Mercredi 9 décembre 2015

Mercredi 9 décembre 2015
«Si on a peur, ils ont gagné.»
Tignous
Vous savez que Bernard Verlhac, dit Tignous fut un des dessinateurs de Charlie Hebdo assassiné le 7 janvier 2015 dans les locaux du journal par une première vague de tueurs.
La femme de Tignous, Chloé Verlhac, aurait dû faire une séance de dédicace sur un marché de Noël du Cher. Mais cette séance a été annulée. <C’est Le parisien qui nous l’apprend.>
Le patron du café-librairie de Sancerre, qui l’avait invité, a confirmé avoir dû renoncer à faire venir la veuve de Tignous au marché de Noël organisé chaque premier dimanche de décembre par l’association des parents d’élèves de Sury-en-Vaux et Verdigny, non loin de Sancerre. Ce marché regroupe une cinquantaine d’exposants. Une séance de dédicaces est néanmoins programmée à la place le même jour à la même heure chez un vigneron, a-t-il ajouté.
«Tignous disait : si on a peur, ils ont gagné. Il était hors de question qu’on ne vienne pas, qu’on leur laisse le terrain», a souligné Chloé Verlhac, qui s’exprimait alors face à un public réuni dans une librairie de la ville rose. «C’est vrai, je suis dangereuse, a-t-elle ironisé. Trois jours après les attentats de novembre, on a fait une séance de dédicaces. Je suis allé à Montreuil…. Il n’y a jamais de problèmes.»
L’imbroglio a débuté le 20 novembre quand Olivier Bourdon a communiqué le nom des écrivains invités sur son stand pour ce marché traditionnel. Outre Chloé Verlhac, il y avait notamment Hélène Honoré, la fille du dessinateur Honoré tué lui aussi lors des attentats de janvier, ainsi que Raynal Pellicer, auteur d’un documentaire d’immersion sur la brigade criminelle.
Selon le libraire, c’est d’abord un officier de gendarmerie qui est venu se plaindre de l’invitation de la veuve de Tignous alors que son travail, a-t-il dit, est «d’assurer la sécurité» de la population. Samedi, ce sont les maires de Sancerre et de Verdigny qui ont demandé à la préfecture le report «de trois mois» de cette séance de dédicaces compte tenu «de l’état d’urgence et des risques que fait courir» Chloé Verlhac, rapporte Olivier Bourdon. Finalement, c’est l’association des parents d’élèves qui a demandé l’annulation. Certains membres craignaient pour «la sécurité de leur enfant» et estimaient que la femme de Tignous «n’a rien à faire” à leur marché», déplore le libraire.
Vous trouverez aussi un article dans l’Express
Oui, si nous avons peur, ils ont gagné. Je rappellerai ce propos de Benjamin Franklin, l’un des Pères fondateurs des États-Unis (1706-1790) : « Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l’une ni l’autre, et finit par perdre les deux.»

Chloé Verlhac et Tignous

Mardi 8 décembre 2015

Mardi 8 décembre 2015
«Nous avons regardé le Coran, comme nous avons regardé la Bible et les Evangiles, avec un regard de laïc»
Gérard Mordillat et Jérôme Prieur dans leur interview avec Patrick Cohen le vendredi 04/12/2015
Gérard Mordillat et Jérôme Prieur sont de remarquables décrypteurs des textes sacrés. J’ai été passionné par Corpus Christi et par l’Origine du christianisme. Je n’ai pas vu l’Apocalypse.
Et ils viennent de finir un travail sur le Coran. Ils ont écrit un livre : <Jésus selon Mahomet>
Et puis ils ont filmé 7 épisodes qui vont être diffusés à partir de ce soir à 20:55 <sur Arte : Jésus et l’Islam> puis le 9 et le 10 décembre.
C’est pour parler de cette étude qu’ils étaient les invités de Patrick Cohen, vendredi le 4 décembre. <Dès lors qu’on sort du catéchisme les textes sacrés sont passionnants>
Ils ont aussi fait l’objet d’un article du Monde joint. J’en tire ces extraits :
«Pourquoi, après le « Nouveau Testament », vous être tournés vers le Coran ?
