Mercredi 17 février 2016
« La faute d’orthographe »
Expression française utilisée pour décrire une mauvaise utilisation des lettres pour écrire un mot de langue française.
La France est confrontée à des défis majeurs économiques, sociaux, écologiques, militaires, migratoires.
Mais après la déchéance de la nationalité, elle vient d’inventer une nouveau sujet de débat majeur : « la réforme de l’orthographe ».
Rappelons que comme l’écrit LIBE :
«Contrairement à ce que l’on a pu lire ici ou là, il n’existe pas de réforme de l’orthographe à proprement parler. Les changements à l’origine de la discorde apparaissent dans un rapport publié au Journal officiel en 1990. Le Conseil supérieur de la langue française est chargé par le Premier ministre de l’époque, Michel Rocard, de «formuler des propositions claires et précises sur l’orthographe du français». Maurice Druon, secrétaire perpétuel de l’Académie française, dirige le groupe de travail. L’institution, qui est la seule en mesure de «déterminer les règles en vigueur dans la langue française», rappelle le ministère, approuve ces propositions. Ces «rectifications de l’orthographe» ne sont donc que des propositions. «Toute réforme du système de l’orthographe française est exclue», peut-on lire à trois reprises dans le rapport. »
C’est pour échanger sur cette question que France Inter avait invité Bernard Pivot et Olivier Houdart, Correcteur du Monde.fr et animateur du blog Langue sauce piquante dans son émission le téléphone qui sonne du 10 février
Et…
Un auditeur a appelé pour poser la question : « Pourquoi parle-t-on dans ce domaine de faute ? ».
Cette question me semble ouvrir une réflexion immense.
En effet, nous disons une erreur de calcul, une erreur de raisonnement et même une erreur judiciaire. Mais une faute d’orthographe, une faute de grammaire, de manière plus générale une faute de français au lieu de qualifier ces errements de ce qu’ils sont : une erreur.
C’est quoi une « faute » ? Le Larousse nous donne la première définition de ce mot : « Manquement à la règle morale, à une prescription religieuse ».
Voilà c’est dit : nous nous trouvons au niveau de la Morale.
Alors comparons-nous aux allemands et aux anglais.
En allemand, le mot faute se dit « Schuld ». Un mot du jour (celui du 04/11/2013) a souligné qu’en allemand ce mot Schuld a une autre signification puisqu’il désigne aussi le mot dette. Nous en avions tiré la conséquence que pour un allemand la dette constituait une faute morale.
Mais pour le respect des règles de la langue, l’allemand ne parle pas de « Schuld » mais de « Fehler », c’est-à-dire une erreur. Que ce soit une erreur de calcul ou une faute d’allemand, le même mot « Fehler » est utilisé.
Si vous allez voir les anglais, il en va de même on parlera d’ « error » ou de « mistake ».
Rien à voir avec la Morale.
Je me souviens d’une émission où un anglais qui savait le français disait qu’il ne s’exprimait plus en français, en face d’un français. Et il expliquait : « quand un français essaye de s’exprimer en anglais, l’anglais a pour premier objectif d’essayer de comprendre ce que son interlocuteur veut lui dire quelle que soit son niveau en anglais. Quand un anglais s’exprime en français, la première préoccupation du français c’est d’interrompre son interlocuteur pour corriger ses erreurs de français »
C’est au niveau de la morale, exactement comme la dette pour les allemands.
Et lors de l’émission évoquée, Bernard Pivot a rappelé un épisode fameux de notre histoire récente :
« On n’a pas oublié la bataille furieuse qui opposa les défenseurs du nénuphar – avec ph– aux champions du nénufar – avec un simple f. C’était à la fin de 1990 et au début de 1991. La guerre du Golfe, la première, était imminente. Deux ou trois journaux américains et anglais s’étonnèrent qu’à la veille de ce qui serait peut-être un conflit mondial, les Français se répandissent en querelles absurdes à propos de l’orthographe d’une banale plante aquatique. N’y avait-il pas pour polémiquer sujet plus urgent, plus noble, plus dramatique ? La France était décidément un pays impossible. »
Tout ceci me rend fort dubitatif.
Parce que dans certaines circonstances une erreur de calcul ou de raisonnement peut avoir pour conséquence un coût exorbitant voire la mort d’humains.
Pour une erreur d’orthographe, il ne me semble pas.