Mardi 19 mai 2015

Mardi 19 mai 2015
«Rosa rosa rosam
Rosae rosae rosa
Rosae rosae rosas
Rosarum rosis rosis»
Jacques Brel
Cette mobilisation pour défendre le latin au collège est tout à fait étonnante et je dirais même suspecte.
Elle m’a immédiatement fait penser à la chanson de Brel qui a bercé ma jeunesse par la déclinaison latine de rosa, cette chanson où il chante : «C’est le tango des récompenses qui vont à ceux qui ont la chance d’apprendre dès leur enfance, tout ce qui ne leur servira pas ». Avec cette nuance cependant : «Mais c’est le tango que l’on regrette, une fois que le temps s’achète ».
Comme toujours, une réforme de l’éducation nationale attire toutes les critiques : “il faut la retirer”  s’exclame des politiques et des intellectuels, non pas l’amender, l’améliorer, mais la retirer !
Quand on étudie le collège, tout le monde est d’accord : ça ne marche pas. Même les études internationales le démontrent notre collège se dégrade.
Mais dès qu’on veut réformer, la coalition de tous les conservatismes se mobilise et l’impression générale c’est qu’il faut surtout ne rien changer !
Le latin, cet outil indispensable pour devenir intelligent ?
Ne serait-ce pas plutôt cette option offerte aux parents avisés pour créer un espace protégé à l’intérieur du collège permettant de préserver leurs enfants de la dégradation générale ?
L’Education nationale est encore capable de créer des élites dont les enfants sont d’ailleurs très largement issus de parents faisant déjà partie de l’élite.
Elle le fait au prix d’un système qui laisse sur le côté un nombre considérable de jeunes et elle le réalise sans être en mesure d’augmenter de manière substantielle le niveau des élèves moyens.
Cette réforme qui organise l’autonomie des collèges, favorise le travail en équipe et des enseignements pratiques interdisciplinaires va indiscutablement dans le bon sens.
On peut certainement l’améliorer  mais pourquoi tout bloquer ?
Je joins un article qui défend cette réforme.
Vous pourrez aussi écouter le billet d’humeur de Cohn Bendit défendant la réforme : http://www.europe1.fr/emissions/l-humeur/lautonomie-le-but-de-leducation-941320
Mais revenons à cette belle chanson :
Rosa rosa rosam
Rosae rosae rosa
Rosae rosae rosas
Rosarum rosis rosis (refrain)
C’est le plus vieux tango du monde
Celui que les têtes blondes
Ânonnent comme une ronde
En apprenant leur latin
C’est le tango du collège
Qui prend les rêves au piège
Et dont il est sacrilège
De ne pas sortir malin
C’est le tango des bons pères
Qui surveillent l’œil sévère
Les Jules et les Prosper
Qui seront la France de demain
(refrain)
C’est le tango des forts en thème
Boutonneux jusqu’à l’extrême
Et qui recouvrent de laine
Leur cœur qui est déjà froid
C’est le tango des forts en rien
Qui déclinent de chagrin
Et qui seront pharmaciens
Parce que papa ne l’était pas
C’est le temps où j’étais dernier
Car ce tango rosa rosae
J’inclinais à lui préférer
Déjà ma cousine Rosa
(refrain)
C’est le tango des promenades
Deux par seul sous les arcades
Cernés de corbeaux et d’alcades
Qui nous protégeaient des pourquoi
C’est le tango de la pluie sur la cour
Le miroir d’une flaque sans amour
Qui m’a fait comprendre un beau jour
Que je ne serais pas Vasco de Gama
Mais c’est le tango du temps béni
Où pour un baiser trop petit
Dans la clairière d’un jeudi
A rosi cousine Rosa
(refrain)
C’est le tango du temps des zéros
J’en avais tant des minces des gros
Que j’en faisais des tunnels pour Charlot
Des auréoles pour saint François
C’est le tango des récompenses
Qui vont à ceux qui ont la chance
D’apprendre dès leur enfance
Tout ce qui ne leur servira pas
Mais c’est le tango que l’on regrette
Une fois que le temps s’achète
Et que l’on s’aperçoit tout bête
Qu’il y a des épines aux Rosa
(refrain)
Paroles et Musique: Jacques Brel, 1962.
Texte soumis aux Droits d’Auteur – Réservé à un usage privé ou éducatif –
Mais si le texte de Brel est beau, l’interprétation est géniale : https://www.youtube.com/watch?v=v6rLLE48RL0
Dessin de Louison twitté lors des Matins de France Culture du 18/05/2015