Nous sommes partis de l’histoire des judéo-chrétiens, ces laissés-pour-compte qui, chassés de partout, se sont installés aux premières marches de ce qui deviendra le berceau de l’islam. Leur présence est attestée. C’est ainsi que nous en sommes arrivés au Coran et à la place tout à fait singulière qu’il fait à Jésus, prophète et messie dans l’islam, qui se trouve cité beaucoup plus souvent que Mahomet lui-même dans le texte. Puis nous nous sommes mis à travailler. Comme toujours, nous avons défini un petit objet : deux versets de la sourate 4 qui racontent la crucifixion de Jésus. En examinant chaque mot, on a pu tirer tous les fils qui arrivent jusqu’à l’islam.
[…] Le Coran est un livre très compliqué, un texte à la fois clair et obscur. Il n’est pas narratif, pas continu. Depuis le Moyen Age, les savants musulmans se perdent en conjectures pour retrouver l’ordre dans lequel le texte a été révélé, mis par écrit. Aujourd’hui, personne n’est d’accord. Autre difficulté : on trouve bien des inscriptions, des poésies antérieures au Coran, mais elles ont été mises par écrit après. Il y a de nombreux textes parallèles permettant de situer le contexte du Nouveau Testament, mais on n’en trouve pas l’équivalent dans le monde musulman.
En considérant le Coran comme un objet historique et non simplement comme la parole de Dieu, êtes-vous conscients d’avoir abordé des problématiques qui interfèrent avec l’actualité ?
On aborde un terrain sensible car, dogmatiquement, le Coran étant la parole de Dieu, il ne peut être ni traduit ni commenté. Il y a eu cette chose affreuse, la fermeture de la pensée critique islamique à notre XIe siècle, qui à mon avis pèse aujourd’hui de façon directe ou indirecte sur la conscience de bien des musulmans. Mais on s’est rendu compte, avec les chercheurs rencontrés, qu’il y a tout de même un essor de la recherche. […]  Notre approche est résolument non confessionnelle. C’est valable aussi bien pour le Coran que pour le Nouveau Testament. Elle n’est pas polémique non plus. Notre projet est d’envisager le Coran comme un livre que l’on peut lire en tant qu’honnête homme. […]
Il y a un écart considérable entre le texte du Coran et ce que dit la tradition. Dans la lecture par la tradition, dominante au sein du monde musulman, Mahomet se serait détaché d’un humus païen, polythéiste. A l’inverse, d’autres chercheurs tendent à montrer que l’apparition de Mahomet s’est faite dans un environnement beaucoup plus compliqué. Ce ne sont pas des spéculations ; les références affleurent dans le texte. Ça renverse les perspectives, et c’est en cela que Jésus n’est pas un personnage périphérique ou anecdotique, mais le révélateur d’une tension interne.
[…]  Ce que l’on peut déduire du Coran et de la tradition musulmane, c’est tout de même que Mahomet était un chef de guerre, un chef de tribu, que c’était un exégète, car il avait un grand savoir. Mais il y a aussi, dans le Coran, un portrait en creux : Mahomet y est accusé d’être un poète, un fou qui se dit inspiré de Dieu… Ce qui est intéressant, tous les épigraphistes et les numismates nous le disent, c’est que Mahomet disparaît complètement pendant près de soixante-dix ans après sa mort. Il réapparaît sur une monnaie soixante-six ans ou soixante-sept ans après, puis sur le Dôme du Rocher.
