Quand Obama disait : « Les gens qui font de très belles choses ont des défauts. », peut être pensait-il à Bill Gates, le fondateur de Microsoft.
En mars 2015, lors d‘une conférence Ted, à Vancouver, Bill Gates a tenu ces propos :
« Aujourd’hui le plus grand risque de catastrophe mondiale, ne ressemble pas [à l’explosion d’une bombe atomique] mais plutôt [à un microbe]. Si quelque chose tue plus de 10 millions de gens dans les prochaines décennies, ce sera probablement un virus hautement contagieux plutôt qu’une guerre, pas des missiles, mais des microbes.
Une des raisons c’est que nous avons investi énormément dans la dissuasion nucléaire.
Mais nous n’avons n’a que très peu investi dans un système pour arrêter les épidémies.
Nous ne sommes pas prêts pour la prochaine épidémie. »
S’il n’annonçait pas le COVID-19, c’était quand même assez proche de la réalité actuelle.
Il s’exprimait après l’épidémie d’Ebola qui avait ravagée l’Afrique de l’Ouest, en 2014, tuant des milliers de personnes auparavant.
Bill Gates analysait ainsi cette crise et prévoyait la suivante :
« Regardez Ebola : le problème n’était pas que le système n’a pas assez bien marché. C’était qu’il n’y avait pas de système tout court. La prochaine épidémie pourrait être bien plus dramatique. Il pourrait y avoir un virus avec lequel les gens infectés se sentiraient suffisamment bien pour prendre l’avion, aller au marché… […] D’autres variables rendraient les choses mille fois pires : par exemple, un virus capable de se propager dans l’air comme la grippe espagnole de 1918. […] Voilà ce qu’il se passerait: il se propagerait à travers le monde entier très très rapidement. Et 30 millions de gens mourraient de cette épidémie. […]C’est un problème sérieux. Nous devons nous en préoccuper»
Et dans cette description nous sommes, cette fois, proches de COVID-19.
Pour Ebola, il souligne qu’aucune équipe médicale n’était prête à intervenir pour endiguer la propagation du virus. Il précise aussi les raisons pour lesquelles Ebola ne s’est pas propagé à l’échelle mondiale : parce que le virus n’a pas touché de zones urbaines et que le virus qui infectait les gens les rendait très malade de sorte qu’il se déplaçait peu. Ebola est en effet un virus avec une bien plus grande force létale que celui qui nous préoccupe actuellement mais avec une moindre capacité de propagation. D’où cette prévision qu’un virus moins virulent mais plus infectieux pourrait créer des dégâts géographiquement beaucoup plus importants.
Une fois les dangers explicités, Bill Gates détaille les solutions possibles. Il précise que grâce aux téléphones portables il est possible de recevoir et diffuser l’information au public. Avec des cartes satellites on peut voir les gens et où ils vont. Et il proposait un certain nombre d’actions qu’il faudrait mettre en place pour éviter une catastrophe : la constitution d’équipes de santé prêtes à intervenir, tels des soldats au sein d’armées étatiques et intégrés dans des organismes internationaux. Il insistait aussi sur l’aide à apporter aux pays pauvres pour renforcer leurs systèmes médicaux, puisque son ambition était de lutter contre une épidémie mondiale et de mettre en place un système mondial.
<La libre Belgique> qui fait référence à cette intervention de Bill Gates, rapporte qu’un rapport de 2009 de la CIA était aussi prémonitoire :
« Un ancien rapport est ressorti ces derniers jours, où les analystes américains imaginaient déjà en 2009 « une nouvelle maladie respiratoire humaine virulente, extrêmement contagieuse ».
Les services de renseignements américains établissent, tous les quatre ans, un rapport contenant leurs prévisions pour les années à venir. En 2009 donc, ils ont imaginé comment serait le monde en 2025. Et dans leur rapport, publié à l’époque en français aux Éditions Robert Laffont, un passage retient aujourd’hui l’attention: le chapitre intitulé « Le déclenchement possible d’une pandémie mondiale ».
Les analystes de la CIA y abordent l’apparition éventuelle « d’une nouvelle maladie respiratoire humaine virulente, extrêmement contagieuse, pour laquelle il n’existe pas de traitement adéquat, pourrait déclencher une pandémie mondiale ». Si une telle maladie apparaît, d’ici 2025, des tensions et des conflits internes ou transfrontaliers ne manqueront pas d’éclater », peut-on lire dans le dossier, « En effet, les nations s’efforceront alors – avec des capacités insuffisantes – de contrôler les mouvements des populations cherchant à éviter l’infection ou de préserver leur accès aux ressources naturelles ».
Tant du point de vue de l’ampleur de l’épidémie que de sa nature, les experts avaient vu juste. Ils parlaient déjà de dizaines de milliers de morts, et de « dix à plusieurs centaines de millions » de cas de contamination. Ils prévoyaient également que la contamination serait due à « la mutation génétique naturelle, de la recombinaison de souches virales déjà en circulation ou encore de l’irruption d’un nouveau facteur pathogène dans la population humaine », comme l’est le coronavirus.
Le rapport de la CIA abordait, avec exactitude là aussi, le lieu de départ d’une telle pandémie. Selon les prévisions, la maladie aurait tendance à se déclarer « dans une zone à forte densité de population, de grande proximité entre humains et animaux, comme il en existe en Chine et dans le Sud-Est asiatique où les populations vivent au contact du bétail ». Ils ne se sont donc pas trompés. »
Malheureusement, force est de constater que ni le rapport de la CIA, ni l’alerte formulée par Bill Gates n’auront conduit à des actions concrètes sauf en Corée du Sud, à Taiwan et au Japon qui avait été touchés par de précédentes épidémies de coronavirus particulièrement l’épidémie de syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) en 2002-2003. Par la suite il y eut aussi le syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS) à partir de 2012, épidémie ayant infecté peu de gens mais extrêmement mortelle.
<Europe 1> rapporte que Bill Gates s’est exprimé sur l’épidémie actuelle mi-mars :
« Nous devons rester calmes, même si nous vivons une situation exceptionnelle […] Le seul modèle efficace connu est celui d’une rigoureuse distanciation sociale. Si vous ne faîtes pas ça, alors le virus touchera une large partie de la population et les hôpitaux se retrouveront en état de saturation en raison de l’afflux de personnes malades […] La Chine voit le nombre de cas diminuer désormais parce que la mise en place des tests et du confinement a été très efficace. […] Si un pays réussi à mettre en place des tests et à faire respecter le confinement, alors entre 6 à 10 semaines, il devrait voir le nombre de cas baisser et commencer à pouvoir envisager un retour à la normal. ».
Même des gens qui ont des défauts peuvent être très utiles si on les écoutait parfois…<Conférence TED de Bill Gates (2015)>
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L’économie faite sur les moyens et équipements de protection ainsi que sur les infrastructures médicales devra être mise en rapport avec les dégâts économiques de la pandémie