Vendredi 14 novembre 2014

Vendredi 14 novembre 2014
«Le patient expert»
Nouveau concept révolutionnaire
Le téléphone sonne de France Inter du 5 novembre a été consacrée à cette révolution.
C’est un concept qui est né notamment suite à l’épidémie du sida et de l’émergence d’internet.
Avant, le médecin était le savant tout puissant, capable dans le pire des cas de vous convaincre que vous étiez malade, et dans le meilleur de vous soigner.
Mais sans jamais se déposséder de sa science. Car sa science, c’était son pouvoir.
De fait, un patient, c’était aussi un être crédule, un malade réduit à sa maladie, vulnérable et dépendant du diagnostic, des soins et du savoir du sachant.
Mais depuis quelques années, depuis que les progrès médicaux ont transformé nombre de maladies mortelles en maladies chroniques, une révolution est en cours.
Certains malades ont dû apprendre à vivre longtemps avec leur maladie, et ils se sont pris en main… en échangeant entre eux, en retrouvant la maitrise de leurs traitements toujours en liaison bien sûr avec les soignants, ils sont redevenus les acteurs, les auteurs même disent certains, de leur vie.
On les appelle les « patients  experts »
Le médecin invité à l’émission a répondu à la question est ce que vous vivez bien l’émergence de ces patients-experts ? :  «Non c’est terrible. Nos études, notre organisation ne nous préparent  pas du tout à cela !”
Toutefois si vous tapez sur un moteur de recherche “patient expert” vous trouverez de nombreux articles très favorables, même de certains CHU. Il existe aussi des formations pour perfectionner et mutualiser la connaissance des patients experts.
Il s’agit bien sûr de maladies chroniques ou dont la guérison est lente ou incertaine.
Je peux même porter témoignage car à travers Internet j’ai rencontré des patients-experts et ils ont été pour moi d’un immense secours.
Il y a exactement 3 ans, le 14 novembre 2011, je rentrais à l’hôpital pour subir une opération certes lourde mais qui d’une manière radicale devait éradiquer le cancer qu’on venait de diagnostiquer dans mon corps.
Je resterai pudique sur les conséquences immédiates et à moyen terme de cette opération qui est, en effet, très lourde.
Mais en outre, contrairement aux espoirs de “l’opération absolue”, le cancer n’a pas été éradiqué. Il a fallu d’autres thérapies. Mon combat honorable contre cette maladie n’est d’ailleurs pas encore gagné selon de toutes récentes analyses.
Conséquence de ces thérapies, je suis entré mi-janvier 2014 dans un cycle de souffrances de plus en plus dures : Il m’était de plus en plus pénible de marcher, au bout de 100 m les douleurs au niveau du bassin étaient si intenses que chaque pas ne pouvait être réalisé qu’au prix d’une douleur intense.
Les médecins me prescrivaient des anti-inflammatoires qui n’avaient aucun effet. Mon chirurgien avait décelé un problème périphérique à ces difficultés et décidé d’une nouvelle intervention qui n’a eu aucun effet sur mes douleurs.
Ceci a duré 4 mois : Ma vie a été, pendant cette période, confinée entre mon fauteuil de bureau professionnel et mon lit privé avec le moins de déplacement possible autour de ces deux lieux.
Et lors d’une ultime visite chez mon médecin traitant ce dernier a lâché une expression “névralgie pudendale”. Il m’a donné de nouveaux médicaments qui se sont toujours révélés inefficaces et un examen particulier à faire, pour lequel j’ai obtenu un rendez-vous pour fin août (donc 3 mois après).
C’est alors que j’ai tapé sur un moteur de recherche “névralgie pudendale” (c’est une affection d’un nerf qui se trouve au niveau du bassin) et je suis tombé sur un site remarquable, réalisé par des patients experts.
Des gens qui souffraient de cette maladie chronique, ont réalisé ce site pour informer les autres patients. Car certains d’entre eux avaient soufferts plusieurs années avant qu’on diagnostique cette maladie, on leur disait qu’ils souffraient de maladies psychosomatiques !
Sur ce site, outre des informations utiles et très riches sur cette maladie,  j’ai découvert les noms et adresses de plusieurs médecins à Lyon qui traitaient cette maladie. Je suis allé les voir et assez rapidement ma situation s’est améliorée. Ma vie est de nouveau supportable.
J’ai pu informer mes médecins habituels et leur donner des précisions sur un  certain nombre de points qu’ils ignoraient.
Oui c’est une révolution que celle du patient expert et les médecins seraient bien inspirés d’en tenir compte et d’en faire une ressource. Certains l’ont d’ailleurs compris.

