Lundi 21 octobre 2013

Lundi 21 octobre 2013
«Lorsque vous nommez une chose,
le mot vous distrait, vous éloigne de l’observation»
Krishnamurti Entretiens à Morcelo (Porto Rico)
Dans son livre “Aux Etudiants” paru chez Stock
Il y eut une époque où je lisais beaucoup ce philosophe d’origine indienne.
L’affaire Léonarda m’a rappelé cette parole de sagesse.
Je ne parle pas du fond de l’affaire : était-il justifié d’expulser cette famille, les policiers qui sont allés chercher cette jeune fille ont-ils agit humainement ? Ni de l’attitude des médias.
Ce dont je parle, c’est l’utilisation de “mots” qui classent, qui rangent dans la bonne case permettant d’éviter d’observer et de réfléchir à la réalité.
Ainsi quand on nomme une chose “l’immigration”, “les roms”, “la reconduite à la frontière”, ce sont des concepts qui certes peuvent entraîner des raisonnements. Mais qui ne représentent pas la réalité.
Alors quand on parle de Léonarda qui est un prénom, on ne parle plus d’un concept, ni d’une case mais d’une personne, qui a un visage, une histoire, qui parle, qui a une humanité.
Et là on est interpellé et tout devient plus compliqué, les certitudes peuvent s’amollir.
Krishnamurti continue son discours par cette explication :
« Lorsque vous dites “c’est un cyprès”, vous regardez l’arbre à travers le mot, donc vous ne le regardez pas vraiment mais à travers l’image que vous avez construite et cette image vous empêche de voir. »