Jeudi 26 mars 2015

Jeudi 26 mars 2015
« Asian Infrastructure Investment Bank (AIIB)»
Banque asiatique d’investissement dans les infrastructures  créée par la Chine
Le 18 mars 2015 le ministre Fédéral des Finances Allemand a publié cette annonce très officielle : « La France, l’Italie et l’Allemagne ont annoncé le 17 mars 2015 leur intention de devenir membres fondateurs de la Banque asiatique d’investissement dans les infrastructures (AIIB).
Cette nouvelle banque d’investissement, qui aura vocation à travailler en partenariat avec les banques multilatérales d’investissement et de développement existantes, pourra jouer un rôle important dans le financement des infrastructures dont l’Asie a un besoin majeur. L’AIIB participera ainsi au développement économique et social de la région et contribuera à la croissance mondiale.
La France, l’Italie et l’Allemagne, en étroite collaboration avec leurs partenaires internationaux et européens, sont désireuses de s’associer aux membres fondateurs de l’AIIB pour travailler à la création d’une institution respectueuse des meilleures pratiques en termes de gouvernance, de sécurité, de prêts et de marchés publics.»
La semaine précédente : la Grande-Bretagne avait exprimé son intention de rejoindre l’AIIB. Cette décision avait suscité, le mécontentement, et ce mot est peut être faible, de Washington.
Vous trouverez en pièce jointe un article du Monde qui détaille l’importance géostratégique, au niveau financier, de ces évolutions.
C’est un pas de plus qui fait basculer le centre du Monde des Etats-Unis vers la Chine. Le centre est encore, pour l’instant, plus près des Etats-Unis que de la Chine, mais il s’éloigne de l’un vers l’autre.
En résumé et en simplifiant de quoi s’agit-il ?
A la fin de la seconde guerre mondiale, les Alliés avec la prédominance des Etats Unis ont mis en place, par les accords de Bretton Woods de 1944 : un système financier mondial ayant pour objectif de réguler et de lutter contre les désordres financiers à l’échelle planétaire. De ces accords sont issus le Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale et la Banque asiatique de développement (BAD). Ce système est contrôlé par les Occidentaux, qui en détiennent les principales parts de vote et les postes clés. Traditionnellement, la Banque mondiale est dirigée par un Américain, le FMI par un Européen, la BAD par un Japonais.
Evidemment si on met ce classement au regard du PIB en 2015 (en milliards de dollars) : USA 18 287, Chine 11 285, Japon 4 882, Allemagne 3 909, Royaume-Uni 3 003, France 2 935, on constate qu’il y a un problème.
Les pays émergents, et les Chinois en particulier, ont contesté cette domination, qui ne correspond plus à la réalité du poids économique des uns et des autres et des ajustements ont été négociés et une meilleure représentation de la Chine a été adoptée.
Mais cette réforme est, depuis, bloquée au Congrès américain par le Parti républicain dont la stupidité contre-productive pour le leadership américain ne sera jamais assez dénoncée. Car après avoir donné aux Etats Unis un président (GW Bush) qui a installé le chaos dans la Mésopotamie, il a invité au Congrès américain, sans en informer le président Obama, le premier ministre Israélien en pleine campagne électorale, venir contester la politique internationale des États-Unis à l’égard de l’Iran. Inimaginable !
Toujours est-il que la Chine a manifesté son impatience et a créé une banque concurrente : l’AIIB
Je cite le « Monde » 
« Ainsi, l’AIIB peut être vue comme une réplique de la BAD. A une différence près, et elle est de taille : les Japonais ne contrôlent que 15,7 % des parts de la BAD, à peine plus de 30 % si l’on ajoute celles des Américains. La Chine, elle, contrôlera 49 % des parts de l’AIIB. Sous l’appellation multilatérale, l’AIIB sera d’abord un outil chinois. […] La Chine n’en fait pas mystère : elle veut mettre ses énormes réserves financières au service de projets d’infrastructures (routes, ponts, ports, chemins de fer, aéroports, télécommunications) dont l’Asie a cruellement besoin pour se développer. Le président Xi a souvent exalté son projet de « nouvelle route de la soie » grâce auquel Pékin déploiera son savoir-faire et ses moyens jusque dans ce que les Chinois appellent l’Asie occidentale, que nous appelons, nous, le Moyen-Orient. L’un des premiers projets financés par l’AIIB devrait d’ailleurs être la ligne de chemin de fer Pékin-Bagdad.»
Bagdad, la capitale de l’Irak, centre de tous les tensions provoquées par l’intervention américaine ! Étonnant non ?
Le Monde change, les européens n’écoutent plus les injonctions américaines, mais ne sont-ils pas en train de devenir les vassaux des chinois ?