Lundi 07/11/2016
« Une par une, les digues ont sauté. »
Sylvie Kauffman, à propos des élections américaines
Jamais nous ne pensions que ce personnage grossier qui passe son temps à insulter et à proposer des solutions anachroniques, qui dans sa longue vie d’affaires et personnelles a accumulé des casseroles, des faillites, des comportements odieux ne sortirait des primaires républicaines. Et pourtant Donal Trump l’a fait.
Nous pensions qu’enfin après la vidéo montrant sa manière de considérer et de parler des femmes, il n’existait plus aucune chance qu’il puisse emporter l’élection présidentielle américaine.
Les gens raisonnables continuent à penser, que ses chances pour l’emporter sont faibles, mais ils ne l’excluent plus depuis que par la décision du Directeur du FBI, l’enquête sur les courriels diplomatiques de Hillary Clinton a été relancée, même si hier soir, on apprenait que le FBI maintenait sa position de ne pas poursuivre Hillary Clinton. Cette position est a priori favorable à la candidate démocrate, mais Hillary Clinton reste très critiquée et détestée.
Pour celles et ceux qui ne suivent pas l’actualité, rappelons les faits (les autres pourrons sauter ce paragraphe vert).
Hillary Clinton a envoyé des mails diplomatiques alors qu’elle était Secrétaire d’État par l’intermédiaire d’outils personnels, alors qu’elle devait le faire par le canal des outils de l’appareil D’État des États-Unis. Selon le contenu des mails, cela peut constituer une faute très grave contre la sécurité des États-Unis. Il semblait que cette affaire était plus ou moins enterrée.
Mais une et peut être même la plus proche collaboratrice d’Hillary Clinton, Huma Abedin de père Indien ayant travaillé pour l’Arabie saoudite et d’une mère pakistanaise, a eu la bonne idée d’épouser un politicien démocrate Antony Weiner qui s’est révélé être un personnage ayant des mœurs et des comportement sexuels que la morale et aussi la Loi américaine réprouvent.
Dans le cadre d’une enquête pénale, car il est reproché à Antony Weiner d’avoir envoyé des messages sexuels à une adolescente de 15 ans, la police a découvert sur l’ordinateur de Weiner, un grand nombre des mails diplomatiques d’Hillary Clinton.
C’est cette découverte qui a poussé le Directeur du FBI, James Comey a écrire à des élus, vendredi 28 octobre, pour les informer que ses équipes allaient de nouveau enquêter sur l’affaire de la messagerie privée d’Hillary Clinton, dans une lettre rendue publique par des élus républicains du Congrès.
Barack Obama s’est exprimé et a fortement critiqué James Corney, qui est républicain et qu’il a nommé responsable du FBI (ce sont les mœurs américaines), d’être intervenu dans la campagne électorale si tardivement sans pouvoir présenter des accusations précises.
L’article de la journaliste du Monde Sylvie Kaufmann : « Le duel Trump-Clinton passera sans doute à la postérité comme la campagne qui a ébranlé la démocratie » que vous trouverez en pièce jointe m’a paru très intéressant et c’est pourquoi je le partage avec vous.
« […] Dans les officines de propagande russes et chinoises, c’est la fête. Inutile de se creuser la tête pour dénicher des angles d’attaque contre la démocratie aux Etats-Unis : le spectacle offert par les chaînes de télévision américaines sur la campagne pour l’élection présidentielle du 8 novembre suffit largement. Il n’y a qu’à se baisser pour ramasser. Parfois très bas, mais le résultat n’en est que plus efficace.
Le président russe, Vladimir Poutine, a donc beau jeu de relever, comme il l’a fait fin octobre à Sotchi, que le débat électoral américain se résume à « qui a pincé qui, et qui couche avec qui ». Chez lui, les campagnes ont quand même plus de tenue.
Même souci de dignité dans le quotidien du Parti communiste chinois (PCC), Global Times, qui rappelle que les Etats-Unis aiment à voir dans leur système « l’étalon or de la démocratie ». « De plus en plus d’Américains ont honte de cette version de la démocratie, écrit un universitaire de Shanghaï. Les Chinois peuvent évaluer le système démocratique américain à l’aune de cette élection. » […]
Le plus grave, c’est que les méthodes populistes du candidat républicain, Donald Trump, dans cette campagne, ont fini par attaquer les fondements mêmes du système. Des digues ont sauté.
Traditionnellement, les Américains sont fiers de leur système : leur pays est, après tout, la plus grande démocratie du monde occidental, la fameuse « ville sur la colline » promise par les Pères pèlerins, chère au cœur de Ronald Reagan, qui devait servir de phare au monde libre.
Cette image, déjà mise à mal par la relation entre l’argent et la politique, s’est brisée. Selon un sondage publié par le New York Times et la chaîne CBS à quelques jours du scrutin, 82 % des électeurs avouent que la campagne leur a inspiré du « dégoût ».
[…]
Désarçonnés par la méthode Trump, qui fait de l’insulte et du mensonge une arme tactique, débordés par les réseaux sociaux, les médias classiques se sont retrouvés plongés, et largement impuissants, dans ce qu’ils ont baptisé « l’ère post-vérité ».
Percevant le candidat républicain comme un danger, voire un ennemi qui les désigne volontiers à la vindicte des militants dans ses meetings électoraux, les journalistes de presse écrite ont jeté aux orties la sacro-sainte règle de l’objectivité, pour passer au journalisme de combat.
[…] Dean Baquet, le directeur de la rédaction du New York Times, [a expliqué que] « Ce mélange d’information et de divertissement peut être drôle, sauf que maintenant on a un candidat officiel du Parti républicain à l’élection présidentielle qui est un produit de ce monde.»
Et je trouve cette conclusion de Sylvie Kaufmann très pertinente et inquiétante :
« Il serait faux, toutefois, de croire que ce grand malaise démocratique est apparu comme un coup de tonnerre dans un ciel bleu : en réalité, prélude à la tornade Trump, l’orage gronde depuis plusieurs années sur Washington, où les dysfonctionnements de l’Etat fédéral bloquent la vie politique. Mais comme dit l’adage, il n’est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre. »
Car, en effet, Hillary Clinton est une très mauvaise candidate pour la présidence des Etats-Unis. Son seul atout finalement est d’être une femme, peut être la première femme présidente. Elle a, grâce à sa fondation, injecté des sommes beaucoup plus considérables que Trump dans cette élection. Elle est liée aux pires affairistes de Wall Street, c’est que lui a reproché Bernie Sanders d’ailleurs.
Wikileaks a publié des emails dans lesquels apparaît sa duplicité : des discours publics très éloignés de ce qu’elle exprime dans des rencontres avec les grands établissements financiers dont Goldman Sachs.
C’est pourquoi la grande majorité des américains ne l’aiment pas. Elle est le symbole de l’establishment qu’ils rejettent de plus en plus fort. Ce rejet de l’élite n’est d’ailleurs pas limité aux Etats-Unis
Bref en simplifiant, mais sans déformer, les américains ont le choix, le 8 novembre, entre un déséquilibré et une corrompue. C’est un choix compliqué.
A priori, il vaut peut-être mieux la corrompue, c’est peut-être moins dangereux, mais c’est quand même une corrompue !