Lundi 27 novembre 2017

« La double vie des hippocampes »
Lionel Naccache, « L’hippocampe» 10ème émission de la série « Parlez-vous cerveau ? »

Le cerveau est le siège des fonctions cognitives.

De manière plus empirique, il est l’organe qui commande, qui raisonne et qui donne des ordres. C’est un organe d’une complexité inouïe qui nous permet de percevoir, découvrir et agir sur le monde qui nous entoure.

Quand nous disons « Je », le cerveau joue le rôle principal dans cette manifestation de l’identité.

Cet été, sur France Inter, à 8h52, pendant 4 minutes et 35 chroniques le neurologue Lionel Naccache, a raconté le cerveau dans une émission qu’il a appelé « Parlez-vous cerveau ? »

En quelques minutes, il racontait le fonctionnement d’un des rouages de notre cerveau.

Les premières émissions ont conduit à présenter les différents éléments du cerveau : Le neurone, la glie, les neurotransmetteurs, les récepteurs membranaires, la synapse, les réseaux de neurones, le cortex cérébral, les ganglions de la base, le lobe frontal, le corps calleux, le cortex visuel, l’aire de Broca etc.

Il a résumé ces premières émissions par cette formule brillante mais austère :

« Le neurone communique avec ses congénères au niveau des synapses sous l’œil bienveillant des cellules gliales et ce grâce à des neuros transmetteurs qui se fixent sur des récepteurs membranaires. »

Le journal La Croix avait présenté cette émission de la manière suivante :

« C’est une des pépites de l’été. Tous les matins, sur France Inter, le neurologue Lionel Naccache raconte en quelques minutes le fonctionnement d’un des rouages de notre cerveau. »

Vous trouverez l’ensemble de ces 35 émissions derrière ce lien.

Pour ma part j’en ai choisis 5 pour cette semaine de mots du jour, pour partager les informations qui m’ont le plus étonné ou même fasciné.

Parmi les différentes structures étudiées celle qui m’a le plus intrigué est l’hippocampe qui existe en deux exemplaires présents, de manière symétrique, dans chaque hémisphère.

Lionel Naccache commence sa chronique de la manière suivante :

« Lové dans les profondeurs de nos lobes temporaux siègent effectivement deux hippocampes. L’un à droite, l’autre à gauche. C’est à dire deux petites régions dont la forme épouse fidèlement celle d’un véritable hippocampe. Ces mignons petits poissons du cerveau sont en réalité de véritables palais de la mémoire. »

Puis il nous apprend que les hippocampes mènent une double vie.

« Tout commence en 1953, lorsque un jeune canadien épileptique subi une intervention chirurgicale, terriblement efficace, qui consista à lui enlever ses deux hippocampes. Intervention efficace car il n’a plus jamais fait de crise d’épilepsie jusqu’à son décès à l’âge de 82 ans. Mais intervention terrible aussi, car il lui a été impossible depuis lors de mémoriser le moindre nouveau épisode de son existence. Les hippocampes sont tout simplement indispensable à la création de nouveaux souvenirs conscients. »

Vous trouverez dans la revue <Pour la science> un article sur cette opération et les conséquences scientifiques qu’elle entraîna. On apprend aussi que ce patient a été opéré à l’âge de 27 ans.

La capacité d’assimiler de nouveaux souvenirs constitue la première vie des hippocampes.

« En 1971, le biologiste John O’Keefe découvre que chez le rat des neurones de l’hippocampe code la position que l’animal occupe dans l’espace. Il baptise ces neurones « les cellules de lieu ». Ces cellules de lieu existent aussi dans nos hippocampes humains où ils jouent une véritable fonction de GPS cérébral.

A chaque instant :

– Nous savons où nous nous trouvons ;
– Nous pouvons nous orienter ;
– Nous souvenir des lieux ;
– Les imaginer grâce à ce système de navigation.

Voilà pour la deuxième vie de nos hippocampes. »

Outil de la mémoire et GPS, Lionel Naccache montre que ces deux fonctions sont reliées.

« Mais cette double vie sert la même cause.
Il s’agit ici d’une découverte scientifique majeure. La mémoire des épisodes de notre vie et notre orientation spatiale reposent sur le même système cérébral.
Une illustration ?
Lorsque nous déambulons et vivons des scènes de notre vie quotidienne, les GPS de nos hippocampes codent nos trajectoires.
La nuit, lorsque nous sommes plongés dans les profondeurs du sommeil, nos GPS se rallument et se mettent à jouer, en accéléré, ces trajectoires de la journée. Des centaines de fois !
Conséquence, ce replay nocturne permet de consolider les souvenirs des épisodes que nous avons vécus au cours de cette journée.
La mémoire des lieux sous-tend ainsi la mémoire des scènes que nous avons vécu.»

 

Et ainsi Lionel Naccache en appelle aux grands anciens qui connaissaient ce lien sans connaître l’hippocampe et son utilité :

« Dès l’antiquité, Cicéron avait remarqué qu’une excellente méthode pour apprendre, par cœur, une longue tirade consiste à imaginer une promenade dans un lieu familier, une rue, une maison et à déposer chaque fragment du texte en question sur une étape de cette navigation mentale. C’est ce qu’on appelle « la méthode des lieux » encore appelé « méthode des palais de la mémoire »

Vous trouverez plusieurs articles sur internet concernant la méthode des lieux appelés aussi « La méthode des loci », Wikipedia confirme que plus récemment on l’a appelé « palais de la mémoire ». C’est une méthode mnémotechnique, ou « art de mémoire », pratiquée depuis l’Antiquité.

Le comité Nobel a, attribué son prix 2014 de physiologie et médecine à John O’Keefe associé à un couple de Norvégiens, May-Britt et Edvard Moser pour les récompenser pour leurs découvertes sur les «cellules qui constituent un système de géoposition dans le cerveau», une forme de GPS biologique et cellulaire embarqué dans une précieuse région du cerveau. C’est ce qu’expliquait le comité Nobel dans son souci de vulgariser ce que peut être l’apport des sciences fondamentales au service, proche ou lointain, de la médecine. Vous pourrez lire ces réflexions dans cet article du site <Slate.fr>

Vous trouverez l’émission de Lionel Naccache derrière ce lien : <L’hippocampe>

<975>

Une réflexion au sujet de « Lundi 27 novembre 2017 »

  • 27 novembre 2017 à 8 h 52 min
    Permalink

    Aujourd’hui, la gauche et la droite française sont un peu dans la situation de ce jeune canadien incapable de mémoriser de nouveaux épisodes de son existence après que notre président ait enlevé les deux hippocampes politiques latéraux

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