Cette période que nous vivons est un moment qui nous confronte à la mort.
Hier, Jérôme Salomon, le directeur général de la santé, [drôle de nom pour un fonctionnaire qui chaque soir égrène le nombre de malades, de personnes en réanimation et….] a déclaré que le nombre de morts du coronavirus lors des 24 dernières heures étaient de 365, soit une hausse de 58% par rapport au jour précédent.
Et nous savons que ce chiffre est sous-évalué, puisque les morts en EHPAD ou à domicile ne sont pas identifiés en tant que mort de cette pandémie.
La mort est là.
Mais le désir de vie est plus fort.
François Cheng, est né en 1929 en Chine.
Il est venu en France avec ses parents en 1948.
Mais, alors que sa famille émigre aux États-Unis dès 1949, lui à 20 ans décide de s’installer définitivement en France, motivé par sa passion pour la culture française.
Depuis il écrit, il écrit en français et il traduit les textes de poésie française en chinois.
En 1971, il a été naturalisé français.
Et en 2002 il est devenu membre de l’académie française, juste retour de son amour de notre langue et du rayonnement qu’il lui a apporté dans l’empire du milieu.
Nous l’avons vu plusieurs fois à la Grande Librairie, par exemple dans celle du <29 Janvier 2020>
Ceci a poussé Annie a acheté plusieurs de ses livres et parmi ceux-là « Cinq méditations sur la mort, autrement dit sur la vie »
Et hier soir quand je me suis posé la question, qu’est-ce que je vais bien pouvoir partager dans mon exercice quotidien d’écriture, j’ai pris ce livre.
Je l’ai feuilleté et je me suis arrêté page 139 :
La mort n’est point notre issue,
Car plus grand que nous
Est notre désir, lequel rejoint
Celui du Commencement,
Désir de Vie.
La mort n’est point notre issue,
Mais elle rend unique tout d’ici :
Ces rosées qui ouvrent les fleurs du jour,
Ce coup de soleil qui sublime le paysage,
Cette fulgurance d’un regard croisé,
Et la flamboyance d’un automne tardif,
Ce parfum qui nous assaille et qui passe, insaisi,
Ces murmures qui ressuscitent les mots natifs,
Ces heures irradiées de vivats, d’alléluias,
Ces heures envahies de silence, d’absence,
Cette soif qui jamais ne sera étanchée,
Et la faim qui n’a pour terme que l’infini…
Fidèle compagne, la mort nous contraint
À creuser sans cesse en nous
Pour y loger songe et mémoire,
À toujours creuser en nous
Le tunnel qui mène à l’air libre.
Elle n’est point notre issue.
Posant la limite,
Elle nous signifie l’extrême
Exigence de la Vie,
Celle qui donne, élève,
Déborde et dépasse.
François Cheng
Cinq méditations sur la mort, Albin Michel, 2013
Cinquième méditation
<1379>
Il y a la mort naturelle et la mort initiatique qui précède l’accès à une vie nouvelle, espérons que le covid 19 sera une mort initiatique pour nos sociétés qui ont besoin de se régénérer