
Alors j’ai dit : Ah j’ai compris quand vous parliez de dématérialisation vous ne parliez pas de la dématérialisation du courrier, mais de moi, je n’avais plus de contenu, plus de mémoire, mon destinataire était personne et moi je n’étais plus rien.
J’étais juste quelqu’un qui envoie des bouteilles à la mer, mais pas des bouteilles qui échouent sur la plage. Non des bouteilles qui échouent tout court, qui coulent.
Du coup pour savoir si mon dossier était toujours bloqué, j’ai fini par aller à l’agence Pôle Emploi, engraisser les files d’attente.
Je suis arrivé dans le bureau de la conseillère [elle n’avait pas la réponse à ma question]. A la fin elle m’a dit qu’elle me rappellerait après avoir vu mon dossier avec sa supérieure. Je lui ai demandé si je pouvais avoir son mèl professionnel. Elle m’a répondu : « passer donc par la plateforme numérique ».
Bien sûr elle ne m’a pas rappelé, je suis donc retourné à Pôle Emploi. Et là j’ai vu que sur les murs, il y avait de petits panneaux où il était écrit : « Les agressions verbales sont un délit »
Avant je disais : Oh mon Dieu les agressions verbales ça existe ?
Maintenant je sais que ça existe et je sais pourquoi.
Merci de développer le numérique, mais sans que l’on devienne des numéros. »
Ce ne sont pas « les chroniques de la haine ordinaire » cher à Pierre Desproges, mais plutôt « les chroniques de l’échange déshumanisé ».

Mardi 2 février 2016

Mardi 2 février 2016
« La vie naturellement est une vallée de larmes
C’est aussi une vallée de roses.»
Jean d’Ormesson

La première fois que j’ai entendu parler de Jean d’Ormesson c’était par Jean Ferrat en 1975, dans la chanson « un air de liberté »

«Ah monsieur d’Ormesson
Vous osez déclarer
Qu’un air de liberté
Flottait sur Saigon
Avant que cette ville s’appelle Ville Ho-Chi-Minh»

Depuis, beaucoup d’eau est passé sous les ponts et le communisme ne fait plus rêver grand monde.

Aujourd’hui on se dit que D’Ormesson, qui était à l’époque Rédacteur en chef du Figaro, avait peut-être raison.

Jean d’Ormesson est désormais un vieil homme de 90 ans, plein de facétie et d’intelligence avec une immense culture.

Quand dans l’émission de Ruquier, il glisse à Manuel Valls qui tente de défendre la déchéance de nationalité :

«Je me demande s’il n’y a pas une ombre d’enfumage.»

On ne peut qu’être séduit.

Il a dit aussi : «M. Valls vous vous êtes droitisé». C’est un jugement qu’il faut prendre avec intérêt pour un homme qui sait ce que «droite» veut dire.

Il vient de publier en 2016 un nouveau livre «Je dirai malgré tout que cette vie fut belle».

Pour parler de ce livre il avait été invité à France 2 par Laurent Delahousse.

Dans cet entretien il a ces remarques :

«J’ai longtemps passé pour un écrivain du bonheur.
Après avoir vu et entendu tout ce qui a été dit pendant ce journal, il est très difficile d’être un écrivain du bonheur.
Je sais très bien que le monde est cruel, il est dur. Que les gens sont malheureux. Ils sont malheureux en France, ils sont malheureux dans le monde entier.
Je ne crois pas qu’il faut rire toujours, qu’il faut ricaner. Mais prendre avec une certaine gaieté même les catastrophes. Même les catastrophes…
La vie naturellement est une vallée de larmes, c’est aussi une vallée de roses.
C’est indiscernable.
C’est une fête
Et c’est un désastre.»

Même Mélenchon dit beaucoup de bien de cet homme.

Et pour revenir à Ferrat, Jean d’Ormesson partage avec lui une passion pour Louis Aragon

Et le titre de son dernier ouvrage  «Je dirai malgré tout que cette vie fut belle» comme d’ailleurs son ouvrage de 2010 «C’est une chose étrange à la fin que le monde» et celui de 2013: «Un jour je m’en irai sans en avoir tout dit» sont tous  extraits du même poème d’Aragon :

