Jeudi 8 mars 2018

« Lyon fit la guerre à la Liberté ; Lyon n’est plus»
Décret de la Convention du 12 octobre 1793

La révolution française fut très cruelle pour Lyon, surtout en 1793.

Si vous regardez de manière attentive la carte des départements de l’ancienne Région Rhône-Alpes, une anomalie saute tout de suite aux yeux.

La Loire et le Rhône ne ressemblent pas aux autres départements, ils sont plus petits. On dirait même qu’ils sont chacun la moitié d’un département comme l’Ain, l’Isère ou les Savoies.

Et c’est vrai, à l’origine Le Rhône-et-Loire fut l’un des 83 départements créés à la Révolution française, le 4 mars 1790 en application de la loi du 22 décembre 1789, à partir du territoire de la Généralité de Lyon elle-même constituée des anciennes provinces du Lyonnais, du Beaujolais et du Forez.

Mais ce département fut divisé en deux pour punir Lyon qui avait eu la mauvaise idée de chasser les montagnards et de prendre le parti des girondins, alors qu’à Paris les montagnards de Robespierre étaient en train de vaincre les Girondins.

Rappelons que les Girondins avaient pour nom Vergniaud, Brissot, Roland et Condorcet.

En face les montagnards s’appelaient Robespierre, Danton, Marat, Saint Just.

Les premiers qui attaquèrent, furent d’abord les Girondins qui, pour cause de dénonciations calomnieuses, firent décréter l’arrestation de Marat par la Convention nationale le 13 avril 1793 ; mais celui-ci fut acquitté par le Tribunal criminel extraordinaire et regagna l’Assemblée triomphalement le 24 avril 1793.

Ce fut le début du déclin des girondins.

Deux articles de Wikipedia détaillent les évènements lyonnais : <Lyon sous la Révolution> et <Soulèvement de Lyon contre la Convention nationale>

Au début de la révolution les lyonnais sont très favorables à celle-ci.

Nous pouvons lire dans Wikipedia :

« En 1789, Lyon est avec Paris la seule agglomération à dépasser de façon certaine les 100 000 habitants. Ville de banque, de négoce et de manufactures, elle vit surtout de la soierie, qui occupe un tiers de la population. Mais la France est alors plongée dans une crise économique très grave, et cette industrie est en crise. Selon Arthur Young, agronome britannique qui visite la ville en décembre, 20 000 personnes vivent de la charité et souffrent de la disette, et les couches populaires sont confrontées à la misère. […] Le peuple de la ville espère que les États généraux de 1789 vont supprimer les droits d’octroi, établis par l’oligarchie marchande pour acquitter le loyer des emprunts sans imposer les propriétés. Toutefois, la nouvelle municipalité issue des élections maintient l’octroi. Cette mesure provoque une nouvelle émeute, qui contraint les édiles à reculer ; mais l’Assemblée constituante rétablit provisoirement les barrières. Cette décision déclenche une nouvelle émeute, accompagnée du pillage des maisons des plus riches et de la demande de la taxation des denrées de première nécessité. »

Par la suite ce sont plutôt des modérés ou des monarchistes constitutionnels qui détiennent le pouvoir à Lyon.

En fin de compte l’affrontement à Lyon se fera entre le girondin Roland et ses partisans restés à Lyon et le montagnard Marie Joseph Chalier.

Roland ou plus précisément « Jean-Marie Roland de La Platière » est né le 18 février 1734 à Thizy, dans le Beaujolais.il occupe le poste d’inspecteur des manufactures à Lyon, lorsqu’éclate la Révolution. Il est le mari de la célèbre Madame Roland qui a pour prénom Manon et sera guillotiné en 1793 à Paris. Son mari se suicidera deux jours après.

Roland est élu en 1790 au conseil général de la commune de la ville de Lyon, qui l’envoie à Paris l’année suivante. Dans la capitale, il se fait connaître grâce notamment à Manon qui reçoit tous les hommes influents. Il deviendra ministre de l’intérieur du gouvernement girondin en mars 1792, toujours grâce à l’influence de son épouse.

A Lyon se sont ses amis girondins qui se succèdent comme maire de Lyon, ils ont pour nom Vitet, Nivière-Chol, Gilibert.

Mais tous ces maires sont contestés par Marie Joseph Chalier et ses alliés.

Chalier se bat pour une révolution sociale mais c’est un extrémisme brutal. Son partisan Bertrand accède enfin à la mairie de Lyon le 9 mars 1793.

Le pouvoir des Chaliers va durer 80 jours. Le 29 mai, une assemblée des sections réunie à l’Arsenal décide de renverser la municipalité. Dans la nuit, les « Chalier » sont arrêtés. Le juge Ampère (père du physicien André-Marie Ampère) est désigné pour instruire le procès de Joseph Chalier et de ses amis.

