Lundi 3 avril 2017

Lundi 3 avril 2017
« Le coq à deux culs »
Expression dont vous comprendrez la pertinence à la fin de ce message
Après le mot du jour de vendredi, nous continuons sur ce sujet fondamental : la bonne alimentation. Pour beaucoup la solution est le bio. Ce n’est pas faux, mais il est probable que ce n’est pas suffisant. Et il semblerait même que la situation risque de se dégrader.
J’ai entendu une excellente émission sur France Inter qui donnait des pistes sur ce sujet : <Comment soigner son alimentation ?>
Cette émission, le téléphone sonne du 23 décembre 2016 avait invité trois chefs cuisiniers : Thierry Marx, Flora Mikula et Arnaud Daguin pour essayer de répondre à cette interrogation.
Arnaud Daguin : « La réponse à comment soigner son alimentation est collective, on ne peut pas laisser ce sujet à une instance ou à une association.  Le marché de l’alimentation est entre les mains des consommateurs. On vote avec son caddy et sa carte bleue. »
Flora Mikula, rejoint d’ailleurs par les deux autres, privilégie les produits et les producteurs locaux : « Il faut aller sur les marchés où viennent les vrais producteurs afin de savoir d’où viennent les produits que l’on mange. » Et elle dit simplement : « il ne faut pas vouloir des tomates en hiver » et Arnaud Daguin ajoute « Ou des tomates qu’on a transformé en été et qu’on a mis dans des bocaux » Mais Flora Mikula insiste : « Nous sommes dans un pays qui regorge de légumes, tous les mois il y a un légume  nouveau  qui sort de terre. Il faut que les gens sachent ce qu’ils consomment et décident de ce qu’ils ne veulent pas consommer. Cela demande aussi de lutter contre l’opacité des industries de l’agro-alimentaire.. »
Arnaud Daguin parle « des 3 axes de valeur de notre alimentation : écologique, nutritionnel et économique. Le premier concerne l’écologie, le dérèglement climatique et la nature, ce produit est-il produit et transporté de manière compatible avec l’écosystème ? Le deuxième concerne la santé et la nutrition, bref la performance nutritionnelle et de santé. Le troisième c’est l’économie, la vraie pas celle de la finance. C’est-à-dire le prix qu’on paie au producteur lui permet-il de vivre et de se projeter dans l’avenir ? »:
Ils ont ensuite abordé le sujet du label « bio » qui est aujourd’hui un label très visible et qui a vocation à désigner des produits de grande qualité nutritionnelle et produit selon une certaine éthique. Mais ce point commence à poser de plus en plus problème.
Thierry Marx : « Le bio ce n’est pas l’avenir. Quand vous projetez le bio dans 10 ans, on peut penser que le bio aura été entièrement phagocyté par les industries agro-alimentaires qui ont les moyens d’investir, d’acheter les parcelles. »
Et plus grave que cela les 3 chefs sont unanimes pour dire que les grands de l’agro-alimentaire sont avec la force de leur lobbying, en train de faire évoluer le cahier des charges du bio pour leur plus grand intérêt et s’assurer le contrôle de plus en large sur le marché du bio. L’augmentation de leurs profits étant directement liée à la diminution des contraintes exigées pour le label bio.
Thierry Marx : « La grande distribution est de plus en plus acteur dans le marché du bio. Dans 10 ou 15 an, [le bio] ne sera plus une valeur sure.   »
Arnaud Daguin : « Le cahier des charges bio a eu une influence très positive sur les aliments, notamment en luttant contre les pesticides. Il est allé dans le bon sens, mais il ne suffit plus pour respecter les valeurs évoquées avant. »
Flora Mikula parle « d’une agriculture raisonnée. Car aujourd’hui la motivation principale pour passer au bio c’est le revenu : la capacité d’augmenter le prix des produits »
Pour Arnaud Daguin « Le bio ce n’est pas mauvais, c’est presque un pré-requis il faut aller plus loin. »
Et il nous donne un moyen mnémotechnique pour s’interroger de manière utile et précise sur l’alimentaire et ce moyen est « Le COQ à deux Q »  c’est-à-dire « Comment, Où, Qui, Quoi ? Dès qu’un client se pose ces questions, il commence à avoir des éléments de réponse sur ce qu’il est en train de manger. »
Bref, on peut continuer à manger bio et aller dans les magasin bio mais en étant très attentif et en privilégiant les producteurs locaux et les circuits courts.