Lundi 04 novembre 2013

Lundi 04 novembre 2013
“Die Schuld”
Langue allemande, La dette en langue allemande
Nous savons combien “la dette” occupe de place dans le langage d’aujourd’hui et aussi justifie des pans entiers de la politique économique menée dans l’Union européenne.
Nous connaissons aussi la place que joue l’Allemagne dans cette politique.
La sortie d’un livre particulièrement documentée sur la dette et dont les médias français se font l’écho, m’ont rappelé ce qu’un commentateur avait souligné il y a quelques mois, le mot qui signifie dette en allemand “Schuld” est le même mot qui signifie “Faute”. En allemand dire “tu es coupable” se traduit “du bist schuldig”
Evidemment si on considère que celui qui a des dettes est coupable ou a commis une faute, on comprend beaucoup de chose dans la manière de réagir des allemands.
Or un anthropologue américain, David Graeber a écrit un pavé de 624 pages : Dette : 5000 ans d’histoire , Les liens qui libèrent, 2013, où il explique que la dette est un mécanisme consubstantiel au capitalisme.
Voici ce qui est écrit sur la quatrième page de couverture :
Voici un livre capital, best-seller aux États-Unis – près de 100 000 exemplaires vendus – écrit par l’un des intellectuels les plus influents selon le New York Times et initiateur d’Occupy Wall Street à New York.
Un livre qui, remettant en perspective l’histoire de la dette depuis 5 000 ans, renverse magistralement les théories admises. Il démontre que le système de crédit, apparu dès les premières sociétés agraires, précède de loin l’invention des pièces de monnaie. Quant au troc, il n’a été qu’un pis-aller et ne s’est réellement développé que dans des situations particulières ou de crise.
La dette a donc toujours structuré nos économies, nos rapports sociaux et jusqu’à nos représentations du monde. David Graeber montre que le vocabulaire des écrits juridiques et religieux de l’Antiquité (des mots comme « culpabilité », « pardon » ou « rédemption ») est issu en grande partie des affrontements antiques sur la dette. Or il fonde jusqu’à nos conceptions les plus fondamentales du bien et du mal, jusqu’à l’idée que nous nous faisons de la liberté. Sans en avoir conscience, nous livrons toujours ces combats… Selon l’auteur, l’endettement est une construction sociale fondatrice du pouvoir.
Si autrefois les débiteurs insolvables ont nourri l’esclavage, aujourd’hui les emprunteurs pauvres – qu’il s’agisse de particuliers des pays riches ou d’Etats du tiers-monde – sont enchaînés aux systèmes de crédit. « L’histoire montre, explique Graeber, que le meilleur moyen de justifier des relations fondées sur la violence, de les faire passer pour morales, est de les recadrer en termes de dettes – cela crée aussitôt l’illusion que c’est la victime qui commet un méfait. » Trop d’économistes actuels perpétuent cette vieille illusion d’optique, selon laquelle l’opprobre est forcément à jeter sur les débiteurs, jamais sur les créanciers. Ils oublient aussi une leçon déjà connue de la civilisation mésopotamienne : si l’on veut éviter l’explosion sociale, il faut savoir « effacer les tablettes »… Un essai essentiel et foisonnant qui nous permet de mieux comprendre l’histoire du monde, la crise du crédit en cours et l’avenir de notre économie.
où il parle aussi de la “Schuld”.