Vendredi 3 novembre 2023

« Que nous soyons Israéliens ou Palestiniens, Libanais, Syriens, juifs ou musulmans, chrétiens ou athées, Français ou Américains, nous ne nous méfierons jamais assez du recours au « nous contre eux », qui signe fatalement le début de l’obscurantisme et de la cécité. »
Dominique Eddé

Écrire sur ce conflit qui met face à face, deux peuples pour une même terre, présente le risque de se fâcher avec beaucoup de monde. D’abord avec les personnes convaincues de chacun des deux camps qui trouveront toujours qu’on ne compatit pas assez avec les souffrances du camp défendu et qu’on est aveugle sur la culpabilité du camp d’en face. Mais on peut aussi se fâcher avec les personnes neutres qui considèrent que dans ce domaine la seule position digne est de se taire.

Je n’ai pas de solution bien sûr et je suis rempli de doutes.

Mais il me semble que seuls les mots, même maladroits, sont en mesure de surpasser la violence et de maîtriser la sidération et le désarroi.

L’histoire ne commence pas le 7 octobre 2023 et il faut se pencher aussi sur ce qui s’est passé avant.

Mais le 7 octobre constitue une rupture que l’écrivaine libanaise Dominique Eddé décrit ainsi dans une Tribune du Monde du <31 octobre 2023>

« Le carnage barbare du Hamas, le 7 octobre, n’a pas fait que des milliers de morts et de blessés civils israéliens, il a jeté une bombe dans les esprits et dans les cœurs, il a arrêté la pensée. Il a autorisé le déchaînement des passions contre les raisons et les preuves de l’histoire. Ce déchaînement peut se comprendre là où manquent les moyens de savoir, d’un côté comme de l’autre. Là où la douleur est écrasante. Il est inacceptable chez les puissants : là où se déclarent les guerres, là où se décident les chances de la paix. »

Par cet acte « horrible » le Hamas a tendu un piège à Israël, piège qu’Israël a énormément de difficultés à contourner.

Il était inimaginable et inacceptable qu’Israël ne réagisse pas et ne s’attaque durement au Hamas.

Le blocus et les bombardements massifs sur une population civile qui est prisonnière, dans ce bout de territoire surpeuplé, sont en train de renverser dans l’esprit de beaucoup, notamment dans les populations musulmanes et aussi des populations non occidentales, le poids de l’inhumanité du côté de l’armée israélienne.

En outre, des exactions et des crimes commis par des colons juifs en Cisjordanie contre la population arabe ont conduit, même les États-Unis, à réagir par la voie du porte-parole du département d’État, Matthew Miller en dénonçant <des attaques> :

« Incroyablement déstabilisatrices et contre-productives pour la sécurité à long terme d’Israël, en plus d’être, bien sûr, extrêmement préjudiciables aux Palestiniens vivant en Cisjordanie »

Ceci a fait exploser un antisémitisme latent dans le monde entier et en France aussi.

Longtemps, l’antisémitisme était analysé comme l’apanage de l’extrême droite maurassienne. Beaucoup de gens de gauche ont eu du mal à accepter l’idée qu’il y avait aussi en France un antisémitisme musulman.

Parce qu’on peut se trouver être très critique avec les décisions, les actions du gouvernement d’Israël, mais pourquoi faire porter la responsabilité et commettre des actes contre les juifs en France ou ailleurs ?

Seul l’antisémitisme peut l’expliquer sans le justifier.

Ismaël Saidi est musulman, il est comédien et metteur en scène de la pièce « Djihad ». Il a commis un article : « En tant que musulman, je refuse de me voiler la face sur la nature de l’antisémitisme en France » dans lequel il écrit :

« « Il ne faut pas être juif » : c’est l’unique « raison » que l’on peut trouver aux crimes commis ce 7 octobre 2023, du moins, je n’en vois pas d’autre car aucune cause, aussi légitime soit-elle, même aussi noble que celle de la création d’un état pour le peuple palestinien en souffrance depuis si longtemps, ne justifie un massacre. […]

Mais si, pour une fois, au lieu d’inviter un rabbin et un imam sur tous les plateaux en leur demandant de nous montrer à quel point les religions ne sont qu’amour et paix (les millions de morts à travers les siècles, victimes de guerres de religions, de croisades, de pogroms, d’esclavage apprécieront…), on se posait la bonne question.