Jeudi 13 novembre 2014

Jeudi 13 novembre 2014
« Les crises [internationales] sur lesquels on agit ne sont pas les plus graves.
La crise la plus importante depuis la fin de la seconde guerre mondiale c’est la crise du Congo : 2,5 millions de morts. Ce n’est pas celle là qui nous a mobilisé »
 Pierre Conesa,
ancien haut fonctionnaire du Ministère de la Défense, spécialiste des questions stratégiques internationales, auteur de “Surtout ne rien décider” chez Robert Laffont. 
Une émission de France Culture “Dimanche et après” était consacrée à la guerre que prétendait poursuivre les occidentaux contre le terrorisme.
Cette émission développe deux thèses :

les objectifs de guerre ne sont pas définis et nous n’avons donc aucune chance d’atteindre un résultat positif.

l’action des américains et de leurs alliés, dont nous sommes, n’a pas pour priorité première la défense des faibles et des droits de l’homme comme ils voudraient le faire croire. D’autres terrains de conflits, notamment en Afrique, révèlent des victimes et des désastres humanitaires encore beaucoup plus terrifiants où ils n’interviennent pas du tout.

Pierre Conesa, dans cette émission a dit :
« On est dans une mécanique folle
On décide d’envoyer du militaire absolument partout
C’est une machine qui s’est déclenché quand l’URSS a disparu
C’était dans la mouvance américaine.
On a dit la superpuissance doit faire la police de la planète.
Il y a eu deux problèmes dans cette affirmation :
S’il n’y a qu’une superpuissance qui décide d’agir, elle choisit les endroits !
Les crises [internationales] sur lesquels on agit ne sont pas les plus graves.
La crise la plus importante depuis la fin de la seconde guerre mondiale c’est la crise du Congo : 2,5 millions de morts.
Ce n’est pas celle-là qui nous a mobilisé
il y a bien un choix idéologique.
Le choix idéologique c’est la formulation américaine
Dans le cas de “l’Etat Islamique” on va aller combattre un groupe qui décapite, coupe les mains qui opprime les femmes et qui interdit les autres religions pour aller défendre l’Arabie Saoudite qui décapite, coupe les mains, opprime les femmes et qui interdit les autres religions sur son territoire.
Je ne sais pas l’objectif politique que nous poursuivons. »
J’ai voulu en savoir plus sur le Congo, c’est dans ce pays qu’œuvre Denis Mukwege le médecin évoqué par le mot du jour du 30 octobre.
D’abord concernant le traitement médiatique. J’ai vérifié (en tant qu’abonnés du Monde j’ai accès à toutes les archives du journal depuis 1946), j’ai fait la recherche des articles comportant ‘Congo” dans le titre depuis le 1er janvier 1992, il y en a eu 758. Pour l’Irak c’est 6 fois plus (4398) pour la Syrie 3 fois plus (2195).
Vous trouverez ci-après un article très détaillé et avec un très grand nombre de liens, très à charge des multinationales et contenant  des explications sur les raisons du conflit au Congo, vous apprendrez aussi l’existence du coltan, indispensable pour nos portables et dont le minerai se trouve essentiellement au Congo et dont l’exploitation est aussi au cœur du conflit.
C’est un article très accusatoire, publié par Agora vox.
Pour ceux qui pourraient penser que ce site est un site d’extrémistes, de gauchistes ou d’anarchistes irresponsables, je dois hélas les détromper. AgoraVox a été fondé en mars 2005 par Carlo Revelli en collaboration avec Joël de Rosnay. C’est un média participatif qui est contrôlé par une Fondation d’utilité publique : la Fondation AgoraVox qui  a été déclarée d’utilité publique par le Ministre belge de la justice le 26 mars 2009. La Fondation AgoraVox a son siège à Bruxelles.
Ses informations ont donc une présomption de crédibilité très forte : http://www.agoravox.fr/actualites/international/article/rdc-des-millions-de-morts-un-138851
Et ce qui est décrit dans cet article est terrible.

