Mardi 28 avril 2015

Mardi 28 avril 2015
« parce que ce qui compte ici,
c’est que ce sont des hommes,
des hommes en danger de mort. »
Jean-Paul Sartre
Je n’ai pas besoin de vous décrire ce qui se passe en ce moment en méditerranée, les informations des télévisions et des radios vous montrent et vous racontent ces hommes et ces femmes qui meurent, par groupe de centaines désormais.
On évoque l’accueil de 5.000 Syriens à répartir parmi le demi-milliard d’Européens
Les hommes politiques sont tétanisés, ils ont peur de leurs électeurs qui ne veulent plus d’immigrants.
David Cameron, le premier ministre anglais a annoncé (à quelques jours d’élections difficiles) qu’il enverrait un bateau de la Royal Navy en Méditerranée, mais que tout migrant sauvé par la marine britannique serait déposé sur les côtes du pays le plus proche, vraisemblablement l’Italie. Donc surtout pas au Royaume Uni.
Alors, Pierre Haski sur le site Rue 89 nous rappelle que notre pays a été exemplaire il y a plus de 35 ans, et il n’a jamais eu à le regretter. C’était en 1979, et la crise des boat people d’Indochine. A l’époque la France a recueilli sur son territoire plus de 120 000 réfugiés vietnamiens et cambodgiens qui fuyaient les régimes communistes.
En 1979, il y avait 2 immenses intellectuels : un de gauche, d’extrême gauche même, Jean-Paul Sartre et un de droite libérale Raymond Aron. Ils étaient de la même promotion de l’ENS de la Rue d’Ulm. Ils ne se parlaient plus depuis de longues années. Jean-Paul Sartre invectivait régulièrement son ancien camarade.
Mais cette catastrophe humanitaire les avait de nouveau réunis, avec d’autres, mais c’était eux qu’on voyait.
Et Jean-Paul Sartre a déclaré :
« Personnellement, j’ai pris parti pour des hommes qui n’étaient sans doute pas de ceux qui étaient mes amis au temps où le Vietnam se battait pour la liberté. Mais ça n’a pas d’importance, parce que ce qui compte ici, c’est que ce sont des hommes, des hommes en danger de mort. Et je pense que les Droits de l’Homme impliquent que tout homme doit entrer au secours de ceux qui risquent un danger de mort ou un danger de grand malaise. »
Dans l’esprit public de Philippe Meyer de ce dimanche qui traitait en seconde partie de ce sujet, Jean-Louis Bourlanges a lancé un plaidoyer dans une saine colère :
«Le sommet [européen] qui a eu lieu jeudi est effrayant. C’est un mélange de lâcheté, d’impuissance, d’hypocrisie et de numéro médiatique qui est vraiment honteux et qui marque seulement notre profonde incapacité morale, avant d’être politique et technique pour faire face correctement à ce défi […]
Nous ne voulons pas mettre d’argent dans cette affaire, nous sommes totalement radins.
Nous n’accueillons pas toute la misère du monde, nous n’en accueillons pas notre part [il fait référence à cette phrase de Michel Rocard : nous ne pouvons accueillir toute la misère du monde mais nous devons y prendre notre part ». L’Allemagne a accueilli 30 000 syriens le reste de l’Europe moins de 10 000 […]. La plus grande charge de cette misère est recueilli par des pays en développement comme l’Egypte, la Turquie, la Tunisie.
Pascal disait « Le cœur de l’homme est creux et plein d’ordures » […] Oui le cœur de l’européen est creux et plein d’ordures  ».
Rappelons que la majorité de ces femmes et hommes viennent du chaos de Syrie, de Libye et de toutes ces zones africaines qui sont la proie de la violence aveugle de chefs de guerre et de groupes terroristes. Ils connaissent le risque et le prix pour venir vers l’Europe. Ils préfèrent mourir que de rester là où ils sont.
« Ce qui compte, c’est que ce sont des hommes, des hommes en danger de mort », disait Jean-Paul Sartre…