Lundi 27 novembre 2017

« La double vie des hippocampes »
Lionel Naccache, « L’hippocampe» 10ème émission de la série « Parlez-vous cerveau ? »

Le cerveau est le siège des fonctions cognitives.

De manière plus empirique, il est l’organe qui commande, qui raisonne et qui donne des ordres. C’est un organe d’une complexité inouïe qui nous permet de percevoir, découvrir et agir sur le monde qui nous entoure.

Quand nous disons « Je », le cerveau joue le rôle principal dans cette manifestation de l’identité.

Cet été, sur France Inter, à 8h52, pendant 4 minutes et 35 chroniques le neurologue Lionel Naccache, a raconté le cerveau dans une émission qu’il a appelé « Parlez-vous cerveau ? »

En quelques minutes, il racontait le fonctionnement d’un des rouages de notre cerveau.

Les premières émissions ont conduit à présenter les différents éléments du cerveau : Le neurone, la glie, les neurotransmetteurs, les récepteurs membranaires, la synapse, les réseaux de neurones, le cortex cérébral, les ganglions de la base, le lobe frontal, le corps calleux, le cortex visuel, l’aire de Broca etc.

Il a résumé ces premières émissions par cette formule brillante mais austère :

« Le neurone communique avec ses congénères au niveau des synapses sous l’œil bienveillant des cellules gliales et ce grâce à des neuros transmetteurs qui se fixent sur des récepteurs membranaires. »

Le journal La Croix avait présenté cette émission de la manière suivante :

« C’est une des pépites de l’été. Tous les matins, sur France Inter, le neurologue Lionel Naccache raconte en quelques minutes le fonctionnement d’un des rouages de notre cerveau. »

Vous trouverez l’ensemble de ces 35 émissions derrière ce lien.

Pour ma part j’en ai choisis 5 pour cette semaine de mots du jour, pour partager les informations qui m’ont le plus étonné ou même fasciné.

Parmi les différentes structures étudiées celle qui m’a le plus intrigué est l’hippocampe qui existe en deux exemplaires présents, de manière symétrique, dans chaque hémisphère.

Lionel Naccache commence sa chronique de la manière suivante :

« Lové dans les profondeurs de nos lobes temporaux siègent effectivement deux hippocampes. L’un à droite, l’autre à gauche. C’est à dire deux petites régions dont la forme épouse fidèlement celle d’un véritable hippocampe. Ces mignons petits poissons du cerveau sont en réalité de véritables palais de la mémoire. »

Puis il nous apprend que les hippocampes mènent une double vie.

« Tout commence en 1953, lorsque un jeune canadien épileptique subi une intervention chirurgicale, terriblement efficace, qui consista à lui enlever ses deux hippocampes. Intervention efficace car il n’a plus jamais fait de crise d’épilepsie jusqu’à son décès à l’âge de 82 ans. Mais intervention terrible aussi, car il lui a été impossible depuis lors de mémoriser le moindre nouveau épisode de son existence. Les hippocampes sont tout simplement indispensable à la création de nouveaux souvenirs conscients. »

Vous trouverez dans la revue <Pour la science> un article sur cette opération et les conséquences scientifiques qu’elle entraîna. On apprend aussi que ce patient a été opéré à l’âge de 27 ans.

La capacité d’assimiler de nouveaux souvenirs constitue la première vie des hippocampes.

« En 1971, le biologiste John O’Keefe découvre que chez le rat des neurones de l’hippocampe code la position que l’animal occupe dans l’espace. Il baptise ces neurones « les cellules de lieu ». Ces cellules de lieu existent aussi dans nos hippocampes humains où ils jouent une véritable fonction de GPS cérébral.

A chaque instant :

– Nous savons où nous nous trouvons ;
– Nous pouvons nous orienter ;
– Nous souvenir des lieux ;
– Les imaginer grâce à ce système de navigation.

Voilà pour la deuxième vie de nos hippocampes. »

Outil de la mémoire et GPS, Lionel Naccache montre que ces deux fonctions sont reliées.

« Mais cette double vie sert la même cause.
Il s’agit ici d’une découverte scientifique majeure. La mémoire des épisodes de notre vie et notre orientation spatiale reposent sur le même système cérébral.
Une illustration ?
Lorsque nous déambulons et vivons des scènes de notre vie quotidienne, les GPS de nos hippocampes codent nos trajectoires.
La nuit, lorsque nous sommes plongés dans les profondeurs du sommeil, nos GPS se rallument et se mettent à jouer, en accéléré, ces trajectoires de la journée. Des centaines de fois !
Conséquence, ce replay nocturne permet de consolider les souvenirs des épisodes que nous avons vécus au cours de cette journée.
La mémoire des lieux sous-tend ainsi la mémoire des scènes que nous avons vécu.»

 

Et ainsi Lionel Naccache en appelle aux grands anciens qui connaissaient ce lien sans connaître l’hippocampe et son utilité :

« Dès l’antiquité, Cicéron avait remarqué qu’une excellente méthode pour apprendre, par cœur, une longue tirade consiste à imaginer une promenade dans un lieu familier, une rue, une maison et à déposer chaque fragment du texte en question sur une étape de cette navigation mentale. C’est ce qu’on appelle « la méthode des lieux » encore appelé « méthode des palais de la mémoire »

Vous trouverez plusieurs articles sur internet concernant la méthode des lieux appelés aussi « La méthode des loci », Wikipedia confirme que plus récemment on l’a appelé « palais de la mémoire ». C’est une méthode mnémotechnique, ou « art de mémoire », pratiquée depuis l’Antiquité.

Le comité Nobel a, attribué son prix 2014 de physiologie et médecine à John O’Keefe associé à un couple de Norvégiens, May-Britt et Edvard Moser pour les récompenser pour leurs découvertes sur les «cellules qui constituent un système de géoposition dans le cerveau», une forme de GPS biologique et cellulaire embarqué dans une précieuse région du cerveau. C’est ce qu’expliquait le comité Nobel dans son souci de vulgariser ce que peut être l’apport des sciences fondamentales au service, proche ou lointain, de la médecine. Vous pourrez lire ces réflexions dans cet article du site <Slate.fr>

Vous trouverez l’émission de Lionel Naccache derrière ce lien : <L’hippocampe>

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Jeudi 23 novembre 2017

« Une consommation quotidienne de [chocolat] [entraîne] 40% de risques en moins de présenter des valeurs anormales des enzymes hépatiques »
Pr Philippe Sogni (hépatologue à l’hôpital Cochin) et Patrizia Carrieri, épidémiologiste à l’Inserm UMR 912 (Marseille)

La revue de presse de France Inter du lundi 20 novembre a attiré mon attention sur une interview que le Figaro a réalisée de Lloyd Bankfein le PDG de la banque Goldman Sachs.

J’ai donc acheté Le Figaro de ce lundi pour pouvoir lire les propos de celui qui dirige « La banque » <selon le titre du livre de Marc Roche>

Mais mon attention a alors été attirée par un autre sujet publié dans le même journal et ce sujet concerne le chocolat.

Chaque français consomme, en moyenne, 6,7 kg de chocolat par an.

J’ai été un peu déçu, d’apprendre que nous ne sommes que 7ème en Europe derrière l’Allemagne (où la consommation est double), le Royaume-Uni, l’Autriche, le Danemark, la Belgique et la Finlande.

Mais les Français adultes consomment plus de chocolat noir que leurs voisins – 30%, contre 5% seulement en Allemagne.

Et là nous avons raison.

Car le chocolat est hépato protecteur, à condition d’être bien noir. « Hépato protecteur » qualifie un médicament qui protège le foie.

Le Professeur Philippe Sogni (hépatologue à l’hôpital Cochin) et Patrizia Carrieri, épidémiologiste à l’Inserm UMR 912 (Marseille) sont les coauteurs d’une vaste étude sur le chocolat.

