[…] Seid umschlungen, Millionen !
Diesen Kuß der ganzen Welt !»
Tous les hommes deviennent frères ;[..]
Soyez enlacés, millions !
Ce baiser au monde entier !
Un enchantement !
Ce samedi 12 septembre, l’orchestre National de Lyon faisait sa rentrée dans l’écrin de l’auditorium de Lyon.
Léonard Slatkin, qui a donc 70 ans, a choisi la 9ème symphonie de Beethoven qui se termine par l’Ode à la joie sur un texte de Friedrich Schiller pour ce début de sa 5ème saison à Lyon.
Léonard Slatkin est un grand chef qui dirige magistralement ce chef d’œuvre.
Si vous prenez une des grandes interprétations enregistrées de cette œuvre, vous trouverez des chefs comme Furtwaengler, Toscanini, Klemperer, Karajan qui ont encore une plus grande dimension que Slatkin dans l’art de l’interprétation.
Et même si les merveilleux musiciens de l’Orchestre de Lyon forment un bel orchestre, il n’a pas la qualité de l’Orchestre Philharmonique de Berlin, de Vienne, de l’Orchestre du ConcertGebow d’Amsterdam, de la Staatskapelle de Dresde ou du Chicago Symphony Orchestra.
Pourtant, je vous le dis, jamais une musique enregistrée, même écoutée dans les meilleures conditions techniques ne pourra atteindre l’émotion et la somptuosité d’une belle interprétation en direct dans une salle de concert digne de ce nom.
Et comme Slatkin est non seulement un grand chef mais aussi un show man américain, il a eu l’idée à la fin du concert de faire chanter l’ensemble du public de l’auditorium Maurice Ravel, donc 2120 personnes (il ne restait aucune place de libre) un extrait de l’ode à la joie, car on avait distribué une partition à l’entracte.
Cela ajouta à l’euphorie du concert.
Vous allez me poser la question : Mais pourquoi est-il pertinent, mis à part le fait que tu sois allé à ce concert, de parler aujourd’hui de l’ode à la joie de Schiller mise en musique par Beethoven ?
D’abord parce que lorsqu’on est passionné, le besoin de partager sa passion est irréfragable.
Ensuite parce qu’il est toujours sage d’apprendre, même des bribes de savoir, d’un passionné.
Et puis vous n’êtes pas sans savoir que l’ode à la joie sert depuis 1986 comme base à <l’hymne européen>
En raison de la multiplicité des langues de l’Union, il s’agit d’un hymne sans parole, la musique étant un langage universel.
Et cette ode est un hymne à la fraternité que Beethoven, dans sa croyance panthéiste, a offert au Monde.
La fraternité qui est aussi le troisième terme de la devise de la République française.
La fraternité que Régis Debray a expliqué si justement :
«Être fraternel, c’est faire famille avec ceux qui ne sont pas de la famille.»
(Mot du jour du 13 février 2013)
Et c’est pourquoi je trouve ce rappel pertinent en pleine crise des réfugiés.
L’ode à la joie a aussi été utilisée par Léonard Bernstein pour célébrer la chute du mur de Berlin et il a interprété cette œuvre en remplaçant le mot de « joie » par celui de « liberté ».
En français, remplacer « joie » par «liberté» pose une difficulté de syllabes et de rythme.
Mais tel n’est pas le cas en allemand où remplacer « Freude » par « Freiheit » est aisée, on pourrait aussi le remplacer par «Friede» (paix).
Voici une belle interprétation de la 9ème symphonie de Beethoven : <Chicago Symphony Orchestra – Riccardo Muti>
Et voici la 9ème utilisée comme musique d’un ballet de Maurice Béjart. <Il s’agit d’un extrait – ici le 3ème mouvement>
Voici la version de la liberté à Berlin de Bernstein <Bernstein dirige à Berlin l’ode à la Liberté>
Et voici < l’hymne européen >
Voici le texte de L’ode à la joie :
Joie ! Joie ! Belle étincelle divine,
Fille de l’Elysée,
Nous entrons l’âme enivrée
Dans ton temple glorieux.
Ton magique attrait resserre
Ce que la mode en vain détruit ;
Tous les hommes deviennent frères
Où ton aile nous conduit.
Si le sort comblant ton âme,
D’un ami t’a fait l’ami,
Si tu as conquis l’amour d’une noble femme,
Mêle ton exultation à la nôtre!
Viens, même si tu n’aimas qu’une heure
Qu’un seul être sous les cieux !
Mais vous que nul amour n’effleure,
En pleurant, quittez ce chœur !
Tous les êtres boivent la joie,
En pressant le sein de la nature
Tous, bons et méchants,
Suivent les roses sur ses traces,
Elle nous donne baisers et vendanges,
Et nous offre l’ami à l’épreuve de la mort,
L’ivresse s’empare du vermisseau,
Et le chérubin apparaît devant Dieu.
Heureux, tels les soleils qui volent
Dans le plan resplendissant des cieux,
Parcourez, frères, votre course,
Joyeux comme un héros volant à la victoire!
Qu’ils s’enlacent tous les êtres !
>Ce baiser au monde entier !
Frères, au-dessus de la tente céleste
Doit régner un tendre père.
Vous prosternez-vous millions d’êtres ?
Pressens-tu ce créateur, Monde ?
Cherche-le au-dessus de la tente céleste,
Au-delà des étoiles il demeure nécessairement
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