Mardi 2 septembre 2014

Mardi 2 septembre 2014
« Je veux devenir institutrice,
pour faire chier les mômes »
Raymond Queneau – Zazie dans « Zazie dans le métro »
film de Louis Malle
En ce jour de rentrée, m’est revenu ce mot de Zazie dans le métro.
Zazie le dit à son oncle (joué par Philippe Noiret) qui lui demande ce qu’elle veut faire plus tard.
Ce mot du jour nous incite certainement à de la nostalgie, nostalgie d’instituteurs ou de professeurs dont nous nous souvenons parce qu’ils ont ouvert, formé et enrichi notre esprit.
Il y en avait finalement peu qui ont embrassé ce métier « pour faire chier les mômes ». Pour quelques-uns ou unes j’ai cependant des doutes … C’était peut-être une de leur motivation.
Aujourd’hui, il semble que sur ce plan c’est plus souvent dans l’autre sens que « l’embêtement maximum » se réalise.
Et d’ailleurs le métier d’enseignant n’attire plus, preuve en est que le gouvernement n’arrive pas à recruter les 60 000 postes supplémentaires qu’il entend créer.
Un remarquable article du Monde donne l’avis du Directeur de l’Education de l’OCDE (un allemand). Je joins l’article à ce message et j’en tire l’extrait suivant :
« L’enseignement n’est pas pertinent en France. On y est en décalage. Le monde moderne se moque bien de ce que vous savez. Il s’intéresse à ce que vous savez en faire. Il a besoin de gens créatifs, capables de croiser les sujets quand l’école française fait encore trop réciter des leçons. En France plus qu’ailleurs, on n’enseigne pas suffisamment ce qui sera pertinent pour réussir sa vie ! »
L’inoubliable interprète de Zazie fut Catherine Demongeot. Elle ne fit pas de film, arrivé à l’âge adulte, mais devint enseignante après une agrégation en sciences sociales.
Elle déclara en 2011 avoir de la nostalgie pour Zazie, mais pas pour le cinéma. Le 16 mai 2014 elle a eu 64 ans.
Dans le film elle était Zazie :

Que le Ciel vous tienne en joie et n’hésitez pas à voir ou à revoir « Zazie dans le métro »

Lundi 1er septembre 2014

« Les mots sont les passants mystérieux de l’âme »
Victor Hugo Les Contemplations Livre I. Poème VIII « Suite » (1854)

Eh bien essayons de continuer cette discipline quotidienne du mot du jour. Pour m’en convaincre j’ai reçu les protestations de certains à l’idée de finir ce défi et ce 8ème poème du livre Un des contemplations de Victor Hugo :

« Car le mot qu’on le sache est un être vivant ».

Cette période de congé m’a permis de faire le point, depuis le 9 octobre 2012, le présent mot est le 339ème de cette série.

Que le ciel et les mots de Hugo vous tiennent en joie. Ce poème étant fort long je me permets d’en citer des extraits :

Car le mot, qu’on le sache, est un être vivant.
La main du songeur vibre et tremble en l’écrivant;
La plume, qui d’une aile allongeait l’envergure,
Frémit sur le papier quand sort cette figure,
Le mot, le terme, type on ne sait d’où venu,
Face de l’invisible, aspect de l’inconnu;
Créé, par qui? forgé, par qui? jailli de l’ombre;
Montant et descendant dans notre tête sombre,
[…]

Oui, vous tous, comprenez que les mots sont des choses.
Ils roulent pêle-mêle au gouffre obscur des proses,
Ou font gronder le vers, orageuse forêt.
Du sphinx Esprit Humain le mot sait le secret.
[…]

Tel mot est un sourire, et tel autre un regard;
De quelque mot profond tout homme est le disciple;
Toute force ici-bas a le mot pour multiple;
[…]

Ce qu’un mot ne sait pas, un autre le révèle;
Les mots heurtent le front comme l’eau le récif;
Ils fourmillent, ouvrant dans notre esprit pensif
Des griffes ou des mains, et quelques-uns des ailes;
Comme en un âtre noir errent des étincelles,
Rêveurs, tristes, joyeux, amers, sinistres, doux,
Sombre peuple, les mots vont et viennent en nous;
Les mots sont les passants mystérieux de l’âme
Chacun d’eux porte une ombre ou secoue une flamme;
[…]

Le mot dévore, et rien ne résiste à sa dent.
A son haleine, l’âme et la lumière aidant,
L’obscure énormité lentement s’exfolie.
Il met sa force sombre en ceux que rien ne plie;
[…]

Oui, tout-puissant! tel est le mot. Fou qui s’en joue!
Quand l’erreur fait un nœud dans l’homme, il le dénoue.
Il est foudre dans l’ombre et ver dans le fruit mûr.
Il sort d’une trompette, il tremble sur un mur,
Et Balthazar chancelle, et Jéricho s’écroule.
Il s’incorpore au peuple, étant lui-même foule.
Il est vie, esprit, germe, ouragan, vertu, feu;
Car le mot, c’est le Verbe, et le Verbe, c’est Dieu.

<L’intégralité du poème se trouve ici avec l’intégralité des Contemplations>

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