[…]  Cette disparition et cette réapparition montrent qu’à un moment donné le calife Abd Al-Malik a besoin d’une figure intermédiaire pour constituer l’islam comme religion et comme religion d’un empire naissant. Il faut un intermédiaire entre Allah et les fidèles, que Jésus aurait pu être. La tradition a historicisé, a inventé un personnage. Et lui a donné un rôle politique, pas seulement théologique et guerrier. Il y a une incarnation dans l’islam qui passe par Mahomet. C’est une religion qui ne cesse de dire : « Nous en revenons à un monothéisme pur, antérieur, que les juifs ont corrompu, que les chrétiens ont travesti. » D’où le fait de se revendiquer d’Abraham, qui permet de « détenir » le premier des ancêtres, avant les juifs, qui ont Moïse, et les chrétiens, qui ont Jésus. Mais en même temps cela permet de donner un corps à cette figure intermédiaire, un corps sans visage, que petit à petit on ne va plus pouvoir représenter. L’interdit de la représentation de la figure de Dieu, qui vient du judaïsme, s’est mis par contagion sur Mahomet et l’ensemble des images. Mais il n’y a aucune raison théologique pour cela. […]
Qu’est-ce qui vous paraît le plus subversif dans votre série ?
Sans doute la mise en lumière de l’importance du christianisme, du judéo-christianisme et du judaïsme sur l’émergence de Mahomet. Nous montrons aussi que les trois monothéismes sont étroitement liés. Allah n’est pas un autre dieu que le dieu des chrétiens ou le Yahvé des juifs. On risque d’être accusés de christocentrisme. Pourtant c’est positif, car quand on s’aperçoit de ce lien intrinsèque entre les trois monothéismes, la question des adversités se pose autrement.
[…]  Ce que nous apportons avec ce travail, c’est que nous mettons en regard de l’islam, non pas la tradition islamique et d’interprétation qu’il y a à l’intérieur du Coran, comme d’habitude, mais des historiens du judaïsme, des historiens du christianisme, des spécialistes des pères de l’Église. Du coup ces regards croisés, qui dépassent les querelles de clocher, révèlent des continents insoupçonnés.»
« Jésus et l’Islam », de Gérard Mordillat et Jérôme Prieur. Série documentaire en sept épisodes de 52 minutes. Sur Arte le mardi 8 décembre à 20 h 55 (ép. 1 à 3), le mercredi 9 décembre à 22 h 25 (ép. 4 et 5) et le jeudi 10 décembre à 22 h 25 (ép. 6 et 7).
Heureusement qu’il existe des personnes qui apportent de l’intelligence dans ce monde de confusion.

Lundi 7 décembre 2015

Lundi 7 décembre 2015
«La sécession de populations entières avec le système politique de gouvernement du pays.»
Axel Kahn
Introduction que doivent ignorer les nombreux destinataires pressés
Aujourd’hui je suis en congé d’abord parce qu’il était prévu que nous nous trouvions en pleine fête des Lumières à Lyon, ensuite parce que j’avais un de ces rendez-vous désormais habituel pour moi avec un disciple d’Esculape. Je n’avais pas prévu de suspendre le mot du jour car je disposais de quelques réserves que je pouvais partager avec vous. Mais à la réflexion, il m’a paru ce matin qu’il n’y en avait aucun qui correspondait au temps du jour. Et rien de ce que j’avais entendu hier soir, ni ce matin ne me paraissait de nature à éclairer ce qui doit être la préoccupation du plus grand nombre. Je me suis donc abstenu. Mais je suis désormais à la mi-journée en mesure de vous proposer deux réflexions.
Le résultat d’hier ne saurait constituer une surprise. Toute personne rationnelle s’attendait à une consolidation des résultats de ce Parti qui n’a pas de solutions pour la France mais dont les dénonciations du système politique largement inefficace pour agir sur les choses qui comptent pour les gens, de la corruption de quelques-uns, de la connivence et de l’entre soi du plus grand nombre, rencontre la peur, les angoisses et les exaspérations d’une grande partie de la population française.
50% de la population ne se sent pas concerné par les élections et ne viennent même plus voter. Et parmi les 50% qui viennent il y a maintenant 3 pôles : le pôle le plus important celui de l’exaspération et de la dénonciation, les pôles de la droite et de la gauche qui ont l’habitude de gouverner. L’extrême gauche et les écologistes sont marginalisés alors que les problèmes sociaux et environnementaux n’ont jamais été plus prégnants.
Il utilise le terme de sécession. Car oui la France est divisée en deux plutôt qu’en 3 comme dit précédemment.
Il ne s’agit plus d’une division entre la gauche et la droite, entre les partisans de l’Etat et ceux du libéralisme.