Ils disent notamment :

« Le cacao, grâce à sa richesse en antioxydants, est un véritable protecteur du foie. Cela avait déjà été démontré chez des personnes en bonne santé. Cela vient d’être testé chez des personnes dont le foie est malade en raison d’une infection virale. Les personnes touchées par le VIH ou par le virus de l’hépatite C présentent une inflammation et un vieillissement plus précoce de leur foie. Cette mauvaise fonctionnalité hépatique est susceptible d’évoluer vers la cirrhose et le cancer du foie. L’objectif de notre recherche a donc été d’étudier l’effet de la consommation de cacao sur la fonctionnalité du foie chez ces personnes. En effet, les antioxydants nous permettent de lutter contre l’inflammation de l’organisme qui est associée au vieillissement et à un mauvais fonctionnement de certains organes, dont le foie. Notre étude, basée sur les données cliniques et comportementales de 990 patients […] a permis de mettre en évidence que ceux qui avaient une consommation quotidienne de cacao (à travers le chocolat) avaient 40% de risques en moins de présenter des valeurs anormales des enzymes hépatiques (reflet de la santé du foie), ce qui n’est pas négligeable. »

Et ce n’est pas que bon pour le foie car les centaines de molécules contenues dans les fèves de cacao sont utiles aussi pour le sang, mais aussi le cœur et le cerveau.

Le cacao est riche en antioxydants utiles à la lutte contre le vieillissement des cellules et l’inflammation. La teneur en cacao d’un chocolat est donc essentielle. Or le chocolat au lait n’en contient pas suffisamment – les antioxydants y sont à l’état de traces – et le chocolat blanc en est dépourvu car il est à base de beurre de cacao et non de cacao.

La capacité antioxydante du cacao serait quatre à cinq fois plus élevée que celle du thé noir, deux à trois fois plus importante que celle du thé vert.

La fameuse « crise de foie » attribuée à tort au chocolat s’explique en réalité par les graisses qui sont présentes en plus grande quantité dans les chocolats au lait et les chocolats blancs. En cas d’abus, ce sont elles qui ralentissent la vidange de l’estomac et entraînent des nausées et des vomissements. Ce sont encore elles qui stimulent la vésicule biliaire et provoquent des douleurs abdominales.

Alors comme toujours, il ne faut jamais abuser, car même le chocolat noir apporte des calories. C’est pourquoi l’article conseille trente ou quarante grammes de chocolat noir (70% et plus) par jour – soit trois ou quatre carreaux par jour – qui pourraient permettre d’obtenir un effet hépato protecteur sans trop peser sur les calories.

J’ai privilégié le chocolat à la « Banque », il faut savoir gérer ses priorités.

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Jeudi 12 octobre 2017

«Le Syndrome du bien-être»,
Carl Cederström et André Spicer,

« Le syndrome du bien-être » est un livre de Carl Cederström et André Spicer qui a été publié, traduit de l’anglais, aux éditions de l’Echappée.

A priori ce livre et les questions qu’ils posent prennent plutôt à rebrousse-poil beaucoup de thèmes que j’ai évoqués lors de mes mots du jour.

En effet, je suis plutôt sensible à privilégier le bien-être, une alimentation saine et une hygiène de vie susceptibles d’avoir des conséquences bénéfiques sur notre santé, notre espérance de vie et une vieillesse aussi sereine que possible avant que notre corps se retrouve dans son destin de la finitude.

Mais il est fécond d’entendre et d’essayer de comprendre des points de vue divergents. Cette méthode que j’ai appelée prosaïquement « tourner autour du pot » pour examiner le pot sous tous ces aspects.

Tournons donc autour du pot du « bien-être » avec Carl Cedestrom et André Spicer.

Les révélations commencent toujours par une expérience fondatrice. Nous savons que Paul Claudel a eu la révélation de la Foi chrétienne un soir de Noël alors qu’il assistait à une messe dans notre Notre Dame de Paris.

Carl Cederström raconte sa révélation de ce que j’appellerai « le côté obscur du bien-être » dans le récit suivant :

« Un beau matin, Carl Cederström allume tranquillement sa cigarette en attendant le bus. Assise sur un banc voisin, son petit chien tenu en laisse, une dame l’apostrophe en lui reprochant d’intoxiquer son animal de compagnie avec sa fumée. Pour le chercheur suédois, enseignant à la Stockholm Business School et spécialisé dans l’étude du contrôle social et de la souffrance au travail, c’en est trop. Ses voisins sont antitabac, ses amis désertent l’heure de l’apéro pour aller au fitness et ses collègues mangent sans gluten tout en méditant»

A partir de ce moment fondateur il va s’interroger avec son confrère André Spicer, professeur à la prestigieuse Cass Business School, à Londres sur ce qu’il estime être un «culte du bien-être».

Le journal suisse Le Temps développe l’analyse suivante :

« L’ouvrage part d’un constat quelque peu commun: notre société a érigé la santé au rang de valeur primordiale. Il vaudrait mieux arrêter de fumer, diminuer sa consommation d’alcool, manger cinq fruits et légumes par jour, éviter les graisses et cuisiner des aliments sains riches en vitamines. Il faut aussi faire du sport, car c’est bon pour la forme, pour l’équilibre et contre le stress. L’image d’une personne saine et mince qui fait son jogging tous les matins est érigée en modèle, et tous ceux qui n’atteindraient pas cet idéal, notamment les obèses, sont soupçonnés de manquer d’hygiène, d’être paresseux, voire incapables de se prendre en main.

Si, en soi, être en forme et bien dans son corps est un objectif louable, les deux auteurs montrent que la tendance a dégénéré en une forme d’injonction morale dont il devient très difficile de se libérer.

Aux Etats-Unis, une douzaine d’universités font désormais signer à leurs étudiants des «contrats de bien-être», dans lesquels ils s’engagent à avoir une hygiène de vie impeccable.

Rassurant pour leurs parents, sans aucun doute. Mais dommage pour ces jeunes gens muselés, car ce sont bien les erreurs qui forment la jeunesse, rappelle Carl Cederström.

Sur le site de Libération Virginie Ballet a publié un article « Le bien-être fait suer »

Elle précise que les auteurs ne sont pas des illuminés qui ne se préoccupent pas de leur santé :

« Evidemment, il n’y a aucun mal à être en bonne santé. Ce qui coince selon eux ? «S’occuper de son bien-être est devenu une obligation morale qui s’impose à chacun d’entre nous.» Il y aurait même une «logique à l’œuvre partout, dictant aussi bien notre façon de travailler et de vivre, que d’étudier et de faire l’amour.» Au secours, les gourous du bonheur prolifèrent, et ils pourraient bien faire des dégâts, avertissent les auteurs. »

Le site slate.fr publie un article sur le même sujet : Pour être heureux oubliez vous !  » .

Il va plus loin dans l’analyse de la problématique qui tend à démontrer que le culte de la poursuite du bien-être est un déclencheur d’angoisse :

Pour les auteurs du Syndrome du bien-être, le meilleur indice que celui-ci n’est plus une option personnelle mais s’est mué en morale se lit d’ailleurs dans la culpabilité attachée aux comportements «déviants». Ce n’est plus la sexualité qui fait l’objet de réprobations et fait naître la culpabilité, mais plutôt les atteintes au capital physique comme le fait de fumer, de boire, de manger gras ou sucré, de ne pas faire d’exercice ou d’être confronté à des idées négatives alors qu’on devrait se sentir bien, s’aimer soi-même et être à l’écoute de ses émotions…

Carl Cedeström et André Spicer s’inquiètent, à la suite d’une longue lignée d’auteurs critiques des dérives de l’individualisme radical, d’un paradoxe apparent de la recherche frénétique de l’état de bien-être: «loin de produire les effets bénéfiques vantés tous azimuts», cet investissement dans notre moi profond «provoque un sentiment de mal-être et participe du repli sur soi.

