Mardi 3 mars 2015

«Nous devons combiner la graine fertile de la curiosité et l’esprit fécond du doute»
Alain Klam

C’est la seconde fois en 446 mots du jour que j’ai l’outrecuidance de m’attribuer un mot du jour.

Il faut reconnaître cependant que la seconde partie a été copiée de l’ouvrage de Raymond Aron « Le spectateur engagé » dans lequel il avait répondu aux questions de deux jeunes journalistes qui ne partageaient pas ses idées politiques et où sa dernière réplique fût

« Je ne les ai pas convaincu, mais je leur ai insufflé l’esprit fécond du doute »

En premier, je veux évoquer la graine fertile de la curiosité. C’est grâce à cette graine que l’humanité a progressé. C’est bien la curiosité des hommes qui a permis les recherches et les découvertes qui ont changé la condition des hommes. C’est aussi la curiosité des autres cultures et civilisations qui a permis aux hommes de se rapprocher et de s’enrichir mutuellement.

Le doute constitue aussi un chemin vers la curiosité. Ainsi l’esprit fécond du doute doit toujours nous inspirer devant des vérités trop souvent martelées comme des évidences alors même que notre vécu et notre intuition nous indiquent une réalité différente.

Cette interrogation des « évidences » peut concerner la médecine et la santé, mais aussi l’économie ou la politique ou d’autres domaines encore où la discussion semble impossible ou inutile parce que des experts, savants, économistes, prêtres, rabbins ou oulémas  se sont exprimés.

Pour décrire cette position de l’expert, je pense à la réplique de Philippe Meyer à Valéry Giscard d’Estaing :

« et vous paraissez toujours vous étonner lorsque vous avez fini de parler que quelqu’un puisse encore trouver quelque chose à ajouter »

Mais une fois que la curiosité nous a entraîné vers d’autres voies, d’autres systèmes de pensée ou d’autres théories, l’esprit fécond du doute doit continuer à nous inspirer vigilance pour ne pas être abusé, ne pas succomber à la facilité de suivre d’autres dogmes tout aussi enfermant et réducteur que ceux qu’on voulait fuir.

C’est ainsi que des esprits, dont certains semblaient pourtant éclairés par la raison, n’ont pas expérimenté le doute alors qu’ils suivaient dans le passé le fascisme, le nazisme, le stalinisme, le maoïsme et aujourd’hui le djihadisme.

Ainsi le doute peut se situer avant la curiosité, mais il doit toujours accompagner la curiosité pour nous permettre de mieux comprendre le monde et l’humanité et nous préserver de tout aveuglement.

La curiosité pour s’ouvrir vers d’autres univers, le doute pour se préserver des mirages et des tromperies.

<446>

Lundi 2 mars 2015

Lundi 2 mars 2015
«Ayurveda»
Médecine traditionnelle de l’Inde
Ayurveda est la concaténation de deux termes : āyus (vie) et veda (science, ou connaissance).
Il s’agit donc de la science de la vie ou de la connaissance de la vie.
Le principe fondamental de la médecine ayurvédique est de soigner la personne et non la maladie : si vous êtes malade c’est qu’il existe un déséquilibre dans votre corps qui a provoqué cette maladie. Vous guérir signifie donc rétablir cet équilibre et quand l’équilibre est rétabli, votre corps a chassé la maladie. On parle de médecine “holistique”, mot qui vient de “holisme” c’est à dire une doctrine ou un point de vue qui consiste à considérer les phénomènes comme des totalités.
Le mot du jour d’aujourd’hui est un témoignage, car quand je vous avais dit lors du dernier mot du jour que j’allais m’occuper de ma santé, c’est parce que ce temps de repos a été consacré à suivre une cure ayurvédique de 5 jours.
Je crois que personne parmi les destinataires de ce mot n’ignore qu’il y a un peu plus de 3 ans, on a diagnostiqué un cancer de la prostate dans mon corps. La convention avec les médecins était claire : j’acceptais une opération radicale et dans la mesure où la maladie était prise à un stade précoce, le problème serait éradiqué et les quelques désagréments collatéraux seraient rapidement maîtrisés par des techniques appropriées.
Mais rien de ce qui avait été annoncé ne s’est réalisé.
J’ai appris, en novembre dernier, une seconde récidive de mon cancer après l’opération. Après la première récidive, un traitement par radio thérapie n’a pas su faire reculer la maladie, puisqu’à l’issue des 3 mois de radiations le marqueur du cancer avait été multiplié par 3.
En revanche, la radio-thérapie a bien eu des effets, mais non désirés, et causant des dommages extrêmement brutaux au niveau de bassin qui m’ont quasi mis dans un état d’handicapé  puisque je ne pouvais pas marcher plus de 100 m sans avoir des douleurs intenses qui m’obligeaient à m’arrêter et à m’asseoir. Au bout de ce temps et grâce pour l’essentiel à Internet j’ai pu trouver les médecins occidentaux qui m’ont aidé et fait diminuer de manière conséquente les douleurs mais sans les faire disparaître totalement.
Mon médecin traitant m’a dit deux choses : « Vous n’avez pas eu de chance, d’habitude ça marche ! ».
Et quand je lui ai parlé de la médecine ayurvédique il m’a encouragé, avouant que la médecine occidentale était fort dépourvue pour traiter le type de difficultés qui se posaient à moi.
La médecine occidentale sait appliquer des techniques incroyables pour s’attaquer à des maladies, elle ne sait pas prendre le corps humain dans son ensemble, c’est le contraire d’une médecine holistique. En outre, comme le montre mon exemple, elle a beaucoup de mal à réparer les effets dévastateurs de ses thérapies violentes et intrusives.
Dans la médecine occidentale on utilise le même protocole pour tous les patients qui ont la même maladie.
Dans la médecine ayurvédique on examine d’abord le patient, on détermine son profil et son équilibre naturel, on constate son déséquilibre et sachant cette spécificité on adapte le traitement au cas spécifique.
Il ne faut pas opposer les médecines, les mettre en concurrence mais plutôt chercher leur complémentarité, leur coopération, le partage.
La médecine ayurvédique fait beaucoup usage de massages à l’huile, mais insiste aussi sur l’alimentation et l’hygiène de vie. Est-ce que cela marche ?
En tout cas je sens déjà une amélioration évidente, mais il faut rester prudent et attentif à la suite.
Bien sûr, cette médecine s’inscrit dans certains concepts ésotériques qui ne peuvent que surprendre, voire déclencher du scepticisme pour un esprit occidental qui tente de s’ancrer dans le rationnel.
Dans toutes ces choses, nous devons tenter de combiner la graine fertile de la curiosité et l’esprit fécond du doute.
Si ce sujet vous intéresse, vous pouvez regarder ce documentaire d’ARTE : <Mon docteur indien>  il s’agit de l’histoire d’une femme française qui a eu un cancer, s’est faite opérée et pour laquelle la suite a été  compliquée. Elle est partie se faire soigner en Inde où son cancer a été guéri. Le documentaire raconte comment cette femme a entraîné son cancérologue français, Le professeur Thomas Tursz, médecin très réputé, directeur de l’Institut Gustave Roussy de Villejuif, un des plus grands centre de traitement de cancer d’Europe, à l’accompagner en Inde rencontrer les médecins ayurvédiques. Le thème central de ce documentaire est cette rencontre qui est dans l’esprit de la coopération et de la complémentarité souhaité.
La médecine ayurvédique est reconnue par l’OMS, les premiers textes révélés sont très anciens et datent de la période védique (IIe millénaire av. J.-C.).