Jeudi 23 Juin 2016

Jeudi 23 Juin 2016
« L’idée européenne n’est pas un sentiment premier […] mais elle naît de la réflexion,  elle n’est pas le produit d’une passion spontanée, mais le fruit lentement muri d’une pensée élevée. »
Stefan Zweig
Ce 23 juin les britanniques vont voter : être ou ne pas être dans l’Union européenne.
A priori, tous les experts sont d’accord : économiquement la Grande Bretagne n’a pas intérêt à un Brexit.
Alors si Napoléon qui aurait dit « Les anglais, c’est un peuple de boutiquiers » a raison, les britanniques vont vouloir rester dans l’Union.
Mais s’il y a tant d’incertitudes c’est que probablement l’économie n’est finalement pas tout, même pas pour les britanniques.
Ce journal étonnant qui s’appelle « Le Un » qui a été fondé par Eric Fottorino et qui chaque semaine ne traite qu’un seul sujet sur une seule feuille pliée 3 fois.
Le dernier numéro du 15 juin a pour sujet le Brexit.
Et c’est ce journal qui a publié ce texte de Stefan Zweig, cet immense écrivain viennois qui a vécu dans une période terrible de l’Europe et qui s’est suicidé en 1942 dans une Europe en ruine.
Voici ce texte :  
« L’idée européenne n’est pas un sentiment premier, comme le sentiment patriotique, comme celui de l’appartenance à un peuple, elle n’est pas originelle et instinctive, mais elle naît de la réflexion, elle n’est pas le produit d’une passion spontanée, mais le fruit lentement mûri d’une pensée élevée.
Il lui manque d’abord entièrement l’instinct enthousiaste qui anime le sentiment patriotique. 
L’égoïsme sacré du nationalisme restera toujours plus accessible à la moyenne des individus que l’altruisme sacré du sentiment européen, parce qu’il est toujours plus aisé de reconnaître ce qui vous appartient que de comprendre votre voisin avec respect et désintérêt.
A cela s’ajoute le fait que le sentiment national est organisé depuis des siècles et bénéficie du soutien des plus puissants auxiliaires. Le nationalisme peut compter sur l’enseignement, l’armée, l’uniforme, les journaux, les hymnes et les insignes. »
L’Angleterre et la France ont dominé le monde, l’Allemagne était aussi une puissance mondiale. Dans le monde d’aujourd’hui et plus encore de demain ils ne peuvent être que des nains. Ce monde qui est là sera dominé par les Etats continents.
Si nous voulons jouer un rôle demain, il nous faut créer une Union européenne politique. Ce sera une Union de la raison. Cette Union ne se fera pas si la France pense que l’Union sera une France augmentée, il faudra faire de grandes concessions pour que nos partenaires puissent accepter de faire cette union avec nous.