[…] Le syndrome du bien-être résulte pour une grande part de la croyance selon laquelle nous sommes des individus autonomes, forts et résolus, qui devons-nous efforcer de nous perfectionner sans relâche. Or c’est précisément le fait d’entretenir cette croyance qui entraîne l’émergence de sentiments de culpabilité et d’angoisse.»

Un étrange phénomène de rétroaction s’est mis en marche: l’anxiété augmente à mesure que les professionnels censés nous en débarrasser se multiplient. Rien de surprenant dans la mesure où la mécanique de la quête du bien-être et de ses médiateurs consiste à rendre le client, le lecteur, l’auditeur, le coaché ou le patient «responsable de son propre bonheur» et donc, comme mécaniquement, de son échec à y parvenir.

«Le revers de la médaille est que celui-ci doit dorénavant se sentir coupable chaque fois qu’un problème survient dans sa vie: rupture amoureuse, perte d’emploi ou maladie grave. Accéder au bonheur relèverait donc d’un choix: le nôtre, et, par extension, engagerait notre responsabilité. Par ce qu’elle comporte de déplaisant, une telle prise de conscience ne peut que faire naître un sentiment d’intense anxiété chez l’individu.»

A ce stade, je suis modérément convaincu. Pour ma part je trouve intelligent d’en appeler à la responsabilité des individus pour s’occuper de leur santé et de ce que j’appellerais leur « paix intérieure ». Je vois trop dans mon expérience de vie cette facilité utilisée par beaucoup de désigner des boucs émissaires pour expliquer toutes leurs difficultés et expériences négatives, sans jamais interroger leur propre responsabilité.

C’est pourquoi dans la vie personnelle, je suis assez rétif devant les développements de ces deux intellectuels.

En revanche, quand ils évoquent le monde de l’entreprise et concluent, sous l’apparence de la modernité, au triomphe sans partage du néo-libéralisme je deviens beaucoup plus réceptif à leurs arguments :

Libération explique :

« Et puis il y a surtout ces entreprises, de plus en plus nombreuses, qui s’immiscent dans la santé de leurs salariés, et où est récemment apparue la fonction de «directeur du bonheur» (le service public fédéral de la sécurité sociale belge dispose par exemple de l’une de ces créatures). Près de la moitié des boîtes américaines de plus de 50 salariés disposeraient ainsi d’un programme pour l’hygiène de vie des employés. Ainsi, chez Google, on pratique la méditation depuis la fin des années 90 lors d’ateliers baptisés «search inside yourself» («cherchez à l’intérieur de vous»). Certaines cantines font appel à des chefs spécialistes de la nourriture saine. »

Et le journal « Le Temps » évoque :

Tout en poussant les salariés à travailler le plus possible, dans des conditions de plus en plus précaires, les firmes leur proposent des séances de méditation en pleine conscience afin de se détendre, ou leur installent des tapis de course au bureau, pour pianoter sur l’écran tout en perdant des calories. Cette tendance gagne depuis plusieurs années les bords du Léman, où les multinationales encouragent leurs salariés à manger des légumes et pratiquer régulièrement du sport.

Une hypocrisie totale, expliquent Carl Cederström et André Spicer, qui n’hésitent pas à en référer à Orwell pour décrire ce monde où l’homme doit être le plus performant possible, tout en gardant le sourire. Pour une raison simple: «Un travailleur heureux est un travailleur plus productif»!

En Angleterre, l’entreprise suédoise de poids lourds Scania surveille les constantes vitales de ses employés 24h/24. Ceux-ci sont pénalisés s’ils ne font pas assez d’exercice et si leur système cardiovasculaire est un peu à la traîne. Il y a quelques jours, la société d’assurance américaine Aetna annonçait fièrement offrir des bracelets connectés Fitbit à ses salariés. «S’ils prouvent qu’ils enchaînent 20 nuits de 7 heures de sommeil ou plus, nous leur offrirons 25 dollars par nuit, plafonnés à 500 dollars par an», a déclaré son PDG Mark Bertolini.

[…] Le fonds d’investissement américain GLG Partners a mis en place un programme qui analyse les heures de sommeil ou l’alimentation de ses traders. Le syndicat des enseignants de Chicago soumet ses membres à un suivi personnalisé les contraignant à surveiller leur cholestérol et à pratiquer une activité sportive, sous peine de quoi ils doivent payer une amende de 600 dollars…»

Libération précise concernant le fond d’investissement :

Ce hedge fund (fonds d’investissement spéculatif) qui a mis au point un programme pour surveiller de près le sommeil et les assiettes de ses traders. En cas d’anomalie ou de performances moyennes, des séances de coaching leur sont proposées. «Actuellement, si nous nous maintenons en bonne santé, c’est parce que nous associons cela à tout un tas d’autres qualités, comme être un bon employé, dynamique, explique Cederström. On attend de nous que nous mettions à profit chaque moment pour être plus productifs, et que nous prétendions y éprouver du plaisir.»

L’article de Slate montre la supercherie de cette démarche à l’intérieur des entreprises dans un marché de l’emploi de plus en plus précarisé.

Si cet égoïsme pouvait au moins les rendre heureux, on pourrait en discuter. Selon les chasseurs de mythes du «syndrome du bien-être», il n’en est rien. Et pour cause. Ce n’est pas parce qu’on décide de devenir indifférent aux pressions du monde extérieur que celui-ci nous laisse tranquille en retour. C’est pourquoi vouloir gérer le mal-être au travail par la pratique de la méditation, comme cela est encouragé dans certaines entreprises, risque d’entraîner de grandes désillusions. Ces méthodes «ne traite[nt] jamais le stress, l’angoisse ou la dépression comme des troubles résultant de [notre] cadre de travail […] Si nous éprouvons du stress parce que nous croulons sous le travail, ou si nous ne sommes pas rassurés quant à l’issue du prochain plan de restructuration de notre entreprise, nous n’avons qu’à chasser toutes nos pensées négatives, respirer profondément et nous concentrer sur nous-mêmes. Et le tour est joué !», moquent-ils à propos des guides de conduite de développement personnel, qui placent l’individu souverain et sa volonté toute puissante au centre de la vie sociale.

Cette évolution est d’autant plus cynique que, plus le marché du travail se précarise, plus il semble que le «jargon positif» qui valorise l’authenticité, la créativité et l’individualité au travail se popularise dans les entreprises, les cabinets de recrutement, les livres de management sur le bonheur et même les agences de recherche d’emploi. Plus vulnérable que jamais sur un marché incertain ou le travail est en rareté, les salariés doivent «dissimuler leurs peurs et renvoyer en permanence une image positive d’eux-mêmes.»

Et puis, il y a une autre dérive dans cette quête « néo libérale » du bien-être, c’est que l’Etat abandonne de plus en plus la santé publique aux entreprises privées et cette dérive a pour conséquence de creuser de plus en plus la faille entre les riches qui peuvent se payer les outils du bien-être alors que les autres en sont privés toujours davantage :

« Une idéologie très dangereuse, insiste Carl Cederström au téléphone. «Car dire cela, c’est oublier que la santé est avant tout une affaire publique et politique, explique le chercheur. Toutes les études montrent que les classes défavorisées ont moins la possibilité de manger sainement. En stigmatisant les obèses, l’Etat ne joue pas son rôle. De même, faire croire aux chômeurs qu’ils peuvent trouver du travail en mincissant, en faisant un joli CV et en suivant des formations contre le stress est un mensonge. La vérité, c’est que l’industrie du bien-être est encore un domaine réservé aux riches.» Et de qualifier de «stupide» le projet du républicain Paul Ryan, aux Etats-Unis, qui proposait aux pauvres d’engager des coachs de vie en contrepartie des aides sociales. »

Slate en revient à une analyse marxiste des auteurs :

En bons marxistes, les auteurs voient dans cet investissement du corps et ce repli sur soi «des solutions séduisantes et auxquelles de plus en plus de gens ont recours pour ne plus avoir à se préoccuper du monde qui les entoure.» Le syndrome du bien-être serait l’autre nom de l’effondrement des espoirs collectifs de changement social, un tournant associé aux désillusions politiques et au refuge dans les pratiques new age de la génération des années 1970.