Non. La France est divisée entre ceux qui sont inclus dans le système qui habitent les métropoles, disposent de diplômes et des clefs leur permettant de s’en sortir, d’avoir des espoirs raisonnables pour leurs enfants, et la disponibilité ainsi que l’éloignement suffisant avec les problèmes pour développer une pensée ouverte et positive au monde et ceux qui sont exclus ou craignent à courte échéance d’être exclus.
Et sur ce point j’ai trouvé une autre tribune dont je partage la plus grande part : <Contre le FN construire plutôt que dénoncer> :
« L’édito “anti-FN” du directeur du Monde, publié à la veille des élections régionales, est affligeant. Au bout de 30 ans, ils arrivent encore à croire que les éditoriaux critiquant le FN vont faire reculer ce parti. Juste à pleurer de voir tant d’aveuglement, à moins que ça ne soit du cynisme, pour obliger par la peur, à faire voter pour les partis dits “de gouvernement”.
Si le FN monte aux élections, c’est pour des raisons bien connues de qui veut bien regarder. Il est le symptôme d’un malaise profond de la France, d’une certaine France qui se sent exclue et méprisée, pour qui l’action publique, depuis 30 ans, n’a été qu’une série de déceptions. On leur a tout promis, droite comme gauche, et ils n’ont vu qu’une dégradation de leur situation. En prime, ils se font traiter de cons par des gens qui vivent dans une tour d’ivoire, bien à l’abri dans une forteresse dont les autres sont exclus.
Le FN monte parce que la France est un pays barricadé, qui précarise une partie de sa population (qui en finit par voter FN), pour sécuriser une petite minorité (celle qui lit Le Monde). Il suffit de voir la difficulté qu’il peut y avoir pour certains à avoir un travail, un logement, même simplement accès à internet ou aux services publics. Quand vous habitez au fin fond de la Picardie, que vous êtes au chômage (et sans espoir de sortir des petits boulots), que le bureau de poste de la commune d’à côté vient de fermer, que votre débit internet est encore de 512K, quel effet peut avoir l’édito du monde, qui vous explique que le programme du FN est une imposture ? Déjà pour commencer, vous ne lisez pas le Monde. Vous ne lisez pas plus les programmes de partis politiques, quels qu’ils soient. Pour ce qu’ils valent, ce n’est pas plus mal, car si le programme du FN est mauvais, il a le mérite d’exister. J’aimerais bien lire le programme du PS, enfin, le vrai, celui qu’ils appliquent, pas celui qui était sur leur tract au moment des élections (rappelez-vous : “le changement, c’est maintenant”).
La question du FN n’est donc pas une histoire de programme politique qu’il faudrait démonter de manière systématique et rationnelle. C’est d’abord l’histoire d’une fracture sociale (encore un vieux slogan non suivi d’effets) et d’un immobilisme des élites, qui s’est doublé, ces derniers temps, de la révélation de leur incompétence totale. Il a suffi d’une crise liée à des attentats pour que le décor s’écroule et qu’on s’aperçoive que ces élus pontifiants ne maitrisent plus rien. La seule ressource de François Hollande pour répondre à la menace terroriste est de donner les pleins pouvoirs à la Police, au mépris total des Libertés publiques.
Depuis le 13 novembre, et la manière dont se comportent nos élus, j’en viens à comprendre le vote FN. Je n’en suis pas encore là (et il en faudra vraiment beaucoup pour que j’y arrive) mais je partage désormais la colère que les électeurs cherchent à exprimer en votant pour le FN. Je comprends que pour certains, le vote FN est un crève-cœur, mais cela leur apparait comme la seule porte de sortie, faute d’alternative.
Cette alternative, il faut la bâtir et la colère peut être un moteur. Il y a beaucoup de boulot en perspective. Certains vont se précipiter sur la première solution qui vient à l’esprit : monter un parti politique et présenter des candidats aux élections. C’est la dernière étape du processus, si rien n’a marché avant.