Si pour une fois, au lieu de mettre la poussière sous le tapis jusqu’au prochain attentat, nous arrêtions de nous voiler la face.

Je vais donc lancer un pavé dans la mare : pourquoi lorsque des atrocités sont commises à des milliers de kilomètres de chez nous, faut-il protéger la communauté juive de France ?

Pourquoi est-ce que l’on trouve cela normal ?

Pourquoi est-ce qu’un Français juif doit craindre de sortir avec une kippa ou la moindre preuve d’appartenance à sa communauté de croyance ?

Pourquoi des maisons où se trouvent des mézouzas sont visées ? Pourquoi des familles changent leur nom sur les applications de livraison pour éviter de se faire agresser si elles sont reconnues comme juives ? De quoi les Français juifs sont-ils coupables ?

Si le Moyen-Orient s’enflamme, pourquoi nos compatriotes juifs doivent-ils en souffrir ?

La réponse qui me vient à l’esprit est qu’il y a une idéologie en France qui a décidé de faire des juifs ses ennemis.

Comme l’avait fait le nazisme, par le passé, il y a une idéologie qui veut « se faire du juif ».

Je le dis parce que je ne la connais que trop bien.

Des années à être abreuvé d’images, de discours sur « nos frères palestiniens » très vite devenus « nos frères en islam » tués par les « juifs » – et pas par les Israéliens car dans le monde arabo-musulman, c’est le mot « juif » qui est utilisé et à dessein.

Les terroristes n’ont-ils pas appelé leur famille, hurlant de joie, leur expliquant qu’ils ont tué « des juifs ».

Ainsi le glissement sémantique a eu lieu depuis bien longtemps : ce n’est pas Palestinien contre Israélien, mais musulman contre juif.

Il n’est donc pas étonnant, quand on comprend cela, que dans le pays où se trouve la plus grande communauté musulmane d’Europe et la plus grande communauté juive d’Europe, la situation devienne explosive.

Et là où beaucoup d’entre nous pensent que c’est le conflit israélo-palestinien qui est la matrice de l’antisémitisme en France, je répondrai : changez de paradigme de lecture, retournez l’image d’Épinal et vous comprendrez: c’est l’antisémitisme que l’on retrouve dans une idéologie meurtrière, cancer de l’islam, qui est devenu, aujourd’hui, la matrice du conflit israélo-palestinien. »

Dans sa tribune au Monde Dominique Eddé ajoute :

« Que nous soyons Israéliens ou Palestiniens, Libanais, Syriens, juifs ou musulmans, chrétiens ou athées, Français ou Américains, nous ne nous méfierons jamais assez du recours au « nous contre eux », qui signe fatalement le début de l’obscurantisme et de la cécité.

Or l’emploi de ces trois mots enregistre à l’heure qu’il est des records terrifiants, d’un bord à l’autre de la planète. Et il se répand à une vitesse si foudroyante qu’il emporte les têtes, comme un ouragan des maisons. […]

Pour assurer son existence dans la durée, Israël doit renoncer à l’anéantissement de Gaza et à l’annexion de la Cisjordanie. Son avenir ne peut pas lui être assuré par l’expulsion, l’extermination, la conquête du peu de territoire qui reste. Il ne peut l’être que par un changement radical de politique. Un renoncement à la logique de l’affirmation de soi par la supériorité militaire et la négation de l’autre. Alors, les esprits ignorants ou bornés du monde arabo-musulman prendront mieux la mesure de ce temps de l’horreur absolue que fut la Shoah. Il sera enfin enseigné et transmis aux nouvelles générations. Nous apprendrons, de part et d’autre, que pas une histoire ne commence avec soi.

On ne détruira pas les islamistes radicaux à coups de déclarations de guerre, on les affaiblira en leur ôtant, une par une, leurs raisons d’exister et d’instrumentaliser l’islam. Ce sera long ? Oui. Mais qu’on nous dise, quel autre moyen a-t-on d’éteindre un incendie sans frontières ?