Mercredi 12 novembre 2014

Mercredi 12 novembre 2014
« Pari de civilisation
Abdelwahab Meddeb
Ouvrage paru en 2009 Au Seuil
Non je ne parlerai pas d’un secrétaire de la présidence de la république qui ne sait pas se taire et rester dans l’ombre que veut cette fonction.
Je parlerai encore moins d’une jeune fille prise dans une tourmente personnelle et médiatique qui a été projetée au-devant de la scène pour des motifs incompréhensibles pour un homme simple et raisonnable.
Mais je parlerai d’Abdelwahab Meddeb qui vient de mourir le  mercredi 5 novembre. Le cancer du poumon l’a emporté en quelques mois.
Abdelwahab Meddeb, animait sur France Culture, tous les vendredis, l’émission « Cultures d’Islam ». Entre tradition et modernité, il y décortiquait et interrogeait les enjeux de civilisation de notre temps, en mettant en regard l’Orient et l’Occident, l’Islam et l’Europe. Ci-après le site de cette émission « http://www.franceculture.fr/emission-cultures-d-islam-0
Il avait écrit avec le grand historien Benjamin Stora, un de ses derniers ouvrages :  Histoire des relations entre Juifs et Musulmans (Albin Michel, 2013) <Ici un entretien où il parle de ce livre>
Natacha Polony lui a consacré un magnifique article dans le Figaro publié le 7 novembre :
«Il est des voix qui, lorsqu’elles s’éteignent, emportent bien plus que la chaleur d’un être, son histoire et ses liens innombrables. Il est des voix qui emportent avec elles la lumière qu’elles avaient fait naître, celle de l’espérance. Abdelwahab Meddeb n’est pas seulement la voix qui, sur les ondes de France Culture, dans son  émission «Cultures d’Islam», faisait entendre depuis des années avec la méticulosité précieuse de l’érudit et la fougue émue du passionné la richesse de la civilisation arabo-musulmane. Il était celui qui, à travers ses textes, ses tribunes, ses interventions, ébranlait inlassablement les certitudes de ceux qui veulent confondre, pour le revendiquer ou le dénoncer, l’islam et l’islamisme.
C’est après le 11 septembre 2001 qu’il ouvrit le cycle de ses réflexions sur la «maladie de l’islam», sur cette perversion du religieux qui conduit à la violence et à la barbarie. Avec toute l’exigence de celui qui s’attache à la langue et à ses mots, il explora ce qui, dans la lettre et la tradition du Coran, pouvaient prédisposer à la lecture intégriste. Il dénonça les «semi-lettrés» qui s’autorisaient à toucher à la lettre pour mieux refuser à l’islam sa polyphonie.
Mais il s’interrogea aussi sur les éléments externes qui favorisaient le développement de la maladie. Lui, le Franco-Tunisien que portait sa «double généalogie», il voyait dans le glissement de l’occidentalisation à l’américanisation du monde un des facteurs du déferlement de la violence. »
Elle a donné pour titre à son article “ le poète qui faisait taire les fanatiques”
France Culture lui a consacré une émission hommage très intéressante à écouter : http://www.franceculture.fr/emission-la-grande-table-2eme-partie-hommage-a-abdelwahab-meddeb-2014-11-06 dans cette émission, Benjamin Stora a expliqué « Abdelwahab Meddeb était un grand intellectuel, un grand érudit mais surtout un homme très courageux. Courageux par ses prises de position politique, contre l’extrémisme religieux par exemple. Mais il avait aussi un grand courage physique, il a affronté la mort jusqu’à hier soir. C’est un homme qui jusqu’au bout a regardé la vie et la mort en face. »
Le mot du jour est le titre d’un de ses ouvrages dans lequel il montre que  « Toute religion qui ne s’adapte pas aux évolutions de l’histoire est condamnée à la violence ». Je pense modestement que ce titre le définit de la manière la plus juste.
C’était aussi, un grand défenseur du soufisme. Il expliquait notamment :
« Par sa portée esthétique et éthique, le soufisme peut aider le citoyen à trouver des réponses de vie aux problèmes que nous rencontrons aujourd’hui. Il peut par cette voie vivre en poète, ayant le souci de soi, présent à la beauté qui se fait rare dans un monde dévasté. […] Le soufisme est ouvert sur l’autre. Il admet la diversité humaine. Sa conception du religieux est subjective, elle est donc l’alliée de la liberté. Le soufi pense que tous les chemins mènent à Dieu. Il est l’ennemi de la pensée unique et ne croit pas que lui seul accède à la vérité. C’est l’antidote contre le fanatisme et l’exclusivisme. »  <ici>
Restons vigilant pour écouter ceux qui parlent pour nous enrichir l’esprit et fermons notre écoute à celles et ceux qui n’en valent pas la peine.

