Vendredi 29 septembre 2017

« La science ne sait pas à quoi sert le sommeil ! »
David Louapre

David Louapre est un jeune (34 ans) physicien qui a réalisé sa thèse à l’Ecole Normale Supérieure de Lyon dans le domaine de la gravité quantique. Il est aujourd’hui employé par Saint Gobain dans son centre de recherche de Boston où il est responsable « recherche et développement » pour la mise au point de nouveaux matériaux.

C’est son emploi officiel.

Mais comme beaucoup d’autres de sa génération il a un autre travail : il est vulgarisateur scientifique :

Cette mission il la développe sur sa chaine youtube : <Science Etonnante>

Et sur son blog : https://sciencetonnante.wordpress.com/

Et enfin, il écrit aussi des livres. Son dernier a pour titre : <Insoluble mais vrai !> Livre édité par Flammarion et paru le 31/05/2017.

C’est pour parler de ce livre qu’Etienne Klein l’a invité dans son émission : « La conversation scientifique du 9 septembre 2017 » : < Que reste t’il à comprendre ?>

Etienne Klein a introduit ce livre et ce sujet de la manière suivante :

« [Ce] nouveau livre « Insoluble mais vrai ! » […] s’interroge sur vingt phénomènes que la science peine encore à expliquer.

La connaissance et l’ignorance se tiennent par la barbichette : ignorer qu’on ignore, c’est ne rien savoir ; mais savoir qu’on ignore, c’est vraiment savoir, car cela suppose de savoir tout ce qui est déjà établi et d’être capable de détecter ce qui fait encore trou dans la connaissance. Voilà pourquoi l’ignorance est la grande affaire des savants. […]

De telles situations sont-elles nombreuses ? Quels sont les problèmes scientifiques qui demeurent ouverts, sur lesquels on bute depuis longtemps sans jamais faire de grandes percées malgré de gros efforts ? »

Cette émission a abordé plusieurs de ces questions. Mais celle qui m’a le plus interpellé est la question du sommeil.

Pourquoi dormons-nous ?

L’homme simple que je suis, pense que cette question est réglée depuis longtemps : Nous dormons parce que nous sommes fatigués et que notre corps doit se reposer.

David Louapre explique très justement que cette assertion confond le symptôme et la cause, c’est-à-dire la fonction biologique.

Nous mangeons quand nous avons faim, la faim c’est le symptôme non la cause. En fait, la science a compris que s’alimenter c’est donner des nutriments à notre corps qui à travers tout un système de transformation lui donne de l’énergie et des éléments sans lesquels notre corps ne peut vivre et se développer.

La science n’a pas trouvé à quoi sert le sommeil !

Renversant non ?

Cette question abordée dans l’émission et donc dans le livre dont google donne un extrait sur ce sujet est développé sur le blog que j’ai cité ci-avant :

En voici des extraits :

Nous passons en moyenne 8 heures par jour à dormir, ce qui sur l’ensemble d’une vie représente environ 25 années au lit. Et pourtant, aussi incroyable que cela puisse paraître, on ne sait pas vraiment pourquoi nous avons besoin de dormir. […]

Il existe ainsi plusieurs hypothèses crédibles pour expliquer le rôle du sommeil, mais aucune ne s’est encore définitivement imposée. […]

Pour essayer de comprendre le rôle fondamental du sommeil, il existe une méthode simple : arrêter de dormir et regarder ce qui se passe ! On connait quelques cas attestés de personnes ne dormant pas pendant plus de 10 jours, mais il est évidemment problématique de réaliser des expériences bien contrôlées sur l’homme. Alors comme d’habitude, on va se tourner vers nos amis les animaux.

David Louapre explique qu’une expérience pratiquée sur des rats, publiée en 1983 par Allan Rechtschaffen a montré que les effets de la privation de sommeil entraînent une mort dans les deux semaines, ce qui est plus rapide que pour une privation de nourriture. Au cours de l’expérience, ils développent des lésions sur la peau, ils ne mangent plus et pourtant maigrissent beaucoup.

Mais les scientifiques, après l’autopsie, ne sont pas parvenus à déterminer la cause exacte de la mort.

Cette expérience semblait démontrer que la privation de sommeil entrainait la mort mais on ne comprenait pas quelles fonctions biologiques étaient en cause.

Des expériences postérieures ont remis en question la causalité entre la privation de sommeil et la mort. Car des expériences sur la souris ou le pigeon n’ont pas eu le même effet et d’autres chercheurs ont pu réitérer l’expérience avec des rats sans entrainer la mort. Les analyses les plus récentes ont donc remises en causes les conclusions de l’expérience de Rechtschaffen en mettant la cause de la mort sur les conditions stressantes de cette expérience et non la privation de sommeil.