Il faut commencer par bâtir un programme. C’est un boulot énorme de se poser, de dire ce que l’on veut, de le formaliser. Cela peut être des mesures très précises, mais aussi des lignes directrices ou de grandes aspirations. Il faut aussi le diffuser et le faire partager. Il est donc nécessaire de “rencontrer un public” et cela n’est possible que si le programme répond aux aspirations et attentes d’une génération. Ce n’est pas possible de le faire dans les éditoriaux de grands journaux parisiens ou depuis les plateaux de télévision. Non seulement ils sont squattés par la vieille génération, mais surtout, ils ne sont que des moyens de diffusion. Quand on n’a rien à dire, comme une bonne partie de notre classe politique l’illustre, passer en boucle à la télévision ne sert pas à grand-chose. Les outils, notamment numériques, existent, mais cela demande aussi une structuration, qui pour le moment, fait défaut. Si des structures existent, aucune ne s’est vraiment donné comme objectif de porter un projet politique. »
Un projet politique comme aurait dit Mendés France, une stratégie non pas électorale mais pour le monde demain crédible et compatible avec les intérêts du plus grand nombre et encore plus compliqué, compatible avec les contraintes de notre terre.

Vendredi 4 décembre 2015

Vendredi 4 décembre 2015
« La diversité, […] ce n’est pas seulement le tigre, l’éléphant et la baleine. C’est l’homme aussi. […]
Une autre histoire était possible. Un autre monde reste à construire. »
Fabrice Nicolino
Je pense que pendant la COP21, il est intéressant de partager avec vous les idées de Fabrice Nicolino. Fabrice Nicolino était l’invité de Patrick Cohen à France Inter le 18 septembre 2015 http://www.franceinter.fr/emission-linvite-fabrice-nicolino et l’invité de Jean-Jacques Bourdin le 21 septembre http://www.bfmtv.com/mediaplayer/video/fabrice-nicolino-face-a-jean-jacques-bourdin-en-direct-637791.html.
Il était invité pour parler de son livre « Lettre à un paysan sur le vaste merdier qu’est devenue l’agriculture ».  Ce livre devait être publié le 9 janvier 2015, mais il ne l’a pas été car 2 jours avant, avait eu lieu l’attentat de Charlie Hebdo. Fabrice Nicolino était dans la salle de rédaction de Charlie Hebdo, assis à côté de Bernard Maris et en train de plaisanter avec lui. « Je me marrais avec Bernard et tout s’est arrêté. »  Les terroristes sont entrés et il a été touché de 3 balles. Il fut transporté à l’hôpital entre la vie et la mort.
Il est resté plusieurs mois à l’hôpital, il est toujours sous morphine. Et il n’arrive plus à courir avec son fils.
Mais il a d’abord une pensée pour les absents et une autre pour ses deux collègues le journaliste Philippe Lançon et le webmaster Simon Fieschi qui sont toujours à l’hôpital, au moment de l’entretien avec Bourdin. Fabrice Nicollino avait déjà subi un premier attentat, en 1985, au cinéma Rivoli Beaubourg, à Paris. Avec humour, cette politesse du désespoir, il espère qu’il n’y aura pas de troisième fois. Il y a eu les morts, il reste les vivants qui seront marqués à vie et qui pour certains sont toujours blessés dans leurs chairs.
Mais Fabrice Nicolino a écrit un livre sur l’agriculture.
Il remet en cause l’agriculture industrielle, il prétend qu’une agriculture biologique et non chimique peut être assez productive pour nourrir la planète.
Il évoque pour le monde paysan, un immense gâchis, où les paysans se suicident ou vivent dans la pauvreté
« Les deux guerres mondiales ont été un accélérateur. Pas tellement la première : malgré l’arrivée de quelques tracteurs Renault, cela n’a pas dépassé le stade préindustriel. En revanche, les États-Unis étaient déjà très en pointe sur la mécanisation, on ne s’en rendait alors pas bien compte en France. Le vrai changement c’est la Deuxième Guerre mondiale, dont le pays sort exsangue. C’est alors qu’une nouvelle génération d’agronomes et de zootechniciens rencontre de jeunes agriculteurs, tous ayant en commun la volonté de dynamiter la vieille agriculture. Et ce en accord avec les autorités politiques, dont Jean Monnet, commissaire au Plan de 1945 à 1952, épaulé par Jean Fourastié, inventeur du terme « Trente glorieuses » et qui a introduit celui de « productivité ».