Vendredi 7 novembre 2014

Vendredi 7 novembre 2014
«Le mur modifie la représentation de l’autre»
Frédéric Niel,
Il y a 25 ans, dans la nuit du 8 au 9 novembre 1989, le mur de Berlin s’ouvrait.
Mais le schéma que vous trouverez à la fin de ce message vous apprendra que depuis ce jour, les murs se sont multipliés dans le monde, ils ont tout simplement été multipliés par trois.
Vous trouverez joint au message une interview de Frédéric Niel, journaliste et auteur de “Contre les murs” (éd. Bayard),
C’est dans cet entretien qu’il explique que “Le mur modifie la représentation de l’autre” :
La dimension symbolique du mur est presque aussi violente que le fait d’empêcher la circulation des hommes. Elle modifie la représentation de l’autre. Même ceux qui ne se méfiaient pas forcément des migrants vont estimer que, si un mur est construit, c’est qu’un danger existe. D’autant plus que les discours qui entourent généralement la construction d’une telle séparation en rajoutent dans ce sens. Aux Etats-Unis, certains hommes politiques prétendent par exemple que le mur ne protège pas seulement des migrants mais aussi des trafiquants de drogues, d’armes ou contre les terroristes (pour lesquels, d’ailleurs, un mur est un obstacle dérisoire). On en vient à tout mélanger et à faire des amalgames. Des citoyens mal informés peuvent ainsi percevoir l’étranger comme une menace non seulement pour leur travail, mais aussi pour leur sécurité, leur bien-être, etc. Tout cela a pour conséquence de limiter encore un peu plus la circulation des gens et donc de réduire la connaissance de l’étranger. Il est alors beaucoup plus facile de faire naître des fantasmes sur le monde au-delà du mur. Tout cela a pour conséquence de limiter encore un peu plus la circulation des gens et donc de réduire la connaissance de l’étranger. Il est alors beaucoup plus facile de faire naître des fantasmes sur le monde au-delà du mur.
Mais personne n’a dit cela de manière plus forte et poétique que Raymond Devos, mais je l’avais déjà pris comme mot du jour du 2 mai 2013 :
« Je hais les haies
Je hais les haies
qui sont des murs.
Je hais les haies et les mûriers
qui font la haie
le long des murs.
Je hais les haies
qui sont de houx.
Je hais les haies
qu’elles soient de mûres
qu’elles soient de houx !   
Je hais les murs
qu’ils soient en dur
qu’ils soient en mou !
Je hais les haies
qui nous emmurent.
Je hais les murs
qui sont en nous ! »

Jeudi 6 novembre 2014

« Le verrou de Bercy »
Singularité française.

En France, nul ne peut être poursuivi devant un tribunal pénal sans l’autorisation de La Commission des Infractions Fiscales (C.I.F.) qui est une instance du Ministère des Finances à Bercy. C’est ce mécanisme qui est appelé «le verrou de Bercy».

Il s’agit d’une confusion entre l’exécutif et le judiciaire, puisque l’on met, pour ce type d’infraction, le procureur et le juge sous la tutelle préalable d’une émanation du pouvoir exécutif.

En Principe quand une infraction est commise, il faut prévenir un procureur et c’est à ce dernier, magistrat donc fonctionnaire de l’ordre judiciaire, qu’il appartient de décider de poursuivre ou non.

C’est un des principes de base que l’on apprend quand on fait des études de Droit et dont le fondement se trouve dans la déclaration des droits de l’Homme et des citoyens de 1789 dans son article 16.

Article 16. « Toute Société dans laquelle la garantie des Droits n’est pas assurée, ni la séparation des Pouvoirs déterminée, n’a point de Constitution.»

Poursuivre, juger c’est le pouvoir judiciaire, si le pouvoir exécutif s’en mêle, il n’y a pas séparation des pouvoirs.

Les différents spécialistes de la corruption, qui s’expriment beaucoup ces derniers temps : Antoine Peillon, Edwy Plenel plaident pour qu’on fasse sauter le « verrou de Bercy ».

