Vendredi 04 octobre 2013

Vendredi 04 octobre 2013
«Ce n’est que de nos jours que les richesses ont engendré l’avarice, le débordement des plaisirs, et je ne sais quelle fureur de se perdre et d’abîmer l’état avec soi dans le luxe et la débauche.»
Tite-Live, Extrait de la préface de l’histoire romaine
Dans l’émission de France Culture la « Concordance des Temps » du 21/09/2013, Jean-Noël Jeanneney a invité David Engels, professeur d’histoire romaine à l’Université libre de Bruxelles.
Ce jeune professeur vient de commettre un livre << Le Déclin : La crise de l’Union européenne et la chute de la République romaine – analogies historiques>>, dans lequel il essaie une réflexion globale sur un rapprochement inédit à deux milles ans de distance.
La concordance des temps qu’il développe concerne l’Union européenne en crise. Il la rapproche, dans un livre intitulé significativement « le Déclin », avec celui de la République romaine tardive, épuisant son énergie au profit de l’émergence de l’Empire créé par Auguste et consolidé par ses successeurs.
Dans les deux cas, David Engels discerne une crise identitaire qui lui semble de plus grande conséquence que les difficultés économiques et même les déséquilibres institutionnels.
Et il va jusqu’à tirer les conséquences de ce parallèle pour se faire le prophète des temps à venir, en prévoyant, en espérant peut-être, une évolution de notre continent qui pourrait, selon lui, s’organiser comme Rome, dans les premiers siècles de notre ère, sous la forme de ce qu’il appelle une Europe impériale modérée.
Dans cette émission et pour marquer ce rapprochement, il a cité le grand Historien romain Tite Live, dont voici un extrait plus large :
« Mais ce qui importe, et doit occuper surtout l’attention de chacun, c’est de connaître la vie et les mœurs des premiers Romains, de savoir quels sont les hommes, quels sont les arts qui, dans la paix comme dans la guerre, ont fondé notre puissance et l’ont agrandie; de suivre enfin, par la pensée, l’affaiblissement insensible de la discipline et ce premier relâchement dans les mœurs qui, bientôt entraînées sur une pente tous les jours plus rapide, précipitèrent leur chute jusqu’à ces derniers temps, où le remède est devenu aussi insupportable que le mal. Le principal et le plus salutaire avantage de l’histoire, c’est d’exposer à vos regards, dans un cadre lumineux, des enseignements de toute nature qui semblent vous dire : Voici ce que tu dois faire dans ton intérêt, dans celui de la république; ce que tu dois éviter, car il y a honte à le concevoir, honte à l’accomplir. Au reste, ou je m’abuse sur mon ouvrage, ou jamais république ne fut plus grande, plus sainte, plus féconde en bons exemple : aucune n’est restée plus longtemps fermée au luxe et à la soif des richesses, plus longtemps fidèle au culte de la tempérance et de la pauvreté, tant elle savait mesurer ses désirs à sa fortune. Ce n’est que de nos jours que les richesses ont engendré l’avarice, le débordement des plaisirs, et je ne sais quelle fureur de se perdre et d’abîmer l’état avec soi dans le luxe et la débauche. »
Là encore Internet nous permet d’accéder à cette œuvre historique intégrale traduite en Français >>> http://bcs.fltr.ucl.ac.be/LIV/I.html
Quand je pense que certains comme Alain Finkielkraut pense qu’Internet constitue la fin de la culture..