Cette coalition informelle reçoit en cadeau le Plan Marshall, dont l’un des objectifs pour les États-Unis était de reconvertir l’industrie de guerre à des fins civiles : en échange de prêts très importants, les pays bénéficiaires devaient s’équiper de produits américains. Un véritable cheval de Troie, qui a permis l’arrivée en masse des tracteurs et des pesticides. De plus, de nombreux zootechniciens, agronomes et technocrates ont fait le voyage des États-Unis entre 1945 et 1955, où ils ont vu, en matière de nouvelles techniques, des choses qui leur paraissaient merveilleuses. Pourtant, ce processus d’industrialisation ne va pas encore jusqu’au bout. Pour cela, il faut attendre l’arrivée de De Gaulle, en 1958, et son envie de grandeur française et de centralisation, portée par des technocrates très actifs. »
[…] Outre la dégradation généralisée de l’environnement, cette agriculture va remplacer le monde « arriéré » des campagnes par des machines. Le tout au nom de l’idéologie du progrès : la disparition des paysans était perçue comme positive, c’était l’arriération qui disparaissait. Avec l’arrivée de De Gaulle, on a donc vidé les campagnes de leurs paysans pour remplir les banlieues, engendrant par la suite un chômage de masse qui n’a jamais disparu. Alors que le nombre d’agriculteurs est passé de 10 millions en 1945 à 450.000 de nos jours, on a rempli les banlieues d’ouvriers qui n’ont plus de boulot. C’est un mouvement qui a complètement changé la face de la France.
[…]
Il ne s’agit pas de recréer la campagne d’antan. C’était un monde difficile, pas idyllique. Mais les gens des campagnes n’ont aucune raison de se priver d’internet, ils pourraient être mieux reliés à la ville. On peut tout à fait imaginer que les villages et les petites villes revivent, plutôt que de voir des villages sinistrés, vidés de leurs habitants. Pour cela, il faudrait signer un pacte avec les paysans, susceptible d’entraîner les gens, de les accompagner. Des millions de Français souhaitent manger mieux : ce pacte devrait assurer aux paysans, en échange de produits de qualité, des débouchés, de la considération. Selon moi, il faut un plan de sortie de l’agriculture industrielle, au même titre qu’un plan de sortie du nucléaire, sur 20, 30 ou 40 ans. Il n’y a pas d’obstacles techniques à cela, et plein de gens feraient le saut. Il y a une urgence écologique et démocratique à se bouger.
[…] Dans cette Lettre ouverte à un paysan sur le merdier qu’est devenue l’agriculture, Fabrice Nicolino revient sur la violence engendrée par la transformation à marche forcée des campagnes. Comme lors de ce remembrement à Geffosses, dans la Manche, où Georges Lebreuilly, un petit paysan, se jettera « sous les chenilles d’un bulldozer pour sauver un chemin creux ». Et, devenu maire, érigera un monument en hommage aux victimes du remembrement.
La « bidonvillisation du monde » le prend à la gorge. À 60 ans cette année, Fabrice Nicolino n’a pourtant renoncé à rien. 2015, c’est l’année de toutes les tempêtes mais aussi celle de l’espérance.
Dans les décombres de sa vie, il rêve d’un ailleurs. Où l’esprit de Charlie s’incarnerait dans une écologie fraternelle pour contrer la dislocation d’un monde « soudé aux écrans ouvrant sur le vide ».
« La diversité, glisse-t-il à Raymond, son paysan imaginaire, ce n’est pas seulement le tigre, l’éléphant et la baleine. C’est l’homme aussi. Ne me dis surtout pas que tu ne regrettes rien. Moi, si. Une autre histoire était possible. Un autre monde reste à construire. »
Il  semble convaincu qu’on peut nourrir la planète avec une agriculture moins chimique et plus respectueuse de la nature et de l’homme. Et s’il avait raison.

