Ma famille et moi sommes arrivés à Lyon en 2002. Depuis j’ai adopté cette ville. Je ne suis pas sûr qu’elle m’ait adopté. J’avais déjà raconté cette rencontre entre Annie et un commerçant lyonnais à qui elle avait eu l’imprudence de dire que « maintenant nous étions lyonnais » et s’entendre répliquer « Vous habitez Lyon, vous n’êtes pas lyonnais ».
Il faut donc avoir des quartiers de noblesse pour pouvoir se dire lyonnais…
La ville de Lyon est cependant une de ses villes qui a une âme, tout en ayant une Histoire.
Récemment, l’émission de France Culture « La Fabrique de l’Histoire » a consacré 4 épisodes sur Lyon qui ont retenu mon attention et que je voudrais partager.
La première de ces émissions était consacrée à < L’identité lyonnaise au fil de son histoire>. Elle a notamment évoqué une exposition temporaire dans le merveilleux musée Gadagne, le musée de l’Histoire de Lyon.
Cette exposition a pour nom : « Lyon sur le divan, les métamorphoses d’une ville » et se terminera le 17 juin 2018.
Car Lyon va beaucoup évoluer pendant l’Histoire, elle va gagner des terres sur le Rhône et sur les marécages qu’avait créés ce grand fleuve fougueux.
Lyon a été installé sur le confluent de deux fleuves : la Saône et le Rhône. Mais ce confluent va évoluer au cours des siècles à cause de l’action des hommes.
Au début de notre ère, quand les romains sont venus s’installer le confluent se trouvait en bas de la colline de Croix Rousse.
Les romains se sont installés en 43 avant Jésus-Christ.
Mais mon professeur d’Histoire, Jean-Pierre Gutton, dont j’ai suivi les cours à l’université de Lyon II en 2004, écrit dans son petit ouvrage « Histoire de Lyon et du Lyonnais » (Que Sais-je N°481 au PUF) :
« L’histoire de Lyon et, moins encore, celle du Lyonnais ne commencent pas à la fondation de la colonie en 43 avant Jésus-Christ comme on l’a naguère affirmé. […] A Lyon même, l’antériorité de l’occupation à la fondation de la colonie est maintenant bien établie. Depuis les années 1980, de multiples travaux de restructuration du quartier de Vaise (au nord de la cité) ont montré que les hommes sont présents dès le néolithique au moins sur la rive droite de la Saône. »
Jean-Pierre Gutton explique que c’est par un historien grec, Dion Cassius, que nous connaissons les circonstances de cet évènement qui est la création de Lugdunum sur la colline de Fourvière. Et Jean-Pierre Gutton raconte :
« Le texte montre bien le climat de luttes partisanes. Le Sénat souhaite retenir hors d’Italie des chefs militaires qui peuvent lui être hostiles : il faut fixer des vétérans »
Un peu de rappel historique est certainement nécessaire même pour les plus fervents lecteurs d’Astérix ; Jules César a soumis la Gaule lors d’une série de campagnes militaires contre les tribus gauloises de 58 avant JC jusqu’en 52, date à laquelle se situe la bataille d’Alésia. Il faut savoir que des tribus gauloises avaient rallié César et que la « guerre des Gaules » fut aussi une guerre entre gaulois.
Mais fort de son succès en Gaule qui va devenir province romaine, Jules César va s’emparer du pouvoir à Rome et veut mettre fin à la République et au pouvoir du Sénat.
Il se fait évidemment beaucoup d’ennemis et avant qu’il ne puisse accomplir son dessein ; il est assassiné aux ides de mars, ce qui correspond à mi mars, de l’année 44 avant JC.
Et c’est donc à la fois pour assurer la gestion de la Gaule et pour éloigner de Rome un certain nombre de partisans de César dont Lucius Munatius Plancus que le Sénat ordonne à ce dernier de créer une nouvelle colonie en Gaule pour jouer un rôle de capitale de la nouvelle province. Il faut savoir que Province vient du latin pro vincia qui signifie vaincu, c’est en effet les territoires conquis par Rome qui sont les provinces.
C’est ainsi Lucius Munatius Plancus qui devient proconsul de Gaule et fonde « Lugdunum » un an après l’assassinat de Jules César.
Lugdunum se trouve donc sur la colline de Fourvière, sur la rive droite de la Saône.
Sur la rive gauche se trouve l’autre colline, la Croix Rousse, sur cette colline il y avait un village gaulois : « Condate » qui signifie confluent.
Grâce au Tour de Gaule d’Astérix, vous savez que Condate était aussi l’ancêtre de Rennes. On peut comprendre que comme aujourd’hui où beaucoup de villes portent le même nom (comme par exemple Montreuil), à l’époque il y avait plusieurs villes qui avaient le nom de Condate.
Et le nom de Condate était juste puisque le confluent de la Saône et du Rhône se trouvait précisément en bas de la colline de la Croix Rousse.
Ce site de Condate était donc, habité bien avant Lugdunum et sera bien sûr rapidement colonisé par les romains qui vont y édifier le sanctuaire des 3 Gaules..
