Lundi 15 mai 2017

«La méditation en pleine conscience »
Christophe André

Les 12 derniers mots du jour concernaient la politique, avec simplement une respiration le lendemain du débat calamiteux du second tour de la présidentielle avec le poème d’Eluard «Et un sourire ».

La période est particulière, il est vrai.

Mais il me semble qu’il faut aussi savoir s’extraire des contingences de l’actualité, prendre du recul, s’élever peut être, en tout cas savoir s’extraire de la pression du quotidien.

L’été dernier, Christophe André  avait, sur France Culture, fait chaque jour une émission qu’il a appelé 3 minutes à méditer que j’ai écoutée avec beaucoup d’intérêt et de plaisir. J’ai même téléchargé toutes ces émissions et je les ai réécoutées avec mon lecteur mp3. Annie a d’ailleurs fait de même.

Toutes ces émissions se trouvent toujours derrière ce lien : https://www.franceculture.fr/emissions/trois-minutes-mediter

En février 2017 un livre reprenant ces émissions a été publié avec quelques ajouts et un CD reprenant l’ensemble de ces émissions.

L’expression « La méditation en pleine conscience » n’a pas été inventée par Christophe André qui n’a pas non plus inventé cette pratique.

En introduction de son livre il écrit :

La méditation est une pratique très ancienne. Voilà plus de 1500 ans que l’on médite, en Orient comme en Occident. Aujourd’hui, elle connaît un engouement qui tient à plusieurs facteurs : nous disposons de méthodes de méditation laïques (pas besoin d’embrasser telle ou telle religion pour la pratiquer), faciles d’accès (on peut s’y initier en huit semaines environ, sans qu’il s’agisse d’une approche au rabais) et dont les bénéfices ont été confirmés par de nombreuses études scientifiques ».

Il explique son itinéraire personnel qui l’a conduit à la méditation :

« Je suis médecin psychiatre, spécialiste des troubles émotionnels, c’est-à-dire es maladies liées au stress, à l’anxiété, à la dépression.

Je me suis d’abord orienté vers leur traitement, par les médicaments, et, surtout, par les thérapies cognitives et comportementales, qui consistent à associer des mises en situation concrètes aux discussions avec le thérapeute.

Puis je me suis peu à peu intéressé à la prévention de leurs rechutes, car dans ces troubles émotionnels, les récurrences sont, hélas, très fréquentes : les patients doivent apprendre à réguler leurs émotions durant toute leur existence, c’est-à-dire à introduire dans leur quotidien des modifications durables de mode de vie, de nouvelles habitudes, de nouvelles façons de vivre. Cela concerne l’alimentation, l’exercice physique, mais aussi leur style psychologique : leur façon de voir le monde, de traverser leurs émotions, de rencontrer les moments de bonheur et les moments d’adversité. C’est dans ce cadre que j’ai commencé à utiliser la méditation de pleine conscience avec mes patients.

Une précision importante : la pleine conscience est la méthode de méditation que nous utilisons aujourd’hui dans le monde des soins. Elle est d’origine bouddhiste mais a été modifiée et laïcisée pour être utilisée dans des contextes de soins (je n’ai rien contre le bouddhisme, au contraire, mais nous n’utilisons tout simplement pas d’approche religieuse pour soigner). […]

À titre personnel, la méditation a joué un rôle très important dans ma vie. Si je vous en parle, c’est parce que mon histoire, me semble-t-il, est proche de celle de beaucoup d’autres personnes. J’avais peut-être quelques facilités : j’étais un enfant contemplatif, avec le goût du silence et de la solitude. Mais en grandissant, j’ai oublié cette dimension, pris par les rythmes et habitudes de la vie adulte : agir et réa gir, s’agiter et entreprendre. Puis j’ai traversé un drame personnel. Car l’on vient rarement à la méditation par hasard ou par simple curiosité. Il y a toujours en amont des souffrances à alléger, des problèmes à résoudre. Je me souviens d’une collègue qui, lors d’un séminaire, demandait : « Y a-t-il quelqu’un, ici, qui n’a aucun problème, aucune souffrance ? » Personne ne lève le doigt, bien sûr. Puis elle relance le public : « Et parmi celles et ceux qui ont des problèmes, qui préfère les garder tels quels plutôt que les alléger ou les résoudre ? » Pas davantage de doigts levés. Chaque humain connaît la souffrance, et chaque humain souhaite en être soulagé. Un drame personnel, donc : la mort de mon meilleur ami dans mes bras, après un accident de moto. Choqué, j’ai pris refuge dans un monastère près de Toulouse, dont m’avaient parlé plusieurs de mes patients, qui allaient s’y retirer pour s’apaiser. J’y ai découvert la vie contemplative, le recueillement, le silence, l’oraison. Je me souviens que ce n’était pas évident au début ; j’avais perdu l’habitude de ne rien faire et de ne pas fuir mes épreuves dans l’action ou la distraction. J’étais dans une situation personnelle douloureuse, j’arrivais avec des tas de souffrances. Les premiers jours, je me confrontais à des montées d’angoisse et de détresse, des doutes sur ce que ma présence ici pouvait m’apporter. Exactement ce que vivent beaucoup de nos patients, lors des premières sessions de méditation… Puis en persévérant, cela s’est doucement décanté. J’ai fait l’expérience d’une transformation intérieure, alors qu’à l’extérieur, le monde n’avait pas changé : c’est moi, mon regard, qui s’étaient modifiés. Je suis sorti du monastère avec le pressentiment que j’avais vécu quelque chose d’important qui allait m’être précieux, et vital. […]la méditation est sans doute l’outil psychologique qui m’a apporté le plus sur un plan personnel. Elle m’offre par exemple une très grande aide dans les moments de détresse émotionnelle : ils sont désormais moins intenses, moins durables. De sorte que je sais mieux affronter les mauvais passages et l’adversité. Elle m’a aussi apporté une aptitude à mieux savourer les bons moments, à comprendre qu’il ne suffit pas que les sources de bonheur possible soient là, mais qu’il faut leur ouvrir son esprit, leur accorder de l’attention, leur ouvrir son cœur. Qu’il ne faut pas se contenter de regarder le ciel ou une fleur en passant, mais s’arrêter, ne serait-ce que quelques secondes, respirer, savourer l’instant que nous vivons… »

Et pour commencer, la première émission comme le premier chapitre de son livre s’intitule : <Le souffle>

Car la première étape est de se centrer sur sa respiration, respiration par le nez non par la bouche. Il s’agit du moyen le plus puissant pour se connecter à l’instant présent.

Respirer profondément et se concentrer sur ce souffle qui révèle que nous sommes en vie et qui va nous permettre, en étant attentif, à la fois de prendre conscience de notre corps, de notre environnement et de l’instant présent.

En exergue de ce chapitre il cite Lamartine : « Je chantais, mes amis, comme l’homme respire, Comme l’oiseau gémit, comme le vent soupire (…) »

Je ne peux que vous conseiller d’essayer comme l’écrit Christophe André : « Prendre plusieurs fois dans la journée le temps de respirer, seulement respirer, en pleine conscience, pendant deux ou trois minutes… »

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