« Que la vie en vaut la peine
C’est une chose étrange à la fin que le monde
Un jour je m’en irai sans en avoir tout dit
Ces moments de bonheur ces midis d’incendie
La nuit immense et noire aux déchirures blondes.
Rien n’est si précieux peut-être qu’on le croit
D’autres viennent. Ils ont le cœur que j’ai moi-même
Ils savent toucher l’herbe et dire je vous aime
Et rêver dans le soir où s’éteignent des voix.
D’autres qui referont comme moi le voyage
D’autres qui souriront d’un enfant rencontré
Qui se retourneront pour leur nom murmuré
D’autres qui lèveront les yeux vers les nuages.
II y aura toujours un couple frémissant
Pour qui ce matin-là sera l’aube première
II y aura toujours l’eau le vent la lumière
Rien ne passe après tout si ce n’est le passant.
C’est une chose au fond, que je ne puis comprendre
Cette peur de mourir que les gens ont en eux
Comme si ce n’était pas assez merveilleux
Que le ciel un moment nous ait paru si tendre.
Oui je sais cela peut sembler court un moment
Nous sommes ainsi faits que la joie et la peine
Fuient comme un vin menteur de la coupe trop pleine
Et la mer à nos soifs n’est qu’un commencement.
Mais pourtant malgré tout malgré les temps farouches
Le sac lourd à l’échine et le cœur dévasté
Cet impossible choix d’être et d’avoir été
Et la douleur qui laisse une ride à la bouche.
Malgré la guerre et l’injustice et l’insomnie
Où l’on porte rongeant votre cœur ce renard
L’amertume et Dieu sait si je l’ai pour ma part
Porté comme un enfant volé toute ma vie.
Malgré la méchanceté des gens et les rires
Quand on trébuche et les monstrueuses raisons
Qu’on vous oppose pour vous faire une prison
De ce qu’on aime et de ce qu’on croit un martyre.
Malgré les jours maudits qui sont des puits sans fond
Malgré ces nuits sans fin à regarder la haine
Malgré les ennemis les compagnons de chaînes
Mon Dieu mon Dieu qui ne savent pas ce qu’ils font.
Malgré l’âge et lorsque, soudain le cœur vous flanche
L’entourage prêt à tout croire à donner tort
Indifférent à cette chose qui vous mord
Simple histoire de prendre sur vous sa revanche.
La cruauté générale et les saloperies
Qu’on vous jette on ne sait trop qui faisant école
Malgré ce qu’on a pensé souffert les idées folles
Sans pouvoir soulager d’une injure ou d’un cri.
Cet enfer Malgré tout cauchemars et blessures
Les séparations les deuils les camouflets
Et tout ce qu’on voulait pourtant ce qu’on voulait
De toute sa croyance imbécile à l’azur.
Malgré tout je vous dis que cette vie fut telle
Qu’à qui voudra m’entendre à qui je parle ici
N’ayant plus sur la lèvre un seul mot que merci
Je dirai malgré tout que cette vie fut belle. »

Louis ARAGON
Les yeux et la mémoire – Chant II – 1954


Il faut bien des moments de poésie

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Lundi 1 février 2016

«Lady Macbeth du district de Mzensk»
Dimitri Chostakovitch

Le mot du jour correspond au titre d’un opéra, un des plus grands chefs d’œuvre de l’opéra du XXème siècle, de Dimitri Chostakovitch qui est actuellement à l’affiche de l’Opéra de Lyon.

Ce mot se décline à 3 niveaux :

1/ Le premier est une déclaration d’amour à l’Opéra de Lyon quand cette maison accueille des metteurs en scène qui savent mettre en valeur un texte et une musique. L’orchestre, le chœur et les autres artistes font alors des merveilles.

Cette maison d’opéra est, dans cette situation, comparable au plus grandes.

Je ferais court sur ce point, il suffit pour ce spectacle de lire Télérama : <Lady Macbeth de Mzensk embrase l’Opéra de Lyon>

Ou encore ce site spécifiquement consacré à la musique classique <Bouleversante Lady Macbeth à l’opéra de Lyon>

2/ Ce n’est pas le cas quand certains metteurs en scène se laissent aller à leurs instincts de machistes ordinaires. Et à ce deuxième niveau, nous revenons un peu à la thématique de la semaine dernière et de la manière de considérer la femme.

Beaucoup d’entre vous ne sont pas familiers du monde de l’opéra, pourtant vous connaissez tous « Carmen » l’opéra le plus joué au monde, opéra de Bizet sur un texte de Prosper Mérimée. Carmen est une femme libre qui a décidé de choisir ses amants et de décider à quel moment elle passerait de l’un à l’autre. Mérimée décrit ainsi une femme moderne, libre. Le metteur en scène qui a réalisé cet opéra à l’opéra de Lyon en 2013 a cru intelligent de la présenter comme une prostituée au milieu d’autres prostituées. Une femme libre ne saurait être qu’une putain, voilà la brillante idée qu’a soutenu, le connu et emblématique directeur du festival d’Avignon : Olivier Py. Un metteur en scène du genre mâle.

L’autre grand opéra français : « Pélléas et Mélisande » de Debussy sur un texte tout en finesse et en symbole de Maurice Maeterlinck, décrit une jeune fille apeurée, qui a fui un mari dont elle ne parle qu’en allusion et qui s’échappe dans les échanges avec le vieux prince Golaud qui l’a recueilli et épousé sans lui laisser trop le choix, par des mensonges qui restent sa seule défense. Maeterlink met en scène une femme qui a subi des violences avant que l’opéra ne commence et va continuer à être opprimé par Golaud. Soit par manque d’imagination ou par mimétisme avec Olivier Py, le metteur scène du genre mâle, Christophe Honoré qui a mis en scène cet opéra en juin 2015, à Lyon, a fait de Mélisande une prostituée.