Lors de l’affaire Cahuzac cette question s’était déjà posée de manière très prégnante :

<Faire sauter le verrou de Bercy>

Pour l’instant les gouvernements de droite comme de gauche ont toujours refusé de remettre en cause ce mécanisme.

<387>

Mercredi 5 novembre 2014

Mercredi 5 novembre 2014
« Chaque objet possède sa manière subtile d’imposer sa loi »
Charles Haquet et Bernard Lalanne
“Procès du grille-pain et autres objets qui nous tapent sur les nerfs”
Le premier salon consacré aux objets connectés en France a eu lieu à Paris du 29 octobre au 2 novembre 2014, Porte de Versailles
Il y a ainsi le bonnet connecté et surtout la montre connectée qui accessoirement donne l’heure.
Vous avez désormais des sites exclusivement dédiés aux objets connectés : http://www.les-objets-connectes.fr/ et http://webdesobjets.fr/
Mais le mot du jour qui a un lien  avec ce thème,  est issu d’un livre qui vient de paraître et que j’ai découvert grâce à Clara Dupont-Monod qui en parlant du salon des objets connectés dans l’émission <de France Inter : Si tu écoutes j’annule tout du 31 octobre>  a évoqué “Procès du grille-pain et autres objets qui nous tapent sur les nerfs” de Charles Haquet et Bernard Lalanne.
Ces auteurs posent la question  :  tous ces objets connectés sont-ils vraiment une bonne nouvelle ?
Ils trouvent que beaucoup d’objets pour lesquels on nous promettait qu’ils nous faciliteraient la vie, aujourd’hui nous tourmente.
Des exemples ?

Le rideau de douche qui se colle à vous comme un gros phoque en mal d’affection, en le repoussant du pied il se colle à vous comme un aimant.
Le grille-pain dont les agissements échapperont  toujours à la justice des hommes : gratuitement il fera jaillir les toasts pour les faire voler à travers la pièce, voire à travers la fenêtre ou les laissera coincés en attendant que vous vous bruliez pour les retirer.
Chaque objet possède sa manière subtile d’imposer sa loi disent-ils !
Changer sa housse de couette devient une aventure terrifiante.
Et qui est celui qui ne s’est jamais battu contre un caddie de supermarché qui refusait obstinément d’aller tout droit et avec lequel il fallait user de tout son poids pour espérer l’amener à peu près à l’endroit où on le voulait.
Prenons la chaussette. Rien ne semble plus sournois que cet accessoire moelleux, qui prend son pied à disparaître comme volatilisé dans le tambour de la machine à laver. Quoi de plus désolant, et de plus rageant, qu’une chaussette isolée, sans sa sœur jumelle « dont elle partageait le quotidien » ?
Ils consacrent un chapitre à « la notice Ikea » ! Est-il nécessaire de développer ? Ils s’en prennent au « cri de putois » du téléphone portable, qui se déclenche de préférence en public, pour notre plus grande gêne. On voit mal par ses mauvaises manières en quoi il est « smart ». Lalanne et Haquet règlent aussi son compte au maudit parapluie, « agressif et rancunier », qu’ils enverraient volontiers au « cimetière des baleines ». Les injonctions arbitraires et sans appel du GPS leur mettent les nerfs en pelote. Le ticket de métro démagnétisé aux heures de pointe les rend fous…
“Par leur description de cette forme d’enfer sur terre et leur dénonciation de l’absence de résistance, ces Dupond et Dupont des arts ménagers nous vengent de trop d’humiliations, encaissées en secret” écrit un journaliste de “la Croix” qui lui consacre un article « http://www.la-croix.com/Culture/Actualite/Les-mauvaises-manieres-des-objets-par-Jean-Claude-Raspiengeas-2014-10-31-1257571
Je suis certain que l’un ou l’autre de ces exemples correspond à une expérience vécue chez vous…

