Ludwig van Beethoven a été baptisé le 17 décembre 1770 à Bonn.
Il est né à cette date ou avant cette date. Le jour précis de son arrivée dans la communauté des vivants n’est pas connu.
Mais ce qui est certain, c’est qu’il est né en décembre 1770. C’est donc il y a un quart de millénaire.
Il était donc indispensable que j’écrive à la fin de cette année 2020, une série de mots du jour pour honorer, ce géant de la musique, de l’art, de la culture occidentale et de la culture humaine.
J’avais déjà consacré un certain nombre de mots du jour à Beethoven, mais cette série écrite en décembre 2020, autour de la date anniversaire, en compte treize.
1. « Beethoven : sans lequel la musique de notre temps ne saurait exister »
Jean Barraqué
Mot du jour du Jeudi 10 décembre 2020
Ce premier mot du jour de la série fut consacré à essayer d’esquisser la place que Beethoven a joué dans l’Histoire de la musique classique.
Donner un classement des compositeurs n’aurait pas de sens, mais il faut admettre que dans l’Histoire de la musique il y eut un avant Beethoven et un après Beethoven.
Ce sont les compositeurs du XXème siècle qui ont le mieux compris cette place centrale et éminente.
Au XIXème siècle, à quelques exceptions près, beaucoup n’ont pas compris la musique de Beethoven de la dernière période, celle de l’avenir.
2. « Beethoven est le premier [musicien] à avoir mis l’homme au centre. »
François-Frédéric Guy
Mot du jour du Vendredi 11 décembre 2020
François-Frédéric Guy est un remarquable pianiste français, très bel interprète de Beethoven.
Il parle de l’humanité de Beethoven dans des termes très justes et très pertinents : « Il y a eu des génies avant Beethoven, évidemment ! Je parle uniquement musicalement : on peut citer Bach, Haendel, Mozart, Haydn, mais Beethoven est le premier à mettre l’homme au centre.
Et non pas à glorifier un Dieu qu’on espère immense, solaire à l’image de ce qu’a fait Bach ou Haendel et même Mozart dans un certain sens. […].
Je tiens vraiment à le dire, c’est le premier qui ose. Avant on parle de la divinité, on parle de Dieu, on parle des grandes choses, mais Beethoven parle de l’homme. Il parle aussi de ses turpitudes, ses vicissitudes, ses désespoirs, ses petitesses, autant que de sa mystique, de sa grandeur, de ses aspirations au divin. A surpasser sa condition pour arriver à un idéal humain. Et cela c’est vraiment la définition de l’œuvre de Beethoven. »
3. « La trahison du biographe de Beethoven. »
La biographie d’Anton Schindler a fait longtemps autorité jusqu’à ce que l’on constate qu’il y avait des falsifications.
Mot du jour du Lundi 14 décembre 2020
Anton Schindler a été le premier biographe de Beethoven.
Il a fait longtemps autorité jusqu’à ce que l’on constate qu’il y avait de nombreuses falsifications.
Cet homme qui en fin de compte a été proche de Beethoven relativement peu de temps, a voulu utiliser la réputation du compositeur pour asseoir sa propre notoriété.
Les musicologues, fort de cette compréhension, ont retravaillé les sources primaires pour décrire un Beethoven plus authentique.
4. « Ce grand père [Ludwig l’ancien] va lui permettre de se forger le mythe de la grandeur et du grand individu qui n’arrêtera pas de le porter et de le pousser. »
Bernard Fournier
Mot du jour du mardi 15 décembre 2020
Contrairement aux Bach, musiciens dont la lignée s’étend sur sept générations, la famille Beethoven n’est musicienne que depuis deux générations.
Dans ce mot du jour je me suis intéressé à la famille dans laquelle est née Beethoven.
Sa famille est originaire de la Flandre et a émigrée vers Bonn qui était la résidence de l’archevêque de Cologne.
C’est son grand père Ludwig l’ancien qui a joué un rôle essentiel dans l’imaginaire de Beethoven.
5. «Recevez des mains de Haydn l’esprit de Mozart !»
Parole du Comte von Waldstein à Beethoven lors de son départ pour Vienne prendre des cours avec Haydn
Mot du jour du Jeudi 17 décembre 2020
Beethoven a commencé sa carrière musicale à Bonn.
Mais c’est à Vienne qu’il épanouira d’abord sa carrière de pianiste puis sa destinée de compositeur.
Il rencontrera Mozart puis Haydn qui lui conseillera de venir étudier auprès de lui en le rejoignant à Vienne.
Il le fera grâce à l’appui de généreux mécènes.
C’est le principal d’entre eux, le Comte von Waldstein qui lui écrira ce conseil lors de son départ vers la capitale de l’empire d’Autriche où Mozart venait de mourir
Haydn fut son premier maître, mais il en eut quelques autres.
6. « Beethoven, Bonaparte, Napoléon, des œuvres, des dédicataires et des mécènes »
Un récit simple qui cache une grande complexité
Mot du jour du Vendredi 18 décembre 2020
Beethoven eut beaucoup de mécènes au cours de sa vie.
