Jeudi 2 juillet 2020

«Quand j’achète quelque chose, quand tu achètes toi, on ne le paye pas avec de l’argent. On le paye avec du temps de vie qu’il a fallu dépenser pour gagner cet argent.»
José Mujica, Président de l’Uruguay de 2010 à 2015

Le documentaire « Human » dont je parlais hier, présente presqu’exclusivement des femmes et hommes inconnues du monde médiatique.

Il y a quelques exceptions et je voudrai revenir sur une de ces exceptions. Il s’agit de José Mujica, surnommé Pepe Mujica. Il a été Président de l’Uruguay de 2010 à 2015.

Il a été remarqué par son refus des avantages octroyés par sa fonction de président de la République.

Vous vous souvenez que François Hollande avait voulu être un « Président normal ». Et beaucoup en découvrant José Mujica ont pensé que c’était lui « Le président normal ». C’est pour cette raison que je lui ai déjà consacré un mot du jour, celui du < 5 novembre 2013>

Il a été guérillero des Tupamaros dans les années 60-70 et pour cette raison il a été détenu par la dictature entre 1973 et 1985.

Pendant sa présidence, il n’a pas seulement été normal et soucieux de rester très simple. <Wikipedia> nous apprend que

« La part des dépenses sociales dans le total des dépenses publiques passe ainsi de 60,9 % à 75,5 % entre 2004 et 2013. Durant cette période, le taux de chômage passe de 13 % à 7 %, le taux de pauvreté national de 40 % à 11 % et le salaire minimum a été rehaussé de 250 %.

Il soutient par ailleurs le renforcement des syndicats. D’après la Confédération syndicale international, l’Uruguay est devenu le pays le plus avancé d’Amérique en matière de respect « des droits fondamentaux du travail, en particulier la liberté syndicale, le droit à la négociation collective et le droit de grève » […] En octobre 2012, le Parlement vote la légalisation de l’avortement. Contrairement à son prédécesseur, qui avait mis son veto à cette légalisation, Mujica fait approuver la loi. L’Uruguay devient ainsi le deuxième pays d’Amérique latine à autoriser l’avortement après Cuba. En avril 2013, les parlementaires approuvent définitivement une loi ouvrant le mariage aux couples de même sexe. »

Il reversait aussi la quasi-totalité de ses revenus à un programme de logement social.

Certains libéraux expriment un bilan plus critique sur sa présidence en insistant sur le fait qu’il a fait augmenter la dette du pays.

Dans le documentaire indiqué hier, il n’apparait que 2 minutes. Mais dans son cas, il existe en ligne un extrait de cet entretien plus long. Il dure environ 10 minutes : <L’interview de José Mujica – URUGUAY>

Il commence ainsi son entretien :

« J’ai été paysan pour gagner ma vie.
Puis je me suis engagé dans la lutte pour transformer et améliorer la vie de ma société.
Aujourd’hui je sui Président et demain comme tout le monde je ne serai qu’un tas d’asticots et je disparaîtrai. »

Mais ce que je voudrais surtout partager se situe à partir de 1’30. C’est aussi cet extrait qui a été repris dans le documentaire :

« J’ai beaucoup réfléchi à tout cela.
J’ai passé plus de 10 ans dans un cachot.
J’ai eu le temps de réfléchir.
J’ai passé plus de 7 ans sans ouvrir un livre.
Et voilà ce que j’ai découvert.

Soit on est heureux avec peu de choses, sans s’encombrer, car le bonheur on l’a en soi. Soit on n’arrive à rien.

Je ne fais pas l’apologie de la pauvreté mais de la sobriété.

Mais nous avons inventé la société de consommation en quête perpétuelle de croissance. Pas de croissance, c’est le drame.

On s’est inventé une montagne de besoins superflus. Il faut constamment jeter, acheter, jeter et c’est notre vie qu’on dilapide.

Quand j’achète quelque chose, quand tu achètes toi, on ne le paye pas avec de l’argent.

On le paye avec du temps de vie qu’il a fallu dépenser pour gagner cet argent.

A cette différence près que la vie, elle ne s’achète pas. La vie ne fait que s’écouler.

Et il est lamentable de gaspiller sa vie à perdre sa liberté. »

Pour consommer, et pour beaucoup acheter du futile ou du superflu, on paie formellement avec de l’argent, mais en réalité c’est du temps de vie que nous donnons. Le temps de vie nécessaire pour pouvoir acquérir l’argent de la consommation.

Le cinéaste serbe Emir Kusturica a tourné un documentaire sur cet homme étonnant. <Cet article> d’un journal canadien parle de cette rencontre.

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