Lundi 12/10/2015

Lundi 12/10/2015
«J’ai vécu au siècle des réfugiés
Une musette au pied de mon lit
Avec la peur au ventre, des humiliés
Des sans logis qui tremblent»
Leny Escudero
Leny Escudero ne faisait pas partie de mon univers de jeunesse qui à côté de la musique classique était composé de Brel, Ferrat, Brassens et Barbara pour l’essentiel.
Mais Frédéric Pommier qui présente la revue de presse de France Inter du week end avec poésie et créativité, m’a fait découvrir une chanson qui est extraordinaire d’actualité et de prospection.
Car en effet notre siècle sera celui des réfugiés.
Ce sont les réfugiés venant des pays en guerre comme ceux dont on parle aujourd’hui.
Mais ce sont aussi les réfugiés économiques notamment de l’Afrique dont la démographie explose et qui viendront dans les pays où ils pensent trouver plus d’opportunités.
Et avec tout cela on n’aura rien vu.
Car les plus grandes migrations viendront des réfugiés climatiques qui fuiront la montée des eaux et les désordres économiques.
D’après le rapport annuel Global Estimates du Conseil norvégien pour les réfugiés, 22 millions de personnes ont dû abandonner leur domicile en 2013 à la suite d’une catastrophe naturelle, soit trois fois plus que de personnes déplacées à cause d’un conflit. Sur ces 22 millions, 31% ont été déplacées à cause de désastres hydrologiques (inondations) et 69% à cause de catastrophes météorologiques (tempêtes, ouragans, typhons).
Que ferons nous ? Construire des murs toujours plus infranchissables ? Toujours plus armés ?
Des murs qui détermineront celles et ceux qui ont le droit de vivre et celles et ceux qui doivent mourir ?
Ou trouverons nous d’autres organisations qui permettront de partager et d’accueillir pour traiter de manière humaine ce problème immense de l’humanité.
C’est à tout cela que m’a fait penser la chanson de Leny Escudero.
Leny Escudero qui selon <cet article de Libération> était  devenu célèbre dans les années 1960 avec sa ballade «Pour une amourette» mais dont le répertoire est surtout marqué par la dénonciation des injustices.
Il est mort vendredi le 9 octobre 2015 à 82 ans.
«Il était né  dans la province espagnole de Navarre, le 5 novembre 1932 avant que ses parents ne quittent le pays ravagé par la guerre civile en 1939, pour trouver refuge en Mayenne, puis à Paris. Il grandit dans le quartier populaire de Belleville, apprenant à lire à l’école de la République, à laquelle il voue une reconnaissance éternelle pour lui avoir donné l’instruction dont ses parents furent privés. En 1962, sa carrière d’auteur-compositeur-interprète débute tambour-battant. Son premier essai est un coup de maître: «Pour une amourette» est un tube. Cette chanson qu’il défend toujours («c’est l’histoire de mon premier amour, je ne vois pas pourquoi je renierais mon premier amour», disait-il) est devenue un classique.  […] Le succès ne retient pas pour autant l’artiste qui choisit de partir pour l’Amérique du Sud. Il repasse par Paris, le temps d’enregistrer de nouvelles chansons, puis entreprend un tour du monde qui durera cinq ans avec femme et enfants, d’abord dans le confort de ses droits d’auteur, puis comme un routard. “’est sûr que pour faire carrière, admettait-il, je ne suis pas quelqu’un de très prudent”. A son retour, il revient à son métier d’artiste, écrivant des textes graves, sur la guerre d’Espagne, les dictatures, la maltraitance.»
Paroles de la chanson Le siècle des réfugiés :
Titre: LE SIECLE DES REFUGIES
Artiste: Leny Escudero – Paroles: Leny Escudero – Musique: Julian Escudero
Année: 1982
J’ai vécu
Au siècle des réfugiés
Une musette au pied de mon lit
Avec la peur au ventre
Des humiliés
Des sans logis
Qui tremblent
Les oubliés
Aux mal-partis
Ressemblent
Ils sont toujours les bras ballants
D’un pied sur l’autre mal à l’aise
Le cul posé entre deux chaises
Tout étonné d’être vivant
Ils sont souvent les en-dehors
Ceux qui n’écriront pas l’histoire
Et devant eux c’est la nuit noire
Et derrière eux marche la mort
Ils sont toujours les emmerdants
Les empêcheurs les trouble-fêtes
Qui n’ont pas su baisser la tête
Qui sont venus à contre temps
Dans tel pays c’est mal venu
Venir au monde t’emprisonne
Et chaque jour on te pardonne
Puis on ne te pardonne plus
On peut souvent les voir aussi
Sur les photos des magazines
Essayant de faire bonne mine*
Emmenez-moi au loin d’ici
Ils ont des trous à chaque main
C’est ce qui reste du naufrage
Ils n’ont pas l’air d’être en voyage
Les voyageurs du dernier train
Ils sont toujours les séparés
Le cœur perdu dans la pagaille
Les fous d’amour en retrouvailles
Qui les amènent sur les quais
Et puis parfois le fol espoir
Si elle a pu si elle arrive
De train en train à la dérive
Et puis vieillir sans la revoir

<Ici il chante cette chanson>