Il les remercia en leur dédiant ses œuvres.
Grâce à ce fait beaucoup restent connus parce que leurs noms restent associés à des œuvres majeures du répertoire.
Dans ce contexte la relation entre Beethoven et Napoléon qui ne se sont jamais rencontrés a été complexe et contrariée.
7. « C’est l’art et seulement lui, qui m’a retenu, ah ! il me semblait impossible de quitter le monde avant d’avoir fait naître tout ce pour quoi je me sentais disposé, et c’est ainsi que j’ai mené cette vie misérable »
Ludwig van Beethoven, dans le « Testament d’Heiligenstadt » du 6 octobre 1802
Mot du jour du Lundi 21 décembre 2020
Ludwig van Beethoven aimait rire et boire. Il aimait la compagnie, avait beaucoup d’amis et du succès auprès des femmes.
Il n’était pas beau mais disposait d’un charisme incroyable. Et il subjuguait les élites viennoises par sa virtuosité pianistique et ses talents d’improvisateur.
Sa musique se vendait très bien et il disposait de mécènes riches qui lui permettaient de vivre confortablement.
Il disposait donc énormément d’atouts dans sa vie pour vivre avec bonheur, passion et réussite.
Mais il sera atteint d’une infirmité terrible pour son art : il devint sourd.
Il mit beaucoup de temps avant de le révéler à son entourage.
Ce fut aussi l’objet principal du testament d’Heiligenstadt qu’il écrira en 1802 mais qui ne fut découvert qu’à sa mort en 1827.
8. « Ce sourd entendait l’infini »
Victor Hugo évoquant Ludwig van Beethoven
Mot du jour du Mardi 22 décembre 2020
Victor Hugo aimait Beethoven.
Il lui a consacré un poème magnifique.
9. « Beethoven et ses trois styles »
Wilhelm von Lenz, livre de 1852 réédité en 1919
Mot du jour du Mercredi 23 décembre 2020
C’est un musicologue qui a initié cette analyse qui découpait l’œuvre de Beethoven en 3 périodes.
Chaque période correspondant à un style particulier.
C’est en m’appuyant sur cette typologie que j’ai essayé d’embrasser l’ensemble de l’œuvre de Beethoven.
10. « Ce n’est pas pour vous, c’est pour les temps à venir. »
Ludwig van Beethoven
Mot du jour du Jeudi 24 décembre 2020
Beethoven fut célèbre de son vivant.
Mais les œuvres qui l’ont rendu célèbre sont davantage les œuvres de la première période et non celles de la dernière période.
Or c’est dans cette dernière période qu’il fut le plus génial et le plus visionnaire.
Et pour ces œuvres il fut incompris.
Mais il continua son chemin et savait qu’il écrivait la musique de l’avenir.
11. « Après cela, que reste-t-il à écrire ? »
Franz Schubert à propos du 14ème quatuor à cordes de Beethoven
Mot du jour du Lundi 28 décembre 2020
Schubert fut un de ceux qui comprirent le mieux Beethoven et son génie.
Lui a tout de suite su que le 14ème quatuor à cordes était une œuvre majeure.
Il voulut encore l’entendre dans les dernière heures de sa courte vie.
12. « Beethoven victime de la “cancel culture aux Etats-Unis »
Emmanuel Dupuy dans « Diapason »
Mot du jour du Mardi 29 décembre 2020
Dans ce mouvement fou de la cancel culture, Beethoven est aussi attaqué désormais.
C’est un article publié sur le média en ligne Vox, par le musicologue Nate Sloan et le journaliste Charlie Harding prenant pour cible la 5ème Symphonie qui a lancé cette polémique.
Dans leur vision cette symphonie a été érigée par «les personnes au pouvoir, en particulier les hommes blancs et riches » comme le «symbole de leur supériorité et de leur importance».
13. « Une expérience spirituelle unique où les grandes sonates pour piano rencontrent les ragas indiens dans une fraternité universelle, celle que défendait sans cesse Beethoven »
Shani Diluka
Mot du jour du Mercredi 30 décembre 2020
Pour finir la série sur Beethoven, j’ai pris l’opportunité d’un disque et de la démarche d’une pianiste d’origine sri lankaise qui a associé la musique de Beethoven avec la musique indienne.
Shani Diluka a pensé être autorisé à faire cette démarche quand elle a découvert que Beethoven, dans les dernières années de sa vie, s’est intéressé et a recopié à la main des textes mystiques indiens et en a surligné certains mots essentiels : Soleil, éther, Brahma.
Dans sa surdité, dans son enfermement, dans le silence centré sur sa destinée d’écrire une musique imprévisible pour les « temps à venir », il a continué à rester ouvert à la sagesse et à la culture humaine issues de civilisations situées dans d’autres contrées de notre planète et à s’en nourrir.
C’est une part supplémentaire de son universalisme qui nous est révélée.