Vendredi 2 mars 2018

« Imhotep est mort »
Le chat qui a inspiré Joann Sfar pour ses BD : « Le chat du rabbin »

Aujourd’hui je vais vous parler de chats. Mais je préviens : la fin de cet article n’aura rien à voir avec le début.

Les chats sont les héros des réseaux sociaux. Des femmes et des hommes du monde entier passent une partie de leur temps à interagir avec des chats, à les filmer et à publier ces films sur internet

<Dansons la capucine> 12 millions de vue !!

<Et puis il y a des compilations…> en voici une vue 49 millions de fois.

Et … il y a le chat du rabbin

Le Huffington Post nous apprend que, le chat de Joann Sfar qui lui a inspiré ses planches « Le chat du rabbin » est mort.

Le dessinateur a annoncé la nouvelle sur ses réseaux sociaux, vendredi 23 février.

Dans le Parisien Joann Sfar confie :

« Il vivait aujourd’hui avec mon ex-compagne et mes enfants. Mais je le voyais souvent… Il a été un compagnon fidèle pendant 18 ans »,

La famille Sfar avait adopté en 2000 ce félin de race Orientale, long, maigre, aux oreilles en pointe.

« Nous sommes allés chez une éleveuse. J’avais un grand manteau et ce chat a quasiment sauté dans ma poche. C’était le plus moche et le plus étrange chat que j’avais jamais vu… Je me suis dit, c’est celui-là ».

Le chat du rabbin est un chat très particulier il parle la langue des humains.

Son maître est un rabbin, c’est pour cela qu’il s’appelle ainsi.

Mais cette manière de présenter les choses est ethno-centrée, c’est-à-dire exprimée dans le monde des hommes. Car un chat n’a pas de maître, un chat est libre. Dans le référentiel des chats, il serait plus juste d’écrire : « L’humain qui vit avec ce chat est un rabbin ».

Alors quand un chat qui pense et qui parle observe des humains monothéistes, c’est très drôle et très étonnant.

Nous en sommes à 7 albums, à des adaptations au théâtre et un film d’animation.

Moi je l’avais d’abord découvert par un feuilleton radio où en dix épisodes ses aventures étaient déclinées.

Ces émissions ne sont plus en ligne mais il reste la page de présentation :

« Le chat du rabbin n’est pas un chat comme les autres. Non seulement il est doué d’un esprit critique décapant dans cette Algérie du début du XXe siècle, mais en plus la faculté de parole lui vient après qu’il a soudain dévoré le perroquet de son maître. Le voilà plus décidé que jamais à utiliser son savoir et sa verve pour mieux faire vaciller les hommes dans leurs certitudes… et susciter l’admiration de sa très chère et ravissante maîtresse Zlabya.

Au fil de ses aventures, le chat va successivement affronter le rabbin du rabbin dans un duel théologique de haut vol faire la rencontre du légendaire cousin Malka et de son lion fidèle voir un jeune rabbin prétentieux lui ravir le cœur de sa maîtresse adorée ; croiser le cheikh Messaoud Sfar et son âne sur la route d’un pèlerinage découvrir Paris aux côtés de Raymond « El Rebibo », le neveu du rabbin venu faire carrière dans la capitale voir ressusciter un peintre russe idéaliste et partir avec lui aux confins du désert à la recherche de la Jérusalem d’Afrique…

Adaptée de la bande dessinée éponyme de Joann Sfar parue aux éditions Dargaud, Le Chat du rabbin est une fable colorée et truculente qui nous fait découvrir la culture juive séfarade à travers une pléiade de personnages aussi farfelus qu’attachants.»

Joann Sfar explique :

« J’ai vraiment eu l’idée de ces albums en l’observant. Avec ses grands yeux, il regardait tout le monde avec tellement d’intensité que l’on avait l’impression qu’il voulait parler. En plus, il miaulait tout le temps

[…] Il a été un compagnon fidèle pendant 18 ans, celui de mes histoires les plus intimes, glisse le dessinateur. Il s’est d’ailleurs passé une chose étrange la nuit dernière : une boîte à musique que j’ai chez moi ne marchait plus depuis des années. Et elle s’est mise en route toute seule. Je crois que c’était sa façon à lui de me dire au revoir

Oui, Je vais continuer [à le dessiner]. Fred, le dessinateur de Philémon me disait: ‘il y a des personnages qui finissent par se dessiner tout seul car ils ont une âme.’ Je crois que c’est le cas de mon chat du rabbin »

Un article de « la Croix » cité ci-après nous apprend que la domestication du chat, à partir de chats sauvages africains ou asiatiques, remonte à la préhistoire, à au moins 4 000 ans avant Jésus-Christ, au Proche-Orient et en Égypte. En France, sa présence est attestée à l’époque romaine mais elle ne s’impose dans les fermes qu’au Moyen Âge, pour y chasser les petits rongeurs.

