Vendredi 28 novembre 2014

Vendredi 28 novembre 2014
«J’ai oublié le mot que j’allais prononcer»
Ossip Mandelstam
Pour mot du jour, j’ai oublié le mot que j’allais prononcer.
Car Ossip Mandelstam n’a pas été que l’auteur de l’épigramme à Staline
Voici un poème trouvé sur internet :
J’ai oublié le mot que j’allais prononcer.
L’hirondelle aveugle retourne au royaume des ombres,
L’aile rognée jouer avec les transparentes.
Un chant nocturne chante en cette pâmoison. 
Les oiseaux se sont tus. L’immortelle n’a pas fleuri.
Leur crinière est limpide aux nocturnes troupeaux.
La barque flotte vide en un fleuve tari
Et parmi les grillons la parole se pâme.
Pour s’élever, temple ou coupole, lentement,
Et soudain contrefaire Antigone démente,
Ou tomber à nos pieds comme hirondelle morte,
Parée d’un rameau vert et de douceur stygienne.
Ô ! rendre aux doigts voyants seulement la pudeur
Et la saillante joie de la reconnaissance.
Je crains plus que tout le sanglot des Aonides,
La cloche, le brouillard et la faille béante.
Les mortels ont ce don – reconnaître et aimer,
Même le son coule dans leurs doigts comme une onde,
J’ai oublié le mot que j’allais prononcer.
Désincarnée l’idée retourne au royaume des ombres.
Pourtant ce n’est pas ce que dit la transparente –
Antigone, l’amie, l’hirondelle…
Le souvenir de la cloche stygienne
Bible sur les lèvres ainsi que le gel noir.
Novembre 1920.