C’est en retirant ses « prétextes » à la mauvaise foi générale qu’on fera peut-être advenir la paix à laquelle aspire désespérément le plus grand nombre. Les psychothérapeutes savent ce que les politiciens s’abstiennent de prendre en compte : formuler la souffrance de l’autre, son humiliation, l’aider à dire son cri, sa rage, sa haine, c’est les désamorcer. C’est d’un combat contre la haine qu’il s’agit désormais. Il engage chacun de nous, si l’on veut donner une chance aux prochaines générations.

Que les dirigeants israéliens et leurs soutiens aveugles renoncent à leur domination brutale, satisfaite et sans partage de ce lieu explosif qu’est la « Terre sainte ». Que les Arabes, les musulmans, les défaits de l’histoire n’oublient pas qu’en versant dans l’antisémitisme ils se salissent, ils tombent dans un mal qui n’est pas le leur, ils se retournent contre eux-mêmes. Qu’ils s’élèvent, bien sûr, contre le massacre en masse qui est en cours, mais qu’ils ne privent pas les familles israéliennes endeuillées de leur compassion, qu’ils ne confondent pas leur révolte avec le fantasme de la disparition d’Israël.

N’oublions pas, nous autres Arabes, que nous avons massivement contribué à notre malheur. N’oublions pas qu’en matière d’horreur nous avons enregistré sur nos sols, depuis 1975, une série abominable de massacres. Du Liban à la Syrie, à l’Irak, nos prisonniers ont été enfermés dans des conditions atroces. Des femmes, des hommes ont été torturés, sans que nous sachions les défendre. Nos mémoires, nos cerveaux, nos âmes ont été torturés. Nos cultures. Notre histoire millénaire. Aucun de ces pays n’est parvenu à résister aux manipulations internes et externes, à la pression infernale des grandes puissances, à la sinistre alliance de la corruption, du mépris des pauvres et de la plus abusive des virilités.

Nous ne pouvons plus relever la tête à coups de slogans et de doléances exclusivement dirigés contre Israël. L’avenir ne consiste pas à revendiquer ce que l’on a perdu, mais à examiner ce qui reste à sauver. Israël existe. De ce qui fut un mal pour beaucoup d’entre nous peut sortir un bien pour tous.

Un chantier gigantesque

Ne ratons pas ce terrible et dernier rendez-vous. Souvenons-nous que la vie, la mort, le jour, la nuit, la douleur, l’orphelin, la terre et la paix se disent pareil en arabe et en hébreu. Il est temps pour chacun de nous de faire un immense effort si nous ne voulons pas que la barbarie triomphe à nos portes, pire : à l’intérieur de chacun de nous. »

J’avais déjà fait appel à Dominique Eddé lors d’un mot du jour précédent, c’était une lettre ouverte à Alain Finkielkraut : «Le monde est comme un masque qui danse : pour bien le voir, il ne faut pas rester au même endroit.»

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5 réflexions au sujet de « Vendredi 3 novembre 2023 »