«Pendant ce temps, qu’advient-il du reste de la population –sous-entendu celle qui ne peut pas se payer le luxe de boire des smoothies frais tous les matins, de faire appel aux services d’un coach minceur ou de prendre des cours particuliers de yoga?»

[…] «Le syndrome du bien-être ne fera que renforcer le fossé entre riches et pauvres, avertit Cederström. Tous ces nouveaux produits sains, ces retraites de yoga, sont destinés aux riches, qui sont plus prompts à être déjà en bonne santé.»

En conclusion, Carl Cederström estime :

«Le monde se porterait mieux sans ces gourous du bonheur [qui] font fortune sur le malheur des autres».

Et l’article du Temps poursuit :

Loin d’être un livre léger, Le Syndrome du bien-être dresse au fil des pages un constat glaçant. Mis sous pression, l’individu se sent coupable s’il ne parvient pas à dompter son corps. Pour les deux chercheurs, le culte de la santé tient de l’ultralibéralisme: l’homme est seul responsable de son état – sous-entendu de ses performances. S’il échoue à mincir, à courir, à se muscler et à faire du yoga, il ne peut s’en prendre qu’à lui-même.

[…] S’ils n’étaient pas réels, ces exemples pourraient bien passer pour de la science-fiction. Les auteurs sont implacables: «Surveiller sa vie comme s’il s’agissait d’une véritable entreprise correspond en tout point de vue à la mentalité de l’agent idéal du néolibéralisme.»

[…]Carl Cederström voit-il une solution à la dérive du bien-être? «Il faut juste que ça s’arrête, conclut-il.

Si vous voyez un coach dans votre entreprise vanter les effets de la psychologie positive, dites-lui que c’est du n’importe quoi.» La «quête paranoïaque du bonheur» est une fausse piste.

Encore un long mot du jour mais qui me semble fécond car il illustre, comme je l’ai écrit au début de ce mot, « le côté obscur de la chose ». Le monde n’est pas écrit en blanc et noir, rien n’est simple et certainement pas l’injonction du bien être qu’on nous assène dans le monde professionnel et probablement aussi dans notre vie personnelle.

J’ai tiré le contenu de ce mot du jour de ces trois articles :

https://www.letemps.ch/societe/2016/10/26/sois-bien-taistoi?utm_source=facebook&utm_medium=share&utm_campaign=article

http://next.liberation.fr/culture-next/2016/05/18/le-bien-etre-fait-suer_1453485

http://www.slate.fr/story/118467/etre-heureux-oubliez-vous

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Vendredi 29 septembre 2017

« La science ne sait pas à quoi sert le sommeil ! »
David Louapre

David Louapre est un jeune (34 ans) physicien qui a réalisé sa thèse à l’Ecole Normale Supérieure de Lyon dans le domaine de la gravité quantique. Il est aujourd’hui employé par Saint Gobain dans son centre de recherche de Boston où il est responsable « recherche et développement » pour la mise au point de nouveaux matériaux.

C’est son emploi officiel.

Mais comme beaucoup d’autres de sa génération il a un autre travail : il est vulgarisateur scientifique :

Cette mission il la développe sur sa chaine youtube : <Science Etonnante>

Et sur son blog : https://sciencetonnante.wordpress.com/

Et enfin, il écrit aussi des livres. Son dernier a pour titre : <Insoluble mais vrai !> Livre édité par Flammarion et paru le 31/05/2017.

C’est pour parler de ce livre qu’Etienne Klein l’a invité dans son émission : « La conversation scientifique du 9 septembre 2017 » : < Que reste t’il à comprendre ?>

Etienne Klein a introduit ce livre et ce sujet de la manière suivante :

« [Ce] nouveau livre « Insoluble mais vrai ! » […] s’interroge sur vingt phénomènes que la science peine encore à expliquer.

La connaissance et l’ignorance se tiennent par la barbichette : ignorer qu’on ignore, c’est ne rien savoir ; mais savoir qu’on ignore, c’est vraiment savoir, car cela suppose de savoir tout ce qui est déjà établi et d’être capable de détecter ce qui fait encore trou dans la connaissance. Voilà pourquoi l’ignorance est la grande affaire des savants. […]

De telles situations sont-elles nombreuses ? Quels sont les problèmes scientifiques qui demeurent ouverts, sur lesquels on bute depuis longtemps sans jamais faire de grandes percées malgré de gros efforts ? »

Cette émission a abordé plusieurs de ces questions. Mais celle qui m’a le plus interpellé est la question du sommeil.

Pourquoi dormons-nous ?

L’homme simple que je suis, pense que cette question est réglée depuis longtemps : Nous dormons parce que nous sommes fatigués et que notre corps doit se reposer.

David Louapre explique très justement que cette assertion confond le symptôme et la cause, c’est-à-dire la fonction biologique.

Nous mangeons quand nous avons faim, la faim c’est le symptôme non la cause. En fait, la science a compris que s’alimenter c’est donner des nutriments à notre corps qui à travers tout un système de transformation lui donne de l’énergie et des éléments sans lesquels notre corps ne peut vivre et se développer.

La science n’a pas trouvé à quoi sert le sommeil !

Renversant non ?

Cette question abordée dans l’émission et donc dans le livre dont google donne un extrait sur ce sujet est développé sur le blog que j’ai cité ci-avant :

En voici des extraits :

Nous passons en moyenne 8 heures par jour à dormir, ce qui sur l’ensemble d’une vie représente environ 25 années au lit. Et pourtant, aussi incroyable que cela puisse paraître, on ne sait pas vraiment pourquoi nous avons besoin de dormir. […]

Il existe ainsi plusieurs hypothèses crédibles pour expliquer le rôle du sommeil, mais aucune ne s’est encore définitivement imposée. […]

Pour essayer de comprendre le rôle fondamental du sommeil, il existe une méthode simple : arrêter de dormir et regarder ce qui se passe ! On connait quelques cas attestés de personnes ne dormant pas pendant plus de 10 jours, mais il est évidemment problématique de réaliser des expériences bien contrôlées sur l’homme. Alors comme d’habitude, on va se tourner vers nos amis les animaux.

David Louapre explique qu’une expérience pratiquée sur des rats, publiée en 1983 par Allan Rechtschaffen a montré que les effets de la privation de sommeil entraînent une mort dans les deux semaines, ce qui est plus rapide que pour une privation de nourriture. Au cours de l’expérience, ils développent des lésions sur la peau, ils ne mangent plus et pourtant maigrissent beaucoup.

Mais les scientifiques, après l’autopsie, ne sont pas parvenus à déterminer la cause exacte de la mort.

Cette expérience semblait démontrer que la privation de sommeil entrainait la mort mais on ne comprenait pas quelles fonctions biologiques étaient en cause.

Des expériences postérieures ont remis en question la causalité entre la privation de sommeil et la mort. Car des expériences sur la souris ou le pigeon n’ont pas eu le même effet et d’autres chercheurs ont pu réitérer l’expérience avec des rats sans entrainer la mort. Les analyses les plus récentes ont donc remises en causes les conclusions de l’expérience de Rechtschaffen en mettant la cause de la mort sur les conditions stressantes de cette expérience et non la privation de sommeil.

David Louapre poursuit :

[…] il existe de nombreux animaux se privant parfois volontairement de sommeil. C’est le cas de certains oiseaux lors de la migration, et même des dauphins. Ces derniers peuvent rester éveillés plusieurs jours d’affilé si on les stimule avec des jeux. Encore plus fort, la maman et le bébé dauphin ne dorment presque pas pendant les 6 semaines qui suivent la naissance ! De manière intéressante, ces privations volontaires ne s’accompagnent pas d’un besoin de récupération de la dette de sommeil. […]

Bref, le sommeil n’est pas forcément indispensable, mais quand même avantageux pour la survie !

