Mardi 28 novembre 2017

« Notre cerveau invente le monde qu’il ne voit pas selon ce qu’il suppose qu’il doit être »
Lionel Naccache, « la perception est une construction » 20ème émission de la série « Parlez-vous cerveau ? »

Pour tous ceux qui ont la chance d’être voyant, leurs yeux voient le monde et transmettent ces images au cerveau. Lionel Naccache, nous apprend que la réalité est beaucoup plus complexe. Le cerveau invente, reconstruit, sélectionne les informations qu’il reçoit pour nous offrir l’image que nous voyons.

Lionel Naccache décrit ce phénomène par l’expression : « La perception est une construction ».

« La perception est une construction
Dans cette expression on associe deux notions a priori contradictoires : la perception qui est passivité et la construction qui est action.
Mais les sciences du cerveau nous ont montré que la perception est une action.
Il ne s’agit pas d’un slogan politique mais d’un résultat spectaculaire et puissant des neurosciences de la perception. »

Première transformation : notre cerveau colore les images qu’il reçoit.

« Un exemple simple. Ouvrez grand les yeux et fixez votre regard droit devant vous. Que voyez-vous ?
Je ne prends pas trop de risque pour dire que l’image que vous voyez est colorée.
Oui et alors ?

Alors cela ne va pas de soi.
Les cellules qui tapissent la rétine transforment la lumière en impulsions nerveuses.
Mais il y a un hic.
Nos rétines contiennent deux types de cellules.
Les premières situées au centre sont sensibles aux couleurs, tandis que les secondes ne voient le monde qu’en noir et blanc.

Si le cerveau se contentait de recevoir passivement les informations envoyées par nos rétines nous devrions voir le monde en couleur autour du point que nous observons et tout le reste du monde devrait nous apparaître en noir et blanc.

Quelle implacable conclusion en déduisez-vous alors ?
Notre cerveau colore les images lumineuses qu’il reçoit en noir et blanc. »

Le cerveau efface des informations parasites.

« D’autre part les images qui proviennent de nos rétines contiennent une foultitude d’informations qui n’intéressent personne, comme par exemple les reflets des vaisseaux qui les vascularisent. A nouveau si notre cerveau recevait passivement les informations transmises par nos rétines, nous devrions tout voir à travers un réseau de vaisseaux. En réalité, notre cerveau visuel efface tout ce qui est immobile sur nos rétines, dont les vaisseaux en question. »

Le cerveau stabilise l’image tremblotante que les rétines lui envoient

« Lorsque nous marchons, nos yeux et notre cerveau n’ont de cesse de bouger, ce qui signifie qu’un visage perçu devant nous ne cesse de sauter sur la surface de nos rétines. Conséquence : notre perception visuelle devrait ressembler alors à un film de John Cassavettes tourné caméra à l’épaule

Conclusion : notre cerveau visuel stabilise en permanence les images brutes reçues de nos yeux. »

Le cerveau invente ce que le point aveugle lui cache

Faisons un pas de plus.
Sur le côté de chacune de nos rétines, il y a un trou par lequel passent des vaisseaux et le nerf optique en partance vers le cerveau.
Nous devrions donc percevoir le monde visuel avec deux tâches aveugles sur les côtés.

Conclusion : Notre cerveau remplit ce trou de la rétine par des inventions visuelles de son propre goût.
Ce phénomène de remplissage a été découvert par l’Abbé naturaliste Edme Mariotte dès le XVIIème siècle

Ce point aveugle ou tâche aveugle a été d’ailleurs appelé « tâche de Mariotte ». Il correspond à la partie de la rétine où s’insèrent le nerf optique qui relaye les influx nerveux de la couche plexiforme interne jusqu’au cortex cérébral, ainsi que les vaisseaux sanguins arrivant à l’œil et quittant l’œil. Dans la pratique, il s’agit donc d’une petite portion de la rétine qui est dépourvue de photorécepteurs et qui est ainsi complètement aveugle. (Citation de wikipedia)

« Notre cerveau invente le monde qu’il ne voit pas selon ce qu’il suppose ce qu’il doit être.

Il se passe donc énormément de choses en coulisse pour que nous soyons en mesure de voir ce que nous voyons. Le cerveau nous permet de voir ce qui nous intéresse, ce que nous cherchons, ce qui fait sens pour nous et pour ce faire il colorie, efface, stabilise, remplit, invente, sélectionne.

La conclusion de Lionel Naccache :

« La perception est une construction active permanente de notre cerveau.
Une construction qu’on pourrait presque dire qu’elle se joue les yeux fermés. »

Vous trouverez l’émission derrière ce lien : <La perception est construction>

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2 réflexions au sujet de « Mardi 28 novembre 2017 »

  • 28 novembre 2017 à 8 h 04 min
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    Intéressant ce principe de construction mais il semble qu’il s’agisse d’une construction automatique donc passive au regard de l’individu qui en bénéficie sans gérer les plans de l’édifice.
    S’il faut reconnaître la présence d’un génial architecte, il faudrait alors la chercher à l’extérieur de l’homme

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    • 28 novembre 2017 à 11 h 57 min
      Permalink

      Mon cher Daniel, te voilà devenu bien déiste. Moi je crois plutôt à l’évolution où notre cerveau s’est peu à peu débarrassé des choses inutiles puis a su compléter ce qu’il n’avait pas comme information. Un peu comme nous qui poursuivons une quête pour nous débarrasser du superflu et nous concentrer sur l’essentiel.

      Répondre

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