Les chats sont donc mignons, drôle, intelligents, utiles et attachants.

Mais…

Si on réfléchit sur la présence des chats dans le monde, une sorte de géopolitique du chat on est surpris et la réalité apparaît un peu différente.

C’est la revue de Presse de France Inter du 27 février qui cite la <Croix>

«Un chasseur impitoyable aux yeux pourtant innocent, et qui tient en sa gueule le cadavre d’un merle noir. Le chat donc, ce carnassier que la Croix expose comme une menace pour la biodiversité…

Des dizaines milliards d’oiseaux, de reptiles, de petits mammifères exterminés chaque année sur le continent américain. En France, les chats font des millions de victimes chaque année: 13 millions et demi de chats domestiques plus quelques millions de chats errants, c’est trop pour des oiseaux déjà fragilisés par la disparition des insectes. Les moineaux parisiens ont quasiment disparu. Le chat a déjà rayé de la planète 63 espèces animales, et il faut donc le contrôler; stériliser les chats errants, comme en Belgique. Ne souriez pas…

La guerre contre les chats, est un enjeu planétaire.

En Australie, des robots aspergent les chats de poison, pour qu’ils meurent en se léchant. Mieux encore, on injecte des implants toxiques dans les proies du chat, qui meurt de sa gloutonnerie.

On lit cela dans Usbek et rica, qui raconte la lutte l’Australie contre les « espèces invasives »… Il n’y a pas que les chats et les Australiens pratiquent la guerre bactériologique, on mobilise contre les lapins des virus importés d’asie, le virus de l’herpès est  répandu dans les rivières pour exterminer une carpe indésirable. Les Néo-Zélandais, eux arrosent le paysage de pesticides pour détruire les mammifères qui menacent le kiwi.

Usbek et Rica donc. La civilisation dérape chez les apprentis sorciers que nous sommes, l’espèce humaine, qui extermine des animaux d’un côté, et de l’autre prend le deuil d’espèces menacées.

Dans l’article de la Croix on lit encore :

« Dans les jardins, le rouge-gorge, l’accenteur mouchet et le merle noir sont les victimes préférées du chat en embuscade. « Sous les mangeoires, les chats n’ont qu’à se mettre à table ! » Jean-François Courreau, fondateur du centre d’accueil de la faune sauvage à l’école vétérinaire de Maisons-Alfort, voit régulièrement arriver, parmi les milliers d’animaux apportés au centre de soins, des oiseaux blessés par des chats, des juvéniles fraîchement sortis du nid ou des adultes qui se regroupent en hiver autour des lieux de nourrissage artificiel, proies de choix pour les chats aux aguets.

« Ils survivent rarement à leurs blessures, la plupart meurent avant même d’arriver au centre », précise-t-il. Les chauves-souris – une cinquantaine apportée au centre l’an dernier – ont, elles, un taux de survie quasi nul. »

Et aussi :

« Pour l’écologue australien Tim Doherty de l’université de Deakin, le chat est, après le rat, l’espèce invasive la plus responsable de perte de biodiversité, tout particulièrement sur les îles où, une fois introduit, il ne fait qu’une bouchée des espèces endémiques naïves.

Ses travaux, publiés dans la revue de l’Académie des sciences américaine (PNAS) en septembre 2016, concluent à 430 espèces de mammifères, oiseaux et reptiles en voie d’extinction à cause du chat. »

<Ici vous trouverez l’article de la Croix évoquant la stérilisation en Belgique>

Car il faut savoir que :

«  la prolifération du chat est exponentielle. Il suffit de quatre ans pour qu’un couple donne une descendance de 20 000 chats ! »

En conclusion, il est donc possible de dire que les chats jouent un grand rôle dans la vie des humains. Toutefois qu’ils sont peut être trop nombreux sur la planète. En revanche que ce qui se passe en Australie et que relate le média Usbek et rica me semble extrêmement préoccupant.

Je ne finirai pas par la photo du chat tenant dans son bec un merle noir que vous trouverez dans l’article de la Croix mais la photo d’Imhotep que Joann Sfar a publié sur twitter.


 

 

 

 

 

 

 

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Une réflexion au sujet de « Vendredi 2 mars 2018 »

  • 2 mars 2018 à 8 h 39 min
    Permalink

    On peut donc être un prédateur très dangereux et être aimé si on présente une image sympathique, il n’est pas exclu que certains humains aient pris avantageusement modèle sur les chats (ou s’efforcent de le faire)

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