Et David Louapre examine dès lors les différentes hypothèses :

1

La première fonction à laquelle on peut penser, c’est la conservation de l’énergie, puisque quand on dort on dépense moins de calories. Mais cette explication n’est pas totalement satisfaisante, car un état d’éveil calme remplirait presque aussi bien cette fonction, tout en étant beaucoup moins risqué que le sommeil.

[…]

2 La piste métabolique

Une des explications les plus en vogue est celle de la protection du cerveau contre ce qu’on appelle le « stress oxydatif ». En effet, quand notre organisme produit de l’énergie en brûlant des nutriments, la réaction chimique fabrique parfois ce qu’on appelle des radicaux libres. Il s’agit de molécules contenant des atomes d’oxygènes disponibles (comme l’eau oxygénée H_2O_2), et pouvant donc réagir avec leur environnement selon une réaction d’oxydation.

On sait que ces radicaux libres causent des dommages à nos cellules et à notre ADN, et que cela constitue d’ailleurs une cause importante du phénomène de vieillissement. Heureusement notre organisme sait se défendre (via des enzymes) contre ce stress oxydatif, d’où l’importance des anti-oxydants. On suspecte ainsi que l’un des rôles du sommeil serait de réduire l’activité du cerveau, afin de diminuer son attaque par les radicaux libres, et de permettre à des phénomènes de réparation d’avoir lieu.

A l’appui de cette hypothèse, il a été récemment montré que chez le rat, la privation de sommeil conduit à des dommages accrus dans les cellules du cerveau via un mécanisme de stress oxydatif.

3 Le rêve

Jusqu’ici nous avons parlé du sommeil en général, mais laissé de côté le fait qu’il existe un état particulier : le sommeil paradoxal. C’est dans cette période, appelée Rapid Eye Movement (REM) par les anglo-saxons, que se produisent les rêves. On entend parfois que la privation de sommeil paradoxal conduirait à la folie, mais il semble que cela soit une légende.

Plusieurs théories intéressantes existent pour expliquer le sommeil paradoxal. L’une constate que certains neurotransmetteurs ne sont plus émis pendant le sommeil paradoxal, ce qui expliquerait le caractère assez désinhibé des rêves, mais permettrait un certain « repos » des communications dans le cerveau.

4 Le simulateur de vie par le rêve

Une autre théorie audacieuse a été proposée par le français Michel Jouvet. Elle se base sur une observation étonnante : la quantité de sommeil paradoxal dans le règne animal semble corrélée au niveau de maturité des bébés à la naissance. Le dauphin, qui est complètement fonctionnel dès sa naissance, n’en possède pas du tout ! Au contraire l’ornithorynque, qui nait aveugle et totalement, rêve en moyenne 8 heures par jour !

Une explication possible serait alors la suivante : les rêves servent à accélérer notre maturation cérébrale en nous présentant une simulation de la réalité. Lors des rêves, notre cerveau travaille et se développerait un peu comme lors d’expériences réelles. Le rêve serait donc à la vie ce que le simulateur de vol est au pilotage : un moyen de s’entraîner plus souvent, et sans danger.

Il existe beaucoup de théories sur le rêve, celle-ci a l’air de nous dire que nous en avons besoin pour accélérer notre maturation cérébrale et nous aider à nous préparer à la vraie vie.

Si vous voulez lire son article complet, <c’est ici>

En conclusion, ce soir j’irais me coucher et dormir sans savoir pourquoi ! J’espère que l’incertitude de la réponse à cette question ne m’empêchera pas de trouver le sommeil !

En tout cas, David Louapre me semble être un très bon vulgarisateur et un remarquable pédagogue.

Pour des motifs que chacun peut comprendre j’ai été très intéressé par cette vidéo d’une vingtaine de minutes où il explique les mécanismes du cancer : <Le cancer>

Remarquable je vous dis.

<939>

Lundi 26 juin 2017

« Le vitiligo »
Maladie de la peau qui a fait l’objet d’une journée mondiale ce dimanche 25 juin

<Ce dimanche, il avait été décidé d’organiser une journée mondiale du vitiligo>

C’est le fait d’avoir entendu cette information qui m’a incité à m’intéresser à ce sujet.

Le <site doctossimo> explique qu’il s’agit d’une maladie de peau qui se caractérise par des zones dépigmentées plus ou moins étendues. Ce site précise qu’elle est connue depuis la nuit des temps.

C’est une maladie qui est analysée par les froids techniciens de la médecine comme bégnine sur le plan médical. Mais ce que ces techniciens feignent d’ignorer c’est l’aspect humain notamment dans sa relation à autrui, dans le paraître qu’on peut dénoncer philosophiquement, mais qui est pourtant si important dans la vie en société.

C’est toujours le site doctossimo qui explique que le vitiligo peut conduire à une détresse psychologique sévère et doit, à ce titre, bénéficier d’une prise en charge adaptée :

« Le vitiligo se manifeste par des plaques blanches correspondant à des zones de peau où les cellules fabriquant la mélanine – à l’origine de la pigmentation de la peau – ont disparu. Ces plaques n’ont pas d’autre spécificité : elles ne démangent pas ou très rarement, elles ne sont ni douloureuses, ni contagieuses. Pourtant, ces simples taches décolorées suffisent à provoquer le dégoût, voire le rejet. Mary, atteinte à l’âge de 8 ans, en a particulièrement souffert quand elle était enfant. « A l’époque, il y a 30 ans, on connaissait encore mal cette maladie, que l’on associait à la gale. Pendant des années, j’ai été rejetée, même par mes anciens amis ; ils pensaient que cela pouvait être contagieux et refusaient de m’approcher.»

Une <association française du vitiligo> a été créée avec pour objet d’informer des nouveaux traitements, mais aussi de créer un groupe capable de faire pression pour que cette maladie soit davantage prise en considération et aussi permettre à celles et ceux qui en sont victimes d’être en lien avec d’autres qui poursuivent le même combat.

Le journal <20 Minutes> a écrit un article à l’occasion de la journée mondiale :

« N’avez-vous jamais eu l’impression que l’on vous dévisageait ? Pour ceux qui vivent avec le vitiligo, cette impression est une réalité souvent pesante. Le vitiligo, tout le monde connaît sans vraiment savoir ce que c’est. Ce n’est pourtant pas une maladie rare. En France, entre 900.000 et 1,2 million de personnes vivent avec le vitiligo. Il s’agit d’« une maladie qui entraîne une disparition des mélanocytes de la peau, les cellules responsables de la pigmentation de l’épiderme, faisant apparaître sur le corps des taches blanches »

Pour ceux qui vivent avec le vitiligo, regards insistants et remarques désagréables ne sont pas faciles à supporter. […] Son vitiligo, Amandine, étudiante en licence de communication à Mulhouse, vit avec depuis l’âge de 2 ans. De larges taches dépigmentées parcourent une grande partie de son corps, qu’elle a longtemps caché. « Traverser l’enfance et l’adolescence a été très difficile, se souvient la jeune femme de 21 ans. Etre ado n’est déjà pas simple, mais quand vous y ajoutez les regards incessants, les moqueries et les réflexions déplacées, ça a été très difficile à vivre : j’éprouvais un grand mal-être et j’en avais marre de ne pas vivre comme tout le monde », se souvient-elle. A l’époque, rien n’aurait pu convaincre Amandine de porter autre chose que des vêtements très couvrants. Pantalon et pull à manches longues, sa garde-robe restait la même par tous les temps.

