Vendredi 7 novembre 2014

Vendredi 7 novembre 2014
«Le mur modifie la représentation de l’autre»
Frédéric Niel,
Il y a 25 ans, dans la nuit du 8 au 9 novembre 1989, le mur de Berlin s’ouvrait.
Mais le schéma que vous trouverez à la fin de ce message vous apprendra que depuis ce jour, les murs se sont multipliés dans le monde, ils ont tout simplement été multipliés par trois.
Vous trouverez joint au message une interview de Frédéric Niel, journaliste et auteur de « Contre les murs » (éd. Bayard),
C’est dans cet entretien qu’il explique que « Le mur modifie la représentation de l’autre » :
La dimension symbolique du mur est presque aussi violente que le fait d’empêcher la circulation des hommes. Elle modifie la représentation de l’autre. Même ceux qui ne se méfiaient pas forcément des migrants vont estimer que, si un mur est construit, c’est qu’un danger existe. D’autant plus que les discours qui entourent généralement la construction d’une telle séparation en rajoutent dans ce sens. Aux Etats-Unis, certains hommes politiques prétendent par exemple que le mur ne protège pas seulement des migrants mais aussi des trafiquants de drogues, d’armes ou contre les terroristes (pour lesquels, d’ailleurs, un mur est un obstacle dérisoire). On en vient à tout mélanger et à faire des amalgames. Des citoyens mal informés peuvent ainsi percevoir l’étranger comme une menace non seulement pour leur travail, mais aussi pour leur sécurité, leur bien-être, etc. Tout cela a pour conséquence de limiter encore un peu plus la circulation des gens et donc de réduire la connaissance de l’étranger. Il est alors beaucoup plus facile de faire naître des fantasmes sur le monde au-delà du mur. Tout cela a pour conséquence de limiter encore un peu plus la circulation des gens et donc de réduire la connaissance de l’étranger. Il est alors beaucoup plus facile de faire naître des fantasmes sur le monde au-delà du mur.
Mais personne n’a dit cela de manière plus forte et poétique que Raymond Devos, mais je l’avais déjà pris comme mot du jour du 2 mai 2013 :
« Je hais les haies
Je hais les haies
qui sont des murs.
Je hais les haies et les mûriers
qui font la haie
le long des murs.
Je hais les haies
qui sont de houx.
Je hais les haies
qu’elles soient de mûres
qu’elles soient de houx !   
Je hais les murs
qu’ils soient en dur
qu’ils soient en mou !
Je hais les haies
qui nous emmurent.
Je hais les murs
qui sont en nous ! »