Mercredi 9 décembre 2015

Mercredi 9 décembre 2015
«Si on a peur, ils ont gagné.»
Tignous
Vous savez que Bernard Verlhac, dit Tignous fut un des dessinateurs de Charlie Hebdo assassiné le 7 janvier 2015 dans les locaux du journal par une première vague de tueurs.
La femme de Tignous, Chloé Verlhac, aurait dû faire une séance de dédicace sur un marché de Noël du Cher. Mais cette séance a été annulée. <C’est Le parisien qui nous l’apprend.>
Le patron du café-librairie de Sancerre, qui l’avait invité, a confirmé avoir dû renoncer à faire venir la veuve de Tignous au marché de Noël organisé chaque premier dimanche de décembre par l’association des parents d’élèves de Sury-en-Vaux et Verdigny, non loin de Sancerre. Ce marché regroupe une cinquantaine d’exposants. Une séance de dédicaces est néanmoins programmée à la place le même jour à la même heure chez un vigneron, a-t-il ajouté.
«Tignous disait : si on a peur, ils ont gagné. Il était hors de question qu’on ne vienne pas, qu’on leur laisse le terrain», a souligné Chloé Verlhac, qui s’exprimait alors face à un public réuni dans une librairie de la ville rose. «C’est vrai, je suis dangereuse, a-t-elle ironisé. Trois jours après les attentats de novembre, on a fait une séance de dédicaces. Je suis allé à Montreuil…. Il n’y a jamais de problèmes.»
L’imbroglio a débuté le 20 novembre quand Olivier Bourdon a communiqué le nom des écrivains invités sur son stand pour ce marché traditionnel. Outre Chloé Verlhac, il y avait notamment Hélène Honoré, la fille du dessinateur Honoré tué lui aussi lors des attentats de janvier, ainsi que Raynal Pellicer, auteur d’un documentaire d’immersion sur la brigade criminelle.
Selon le libraire, c’est d’abord un officier de gendarmerie qui est venu se plaindre de l’invitation de la veuve de Tignous alors que son travail, a-t-il dit, est «d’assurer la sécurité» de la population. Samedi, ce sont les maires de Sancerre et de Verdigny qui ont demandé à la préfecture le report «de trois mois» de cette séance de dédicaces compte tenu «de l’état d’urgence et des risques que fait courir» Chloé Verlhac, rapporte Olivier Bourdon. Finalement, c’est l’association des parents d’élèves qui a demandé l’annulation. Certains membres craignaient pour «la sécurité de leur enfant» et estimaient que la femme de Tignous «n’a rien à faire » à leur marché», déplore le libraire.
Vous trouverez aussi un article dans l’Express
Oui, si nous avons peur, ils ont gagné. Je rappellerai ce propos de Benjamin Franklin, l’un des Pères fondateurs des États-Unis (1706-1790) : « Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l’une ni l’autre, et finit par perdre les deux.»

Chloé Verlhac et Tignous