Mardi 4 novembre 2014

Mardi 4 novembre 2014
« J’espère que vous trouverez plus de bonheur dans l’altruisme que dans l’individualisme »
Jacques Attali
Conclusion de sa conférence à l’Ecole Polytechnique du 18/02/2014
Peut-on penser le monde en 2030 ?
Le lien que je vous donne en fin de message montre à la fois l’extraordinaire apport d’Internet, mais aussi le côté noir de la toile.
D’abord le positif, début 2014 l’Ecole Polytechnique invite pour éclairer la future élite française, Jacques Attali pour qu’il leur parle de sa vision à 20 ans du monde et des défis qu’il aura à affronter.
Vous et moi pouvons entrer dans la salle de conférence de l’X et écouter aussi cette conférence.
Le côté obscur : des commentaires des internautes d’une médiocrité et d’une haine sans pareil.
Attali est critiquable et a toute vocation à être critiqué, mais sur des arguments sur des contre-propositions non des attaques personnelles et de la simple méchanceté.
Pour ma part j’ai trouvé cette conférence tout à fait remarquable. Il s’agit d’un esprit hyper brillant qui s’exprime sans note et qui décrit le monde en quelques mots justes, précis, qui analyse et concentre l’évolution de la société mondiale avec une acuité extraordinaire. Quand il cherche à donner sa vision pour 2030, c’est bien entendu plus problématique (la prévision est très compliquée surtout quand il s’agit de l’avenir) mais ce qu’il raconte est vraisemblable et argumentée.
En tout cas on aimerait que nos hommes politiques nous présentent des visions de cette hauteur et de cette qualité.
En résumé que dit-il ?
Au bout d’une bataille indécise, une valeur dominante s’est imposée en Occident la recherche de la liberté individuelle (la valeur dominante aurait pu être différente : la recherche religieuse de l’éternité, l’égalité comme beaucoup de théories utopistes l’avaient développée)
C’est aujourd’hui une banalité, mais cette victoire n’était pas évidente. La liberté individuelle s’est imposée comme l’utopie majeure : je veux être libre de faire ce que j’ai envie.
C’est de cette valeur que découle la plus grande partie de ce qui nous arrive aujourd’hui de façon positive comme de façon négative.
L’humanité s’est ainsi développée dans cette recherche de la liberté individuelle dans un contexte de rareté. Pour les biens, le mécanisme qui s’est imposé c’est le marché et du point de vue politique c’est la démocratie. Ce sont des mécanismes sommaires, mais c’est le meilleur bricolage pour tenter de réaliser la quête de la valeur préconisée.
Le marché est par nature mondiale et la démocratie par nature est locale, nationale. Il y a donc là une confrontation.
Mais ce qu’il y a de plus prégnant c’est que la liberté individuelle repose sur la faculté de changer d’avis, elle entraîne la précarité des liens et des relations.
Je peux décider que je ne suis plus d’accord avec celui que j’emploie, je le licencie. Je ne suis plus d’accord avec celui qui m’emploie je m’en vais. Je ne suis plus d’accord avec l’homme politique que j’ai élu, j’en change. Je change de produit, de fournisseur, de lieu d’habitation, de partenaire sentimental et même de sexe.
Je veux être libre tout le temps et en permanence.
Quelque part l’apologie de la liberté individuelle, c’est l’apologie de la déloyauté
Tout, tout de suite, pour mon seul intérêt.
Une société qui repose essentiellement sur cette seule valeur, cette seule pulsion va au-devant de grandes difficultés. Pour Attali, elle est clairement condamnée.
Je résume cette conférence très riche, en quelques mots.
Il donne une solution qui est celle de l’altruisme qu’il développe sous cette idée simple qui moi me parle : j’ai intérêt que l’autre, que mon voisin aille bien : parce qu’alors il peut être mon ami, mon client, mon partenaire et tout simplement parce que je peux trouver du plaisir à ce que mon voisin soit heureux. C’est un altruisme rationnel.
D’où le mot du jour qui est la conclusion de cette conférence : “J’espère que vous trouverez plus de bonheur dans l’altruisme que dans l’individualisme.”
Ces quelques mots simplement pour vous inciter à écouter une petite heure de conférence ​: https://www.youtube.com/watch?v=baWfd-vRIqM