  • 3 novembre 2023 à 17 h 16 min
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    Magnifique point de vue partagé par Dominique Eddé. « Ne ratons pas ce terrible rendez vous »….. et souvenons nous de tous ces mots qui se disent pareil en arabe et en hébreu. Conclusion magnifique!. Merci une fois de plus Alain pour ce mot du jour.
    Je suis moins encline à partager le point de vue d’ Ismaël Saidi quand il dit « qu’il y a une idéologie en France qui a décidé de faire des juifs des ennemis ».  » Il ne faut pas être juif… »unique raison qui a présidé aux heures sombres du 7 octobre etc…. démontrant que l’antisémitisme est la seule raison pour faire des juifs des ennemis. Je trouve pourtant, même si c’est très difficile à dire aujourd’hui, que la position de certains membres de la communauté juive française n’a pas donné à voir le recul nécessaire ( avant le 7 octobre) d’un Dominique Eddé. J’ai souvent été gênée d’entendre les propos trop souvent énoncés par des membres de la communauté (pas tous loin de là!) ou l’on sentait qu’il y avait de moins en moins de distance / au comportement du gouvernement Netanyahu et beaucoup d’aveuglement / à la politique des territoires occupés. J’ai été même soulagée de voir qu’en Israel les nombreuses manifestations contre le gouvernement Netanyahu s’inscrivaient dans le temps .. Je crains que involontairement des membres de la communauté juive de France- et je mesure combien il est difficile d’apporter de la nuance qd on fait partie d’une communauté quelle qu’elle soit- en optant pour des position du type « on est avec moi ou on est contre moi » n’ont pas aidé les musulmans qui n’étaient pas tous porteur d’une idéologie antisémite à faire le distinguo entre le gouvernement et le peuple et à mentionner en quoi ce type de gouvernement mettait aussi le feu au poudre. De chaque côté me semble-t-il il est si « pratique » ( terme horrible) en accusant l’Autre d’éviter de voir comment on coopère à un certain degré et même inconsciemment à cette barbarie dans un camp comme dans l’autre. ET je ne mentionne pas le rôle de nos gouvernants qui ne savent pas toujours avoir le discours mesuré d’un deVillepin ou d’un Bourlanges. J’attends toujours sans doute trop naïvement qu’un homme politique ou un homme ou femme religieux.se apporte une parole forte qui permette aux deux camps de retrouver de la hauteur et que soit abordée la complexité de la situation et la souffrance des deux côtés (même si celle des juifs est millénaire… mais les mesurer fera t il avancer?). Pourtant sur France culture le dimanche matin j’entends des propos d’un niveau saisissant dans toutes les religions…. Le pire n’est jamais certain.!

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  • 3 novembre 2023 à 17 h 54 min
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    Je voudrais quand même défendre le point de vue de d’ Ismaël Saidi. Si tu veux dire qu’il y a des haineux et des racistes dans les deux camps je ne peux qu’être d’accord avec toi.
    Mais ce que Ismaël Saisi raconte, selon moi, c’est l’antisémitisme extraordinairement répandu dans le monde arabo-musulman. Je ne sais pas si tu as lu cette extraordinaire série « l’Arabe du Futur » de Riad Sattouf. En plus de l’histoire émouvante de sa vie, de la description de la dérive religieuse fondamentaliste de son universitaire de père, ce qui m’a frappé dans cette bd c’est la révélation de la haine des juifs inculquée chez les enfants arabes dès le plus jeune âge.
    Heureusement qu’il existe aussi dans les deux camps des personnes et notamment des femmes qui vouent leur vie à la paix. Je viens de découvrir ce documentaire sur les Guerrières de la Paix en Israël et en Palestine : https://www.youtube.com/watch?v=k9QLrKzoxXE

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  • 20 janvier 2024 à 10 h 04 min
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    Il est ridicule de prétendre, comme le fait Dominique Eddé , que « pour assurer son existence dans la durée, Israël doit renoncer à l’anéantissement de Gaza et à l’annexion de la Cisjordanie ».
    Tout d’abord parce que cette volonté prêtée à Israël est totalement fausse : Israël s’est totalement retiré de Gaza en 2005 et avait proposé en 2001 en échange de la paix plus de 94% de la Cisjordanie pour un état palestinien.
    Mais surtout parce que cela ne correspond pas à ce que demandent les Palestiniens pour vivre en paix aux côtés d’Israël. Comme manifesté lors du pogrom du 07/10 et scandé dans les manifestations pro-palestinienne, l’objectif est l’extermination totale d’Israël et la « libération » de la Palestine « du fleuve à la mer ». Cela n’est nullement récent et surprenant puisque la Charte de l’OLP affirmait déjà en 1964 que tel était l’objectif palestinien qui ne revendiquait aucune souveraineté sur la Cisjordanie ou Gaza.
    Prétendre que l’origine du conflit serait l’occupation israélienne de la Cisjordanie et de Gaza n’est donc qu’une chimère, déni des aspirations réelles des Palestiniens, visant accuser Israël et à lui faire porter la responsabilité de tous les maux, y compris celle des massacres dont il est victime.