« Certains ne pratiquent aucun sport, d’autres sont dans un désarroi tel qu’ils sombrent dans la dépression, voire le suicide », ajoute Jean-Marie Meurant. Pour Amandine, le vitiligo est devenu une « obsession ». « Je ne suis pas allée à la piscine avant l’âge de 15 ans et dans le bus, je m’asseyais en posant les mains sur mes jambes, paumes en l’air, pour ne pas que l’on voie les taches sur le dos de mes mains ». Une époque difficile à vivre pour elle et son entourage, en particulier son grand-père, atteint lui aussi de cette maladie génétique.

Jusqu’au jour où, à 18 ans, la jeune femme a décidé qu’elle ne voulait plus vivre de cette manière. « J’ai voulu changer, être plus ouverte sur l’extérieur et m’accepter comme j’étais ». C’est alors qu’elle a rejoint l’association, où elle a fait la connaissance d’autres membres, atteints comme elle de vitiligo. Pour favoriser l’acceptation de la maladie, l’AFV propose régulièrement des ateliers de maquillage correcteur à ses adhérents. Objectif : se sentir plus à l’aise dans son corps, mais aussi « rompre l’isolement qu’entraîne le vitiligo », insiste Jean-Marie Meurant. »

Il existe de belles initiatives pour aider à changer le regard, ainsi <Un photographe sublime la beauté des personnes atteintes par le vitiligo> :

« Pour lutter contre les préjugés, le photographe australien Brock Elbank a choisi de réaliser une série de portraits autour du vitiligo. Interrogé par le site I-D, l’un de ses modèles explique : « certaines personnes ont des physiques plus singuliers que d’autres, en ayant des cheveux différents, des marques sur leur corps, ou bien des taches de rousseur… Mais dans tous les cas, chaque personne est unique. Pour s’accepter, il ne faut pas nécessairement avoir quelque chose d’aussi visible que le vitiligo. Aimez tout ce que vous avez ! La beauté est un mélange de qualités qui vous rendent unique, autant à l’extérieur qu’à l’intérieur. » »

Comprendre le monde, c’est aussi comprendre les autres dans leurs beautés, leurs créativités mais aussi leurs combats et leurs difficultés.

Comprendre, c’est permettre de changer notre regard.

Je trouvais pertinent de partager ces réflexions.

<911>

Jeudi 18 mai 2017

« Pour qu’une chose se termine, il faut qu’une autre chose commence – et les commencements, c’est impossible à voir»
Christian Bobin

Christian Bobin est un écrivain né en 1951 et c’est avec cette citation de Christian Bobin que Christophe André finit ses 40 émissions ou chapitres de 3 minutes à méditer.

Et Christophe André écrit : « J’aime beaucoup cette phrase, mais il est aussi possible de dire exactement l’inverse : « Pour qu’une chose commence, il faut qu’une autre se termine » »

Christophe André parle bien entendu de sa série d’émissions.

Mais on pourrait appliquer cela à bien d’autres choses…

Peut-être même à ce qui se passe dans notre pays en ce moment ?

Pour la méditation en pleine conscience, Christophe André écrit encore :

« C’est beau, les choses qui se terminent.
C’est beau, les crépuscules.
Mais ce qu’il y a de plus beau encore ce sont les aurores. »

Je vous redonne le lien vers cette série d’émissions et le livre.

Mardi 16 mai 2017

« Rien que »
Christophe André, une des émissions de la série « 3 Minutes à méditer »

Toutes les émissions de cette série dont j’ai parlé hier m’ont intéressé, mais celle qui a ma préférence est celle que Christophe André a intitulé « Rien que ».

Parce que je crois qu’il y a dans cette toute petite expression : « Rien que » un enseignement de vie fondamental.

C’est particulièrement vrai dans l’échange, l’échange à deux…rien que …davantage que disponible, être présent, présent à l’autre. C’est une discipline que je tente toujours de m’appliquer.

Parfois, je m’y efforce aussi quand je marche dans la rue, regarder les gens que je croise, la nature ou la ville, le ciel et les nuages, être présent dans l’instant. Non pas penser à ce qui va se passer dans une heure, dans une semaine, dans un mois etc., vivre le moment entièrement… rien que.

Quand j’écoute la musique que j’aime, je suis particulièrement attentif, sans toujours y arriver il est vrai, à simplement écouter, embrasser intégralement le son, reconnaître les instruments, les thèmes, les détails. Ne pas laisser les pensées s’échapper vers d’autres pensées et préoccupations. Elles viendront bien assez tôt, rien que me nourrir de la musique.

Christophe André cite Montaigne :

« Quand je danse, je danse; quand je dors, je dors ; et quand je me promène solitairement en un beau verger, si mes pensées se sont entretenues des occurrences étrangères quelque partie du temps, quelque autre partie je les ramène à la promenade, au verger, à la douceur de cette solitude et à moi. »

Il commence le chapitre consacré à « Rien que » de la manière suivante :

« Il y a une imposture contemporaine qui m’agace, c’est celle du cerveau multitâche. Certains vendeurs d’écrans voudraient nous faire croire que dans notre nouvel environnement très sollicitant (écrans et téléphones, multiconnexion et musique à flots), notre cerveau aurait évolué et serait capable de faire plusieurs choses en même temps : travailler ou lire en écoutant la radio, téléphoner en conduisant, etc.

Cela arrivera peut-être un jour, dans quelques dizaines de milliers d’années. En attendant, ça ne fonctionne pas : chaque fois que nous faisons deux choses en même temps, d’une part, nous les faisons moins bien et d’autre part, cela nous fatigue et nous stresse. L’équation est simple : multitâche = risque d’erreur + risque de stress.

C’est sans doute pour cela que de tout temps, les sages, comme Montaigne, comme les maîtres orientaux, ont encouragé la pratique régulière du « rien que » : rien que manger, rien que marcher, rien que lire, rien que conduire…

Malgré les apparences, le « rien que » est difficile : nous avons souvent la tentation de faire plusieurs choses en même temps : manger en lisant, parcourir ses mails en téléphonant ou de faire quelque chose en pensant à autre chose :prendre sa douche en pensant à sa journée de travail, être à table en famille en songeant à ses soucis. Ainsi, on fait tout en pleine absence et non en pleine conscience. On se fatigue, on commet des erreurs, des oublis…

http://www.franceculture.fr/emissions/trois-minutes-mediter/rien-que

Lundi 15 mai 2017

«La méditation en pleine conscience »
Christophe André

Les 12 derniers mots du jour concernaient la politique, avec simplement une respiration le lendemain du débat calamiteux du second tour de la présidentielle avec le poème d’Eluard «Et un sourire ».

La période est particulière, il est vrai.

Mais il me semble qu’il faut aussi savoir s’extraire des contingences de l’actualité, prendre du recul, s’élever peut être, en tout cas savoir s’extraire de la pression du quotidien.

L’été dernier, Christophe André  avait, sur France Culture, fait chaque jour une émission qu’il a appelé 3 minutes à méditer que j’ai écoutée avec beaucoup d’intérêt et de plaisir. J’ai même téléchargé toutes ces émissions et je les ai réécoutées avec mon lecteur mp3. Annie a d’ailleurs fait de même.

Toutes ces émissions se trouvent toujours derrière ce lien : https://www.franceculture.fr/emissions/trois-minutes-mediter

En février 2017 un livre reprenant ces émissions a été publié avec quelques ajouts et un CD reprenant l’ensemble de ces émissions.

L’expression « La méditation en pleine conscience » n’a pas été inventée par Christophe André qui n’a pas non plus inventé cette pratique.

En introduction de son livre il écrit :

La méditation est une pratique très ancienne. Voilà plus de 1500 ans que l’on médite, en Orient comme en Occident. Aujourd’hui, elle connaît un engouement qui tient à plusieurs facteurs : nous disposons de méthodes de méditation laïques (pas besoin d’embrasser telle ou telle religion pour la pratiquer), faciles d’accès (on peut s’y initier en huit semaines environ, sans qu’il s’agisse d’une approche au rabais) et dont les bénéfices ont été confirmés par de nombreuses études scientifiques ».