C’est encore un metteur en scène du genre mâle, Stefan Herheim, qui avait la tâche de mettre en scène Rusalka de Dvorak en 2014 et qui va avoir la brillante idée d’en faire une prostituée.

Cet opéra est moins connu, mais l’histoire est connu de tous : c’est l’histoire de la petite sirène qui parce qu’elle est amoureuse d’un prince humain doit abandonner sa nature de sirène. Ce mâle-ci a trouvé particulièrement pertinent d’interpréter le symbole de la communauté des sirènes, comme un groupe de prostituées sous la domination d’un mac et a été particulièrement fier de pouvoir faire l’analogie entre la difficulté pour la sirène d’entrer dans le monde des humains, et la prostituée d’entrer dans le monde des bourgeois.

Et enfin, il y a la damnation de Faust de Berlioz inspiré du Faust de Goethe. Cette fois il s’agit de la pécheresse Marguerite abusée par Faust lui-même entraînée vers la perversion par Méphistophélès, personnification de Satan, qui va subir le même traitement. Cette fois c’est David Marton, metteur en scène du genre m…, qui va tout simplement ajouter du texte à l’opéra, texte certes uniquement parlé, où des enfants (comme c’est charmant) vont vociférer vers Marguerite et bien sûr la traiter de P..

Quand sur un peu plus de 2 saisons, des metteurs en scènes différents arrivent à concevoir le même type de représentation, il ne s’agit plus d’un hasard ou d’une malencontreuse coïncidence, il s’agit d’un système de pensée.​

Une femme libre, une femme victime de violence, la petite sirène, la jeune fille abusée par un manipulateur : « toutes des putes ».

Nous sommes dans le même esprit que celui que j’ai dénoncé dans les 5 mots du jour de la semaine dernière.

3/ D’où cette divine surprise quand cette fois, le metteur en scène Dmitri Tcherniakov n’a pas succombé à cette facilité.

Car dans cet opéra, ce dont il est question c’est d’une femme frustrée dont le mari est impuissant et lâche, qui est martyrisé par son beau-père chef d’entreprise alcoolique et violent. Cette femme va tomber amoureuse d’un bellâtre et avec lui tuer son beau-père et son mari.

Le crime est dénoncé à une police décrite comme totalement corrompue et le couple finira au bagne où elle se suicidera parce que son amant la trahit.

A ce troisième niveau, je vais vous parler de Staline et de l’Union soviétique.

Cette œuvre extraordinairement réaliste, d’une modernité géniale au moment de sa création en 1934 est portée par une musique d’une force incandescente.

Dès sa création à Saint Petersbourg elle fut acclamée et connut un très vif succès pendant plusieurs mois.

Elle connut le succès jusqu’au 28 janvier 1936 où à la représentation du Bolchoi de Moscou, le camarade Staline avec ses sbires vinrent au spectacle.

Le lendemain matin la Pravda écrivit : « Le chaos remplace la musique » et tout l’article expliqua comment cette musique était dévoyée et que l’Union Soviétique et les masses populaires ne pouvaient accepter telle décadence.

Exactement comme les nazis qui ont développé le concept <d’art dégénéré>

Chostakovitch fut humilié en public, ses œuvres retirées du répertoire, et pour résister à la peur d’être déporté voire pire il augmenta sa consommation de vodka.

Un jour il faillit vraiment être envoyé au goulag, mais chance l’enquêteur du KGB qui s’occupait de réunir le dossier contre lui, fut lui-même mis en cause dans le cadre d’une autre procédure de purge, arrêté, condamné à mort et exécuté. Le dossier de Chostakovitch fût oublié alors dans les méandres de cette administration folle et chaotique.

Chaque fois que l’on creuse un peu on constate qu’il n’y a aucune différence de fond entre Hitler et Staline qui furent tous deux des criminels, des déséquilibrés, des tyrans pathologiques et aveuglés par la violence de leur pouvoir.

C’est tout récemment qu’Alain Minc, qui ne fait pas partie de mes inspirateurs, m’a dévoilé pourquoi des amis que je respecte n’ont jamais voulu mettre Hitler et Staline au même niveau.

Alain Minc a dit, du temps de Staline il y avait beaucoup de communistes qui étaient des braves types et qui avaient foi que le communisme apporterait le bien au plus grand nombre, les nazis qui croyaient à la supériorité de la race n’étaient jamais des braves types.

Ceci est certainement juste, mais les deux maîtres de ces idéologies, eux, étaient des sales types dont on ne peut départager la noirceur.

Mais tout ceci ne doit pas m’éloigner des deux messages principaux que je voulais dévoiler dans ce mot :

Lady Mac Beth de Mzensk est un chef d’œuvre

L’opéra de Lyon en réalise une interprétation admirable.

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