Lundi 3 novembre 2014

Lundi 3 novembre 2014
« Elle est à toi, cette chanson,
Toi, l’Auvergnat qui, sans façon,
M’as donné quatre bouts de bois
Quand, dans ma vie, il faisait froid »
Georges Brassens
Ce mot du jour est dédié à Betty qui  vendredi 05/10/2012 à la fin d’une journée de formation qu’elle animait et dans laquelle j’étais stagiaire a émis cette idée farfelue que je propose quotidiennement un mot du jour.
Betty vient de quitter quelques temps Lyon pour poser ses bagages  en Auvergne, la Région qui devrait épouser bientôt Rhône-Alpes.
Tout début est toujours compliqué, même si affronter de nouveaux défis est enthousiasmant. 
Brassens a créé cette chanson qui célèbre à la fois l’auvergnat mais surtout l’empathie sans préjugé pour celui qui a faim, qui a froid ou qui traverse des épreuves.
Car dans ce monde de la compétitivité, de la pression quotidienne nous ne pourrons résister et surtout nous épanouir que si nous savons pouvoir compter sur d’autres, sur la solidarité, sur la bienveillance.
Bien entendu, chacun doit assumer sa part de responsabilité, sa part d’efforts et de persévérance pour rester debout. Mais sans les autres nous ne sommes pas grand-chose, cette chanson nous le rappelle opportunément.
J’ai trouvé sur Youtube un groupe qui chante cette chanson avec talent >  https://www.youtube.com/watch?v=dw6wUfHRmeQ
Bien sûr rien ne saurait dépasser le créateur > https://www.youtube.com/watch?v=wk4NPukvnIM
Elle est à toi, cette chanson,
Toi, l’Auvergnat qui, sans façon,
M’as donné quatre bouts de bois
Quand, dans ma vie, il faisait froid,
Toi qui m’as donné du feu quand
Les croquantes et les croquants,
Tous les gens bien intentionnés,
M’avaient fermé la porte au nez…
Ce n’était rien qu’un feu de bois,
Mais il m’avait chauffé le corps,
Et dans mon âme il brûle encor’
A la manièr’ d’un feu de joi’.
Toi, l’Auvergnat quand tu mourras,
Quand le croqu’-mort t’emportera,
Qu’il te conduise, à travers ciel,
Au Père éternel.
Elle est à toi, cette chanson,
Toi, l’hôtesse qui, sans façon,
M’as donné quatre bouts de pain
Quand dans ma vie il faisait faim,
Toi qui m’ouvris ta huche quand
Les croquantes et les croquants,
Tous les gens bien intentionnés,
S’amusaient à me voir jeûner…
Ce n’était rien qu’un peu de pain,
Mais il m’avait chauffé le corps,
Et dans mon âme il brûle encor’
A la manièr’ d’un grand festin.
Elle est à toi, cette chanson,
Toi, l’Auvergnat qui, sans façon,
M’as donné quatre bouts de bois
Quand, dans ma vie, il faisait froid,
Toi qui m’as donné du feu quand
Les croquantes et les croquants,
Tous les gens bien intentionnés,
M’avaient fermé la porte au nez…
Ce n’était rien qu’un feu de bois,
Mais il m’avait chauffé le corps,
Et dans mon âme il brûle encor’
A la manièr’ d’un feu de joi’.
Toi, l’Auvergnat quand tu mourras,
Quand le croqu’-mort t’emportera,
Qu’il te conduise, à travers ciel,
Au Père éternel.
Elle est à toi, cette chanson,
Toi, l’hôtesse qui, sans façon,
M’as donné quatre bouts de pain
Quand dans ma vie il faisait faim,
Toi qui m’ouvris ta huche quand
Les croquantes et les croquants,
Tous les gens bien intentionnés,
S’amusaient à me voir jeûner…
Ce n’était rien qu’un peu de pain,
Mais il m’avait chauffé le corps,
Et dans mon âme il brûle encor’
A la manièr’ d’un grand festin.
Toi l’hôtesse quand tu mourras,
Quand le croqu’-mort t’emportera,
Qu’il te conduise à travers ciel,
Au Père éternel.
Elle est à toi cette chanson,
Toi, l’Etranger qui, sans façon,
D’un air malheureux m’as souri
Lorsque les gendarmes m’ont pris,
Toi qui n’as pas applaudi quand
Les croquantes et les croquants,
Tous les gens bien intentionnés,
Riaient de me voir emmené…
Ce n’était rien qu’un peu de miel,
Mais il m’avait chauffé le corps,
Et dans mon âme il brûle encore
A la manièr’ d’un grand soleil.
Toi l’Etranger quand tu mourras,
Quand le croqu’-mort t’emportera,
Qu’il te conduise, à travers ciel,
Au Père éternel.
Brassens