Mardi 4 novembre 2014

Mardi 4 novembre 2014
« J’espère que vous trouverez plus de bonheur dans l’altruisme que dans l’individualisme »
Jacques Attali
Conclusion de sa conférence à l’Ecole Polytechnique du 18/02/2014
Peut-on penser le monde en 2030 ?
Le lien que je vous donne en fin de message montre à la fois l’extraordinaire apport d’Internet, mais aussi le côté noir de la toile.
D’abord le positif, début 2014 l’Ecole Polytechnique invite pour éclairer la future élite française, Jacques Attali pour qu’il leur parle de sa vision à 20 ans du monde et des défis qu’il aura à affronter.
Vous et moi pouvons entrer dans la salle de conférence de l’X et écouter aussi cette conférence.
Le côté obscur : des commentaires des internautes d’une médiocrité et d’une haine sans pareil.
Attali est critiquable et a toute vocation à être critiqué, mais sur des arguments sur des contre-propositions non des attaques personnelles et de la simple méchanceté.
Pour ma part j’ai trouvé cette conférence tout à fait remarquable. Il s’agit d’un esprit hyper brillant qui s’exprime sans note et qui décrit le monde en quelques mots justes, précis, qui analyse et concentre l’évolution de la société mondiale avec une acuité extraordinaire. Quand il cherche à donner sa vision pour 2030, c’est bien entendu plus problématique (la prévision est très compliquée surtout quand il s’agit de l’avenir) mais ce qu’il raconte est vraisemblable et argumentée.
En tout cas on aimerait que nos hommes politiques nous présentent des visions de cette hauteur et de cette qualité.
En résumé que dit-il ?
Au bout d’une bataille indécise, une valeur dominante s’est imposée en Occident la recherche de la liberté individuelle (la valeur dominante aurait pu être différente : la recherche religieuse de l’éternité, l’égalité comme beaucoup de théories utopistes l’avaient développée)
C’est aujourd’hui une banalité, mais cette victoire n’était pas évidente. La liberté individuelle s’est imposée comme l’utopie majeure : je veux être libre de faire ce que j’ai envie.
C’est de cette valeur que découle la plus grande partie de ce qui nous arrive aujourd’hui de façon positive comme de façon négative.
L’humanité s’est ainsi développée dans cette recherche de la liberté individuelle dans un contexte de rareté. Pour les biens, le mécanisme qui s’est imposé c’est le marché et du point de vue politique c’est la démocratie. Ce sont des mécanismes sommaires, mais c’est le meilleur bricolage pour tenter de réaliser la quête de la valeur préconisée.
Le marché est par nature mondiale et la démocratie par nature est locale, nationale. Il y a donc là une confrontation.
Mais ce qu’il y a de plus prégnant c’est que la liberté individuelle repose sur la faculté de changer d’avis, elle entraîne la précarité des liens et des relations.
Je peux décider que je ne suis plus d’accord avec celui que j’emploie, je le licencie. Je ne suis plus d’accord avec celui qui m’emploie je m’en vais. Je ne suis plus d’accord avec l’homme politique que j’ai élu, j’en change. Je change de produit, de fournisseur, de lieu d’habitation, de partenaire sentimental et même de sexe.
Je veux être libre tout le temps et en permanence.
Quelque part l’apologie de la liberté individuelle, c’est l’apologie de la déloyauté
Tout, tout de suite, pour mon seul intérêt.
Une société qui repose essentiellement sur cette seule valeur, cette seule pulsion va au-devant de grandes difficultés. Pour Attali, elle est clairement condamnée.
Je résume cette conférence très riche, en quelques mots.
Il donne une solution qui est celle de l’altruisme qu’il développe sous cette idée simple qui moi me parle : j’ai intérêt que l’autre, que mon voisin aille bien : parce qu’alors il peut être mon ami, mon client, mon partenaire et tout simplement parce que je peux trouver du plaisir à ce que mon voisin soit heureux. C’est un altruisme rationnel.
D’où le mot du jour qui est la conclusion de cette conférence : « J’espère que vous trouverez plus de bonheur dans l’altruisme que dans l’individualisme. »
Ces quelques mots simplement pour vous inciter à écouter une petite heure de conférence ​: https://www.youtube.com/watch?v=baWfd-vRIqM