Mardi 18 novembre 2014

Mardi 18 novembre 2014
«La fabrique des garçons »
Sylvie AYRAL et Yves RAIBAUD
Ce mot du jour ne parle pas de politique ou d’économie, il parle de l’intime de ce qui se passe dans les familles, dans les premières années de la vie.
Les chiffres qui cette fois sont massifs et peu contestables montrent qu’au collège, les garçons  représentent 80% des élèves sanctionnés tous motifs confondus, 92% des élèves sanctionnés pour des actes relevant d’atteinte aux biens et aux personnes, ou encore 86% des élèves des dispositifs Relais qui accueillent les jeunes entrés dans un processus de rejet de l’institution scolaire.
Tous ces garçons ont-ils des problèmes, des troubles du comportement et/ou de l’apprentissage ? Eh bien non, loin s’en faut.
Des travaux récents <Sur la fabrique des garçons> montrent que leurs transgressions et leurs difficultés scolaires sont, le plus souvent et quel que soit leur milieu social d’origine, des conduites liées à la construction même de leur identité masculine.
Je joins à ce message un article de libération parlant de cette étude pilotée par Sylvie AYRAL Professeure agrégée, docteure en sciences de l’éducation et Yves RAIBAUD Géographe.
J’ai laissé à dessein les commentaires des internautes. Certains prétendent que ce n’est pas l’éducation mais les hormones qui rendent les garçons transgressifs !
Les hormones vraiment ?
Qui n’a pas vu, subi ou participé à cet épisode où un garçon ou un adulte mâle pris par une émotion sur le point de pleurer se voit adresser cette injonction dans sa version bourgeoise «Sois un homme !» ou dans sa version plus argotique : “Tu ne vas pas chialer comme une gonzesse !”
Les hormones qu’ils disent !!!
L’article que je joins au message et que je vous invite à lire parle plutôt “d’injonction sociale à la virilité !”.
Mais vous savez que ce sont toujours les artistes qui expriment le mieux la profondeur des choses humaines.
Renaud avait écrit une chanson “Miss Maggie” dont on se souvient comme d’une attaque frontale contre Margaret Thatcher.
Mais si on relit bien le texte, on constatera que le sujet central n’est pas l’insulte à Maggie, mais bien “la fabrique du mâle”.
L’autre sujet n’est qu’une incise où il décrit une femme de pouvoir en mal de “mâlitude” qui veut être plus “mâle” que les mâles :

«Miss Maggie»

Femme du monde ou bien putain

qui bien souvent êtes les mêmes

femme normale, star ou boudin,

femelles en tout genre je vous aime

même à la dernière des connes,

je veux dédier ces quelques vers

issus de mon dégoût des hommes

et de leur morale guerrière

car aucune femme sur la planète

n’ s’ra jamais plus con que son frère

ni plus fière, ni plus malhonnête

à part peut-être madame Thatcher

 

Femme je t’aime parce que

lorsque le sport devient la guerre

y a pas de gonzesse ou si peu

dans les hordes de supporters

Ces fanatiques, fous-furieux

abreuvés de haine et de bière

déifiant les crétins en bleu,

insultant les salauds en vert

Y a pas de gonzesse hooligan,

imbécile et meurtrière

y’en a pas même en Grande-Bretagne

à part bien sûr madame Thatcher

 

Femme je t’aime parce que

une bagnole entre les pognes

tu n’ deviens pas aussi con que

ces pauvres tarés qui se cognent

pour un phare un peu amoché

ou pour un doigt tendu bien haut

Y’en a qui vont jusqu’à flinguer

pour sauver leur autoradio

Le bras d’honneur de ces cons-là

aucune femme n’est assez vulgaire

pour l’employer à tour de bras

à part peut-être madame Thatcher

Femme je t’aime parce que

tu vas pas mourir à la guerre

parc’ que la vue d’une arme à feu

fait pas frissonner tes ovaires

parc’ que dans les rangs des chasseurs

qui dégomment la tourterelle

et occasionnellement les beurs,

j’ai jamais vu une femelle

pas une femme n’est assez minable

pour astiquer un revolver

et se sentir invulnérable

à part bien sûr madame Thatcher

 

C’est pas d’un cerveau féminin

qu’est sortie la bombe atomique

et pas une femme n’a sur les mains

le sang des indiens d’Amérique

Palestiniens et Arméniens

témoignent du fond de leurs tombeaux

qu’un génocide c’est masculin

comme un SS, un torero

dans cette putain d’humanité

les assassins sont tous des frères

pas une femme pour rivaliser

à part peut être madame Thatcher

 

Femme je t’aime surtout enfin

pour ta faiblesse et pour tes yeux

quand la force de l’homme ne tient

que dans son flingue ou dans sa queue

Et quand viendra l’heure dernière,

l’enfer s’ra peuplé de crétins

jouant au foot ou à la guerre,

à celui qui pisse le plus loin

moi je me changerai en chien si je peux rester sur la terre

et comme réverbère quotidien

je m’offrirai madame Thatcher.”

Renaud

<Ici une des versions chantées par Renaud>