Vendredi 2 octobre 2020

« L’année 1828 fut l’année la plus féconde de toute l’histoire de la musique parce que c’est la dernière de la vie de Schubert, pendant laquelle il a écrit tant de chefs d’œuvre.»
Benjamin Britten

C’est au cœur de la période de confinement, comme je l’explique sur la page qui présente la série de mots du jour, consacrés aux œuvres de l’année de 1828 de Schubert, que j’ai eu cet élan pour essayer d’interroger cette affirmation du grand compositeur anglais Benjamin Britten.
Depuis que je me suis éveillé à la musique, il y a environ 50 ans, j’ai aimé la musique de Franz Schubert, comme une musique de l’intime, de l’émotion et de l’évidence.

Oui, j’aime passionnément Schubert.

Pour réaliser cette série, je suis allé plus loin que pour toutes les autres séries et mots du jour que j’ai écrits jusqu’à présent.

J’ai d’abord fait la liste de toutes les œuvres qu’il avait écrites en 1828. J’ai acheté les quelques œuvres que je n’avais pas.

Ces œuvres, dont je connaissais quand même la plus grande part, presque toutes, je les ai écoutées et réécoutées pendant tous ces mois, depuis avril jusqu’à septembre. Je crois que certaines d’entre elles, je les ai écoutées plus de vingt fois.

Cela a donné 11 mots du jour.

Les dix premiers sont consacrés chacun a un chef d’œuvre et le onzième à toutes les autres œuvres, il s’agit encore de 20 œuvres mais dont deux ont été perdues.


J’aime faire des pas de côté.

Hier, en parlant de Trump et de la démocratie américaine j’ai atterri sur la mort de Socrate

Aujourd’hui, je vais vous parler de Spotify et de son patron Daniel Ek qui est suédois.

Pour celles et ceux qui ne le savent pas, Spotify est une plate-forme de streaming musical.

La différence entre un robinet et Spotify c’est que d’un robinet coule de l’eau, alors que de Spotify coule de la musique ou quelquefois simplement des sons dont le lien avec la musique est ténu.

En tout cas, c’est une entreprise qui veut utiliser de l’Art ou des choses qui y ressemblent pour faire de l’industrie.

Les vrais artistes sont très peu payés, contrairement au patron du robinet qui lui est immensément riche.

Daniel Ek a fait une déclaration pendant cet été 2020 qui a fait beaucoup réagir.

Dans une interview accordée à Music Ally, il a lancé aux artistes cet avertissement :

« Certains artistes qui réussissaient dans le passé pourraient bien ne plus réussir dans le futur. On ne peut pas enregistrer de la musique tous les trois ou quatre ans et penser que cela va suffire ».

C’est un raisonnement d’industriel, qui veut que son robinet soit de mieux en mieux approvisionné.

C’est aussi un raisonnement de capitaliste qui prévient ses salariés que s’ils veulent gagner plus ou même simplement gagner autant, il va falloir améliorer la productivité.

C’est enfin quelqu’un qui n’a aucun respect pour les artistes et pour le temps de la maturation nécessaire à l’acte de création.

Gide aurait dit : « je ne juge pas, je condamne ! »


Mais après avoir fait ce pas de côté et condamné ce triste sire, revenons à Schubert.

A l’aune de ce que nous venons d’évoquer, Schubert a créé, en dix mois, entre janvier et octobre 1828, l’équivalent de 12 albums.

Je ne sais pas ce que diront dans 200 ans nos successeurs des albums réalisés par Beyoncé, Michael Jacskon, Madonna et les autres.

Mais ce que je peux dire, c’est que deux cent ans après 1828, les dix albums qui correspondent aux dix chefs d’œuvres dont j’ai parlé précédemment continuent à faire naître l’émotion, à faire vibrer celles et ceux qui se donnent la peine à s’ouvrir à cette musique qu’un jeune homme de 31 ans a composé, pardon il est plus juste d’écrire : qu’un génie a offert à la postérité et à l’humanité.

Je vous donne le lien vers la page qui présente l’ensemble de la série : <Franz Schubert : l’année 1828>

Et aussi la liste de l’ensemble des mots de la série

Nr 

Œuvres 

Lien

1  Fantaisie D. 940 pour piano à quatre mains.  Samedi 25 avril 2020 
2  Symphonie no 9 en ut “La Grande” D. 944 Samedi 2 mai 2020 
3  Sonate pour piano N°19 D. 958  Vendredi 8 mai 2020 
4  Sonate pour piano N°20 D. 959  Samedi 9 mai 2020 
5  Sonate pour piano N°21 D. 960  Dimanche 10 mai 2020 
6  Le chant du cygne D. 957  Lundi 24 août 2020 
7  Messe N°6 en mi mineur D. 950 Mercredi 26 août 2020 
8  Klavierstücke D 946  Jeudi 27 août 2020 
9  La dernière œuvre de Schubert D 965  Vendredi 28 août 2020 
10  Le quintette à cordes D 956  Mardi 1 septembre 2020 
11  Les autres œuvres de 1828 Vendredi 4 septembre 2020 

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2 réflexions au sujet de « Vendredi 2 octobre 2020 »

  • 6 octobre 2020 à 0 h 54 min
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    Voilà qui remet les choses en place ! Mes enfants me font écouter souvent de la musique actuelle et j’en apprécie vraiment une partie. Mais même dans ce cas je ne peux m’empêcher de leur dire : c’est très bien mais il y a quand même plus d’invention dans deux mesures de n’importe Laquelle des œuvres de Schubert que dans la totalité de cette chanson et même de l’album de cet artiste !!

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    • 6 octobre 2020 à 0 h 54 min
      Permalink

      Oui je comprends ça.
      Je me souviens qu’il y a bien longtemps j’avais basculé 2 semaines dans l’écoute exclusive de musique non classique. C’était du haut de gamme Brel, Ferrat, Barbara etc…Je trouvais cela génial. Et par hasard, au bout de 2 semaines, j’ai allumé la radio et j’ai entendu une oeuvre que je ne connaissais pas, mais dont j’ai appris par la suite que c’était du Max Reger. au bout de quelques secondes il s’est passé quelque chose que je pourrais résumer comme ça c’est beau Brel, Ferrat et Barbara mais ce que j’entendais était une musique plus riche, plus construite et qui touchait d’autres fibres de mon humanité.
      Et Max Reger n’est pas Franz Schubert.

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