Mardi 18/10/2016

Mardi 18/10/2016
« Il faut connaître le goût du vinaigre pour apprécier celui du miel. »
Fatima Charrihi
Il n’est pas nécessaire d’être érudit ou Philosophe, élève de la rue d’Ulm pour manifester de la sagesse.
Dans mon expérience de vie j’ai rencontré des gens très simples qui possédaient ce que j’appellerais, l’intelligence du cœur.
Qui est Fatima Charrihi ?
Il se trouve que j’en ai parlé très récemment, dans le mot du jour du 3 octobre 2016 : «La première victime du carnage de Nice, le 14 juillet 2016, était une musulmane.». C’était Fatima Charrihi.
Ce week end, il y a eu un hommage national aux victimes de Nice et le Parisien a donné la parole à son fils. Pour ma part je l’ai appris par la revue de presse de Frédéric Pommier :
«Il s’appelle Ali Charrihi, et sa mère Fatima fait partie des 86 victimes de l’attentat perpétré le 14 juillet sur la promenade des Anglais. Il s’appelle Ali Charrihi, et comme ses frères et sœurs, il sera présent ce matin à l’hommage national rendu aux victimes du terroriste de Nice. Et, à Louise Colcombet, il explique, dans LE PARISIEN, l’importance qu’a pour lui la cérémonie d’aujourd’hui. « A travers le président de la République, c’est la nation toute entière qui va honorer la mémoire de ma mère. La nation toute entière qui va envoyer un message d’union et de paix. » Et puis, c’est aussi, avoue-t-il, une « indispensable » étape dans sa reconstruction. Il se dit hanté par cette nuit terrible du 14 juillet – des flashs qui lui reviennent quasi quotidiennement, malgré le soutien des psychologues et malgré les médicaments… Il est hanté, aussi, par le sentiment d’impuissance et de culpabilité des survivants.
Si lui-même n’est pas mort ce soir-là, c’est parce que sa mère l’avait, avec son père, envoyé déplacer leur voiture qui était garée en double file. « C’est comme si elle avait su… Comme si elle m’avait protégé une dernière fois. Mais pour elle, je n’ai rien pu faire », ajoute-t-il en précisant qu’il a cependant ranimé deux femmes de 80 ans. Aujourd’hui, il décrit sa famille « en lambeaux », car Fatima était « le pilier de la maison ». Mais il a toutefois décidé de ne pas sombrer dans le chagrin : Ali Charrihi veut agir. Elevé dans le respect absolu de la République, il souhaite désormais s’investir pour relayer le message de paix que Fatima, à n’en pas douter, aurait elle-même professé si elle avait survécu.
Il s’est ainsi rapproché de Latifa Ibn Ziaten, la mère de la première victime de Mohammed Mehra, dont l’association multiplie les interventions pour prôner le vivre-ensemble en milieu scolaire. « Je voudrais, dit-il, faire comprendre aux jeunes la chance qu’ils ont de vivre en France. Ce n’est pas un pays de mécréants qui leur veut du mal, c’est un pays qui nous propose un avenir commun. Mais pour s’intégrer, ils doivent se battre, comme l’ont fait nos parents. » Et Ali de citer un proverbe qui était cher à sa mère : « Il faut connaître le goût du vinaigre pour apprécier celui du miel. » Des paroles qui font du bien. Et un portrait qui fait du bien.»
Tout le monde n’est pas bienveillant, ni sage. Dans la même revue de presse de ce samedi, on apprend :
«[Les victimes], si l’on croit ce matin LIBERATION, suscitent parfois la convoitise de structures peu scrupuleuses… « La double peine pour les victimes » : c’est le titre à la Une… Enquête d’Ismaël Halissat qui s’est plongé dans le maquis des associations qui prennent en charge les rescapés du 14 juillet. Des associations rigoureuses pour la majorité d’entre elles, mais d’autres, en revanche, ont des pratiques un peu douteuses. Certaines prennent ainsi de grandes libertés avec les règles de déontologie, et orientent très rapidement les victimes vers quelques avocats qui se partagent les dossiers d’indemnisation. Des avocats qui pratiqueraient en outre des honoraires exorbitants, avoisinant les 20% – quand on sait que l’indemnisation peut atteindre plusieurs centaines de milliers d’euros, 20% c’est donc colossal. Sachant que, selon le journal, des avocats se seraient déjà directement servis dans les premiers fonds d’urgence. « Et les victimes ne voient même pas que cela pose un problème », se désole une juriste.»
Grandeur et bassesse de l’humanité
Le miel et le vinaigre…