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    • 20 janvier 2024 à 12 h 48 min
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      Je pense que présenter la tragédie sur cette terre entre la méditerranée et le jourdain comme un affrontement entre des méchants palestiniens et des israéliens gentils ne fait pas avancer les choses. Inversement présenter les israéliens comme des monstres et les palestiniens uniquement comme des victimes sans responsabilités dans la dégradation de la situation mènent aussi vers l’impasse. Je continuerai pour ma part à essayer de montrer comment les uns et les autres, qui cherchent bien sûr à se démarquer des extrémistes des deux bords, racontent d’où ils viennent et pourquoi on en est là. Ma conviction, c’est que c’est uniquement en tentant de comprendre comment pense l’autre qui permettra de trouver une solution qui soit acceptable pour les deux parties.
      Vous contestez l’analyse de Dominique Eddé que vous résumez dans votre première phrase. Et pour la contestez vous pointez des croyances extrémistes d’une partie des palestiniens.
      On peut vous objecter que du coté des israéliens, il en est aussi qui sont extrémistes et veulent qu’Israêl soit souverain sur tout le territoire que le Hamas veut islamique, toute la Palestine pour faire court.
      Mais en contestant cette analyse de Dominique Eddé, croyez vous en l’affirmation inverse ?
      C’est à dire que Israël peut assurer son existence dans la durée en anéantissant Gaza et en la rendant inhabitable pour les Palestiniens tout en annexant la Cisjordanie ?

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      • 21 janvier 2024 à 3 h 10 min
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        Il ne s’agit pas de présenter les uns ou les autres comme « les gentils et les méchants » mais de ne pas nier ou déformer les aspirations des uns et des autres et encore moins refuser de regarder la réalité des faits. Si le manichéisme est simpliste, la croyance en un équilibre et une égalité de responsabilité systématique entre les parties l’est tout autant.

        En l’occurrence, il ne s’agit pas de ma part de « pointer des croyances extrémistes d’une partie des palestiniens » mais de rappeler les objectifs du Hamas (cf. sa Charte) qui a été élu démocratiquement, détient le pouvoir à Gaza et bénéficie d’un soutient de 75% de la population suite au massacre du 7 octobre (selon le dernier sondage en date). Cette organisation appelle à détruire totalement Israël et à tuer tous les Juifs – et a prouvé par ses actions qu’elle tente de réaliser cet objectif chaque fois qu’elle en a l’occasion. Les violences actuelles ne sont pas la conséquence d’une absence de solution à deux états, mais d’un refus palestinien d’une solution à deux états. L’Autorité Palestinienne, qui est également opposée à l’existence d’un état juif, a manifesté son soutient à l’attaque du Hamas. Contrairement à ce que vous affirmez, il ne s’agit donc pas d’une croyance minoritaire mais de la la position des gouvernants et d’une très large majorité de la population palestinienne. On a vu dans le passé les conséquences désastreuses qu’a permis le refus de considérer sérieusement les objectifs d’extermination pourtant explicitement annoncées (cf. Mein Kampf).

        L’objection qu’il y aurait également des extrémistes israéliens relève de cette fausse équivalence que je dénonce. Il y a, bien sûr, des extrémistes également côté israélien mais, à l’inverse des Palestiniens, ils sont très minoritaires et ne reflètent pas la position d’Israël.

        Enfin, si je conteste l’affirmation de Dominique Eddé, ce n’est pas en affirmant l’inverse mais en réfutant la factualité même de ce qu’il affirme (comme je l’ai déjà indiqué) : Israël ne cherche pas l’anéantissement de Gaza ni l’annexion de la Cisjordanie. Depuis 2005 Israël s’était retiré intégralement de Gaza – où y voyez vous une volonté stratégique d’anéantissement de ce territoire avant l’agression du 7 octobre ? La supériorité militaire d’Israël ne relève pas de « l’affirmation de soi » mais de la défense existentielle et de la survie.

        Israël a prouvé à maintes reprises (de l’acceptation du plan de partage de 1947 aux propositions de Taba en 2001 en passant par accords d’Oslo de 1993 ou à l’accord de paix avec l’Égypte en 1979) qu’il était prêt à des compromis territoriaux pour vivre en paix avec ses voisins. La paix ne dépend que de la volonté palestinienne de reconnaître l’état juif et de mettre fin au conflit. En attendant, Israël ne peut assurer son existence que par sa supériorité militaire face à ceux qui œuvrent à son annihilation.

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