Lundi 9 mai 2016

Lundi 9 mai 2016
«Je n’ai pas peur d’eux»
Tess Asplund
Déjà deux fois, «le mot du jour » était plutôt  «une photo du jour ».
Voici la 3ème réalisée par le photographe David Lagerlof le 1er mai à Borlange, en Suède, lors d’une manifestation anti-immigration organisée par un groupe de néonazis, le Mouvement de résistance nordique :
Tess Asplund  se tient, poing levé à la manière du Black Power, face à trois hommes qui marchent en ligne face à elle. Ces der-niers portent un même uniforme, partagent la même coupe de cheveux à la mode skinhead, arbo-rent une expression peu avenante, bref, ils donnent plus envie de changer de trottoir que de leur barrer la route. Et pourtant, la femme se dresse devant eux les yeux dans les yeux.
La terminologie contemporaine parle de photo virale, parce qu’elle a été vue et partagée rapidement des milliers de fois.
On parle aussi de photo iconique ou de photo culte.
Le premier mot du jour consacré à une photo fut celui consacré, sans la montrer, à la photo du petit réfugié Aylan qui était mort sur une plage, et où je partageais cette évidence : « Une vidéo capte un instant furtif, une photo fige une scène pour l’éternité » (mot du jour du 7 Septembre 2015)
Cette force de la photo par rapport à la vidéo apparait évidente si vous aller voir la video qui filme le même évènement et qui se trouve <ICI>
L’autre enseignement de cet incident est que le repli identitaire n’est pas un problème franco français, mais un problème beaucoup plus large qui touche l’occident, blanc et vieillissant.
A longueur d’articles, on nous vante le modèle et l’humanisme nordique.
Mais la photo a bien été prise en Suède, le modèle parmi les modèles, où l’extrême droite a récolté 13% des voix lors des élections législatives de 2014.
Vous apprendrez notamment que Tess Asplund est agée de 42 ans. Elle a déclaré : «Je n’ai pas vraiment réfléchi, j’ai juste bondi […] Je me suis juste dit : ‘vous n’avez pas à être là’. Alors, l’un d’entre eux m’a fixé du regard, et je l’ai dévisagé en retour.  Il n’a rien dit, je n’ai rien dit non plus.»
Quand au photographe, David Lagerlof, il a simplement déclaré : «En tant que photographe, j’essaie de toucher les gens avec mes images. Et manifestement, cette photo a touché beaucoup de personnes.»