Mercredi 4 Février 2015
« Fondamentalement, l’ordinateur et l’homme sont les deux opposés les plus intégraux qui existent.
L’homme est lent, peu rigoureux et très intuitif.
L’ordinateur est super rapide, très rigoureux et complètement con. »
L’homme est lent, peu rigoureux et très intuitif.
L’ordinateur est super rapide, très rigoureux et complètement con. »
Gérard Berry
Informaticien, Professeur au Collège de France
L’informatique est de plus en plus présente dans notre vie, c’est pourquoi le regard d’expert mais aussi décalé de Gérard Berry, qui selon Rue89 est un des plus grands informaticiens français, est particulièrement intéressant.
Il commence par cette histoire : une fille de10 ans demande à sa mère :
« Mais maman, je ne comprends pas. Tu m’as dit que quand tu étais petite, tu n’avais pas d’ordinateur, comment est-ce que tu faisais pour aller sur Internet ? »
La petite fille n’imagine pas un monde sans Internet. Internet, pour elle, c’est comme l’herbe ou l’arbre, ça fait partie du monde.
En revanche il ne croit pas en l’intelligence artificielle : « Je n’ai jamais cru que les robots pourraient faire des actions intelligentes. On dit : » Mais l’ordinateur sait jouer aux échecs. » Oui, ça prouve que les échecs sont un jeu facile, c’est tout. C’est dur pour les hommes, mais ce n’est pas dur en soi. Un homme ne sait pas faire une addition. En revanche, il sait composer de la musique.
[…] Fondamentalement, l’ordinateur et l’homme sont les deux opposés les plus intégraux qui existent. L’homme est lent, peu rigoureux et très intuitif. L’ordinateur est super rapide, très rigoureux et complètement con. On essaie de faire des programmes qui font une mitigation entre les deux. Le but est louable. Mais de là à y arriver…»
Il regrette aussi qu’« En France, on n’a pas cru en l’informatique. […] La France est un pays minier, orienté vers la matière et l’énergie. On a fait le TGV, l’Airbus, mais on n’a jamais fabriqué un ordinateur décent. Raisonner sur la matière et l’énergie, et raisonner sur l’information, c’est très différent. »
Et il nous met en garde sur l’avenir et sur la sécurité informatique « La plupart des ordinateurs sont embarqués, il faut s’y faire. 98% de l’informatique est dans les objets, sans contact direct avec l’homme.
C’est très bien de s’inquiéter de la sécurité de son téléphone, mais les freins de sa bagnole, c’est autrement plus critique. Or des gens ont montré qu’on pouvait prendre le contrôle des freins et les désarmer, à distance. Tout ça est ignoré. Il serait temps de s’occuper de ce problème avant qu’il ne devienne vraiment emmerdant.»
Et il explique qu’«Un système est sûr non pas quand il est inattaquable – ce qui est théoriquement impossible –, mais quand ça coûte trop cher de l’attaquer. »
Et il finit l’article par cette définition de la programmation : «qu’est-ce que programmer un ordinateur ? C’est parler à quelqu’un de totalement obéissant, qui ne pose jamais de question, qui ne s’ennuie jamais. Quand on y pense, c’est une activité belle et absurde de parler à un abruti aussi absolu que l’ordinateur. »
L’article complet est en pièce jointe
et vous trouverez l’article sur Internet <ICI>
Après avoir lu ces réflexions si rafraichissantes, retournons tous vers notre abruti d’ordinateur…