Lundi 05/05/2014

Lundi 05/05/2014
« Je ne suis pas en cohabitation,
Je ne peux pas le faire »
Jean-Marc Ayrault.
C’était la réponse de Jean-Marc Ayrault, il y a deux ans à l’injonction de Philippe Aghion : “Tu as le rapport de la Cour des Comptes, tu dois mettre en œuvre des réformes structurelles”
Pour ceux qui sont très pressés voici une version courte de l’explication :
Philippe Aghion et Elie Cohen étaient parmi les principaux conseillers économiques du candidat François Hollande pour l’aider à élaborer son programme économique.
Deux ans après l’élection ils estiment que les réformes qui auraient dû être faites ne l’ont pas été et c’est pourquoi ils ont écrit un livre “Changer de modèle”, avec un troisième économiste Gilbert Cette.
France Inter a invité Philippe Aghion pour parler de ce livre.
A la fin de l’interview, Philippe Aghion révèle cet échange avec Jean-Marc Ayrault, premier ministre depuis peu de temps alors : “Je ne peux pas le faire, je ne suis pas en cohabitation”
A priori, selon cet échange, ce n’est pas le premier ministre qui refusait de prendre la mesure des évolutions nécessaires en France.
Une version un peu plus développée :
La situation de la France est relativement simple à décrire :
La France n’est plus en capacité de financer son modèle social et ses services publics. Elle ne crée plus la croissance économique et ne développe plus le dynamisme permettant de dégager du grain à moudre pour alimenter la machine.
A partir de là plusieurs solutions sont envisageables.
Mais si, comme le veut le président et son gouvernement la France doit rembourser ses dettes, rester dans l’Euro et ouvert à la mondialisation, il faut prendre la mesure de ce que cela signifie qu’on ne peut plus financer le système. En sachant que nous n’aurons plus en France, à dimension d’homme, les taux de croissance que nous avons connus après la dernière guerre.
Le président l’avait dit lui-même lors d’une conférence de presse, nous n’assistons pas à une crise mais à un changement de monde.
Quand on est dans un changement de monde, on doit proposer une politique de changement de monde.
On ne peut se contenter de faire des économies au rabot.
D’ailleurs, ironie de l’Histoire, comme le rapporteur du budget est entré au gouvernement, le PS a nommé rapporteure du budget : Valérie Rabault ! C’est surréaliste, n’est-il pas ?
Pendant deux ans, il n’y a eu aucune réforme ou même réflexion d’évolution de l’organisation des services et des missions de l’Etat. Aujourd’hui on parle de réformer les collectivités territoriales mais…. plus tard.
La politique du rabot est délétère.
Si on doit et on veut vraiment faire des économies il faut organiser autrement et penser autrement.
Par exemple, dans l’Administration il faut arrêter de raisonner en terme de respect de procédures mais réfléchir et décider par rapport aux enjeux.
Se poser des questions aussi déroutantes que : est-ce que tel contrôle que font chaque jour ou chaque semaine 500 fonctionnaires en France est-il indispensable ? Que se passerait-il si on ne faisait pas ? Quel est le risque ?
Quelle est le véritable impact de telle politique, d’aide au logement par exemple ? Est-ce que cette politique n’a pas pour effet principal de faire augmenter les prix ?
On attend cela d’hommes politiques qui prétendent qu’on assiste à un changement de monde.
Bref, il faut sortir du paramétrage et de l’action sur quelques curseurs pour s’intéresser au moteur, aux structures et à l’organisation.