Lundi 3 octobre 2016

Lundi 3 octobre 2016
«La première victime du carnage de Nice, le 14 juillet 2016, était une musulmane.»
Rappel d’un simple fait objectif
Comme, le journal le Monde l’avait fait pour la tuerie du Bataclan et de Paris, il publie un article par victime du 14 juillet 2016 à Nice.
Ce 1er octobre, le journal a publié un article sur Fatima Charrihi qui fut la première victime du camion et de son conducteur meurtrier et haineux.
Fatima Charrihi, la première victime était musulmane.
Elle avait presque le même âge que moi, même un peu plus jeune, elle portait un voile qui lui couvrait les cheveux.
Le lendemain, sa fille Hanane, qui porte aussi le voile, est venue sur la promenade des anglais accompagnée de sa sœur, pour se recueillir à l’endroit où sa mère a perdu la vie.
Hanane raconte : «Lundi, sur la Promenade des Anglais, j’ai ressenti avec ma famille le besoin de venir déposer des fleurs en hommage à ma mère. Sur le chemin, nous avons été alpagués par un homme qui nous a dit : « On ne veut plus de vous chez nous.
Ça m’a fait de la peine, mais j’ai préféré ne pas réagir. Plus tard, un homme assis à la terrasse nous a balancé : « Maintenant, vous sortez en meute. »
Cette fois-ci, je n’ai pas pu m’empêcher de lui dire que nous étions en deuil, que notre mère faisait partie des victimes. Il nous a rétorqué : « Tant mieux, ça fait un en moins. »
Je me suis mise à trembler de tous mes membres, mais j’ai réussi à garder mon sang-froid. Ma sœur a commencé à lui crier dessus. Lui s’est levé et nous a menacé de nous frapper. Nous sommes partis en vitesse. »
L’article du Monde nous parle un peu de Fatima Charrihi :
«Son petit-fils sur les genoux, bien installée sur une large balançoire, Fatima Charrihi énumère en riant les noms de ses nombreux petits-enfants tandis que le garçonnet de 6 ans les répète à tue-tête. Depuis la mort de leur mère, les sept enfants de Fatima, âgés de 14 à 37 ans, regardent souvent cette vidéo, qu’ils se sont partagée sur le groupe WhatsApp baptisé « Famille Charrihi ». Comme image d’illustration, ils ont choisi une photo de leur mère : visage poupon, regard nimbé de douceur, sourire éclatant qui donne à ses yeux une forme de demi-lune.
« C’était le pilier de la famille », résume Ali, le fils aîné de 37 ans, qui voyait sa mère au moins trois fois par semaine. Fatima avait une attention particulière pour chacun de ses enfants. A la prière de l’aube, elle laissait ses chaussons encore chauds à Hanane, qui détestait les levers aux aurores. La fratrie tisse le portrait d’une femme « patiente », « humble », « douce », « tolérante », « généreuse » et « pieuse ».
Hanane, 27 ans, que sa mère appelait quotidiennement, précise que Fatima était aussi une femme autoritaire, notamment lorsqu’il s’agissait des devoirs scolaires. Issue d’une famille de paysans berbères impécunieux, elle n’était jamais allée à l’école et ne savait pas lire. « Elle demandait aux plus grands de vérifier que tout le monde avait bien fait ses devoirs », se souvient Hanane, préparatrice en pharmacie pour la plus grande fierté de sa mère. « Elle savait que c’est grâce à l’école que l’on aurait une situation », ajoute Ali, la voix éteinte.
[…] Comme des centaines de personnes qui ont croisé le chemin de Fatima, la femme qui l’employait depuis seize ans s’est rendue à la prière funéraire en son hommage. Elle a pleuré la mémoire de cette femme « pleine de bons conseils » qui « avait toujours un mot pour réconforter. » D’autres ont salué la bonté de cette mère de famille qui partageait volontiers les plats traditionnels qu’elle cuisinait. Tous se sont souvenus de la complicité inébranlable qui unissait Fatima et Hamed, son mari depuis quarante-trois ans. « Je ne les ai jamais vus se disputer mais ils se taquinaient tout le temps », abonde Latifa, la fille aînée, trouvant les mots à la place de son père, trop ému pour exprimer l’ineffable.
Le soir du 14 juillet, le couple s’est justement chamaillé. Fatima voulait accompagner ses petits-enfants sur la promenade. Hamed, lui, aurait préféré observer le feu d’artifice de son balcon. Sa femme a eu le dernier mot. Alors qu’il garait la voiture, le camion a percuté Fatima, première victime de l’attentat.»
Quelquefois raconter simplement les faits, la réalité, constitue la plus simple et grande leçon de philosophie.
Fatima était une femme simple, taquine, mère, grand-mère, elle voulait que ses enfants réussissent dans la vie et elle était habitée de bons sentiments à l’égard des autres.​
Elle a rencontré la haine d’un musulman criminel.
Le lendemain, ses filles ont aussi rencontré la haine, la haine de personnes qui veulent cultiver une communauté de « Nous » opposés à « Eux ».
Posément, calmement et résolument, je m’inscris dans le « Nous » dans lequel se trouve Fatima Charrihi, femme musulmane voilée qui voulait que ses enfant réussissent en France. Et je ne veux pas faire partie du « Nous » imaginé par les gens haineux qu’ont rencontré les filles de cette femme qui a été la première victime de tuerie de la promenade des anglais.