Mardi 21 mai 2019

« Ordos, la ville fantôme »
Un exemple de la folie des hommes

Hier, j’esquissais l’effroyable prédation qu’homo sapiens exerce sur la terre, sans tenir compte du vivant non humain dont il a pourtant besoin pour sa survie.

Dans sa démesure, il arrache à la nature ou aux terres arables des millions d’hectares, utilise des millions tonnes de ressources pour bâtir et construire des villes, des complexes industriels, des aéroports et autres œuvres de son imagination.

Cet aveuglement devant les limites de ce que peut offrir la terre devient folie quand en plus de la démesure, il construit pour rien, sans ce que cela ne présente même une utilité ou un sens.

L’Europe, notamment l’Espagne n’a pas été exempte de cette folie.

Mais aujourd’hui, je voudrais partager un exemple chinois qui en compte de nombreux, semble t’il. Il s’agit d’Ordos en Mongolie-Intérieure.

Comme nous l’apprend <ce site> :

Ordos est une ville de la Mongolie Intérieure. Située dans le district de Dongshen au nord de Baotou. Le Régime chinois a voulu construire un quartier nouveau, une ville nouvelle d’Ordos avec l’ambition d’accueillir un million d’habitants nouveaux.

Le site nous donne des précisions :

« La ville d’Ordos est unique et vous laissera une étrange impression de ville désertée. Rien que pour son authenticité, elle mérite qu’on s’y arrête avant de partir sur les traces de Gengis Khan et son Mausolée.

Ordos est à l’origine (siècle avant J.C) une ancienne cité utilisée comme point de contrôle pour l’accès aux pâturages des peuples nomades turco-mongols. La ville fut ensuite recolonisée par les chinois en 127.

Son nom lui vient du clan Ordos qui était à l’époque chargée de protéger le Mausolée de Gengis Khan, fondateur de l’empire mongol.

La ville nouvelle d’Ordos

Avec l’aide du gouvernement et de gros investisseurs chinois, une toute nouvelle ville du même nom fut construite à quelques kilomètres de l’ancienne cité. Cette nouvelle ville érigée dans les années 2000 est aujourd’hui considéré comme l’une des plus grandes villes fantômes du monde en raison de sa très faible population.

En 2009, un grand nombre de quartiers et de bâtiments étaient encore en construction ou laissé à l’abandon faute d’investissements. L’estimation de la population fut alors revue à la baisse et 300 000 personnes sont attendues pour 2020 au lieu d’un million. »


Un autre site nous explique l’origine de cette folie :

« A l’origine, un million de personnes devaient vivre [dans la ville nouvelle d’Ordos] . C’était du moins l’objectif visé par le gouvernement chinois lorsqu’il a fait sortir de terre la nouvelle ville d’Ordos, dans le nord de la Chine, au tournant du millénaire. Des lotissements, des musées futuristes, des tours de bureaux et des routes à quatre voies ont été créés.

Mais le projet a avorté: reste le quartier de Kangbashi, qui peut accueillir 300’000 habitants. Pourtant, comme le rapporte le magazine d’information «Focus», seules 5000 personnes ont élu domicile dans le quartier.

Le fait que Kangbashi ait tout ce qu’il faut sauf des habitants est dû à une politique de développement urbain ratée et à l’orgueil démesuré des dirigeants. Au tournant du millénaire, d’énormes gisements de charbon et de gaz ont été découverts dans la région d’Ordos, et la ville désertique de Mongolie intérieure devait devenir une ville en plein essor.

Mais les bâtiments ont été construits à la hâte et à moindre coût, et les prix étaient bien trop élevés pour des ouvriers. Les appartements ont surtout été achetés par des investisseurs comme placement et non comme bien locatif.

Il est difficile de vérifier les chiffres avancés par «Focus» quant au nombre de personnes vivant réellement dans le quartier de Kangbashi. D’autres sources parlent de 20’000 à 100’000 personnes qui vivraient ici. »

Un article de GEO en 2011 consacrait un long développement à cette « ville en devenir » selon les propos des dirigeants chinois agacés quand on parle de « ville fantôme »

L’introduction de cet article commence ainsi :

« Ordos, place Gengis-Khans. Des statues monumentales de cavaliers mongols montent la garde devant les buildings austères de l’administration locale. Face à cette horde figée, la ville nouvelle étend sur trente kilomètres carrés ses larges avenues, ses immeubles futuristes et ses monuments à l’architecture fantasque – théâtre en forme de chapeau mongol, bibliothèque évoquant trois livres inclinés, musée rappelant un bloc de charbon. Un Dubai chinois, sorti des plaines de Mongolie-Intérieure en 2004, aussi vaste et vide que la steppe qui l’entoure.

Vide? pas tout à fait: dans un coin de la place, Sha, 18 ans, a installé son stand de boissons. La jeune femme est venue du nord-est du pays pour vendre des rafraîchissements aux premiers habitants de la ville-champignon. Ce n’est pas la foule, mais il en faudrait plus pour doucher son enthousiasme: «Chaque semaine, il y a un peu plus d’habitants, et un peu plus de clients» »

Cette démesure, cette quête de l’inutile et de la folie humaine ne sont pas limitées à Ordos comme nous l’apprend cet article de décembre 2015 de <la Tribune> :

«   Ordos, en Mongolie-Intérieure, est devenue le symbole des villes fantômes chinoises. Construite entre 2005 et 2010, avec une capacité d’accueil d’un million de personnes, ses stades, avenues et gratte-ciel restent désespérément vides.

La Chine est ainsi parsemée de villes sans vie. Quelques-unes se rempliront, exode rural oblige ; une partie d’entre elles mettront des décennies à se peupler et d’autres resteront à jamais un musée, vitrine de la surcapacité et de la mauvaise allocation des ressources.

Un article publié par l’agence de presse officielle Xinhua, en octobre, a mis en lumière l’ampleur du phénomène. Chaque capitale provinciale construit actuellement de quatre à cinq nouveaux quartiers. Cela amènera la Chine à loger 3,4 milliards d’habitants, soit presque trois fois plus que la population chinoise actuelle. Une étude de MIT estime qu’il y a 50 villes vides en Chine.

Comment une telle frénésie est-elle possible ? D’une part construire permet aux gouvernements locaux de générer du PIB. Tous se disent qu’avec le temps, les espaces vides se rempliront forcément. Avoir construit un « nouveau quartier » est indispensable sur la carte de visite du gouverneur d’une ville, en compétition avec son voisin pour attirer les ruraux. Le problème, c’est qu’en attendant, ces espaces vides coûtent de l’argent aux banques, qui se voient obligées de reconduire des prêts stériles plutôt que d’investir dans des PME innovantes. »

<Vous trouverez aussi un reportage avec des photos sur ce site de Canal+>

Pour voir de manière plus palpable ce que ce cela signifie, il faut regarder <Cette vidéo qui montre la réalité de cette ville>.

Vous y verrez notamment ce remarquable et grand stade, inauguré en 2011 et quasi toujours entièrement vide.


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2 réflexions au sujet de « Mardi 21 mai 2019 »

  • 21 mai 2019 à 10 h 22 min
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    La vidéo de présentation de la ville nous rend la cohue et les encombrements sympathiques

    Répondre
    • 21 mai 2019 à 15 h 17 min
      Permalink

      Je vois là ton esprit toujours positif.

      Répondre

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