Mercredi 15 octobre 2014

Mercredi 15 octobre 2014
« Jamais depuis la libération notre République n’a été à ce point corrompu. »
Antoine Peillon
Antoine Peillon est journaliste à La Croix, il est le frère de Vincent Peillon, ancien Ministre de l’Education Nationale.
Il publie un essai : Corruption, (le Seuil), un bandeau rouge barre le livre “Nous sommes tous responsables”.
Il était l’invité de l’émission de France Culture la Grande Table :  http://www.franceculture.fr/emission-la-grande-table-2eme-partie-comment-penser-la-corruption-2014-10-08
Il dit « Nous sommes tous responsables. A partir du moment où la citoyenneté se résume à se lever, travailler, toucher son salaire et dormir la nuit; sans engagement associatif, syndical ou politique, la République se fait sans nous. Elle n’est dès lors plus une République démocratique. »
Il juge que notre République arrive au dernier degré de la corruption. Dernier degré qu’il définit comme celui qui se trouve avant l’explosion politique social et économique.
Cette corruption dont une grande partie selon lui est l’évasion fiscale est en train de mettre notre pays à genoux. Il a été l’auteur en 2012 d’une enquête explosive sur l’exil fiscal organisé par la banque suisse UBS avec la complicité de l’État français (il avait évoqué ces 600 milliards qui manquent à la France, le Seuil),
« Peillon s’astreint aussi à la rigueur intellectuelle en cherchant, non le simple sensationnalisme des révélations, mais les racines profondes du mal. L’extension dangereuse de l’emprise de la finance sur l’économie fut bien sûr un facteur essentiel. Quand on promeut, au nom du libéralisme, la cupidité au rang des vertus cardinales, on ne doit pas ensuite d’étonner de voir la vie bancaire ou boursière constellée de tactiques illégales, d’escroqueries en costume Lanvin, de festins obscènes où sont conviés tous les loups de Wall Street. La classe dirigeante a oublié la leçon de Montesquieu : le principe des régimes tyranniques, c’est la peur, le principe des régimes aristocratiques, c’est l’honneur et celui des régimes démocratiques, celui qui les fait tenir debout, c’est la vertu. Non pas celle des jeunes filles, mais celle des citoyens dignes de ce nom.
Peillon va plus loin en lisant les sociologues et les anthropologues. La corruption qui mine nos sociétés, dit-il, est aussi une culture. Celle de l’arrangement, du conflit d’intérêt, de la combine bénigne, du mépris quotidien des lois, du contournement des règles. La corruption, c’est aussi une emprise invisible, celle du crime organisé qui accroît sans cesse son cercle d’influence, qu’on croit confinée dans les pays du Sud, Italie par exemple, et qui s’étend depuis longtemps sous nos climats plus austères. «Nous sommes tous responsables», dit-il lucidement. Pour cet avertissement dérangeant, il mérite le détour, qui fera du bien à la morale civique. »
Mediapart qui est en première ligne dans cette lutte contre la corruption (au fait êtes-vous abonné ?) < Crée un évènement : corruption ça suffit au Théâtre de la ville le 19 octobre à 19h>
Outre le livre d’Antoine Peillon, deux autres livres viennent de paraître qui traitent du même sujet  Fabrice Arfi de Mediapart –Le Sens des affaires (Calmann-Lévy)–, Benoît Collombat de France Inter –Histoire secrète du patronat (La Découverte).
Ils seront tous les trois invités et aussi Roberto Scarpinato, procureur général auprès du parquet de Palerme (Sicile), qui vit sous protection policière depuis plus de vingt ans pour son combat sans relâche contre toutes les mafias, criminelles ou financières.