Vous pouvez voir la Maquette de Lugdunum sur ce site et que je reprends dans cet article.
Vous voyez donc le Rhône qui rejoint la Saône, en bas de la Croix Rousse.
Un peu plus loin, après le confluent et sur le fleuve résultant une île qui porte le nom de « Canabae » qui porte aujourd’hui le quartier d’Ainay.
Plus tard, les lyonnais vont rattacher cette île à la terre et le confluent se déplacera jusqu’au quartier d’Ainay au bout de l’île de Canabae qui forme donc le cœur de la Presqu’ile.
Vous trouverez <Cet article du Point> qui désigne Lyon comme « une ville double : Lugdunum et Condate »
« En ce temps-là, celui de la Gaule romaine, il y avait deux villes à Lyon. D’abord Lugdunum (mot gaulois : la colline-ou la forteresse, c’est selon-du dieu Lug), sur la rive droite de la Saône. Ensuite Condate (autre mot gaulois qui signifie confluent), sur la rive gauche de la Saône, légèrement en amont, justement, de son confluent avec Rhodanus, le puissant et violent Rhône.
Voyons Lugdunum. Munatus Plancus, proconsul, c’est-à-dire gouverneur de la Gaule Chevelue conquise huit ans plus tôt, avait choisi un endroit excellent, l’actuelle colline de Fourvière, pour créer la nouvelle colonie de Lugdunum. Il installa, en 43 avant notre ère, sur cette hauteur qui domine la Saône et le Rhône, ses colons, des citoyens romains expulsés un an plus tôt de Vienne, la ville principale des Allobroges, sujets de la Narbonnaise.
C’est sur cette colline et à ses pieds, au bord de la rivière, rive droite, que prospéra cette cité précédemment consacrée, pense-t-on, au très gaulois dieu Lug. Prospérité due à cet inestimable confluent Rhône-Saône, qui ouvrait aux bateliers, aux nautes, ces armateurs fluviaux, de riches perspectives. »
Le remarquable catalogue de l’exposition « Lyon sur le divan », je dirai même plus remarquable que l’exposition explique l’étymologie controversée de Lugdunum :
« Le nom romain de Lyon , sous- tend deux caractéristiques de la ville , celle d’une ville dédiée au dieu gaulois Lug, un dieu extrêmement besogneux, très travailleur et qui rencontrera beaucoup de difficultés pour se faire accueillir à la cour des dieux et celle d’un dédié à Lux, en latin la lumière. »
« dunum » lui serait issu du celtique –duno, qui signifie soit « forteresse » ou « colline » ce serait donc la colline ou la forteresse du dieu Lug.
Cependant d’autres propositions existent pour définir l’étymologie de « Lug », soit par le nom du corbeau, en effet Lugus a été rapproché du gaulois lugos ou lougos, qui aurait signifié « corbeau », soit par le nom du « lynx ».
Lugdunum deviendra rapidement une ville essentielle de l’empire romain. Condate sera oubliée.
Le site de l’Inrap, « Institut national de recherches archéologiques préventives » précise :.
« Lugdunum devient la capitale de la province de Gaule lyonnaise, le siège du pouvoir impérial pour les trois provinces gauloises (Belgique, Lyonnaise, Aquitaine), et la Caput Galliarum, ou « Capitale des Gaules ».
Cette ville gallo-romaine se développe sur la colline de Fourvière, au confluent de la Saône (l’Arar) et du Rhône (Rhodanus). Elle devient très vite un important port fluvial. C’est aussi un nœud routier stratégique, relié au sud de la Gaule (la Narbonnaise), à l’Aquitaine, la Bretagne, la Germanie et bientôt l’Italie grâce aux routes construites par Agrippa.
En contact avec tout l’Empire, Lyon est une plaque tournante commerciale. Elle accueille les empereurs en visite et, très vite, s’agrandit, s’embellit et s’enrichit. Au Ier siècle, elle dispose du droit de battre monnaie, situation unique dans l’Empire romain à cette période.
Au IIe siècle, sa population est estimée entre 50 000 et 80 000 habitants, ce qui en fait l’une des plus grandes villes de la Gaule.
Deux empereurs romains sont nés à Lyon : Claude, né en 10 avant notre ère, et Caracalla, né en 188.
C’est à Lyon que chaque année, le 1 er août, se réunissent et siègent les délégués des soixante cités des trois Gaules. Ce rassemblement se déroule dans un vaste sanctuaire (installé sur les pentes de l’actuelle colline de la Croix-Rousse). On y élit le prêtre chargé des cérémonies dédiées au culte de Rome et de l’Empereur. Cette fonction constitue la plus haute charge administrative à laquelle les notables gallo-romains puissent accéder en Gaule. Le « Conseil des Trois Gaules » a pour fonction de représenter les intérêts gaulois auprès de Rome. »
C’est ainsi que commence l’Histoire de Lyon…
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Très intéressant, j’étais finalement très ignorant de cette grande histoire
Moi aussi j’ai choisi d’habiter à Lyon depuis 2003 mais prudent de nature, j’ai toujours pris la précaution de préciser je suis lyonnais « d’adoption »