Mardi 2 juin 2015

Mardi 2 juin 2015
«L’immunothérapie permet des traitements efficaces contre des cancers très agressifs, pour lesquels on ne disposait que de peu de solutions. […]
On n’a jamais connu tel bouleversement»
Pr Gilles Vassal,
Directeur de la recherche clinique à l’institut Gustave-Roussy
Le Parisien du 29 mai 2015 titrait sur sa une : « Cancer : enfin un progrès décisif ».
Le journal consacre deux pages à l’immunothérapie, « technique nouvelle qui permet de soigner tous les types de tumeurs », notant que « les plus grands chercheurs, réunis à Chicago à partir d’aujourd’hui [le 29 mai 2015 donc], croient en [ce] nouveau traitement. Il est fondé sur la réaction de notre système immunitaire ».
Claudine Proust [la journaliste du Parisien] observe ainsi qu’« un grand changement arrive dans le traitement des cancers. Il a pour nom l’immunothérapie. Et ses résultats sont prometteurs.
Soigner les cancers, les réduire, les contenir par des trithérapies, comme on l’a fait pour le VIH, n’a plus rien d’une utopie ».
La journaliste relève qu’« alors que s’ouvre aujourd’hui […] le congrès annuel de l’Asco à Chicago, grand-messe mondiale des spécialistes du cancer, médecins et chercheurs s’y précipitent avec une «excitation scientifique» sans précédent, face à ce qu’ils qualifient unanimement de «bouleversement» ».
« Parmi les plus de 4.800 études qui doivent y être dévoilées, ressort la promesse d’un changement d’approche radical d’une maladie que l’on a longtemps soignée organe par organe », poursuit Claudine Proust.
La journaliste constate que « les thérapies ciblées ont ouvert la voie à ce changement. Mais la révolution, à laquelle l’édition 2015 de ce congrès ouvre la porte en grand, et dont peuvent déjà bénéficier certains malades pourtant atteints de tumeurs redoutables, «c’est la confirmation éclatante de la place centrale de l’immunothérapie dans l’arsenal thérapeutique», souligne le Pr François Sigaux, directeur de la recherche et de l’innovation à l’Institut national du cancer (INCa) ».
Le spécialiste remarque que « pendant des années, les chercheurs ont travaillé sur le côté positif : comment produire une réponse immunitaire plus forte.
Les résultats sur les animaux promettaient beaucoup, mais l’espoir est retombé : à trop booster cette réponse, on provoque aussi des maladies auto-immunes. La trouvaille, c’est d’avoir compris qu’il fallait aussi s’intéresser au côté négatif : au verrou qu’enclenche la tumeur pour freiner la réponse immunitaire ».
Claudine Proust note que « trois traitements ont déjà été découverts. «La réserve de recherche est encore grande», estime le Pr Sigaux. Ethique oblige, ces nouvelles approches sont d’abord mises à l’essai chez les patients en phase très avancée, en échec thérapeutique.
Mais les résultats sont si prometteurs que les médecins prédisent des traitements innovants, incluant l’immunothérapie, de plus en plus précoces. […]
Les études montrent que les thérapies ciblées doivent être utilisées de plus en plus tôt en combinaison entre elles ou avec des chimiothérapies classiques ».
Dans un entretien, le Pr Gilles Vassal, directeur de la recherche clinique à l’institut Gustave-Roussy, déclare notamment : « Ce qui est totalement nouveau, c’est que l’immunothérapie permet des traitements efficaces contre des cancers très agressifs, pour lesquels on ne disposait que de peu de solutions. […] On n’a jamais connu tel bouleversement, et ce n’est pas de l’emphase de ma part ».
Comment ça marche?
Notre moelle osseuse produit des cellules, les lymphocytes T, qui assurent en détectant et éliminant les attaques extérieures (microbes, virus, bactérie) et les cellules tumorales à notre organisme.
Or, les cellules cancéreuses envoient des signaux qui désactivent les lymphocytes T. Ces derniers ne sont alors plus en mesure d’identifier les attaques ni de les détruire. L’immunothérapie consiste donc à stimuler les défenses naturelles de l’organisme pour qu’elles luttent contre les cellules tumorales.
Les récentes découvertes ont permis la création d’une troisième famille de traitement. Il envoie dans l’organisme des molécules empêchant les cellules cancéreuses de désactiver les lymphocytes T, en bloquant les immunomodulateurs (CTLA4, PD-1).
Ces nouvelles thérapies consistent en des anticorps capables de bloquer les molécules impliquées dans la désactivation des lymphocytes T, appelées « immunomodulateurs » (immune checkpoints) afin de restaurer une réponse immunitaire efficace. 
« Avant, le but premier de la thérapie consistait à allonger l’espérance de vie du patient. Maintenant, on peut espérer que le cancer se transforme en pathologie chronique, ou mieux, qu’il soit guéri » explique Delphine Loirat, médecin oncologue et chercheur en immunologie à l’Institut Marie Curie.
Voilà une nouvelle qui va réjouir des millions de personnes [chaque année il y a plus de 14 millions de cas nouveaux qui sont déclarés dans le Monde].