Chalier est condamné à mort le 16 juillet et guillotiné le lendemain.

La Convention montagnarde décide d’envoyer une armée à Lyon qui bombardera la ville et fera son siège du 9 août au 9 octobre 1793, date de la reddition.

La répression sera féroce.

La convention produira son célèbre décret du 12 octobre 1793.

Dont je donne les principaux passages :

« La ville de Lyon sera détruite, tout ce qui fut habité par le riche sera démoli […]

Le nom de Lyon sera effacé du tableau des villes de la République.

La réunion des maisons conservées portera désormais le nom de ville affranchie.

Il sera élevé sur les ruines de Lyon une colonne avec cette inscription :
 Lyon fit la guerre à la Liberté ; Lyon n’est plus. »

Toutefois, ce décret ne fut que modérément appliqué. Le 26 octobre, on commença la démolition des Façades de la place Bellecour. Bonaparte, Premier Consul, en ordonnera la reconstruction en 1800, et viendra en poser la première pierre.

Parallèlement quelques appellations révolutionnaires furent imposées : à l’instar de la ville de Lyon devenue Ville-Affranchie, divers quartiers, places et rues sont rebaptisés. C’est ainsi que le quartier Bellecour devient le « Canton de la Fédération » ou « Canton Égalité », la place Bellecour devient « place de la Fédération » ou « place de l’Égalité », le quartier de La Croix-Rousse devient « Commune-Chalier », le quartier de l’Hôtel-Dieu devient « Canton-sans-Culotte », le quartier de la Halle aux Blés devient « Canton Chalier »

Mais le 14 pluviôse an III (2 février 1795), la Convention d’après Thermidor suspend l’application du terrible décret et restitue à la Ville ses droits et son nom.

En revanche, la partition du département de Rhône et Loire qui fut officialisée par l’approbation de la Convention nationale le mardi 19 novembre 1793 ne fut, lui, jamais remis en question. Ainsi Saint Etienne est une préfecture au même titre que Lyon.

Le plus terrible fut cependant les exécutions en masse par la guillotine et des fusillades

La Convention décide la formation d’une « Commission extraordinaire » de cinq membres chargée de « punir militairement et sans délai les criminels contre-révolutionnaires de Lyon ».

Cette « Commission révolutionnaire extraordinaire » qui siège du 30 novembre 1793 au 6 avril 1794, présidée par le général Parein, décide d’emblée de substituer des mitraillades collectives aux fusillades individuelles et à la guillotine. Les 4 et 5 décembre, 60, puis 208 ou 209 condamnés sont tués par trois pièces de canon chargées à mitraille dans la plaine des Brotteaux, près de la grange de Part-Dieu.

La responsabilité de ces massacres a été imputée non seulement à la Commission Parein, mais aussi aux représentants Collot d’Herbois et Fouché, nommés le mois précédent.

Pour commémorer ces massacres dans la plaine des Brotteaux, des lyonnais ont instauré un mémorial dans la crypte de la chapelle sainte Croix des Brotteaux (147 rue Créqui, Lyon 6)

Près de 2000 personnes ont ainsi été exécutées selon ces diverses « méthodes » révolutionnaires

Vous trouverez derrière ce lien une vidéo présentant <La crypte des Brotteaux> , monument et ossuaire à la mémoire des victimes de la répression de 1793 à Lyon.

Edouard Herriot, le maire de Lyon de la première moitié du XXème siècle a écrit un livre d’Histoire, « Lyon n’est plus » en 3 tomes :

  • Tome 1 « Jacobins et les modérés »
  • Tome 2 « le siège »
  • Tome 3 « la répression ».

On peut comprendre qu’après de tels épisodes, une certaine tension puisse exister entre Paris et Lyon.

Par la suite Napoléon Bonaparte a apporté du baume au cœur des lyonnais.

Ce site <Napoléon et Lyon> raconte cette histoire.

Il existait par exemple le projet de construire un palais impérial sur la Presqu’ile. Il paraitrait que les plans de la gare de Perrache ont été inspirés par ceux du projet de palais impérial de Napoléon.

En revenant de l’ile d’Elbe, Napoléon a fait une dernière fois halte dans l’ex ville affranchie et a écrit ce mot que vous pouvez retrouver au Musée Gadagne et aussi sur le site précité :

« Lyonnais je vous aime »
Cet écrit date du 13 mars 1815.

La 3ème émission de la fabrique de l’Histoire consacrée à Lyon portait sur ce sujet et avait pour titre : <Lyon n’est plus>

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