Il explique son itinéraire personnel qui l’a conduit à la méditation :

« Je suis médecin psychiatre, spécialiste des troubles émotionnels, c’est-à-dire es maladies liées au stress, à l’anxiété, à la dépression.

Je me suis d’abord orienté vers leur traitement, par les médicaments, et, surtout, par les thérapies cognitives et comportementales, qui consistent à associer des mises en situation concrètes aux discussions avec le thérapeute.

Puis je me suis peu à peu intéressé à la prévention de leurs rechutes, car dans ces troubles émotionnels, les récurrences sont, hélas, très fréquentes : les patients doivent apprendre à réguler leurs émotions durant toute leur existence, c’est-à-dire à introduire dans leur quotidien des modifications durables de mode de vie, de nouvelles habitudes, de nouvelles façons de vivre. Cela concerne l’alimentation, l’exercice physique, mais aussi leur style psychologique : leur façon de voir le monde, de traverser leurs émotions, de rencontrer les moments de bonheur et les moments d’adversité. C’est dans ce cadre que j’ai commencé à utiliser la méditation de pleine conscience avec mes patients.

Une précision importante : la pleine conscience est la méthode de méditation que nous utilisons aujourd’hui dans le monde des soins. Elle est d’origine bouddhiste mais a été modifiée et laïcisée pour être utilisée dans des contextes de soins (je n’ai rien contre le bouddhisme, au contraire, mais nous n’utilisons tout simplement pas d’approche religieuse pour soigner). […]

À titre personnel, la méditation a joué un rôle très important dans ma vie. Si je vous en parle, c’est parce que mon histoire, me semble-t-il, est proche de celle de beaucoup d’autres personnes. J’avais peut-être quelques facilités : j’étais un enfant contemplatif, avec le goût du silence et de la solitude. Mais en grandissant, j’ai oublié cette dimension, pris par les rythmes et habitudes de la vie adulte : agir et réa gir, s’agiter et entreprendre. Puis j’ai traversé un drame personnel. Car l’on vient rarement à la méditation par hasard ou par simple curiosité. Il y a toujours en amont des souffrances à alléger, des problèmes à résoudre. Je me souviens d’une collègue qui, lors d’un séminaire, demandait : « Y a-t-il quelqu’un, ici, qui n’a aucun problème, aucune souffrance ? » Personne ne lève le doigt, bien sûr. Puis elle relance le public : « Et parmi celles et ceux qui ont des problèmes, qui préfère les garder tels quels plutôt que les alléger ou les résoudre ? » Pas davantage de doigts levés. Chaque humain connaît la souffrance, et chaque humain souhaite en être soulagé. Un drame personnel, donc : la mort de mon meilleur ami dans mes bras, après un accident de moto. Choqué, j’ai pris refuge dans un monastère près de Toulouse, dont m’avaient parlé plusieurs de mes patients, qui allaient s’y retirer pour s’apaiser. J’y ai découvert la vie contemplative, le recueillement, le silence, l’oraison. Je me souviens que ce n’était pas évident au début ; j’avais perdu l’habitude de ne rien faire et de ne pas fuir mes épreuves dans l’action ou la distraction. J’étais dans une situation personnelle douloureuse, j’arrivais avec des tas de souffrances. Les premiers jours, je me confrontais à des montées d’angoisse et de détresse, des doutes sur ce que ma présence ici pouvait m’apporter. Exactement ce que vivent beaucoup de nos patients, lors des premières sessions de méditation… Puis en persévérant, cela s’est doucement décanté. J’ai fait l’expérience d’une transformation intérieure, alors qu’à l’extérieur, le monde n’avait pas changé : c’est moi, mon regard, qui s’étaient modifiés. Je suis sorti du monastère avec le pressentiment que j’avais vécu quelque chose d’important qui allait m’être précieux, et vital. […]la méditation est sans doute l’outil psychologique qui m’a apporté le plus sur un plan personnel. Elle m’offre par exemple une très grande aide dans les moments de détresse émotionnelle : ils sont désormais moins intenses, moins durables. De sorte que je sais mieux affronter les mauvais passages et l’adversité. Elle m’a aussi apporté une aptitude à mieux savourer les bons moments, à comprendre qu’il ne suffit pas que les sources de bonheur possible soient là, mais qu’il faut leur ouvrir son esprit, leur accorder de l’attention, leur ouvrir son cœur. Qu’il ne faut pas se contenter de regarder le ciel ou une fleur en passant, mais s’arrêter, ne serait-ce que quelques secondes, respirer, savourer l’instant que nous vivons… »

Et pour commencer, la première émission comme le premier chapitre de son livre s’intitule : <Le souffle>

Car la première étape est de se centrer sur sa respiration, respiration par le nez non par la bouche. Il s’agit du moyen le plus puissant pour se connecter à l’instant présent.

Respirer profondément et se concentrer sur ce souffle qui révèle que nous sommes en vie et qui va nous permettre, en étant attentif, à la fois de prendre conscience de notre corps, de notre environnement et de l’instant présent.

En exergue de ce chapitre il cite Lamartine : « Je chantais, mes amis, comme l’homme respire, Comme l’oiseau gémit, comme le vent soupire (…) »

Je ne peux que vous conseiller d’essayer comme l’écrit Christophe André : « Prendre plusieurs fois dans la journée le temps de respirer, seulement respirer, en pleine conscience, pendant deux ou trois minutes… »

Vendredi 21 avril 2017

« Le baiser de l’ouragan »
Marine de Nicola.

Je me demandais quoi écrire comme mot du jour, ce vendredi, à 2 jours du premier tour d’une élection présidentielle qui pourrait être le début d’une époque compliquée et je suis tombé sur un article du Huffington Post consacré à un livre « Le baiser de l’ouragan » qui vient de paraître le 7 avril 2017.

Ce livre est celui de Marine de Nicola qui raconte son histoire. Dans les moments de trouble, il faut revenir à notre humanité et à ce qui est grand dans l’humain.

Marine de Nicola est toulousaine de naissance et elle a eu, au début de sa jeune vie, un parcours étonnant, ponctué de succès. C’est une française passionnée de la Chine qui a appris le mandarin.

A la suite d’un concours elle avait obtenu : « une bourse «Confucius » qui lui permet de défendre ses chances à Pékin dans un télécrochet très populaire. Finaliste, elle décide de rester sur place et de tenter sa chance comme chanteuse. Sélectionnée pour l’équivalent de «La nouvelle Star », elle travaille son image pour gagner en popularité, interprète des chants patriotiques chinois dans des stades remplis de 20 000 personnes. «Je vivais à Pékin, j’étais riche d’un seul coup, populaire, j’allais d’hôtels de luxe en restaurants étoilés, je roulais dans des supers voitures, je partais au bout du monde en voyage, c’était une vie facile. Et puis… »

Alors qu’elle est en Chine, elle ne se sent pas bien et va consulter. Les médecins chinois diagnostiquent un terrible cancer : un cancer du système lymphatique qui a pour nom : « lymphome de Hodgkin ».

Elle explique «Je ne comprenais pas ce que me disaient les médecins, mon mandarin n’était pas assez technique » Et elle est retournée à Toulouse pour se faire soigner et elle a ouvert un blog dont elle a repris le nom comme titre de son livre « Kiss of a hurricane » qui raconte son combat.

Et c’est ce qu’elle écrit et dit que je voudrais partager avec vous, parce que cela permet de distinguer l’essentiel du futile, que cela donne de la force et que c’est un exemple pour chacune et chacun de nous devant les épreuves que nous avons ou que nous pourrons avoir à affronter pour ne jamais renoncer, ne jamais se rendre, ne jamais se démettre de son énergie, de sa confiance et de son esprit d’optimisme et de conquête.