David Louapre poursuit :

[…] il existe de nombreux animaux se privant parfois volontairement de sommeil. C’est le cas de certains oiseaux lors de la migration, et même des dauphins. Ces derniers peuvent rester éveillés plusieurs jours d’affilé si on les stimule avec des jeux. Encore plus fort, la maman et le bébé dauphin ne dorment presque pas pendant les 6 semaines qui suivent la naissance ! De manière intéressante, ces privations volontaires ne s’accompagnent pas d’un besoin de récupération de la dette de sommeil. […]

Bref, le sommeil n’est pas forcément indispensable, mais quand même avantageux pour la survie !

Et David Louapre examine dès lors les différentes hypothèses :

1

La première fonction à laquelle on peut penser, c’est la conservation de l’énergie, puisque quand on dort on dépense moins de calories. Mais cette explication n’est pas totalement satisfaisante, car un état d’éveil calme remplirait presque aussi bien cette fonction, tout en étant beaucoup moins risqué que le sommeil.

[…]

2 La piste métabolique

Une des explications les plus en vogue est celle de la protection du cerveau contre ce qu’on appelle le « stress oxydatif ». En effet, quand notre organisme produit de l’énergie en brûlant des nutriments, la réaction chimique fabrique parfois ce qu’on appelle des radicaux libres. Il s’agit de molécules contenant des atomes d’oxygènes disponibles (comme l’eau oxygénée H_2O_2), et pouvant donc réagir avec leur environnement selon une réaction d’oxydation.

On sait que ces radicaux libres causent des dommages à nos cellules et à notre ADN, et que cela constitue d’ailleurs une cause importante du phénomène de vieillissement. Heureusement notre organisme sait se défendre (via des enzymes) contre ce stress oxydatif, d’où l’importance des anti-oxydants. On suspecte ainsi que l’un des rôles du sommeil serait de réduire l’activité du cerveau, afin de diminuer son attaque par les radicaux libres, et de permettre à des phénomènes de réparation d’avoir lieu.

A l’appui de cette hypothèse, il a été récemment montré que chez le rat, la privation de sommeil conduit à des dommages accrus dans les cellules du cerveau via un mécanisme de stress oxydatif.

3 Le rêve

Jusqu’ici nous avons parlé du sommeil en général, mais laissé de côté le fait qu’il existe un état particulier : le sommeil paradoxal. C’est dans cette période, appelée Rapid Eye Movement (REM) par les anglo-saxons, que se produisent les rêves. On entend parfois que la privation de sommeil paradoxal conduirait à la folie, mais il semble que cela soit une légende.

Plusieurs théories intéressantes existent pour expliquer le sommeil paradoxal. L’une constate que certains neurotransmetteurs ne sont plus émis pendant le sommeil paradoxal, ce qui expliquerait le caractère assez désinhibé des rêves, mais permettrait un certain « repos » des communications dans le cerveau.

4 Le simulateur de vie par le rêve

Une autre théorie audacieuse a été proposée par le français Michel Jouvet. Elle se base sur une observation étonnante : la quantité de sommeil paradoxal dans le règne animal semble corrélée au niveau de maturité des bébés à la naissance. Le dauphin, qui est complètement fonctionnel dès sa naissance, n’en possède pas du tout ! Au contraire l’ornithorynque, qui nait aveugle et totalement, rêve en moyenne 8 heures par jour !

Une explication possible serait alors la suivante : les rêves servent à accélérer notre maturation cérébrale en nous présentant une simulation de la réalité. Lors des rêves, notre cerveau travaille et se développerait un peu comme lors d’expériences réelles. Le rêve serait donc à la vie ce que le simulateur de vol est au pilotage : un moyen de s’entraîner plus souvent, et sans danger.

Il existe beaucoup de théories sur le rêve, celle-ci a l’air de nous dire que nous en avons besoin pour accélérer notre maturation cérébrale et nous aider à nous préparer à la vraie vie.

Si vous voulez lire son article complet, <c’est ici>

En conclusion, ce soir j’irais me coucher et dormir sans savoir pourquoi ! J’espère que l’incertitude de la réponse à cette question ne m’empêchera pas de trouver le sommeil !

En tout cas, David Louapre me semble être un très bon vulgarisateur et un remarquable pédagogue.

Pour des motifs que chacun peut comprendre j’ai été très intéressé par cette vidéo d’une vingtaine de minutes où il explique les mécanismes du cancer : <Le cancer>

Remarquable je vous dis.

<939>

Une réflexion au sujet de « Vendredi 29 septembre 2017 »

  • 1 octobre 2017 à 18 h 08 min
    Permalink

    Vivre éveillé et actif 24 heures sur 24 ne poserait pas de problèmes techniques à l’homme moderne mais je ne pense pas qu’il en aurait été de même avec nos très lointains ancêtres dont nous somment issus génétiquement et qui probablement vivaient au rythme de la nature.
    Peut être faudrait-il chercher une explication dans cette hérédité de dizaines de milliers d’années voire plus?

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