Franz Schubert : l’année 1828

Il peut paraître paradoxal d’avoir consacré une série de mots du jour à Schubert et à ses dernières œuvres, l’année 2020 qui est celle des 250 ans de la naissance de Beethoven.

A l’analyse, je devais probablement acquitter ma dette envers Franz Schubert le musicien de l’ombre mais qui pour moi a toujours été le musicien de l’émotion et de l’évidence, avant de pouvoir passer au monument Beethoven.

Schubert qui croisa Beethoven à Vienne sans jamais oser l’aborder car il se sentait trop petit pour ce géant.

Pourtant il semble, comme le rappelait Olivier Bellamy dans un article du Monde de la musique de mai 2007, que Beethoven aurait dit sur son lit de mort à la lecture de lieder de Schubert : «Dans la musique de ce Schubert, il y a une étincelle divine

Il est bien certain que si Beethoven a eu accès aux œuvres de Schubert, il n’est pas envisageable qu’il n’ait pas été saisi, comme nous, par cette extraordinaire capacité de toucher immédiatement au plus profond de notre être.

Il a fallu des circonstances particulières pour que cette entreprise, d’écrire une série de mots du jour sur les ultimes œuvres de Schubert, puisse prospérer : Un confinement inédit et sidérant qui nous a obligé à garder la chambre ou au moins l’appartement pendant plusieurs mois.

La demande de mon ami Jean-François de Dijon d’écrire dans ces conditions aussi un mot du jour le Weekend.

La quête de ces mots du jour particuliers et l’écoute de la Fantaisie pour piano à quatre mains D. 940 qui m’a conduit à en faire un mot du jour.

Et au moment de l’écriture, le souvenir d’une phrase de Benjamin Britten entendue dans une émission d’une radio suisse, il y a quelques années.

Britten disait que l‘année 1828 avait été la plus féconde de toute l’histoire de la musique occidentale parce qu’elle fut la dernière de la courte vie de Schubert et qu’elle fut l’année d’un nombre incroyable de chefs d’œuvre.

C’est ainsi que m’est venu cette idée d’écouter, de réécouter et de découvrir celles des œuvres que je ne connaissais pas encore de l’année 1828 et d’interroger l’affirmation de Benjamin Britten.

Ce fut un travail exhaustif, exaltant et contraignant que j’ai ainsi réalisé.

Ma conclusion est sans ambigüité, Benjamin Britten avait raison.

Ce fut une année miraculeuse, pendant laquelle un jeune homme ayant à peine 30 ans, se sachant condamné, même s’il ignorait que ce fusse si court, va se jeter dans une course contre la montre et la mort pour tenter de donner au monde des vivants le maximum de ce que son génie était capable de produire en dix mois.

J’ai donc écrit dix mots du jour consacrés chacun à un monument de la musique. Et puis un onzième qui énumérait les 18 autres pièces composées et non perdues pour en souligner encore quelques merveilles.

Ce travail éminemment personnel peut déborder la capacité d’écoute, d’attention ou simplement le temps que vous pouvez y consacrer.

Mais je crois que c’est ainsi que fonctionne le mot du jour : j’entends, j’approfondis, j’essaye de comprendre ou simplement comme ici d’être en mesure de capter l’indicible et puis partager ce que je suis capable de partager.

A Chacun, alors de recueillir ce qu’il est capable de recevoir.

Dans ces 11 mots du jour il en est encore plus personnel que les autres, celui consacré au quintette en ut pour 2 violoncelles D. 956, l’opus magnum de la musique de chambre a dit Christine Mondon que je citais et dont je trouve la formule si juste.

Et si cet opus magnum vous effraie et vous semble hors de portée, entrez dans la musique de Schubert simplement par le Klavierstucke N° 2 D. 946, en français «morceau de musique de piano».

D’abord une petite mélodie simple, romantique presque insouciante mais au bout de 2 minutes, les touches graves du piano annoncent tout autre chose et viennent confronter dans la profondeur de l’âme humaine toute la complexité de nos sentiments et de notre vie.

Il faut écouter cette pièce par la pianiste portugaise Maria Joao Pires qui par sa sensibilité rend chaque note de Schubert évidente, de sorte qu’il ne s’agit plus de notes mais de la Musique. <c’est ici>
Cette page et ces articles sont ici pour un certain temps. Vous pouvez y venir ou y revenir aussi souvent que vous le souhaiterez et surtout vous remplir ici ou ailleurs de la musique de ce génie qui avait pour nom Franz Schubert et qui est mort à 31 ans.

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Œuvres 

Lien

1  Fantaisie D. 940 pour piano à quatre mains.  Samedi 25 avril 2020 
2  Symphonie no 9 en ut “La Grande” D. 944 Samedi 2 mai 2020 
3  Sonate pour piano N°19 D. 958  Vendredi 8 mai 2020 
4  Sonate pour piano N°20 D. 959  Samedi 9 mai 2020 
5  Sonate pour piano N°21 D. 960  Dimanche 10 mai 2020 
6  Le chant du cygne D. 957  Lundi 24 août 2020 
7  Messe N°6 en mi mineur D. 950 Mercredi 26 août 2020 
8  Klavierstücke D 946  Jeudi 27 août 2020 
9  La dernière œuvre de Schubert D 965  Vendredi 28 août 2020 
10  Le quintette à cordes D 956  Mardi 1 septembre 2020 
11  Les autres œuvres de 1828 Vendredi 4 septembre 2020