A la Dépêche du midi elle explique : «J’ai souffert, j’ai cru mourir, j’ai pleuré, j’ai mûri. J’ai été envahie de regrets, comme si j’avais 50 ans. Sans ce cancer, ma vie aurait été moins intéressante sur le long terme. On se sent plus heureuse après, on sourit de tout, même d’un petit vent qui souffle dans les cheveux ou du simple fait de ne rien ressentir parce qu’il n’y a plus de souffrance».

Et voici ce que reproduit l’article du Huffington Post :

« Je n’aurais jamais cru que la mort puisse me rendre si vivante.

Jamais la bise du matin n’a été si agréable, les fleurs si odorantes, le ciel si bleu. Les bruits du quotidien sont comme une musique enchanteresse, chaque conversation au détour d’une ruelle devient poésie. Même la laideur devient éclatante de beauté.

Combien de temps me reste-t-il? Peut-être plus beaucoup. Je dois vivre chaque instant pleinement, aimer comme je n’ai jamais aimé, vivre à en crever. Les masques tombent. Je n’ai plus rien à prouver. Plus rien à critiquer, plus rien à haïr. Je n’ai plus rien à posséder. J’ai juste à… être.

J’ai compris que nous sommes tous égaux face à la maladie. Elle est impartiale. Elle frappe au hasard, nous délestant de nos parures scintillantes, de nos chevelures et de nos prises de tête du quotidien. Ses victimes sont catholiques comme musulmanes, gays comme hétéros, riches comme pauvres.

Elle nous oblige à regarder la vérité en face, retourner à la base, à ce qui nous est essentiel. Elle nous emmène au pays où les biens matériels, la reconnaissance sociale sont superflus. Désormais, tout ce qui compte, c’est l’instant présent, et puis l’amour.[…]

Je voudrais dire à toutes les personnes qui se battent qu’elles sont belles.

Je fais tout sauf pitié. Je n’ai honte de rien. Je marcherai dans la rue le menton haut et le crâne au vent. Aux regards des curieux, je répondrai avec un grand sourire. Ce sera ma manière à moi de changer le regard sur la maladie. Pour qu’on n’ait plus peur de prononcer le mot « Cancer » et qu’on puisse même en rire.

Je voudrais dire à toutes les personnes qui se battent qu’elles sont belles. Leur histoire, leur humanité, leur fragilité les rend beaux. Je voudrais leur dire qu’ils n’ont pas besoin de se cacher, qu’ils ne sont pas obligés de rentrer dans le moule. Ils ont le pouvoir de transformer leur faiblesse en véritable force.

Si je dois être malade, je le serai avec tout le panache dont je suis capable.

Je m’appelle Marine, j’ai 24 ans, je suis humaine, chauve et belle. J’ai décidé de raconter mon histoire en regardant le monde droit dans les yeux.

Vous qui la lirez peut-être, je vous invite à vous décentrer et à vous mettre, pour quelques heures, dans la peau d’une canc-heureuse. »

« Je voudrais dire à toutes les personnes qui se battent qu’elles sont belles. »

La vraie beauté, celle qui vient de l’intérieur et qui rejaillit à l’extérieur.

En 2015, elle avait été invitée à TF1 le 28 juin 2015 pour raconter ses combats et elle dit cette phrase pleine de joie et de philosophie de vie :

«Quand on s’en sort, on se rend compte que c’était un cadeau, un cadeau mal emballé, mais un cadeau. Je n’ai plus rien à voir avec la personne que j’étais avant. »

La tumeur a été vaincue, elle se trouve en période de rémission c’est à dire sous surveillance car cette maladie sournoise peut resurgir.
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Lundi 3 avril 2017

Lundi 3 avril 2017
« Le coq à deux culs »
Expression dont vous comprendrez la pertinence à la fin de ce message
Après le mot du jour de vendredi, nous continuons sur ce sujet fondamental : la bonne alimentation. Pour beaucoup la solution est le bio. Ce n’est pas faux, mais il est probable que ce n’est pas suffisant. Et il semblerait même que la situation risque de se dégrader.
J’ai entendu une excellente émission sur France Inter qui donnait des pistes sur ce sujet : <Comment soigner son alimentation ?>
Cette émission, le téléphone sonne du 23 décembre 2016 avait invité trois chefs cuisiniers : Thierry Marx, Flora Mikula et Arnaud Daguin pour essayer de répondre à cette interrogation.
Arnaud Daguin : « La réponse à comment soigner son alimentation est collective, on ne peut pas laisser ce sujet à une instance ou à une association.  Le marché de l’alimentation est entre les mains des consommateurs. On vote avec son caddy et sa carte bleue. »
Flora Mikula, rejoint d’ailleurs par les deux autres, privilégie les produits et les producteurs locaux : « Il faut aller sur les marchés où viennent les vrais producteurs afin de savoir d’où viennent les produits que l’on mange. » Et elle dit simplement : « il ne faut pas vouloir des tomates en hiver » et Arnaud Daguin ajoute « Ou des tomates qu’on a transformé en été et qu’on a mis dans des bocaux » Mais Flora Mikula insiste : « Nous sommes dans un pays qui regorge de légumes, tous les mois il y a un légume  nouveau  qui sort de terre. Il faut que les gens sachent ce qu’ils consomment et décident de ce qu’ils ne veulent pas consommer. Cela demande aussi de lutter contre l’opacité des industries de l’agro-alimentaire.. »
Arnaud Daguin parle « des 3 axes de valeur de notre alimentation : écologique, nutritionnel et économique. Le premier concerne l’écologie, le dérèglement climatique et la nature, ce produit est-il produit et transporté de manière compatible avec l’écosystème ? Le deuxième concerne la santé et la nutrition, bref la performance nutritionnelle et de santé. Le troisième c’est l’économie, la vraie pas celle de la finance. C’est-à-dire le prix qu’on paie au producteur lui permet-il de vivre et de se projeter dans l’avenir ? »:
Ils ont ensuite abordé le sujet du label « bio » qui est aujourd’hui un label très visible et qui a vocation à désigner des produits de grande qualité nutritionnelle et produit selon une certaine éthique. Mais ce point commence à poser de plus en plus problème.
Thierry Marx : « Le bio ce n’est pas l’avenir. Quand vous projetez le bio dans 10 ans, on peut penser que le bio aura été entièrement phagocyté par les industries agro-alimentaires qui ont les moyens d’investir, d’acheter les parcelles. »
Et plus grave que cela les 3 chefs sont unanimes pour dire que les grands de l’agro-alimentaire sont avec la force de leur lobbying, en train de faire évoluer le cahier des charges du bio pour leur plus grand intérêt et s’assurer le contrôle de plus en large sur le marché du bio. L’augmentation de leurs profits étant directement liée à la diminution des contraintes exigées pour le label bio.
Thierry Marx : « La grande distribution est de plus en plus acteur dans le marché du bio. Dans 10 ou 15 an, [le bio] ne sera plus une valeur sure.   »
Arnaud Daguin : « Le cahier des charges bio a eu une influence très positive sur les aliments, notamment en luttant contre les pesticides. Il est allé dans le bon sens, mais il ne suffit plus pour respecter les valeurs évoquées avant. »
Flora Mikula parle « d’une agriculture raisonnée. Car aujourd’hui la motivation principale pour passer au bio c’est le revenu : la capacité d’augmenter le prix des produits »
Pour Arnaud Daguin « Le bio ce n’est pas mauvais, c’est presque un pré-requis il faut aller plus loin. »
Et il nous donne un moyen mnémotechnique pour s’interroger de manière utile et précise sur l’alimentaire et ce moyen est « Le COQ à deux Q »  c’est-à-dire « Comment, Où, Qui, Quoi ? Dès qu’un client se pose ces questions, il commence à avoir des éléments de réponse sur ce qu’il est en train de manger. »
Bref, on peut continuer à manger bio et aller dans les magasin bio mais en étant très attentif et en privilégiant les producteurs locaux et les circuits courts.