Jeudi 3 décembre 2015

Jeudi 3 décembre 2015
« Nous avons affaire à un projet politique et religieux  fondamentaliste venant de l’Islam »
Marcel Gauchet dans l’émission d’Anne Sinclair du 22/11/2015
Nous avons besoin de comprendre ce qui nous arrive.
Pour cela, il faut faire appel à des intellectuels qui pensent les phénomènes dans leur globalité. Les différents éclairages peuvent être complémentaires, quelquefois même se frictionner un peu, sans toutefois se contredire.
 
Il décrit la situation de ces jeunes dont certains ne sont pas nés musulmans, mais ce sont convertis et qui entrent dans cet univers effrayant de l’appel à la mort. Il  pense que la jeunesse a de tout temps eu besoin d’absolu, de rallier une cause supérieure pour laquelle cela valait la peine de mourir et aussi de donner la mort.
Historiquement il y eut à la fin du XIXème siècle les anarchistes qui multipliaient les attentats, puis il y eut les fascistes, puis les mouvements révolutionnaires. Aujourd’hui, Olivier Roy explique que la seule cause qui se trouve sur le marché est l’islamisme. Les jeunes qui éprouvent ce besoin de radicalité se tournent alors vers l’islam et ses franges les plus rigoristes, les plus absolues. C’est pour cette raison qu’il parle de l’islamisation de la radicalisation.
J’émets pour ma part l’hypothèse que demain peut-être l’écologie pourrait aussi être une cause de radicalisation. Peut-être qu’alors des attentats ou des crimes horribles seront commis au nom de cette extraordinaire cause  « sauver la planète » qui serait plus justement décrite par l’expression «  sauver l’espèce humaine ». C’est une hypothèse qui me paraît crédible.
La vision de Marcel Gauchet est complémentaire et il parle moins des jeunes tueurs d’ici que des idéologues de DAECH, mais aussi des fondamentalistes salafistes d’ici et des pays du moyen orient et de la péninsule arabique.
C’est ainsi qu’il commence son intervention dans l’émission d’Anne Sinclair : « Nous avons affaire à un projet politique et religieux  fondamentaliste venant de l’Islam. [..]. Ce fondamentalisme relève d’une réaction à la  pénétration dans des sociétés encore largement traditionnelles  des valeurs occidentales modernes qui déstabilisent ce terreau social et qui suscite une réaction mi identitaire mi religieuse qui peut prendre l’aspect d’un projet de restauration en bonne et due forme d’une société intégralement organisée par le religieux. »
Marcel Gauchet insiste beaucoup sur notre incapacité de concevoir la religion comme projet de société comme organisation de la société. Dans notre conception la religion est individuelle.
« Pour nous, le religieux c’est le personnel par excellence, mais le religieux historiquement jusqu’à une date tout à fait récente jusqu’à il y a deux siècle et demi dans le monde européen, c’était tout autre chose, c’était une manière pour les sociétés de s’organiser sous tous leurs aspects ». Et Marcel Gauchet constate que dans les pays musulmans, l’Islam organise encore grandement ces sociétés.
Des tensions surviennent parce que dans ces sociétés la mondialisation, l’individualisme, bref les normes occidentales sont en train de séduire la population et le fondamentalisme est alors une réaction rigoriste contre cette séduction, cette corruption des masses musulmanes décrites comme diabolique.
Il y a un autre point sur lequel il insiste concernant l’imaginaire musulman. Pour les pieux musulmans le troisième monothéisme est le plus accompli, celui qui domine les autres par ses valeurs et son intelligence. Or cette supériorité spirituelle se heurte à la réalité culturelle et économique du monde. Gauchet explique que pour ces musulmans « les dominants religieux sont les dominés culturels et économiques ». C’est une situation qui va susciter un antagonisme très fort qui prend la forme d’une haine terrible et une détestation absolue comme l’exprime par exemple le communiqué de DAECH revendiquant les attentats.
Vers la fin de l’émission il révèle une autre incapacité conceptuelle de nos esprits contemporains qui vivons en démocratie, dans des pays de liberté où on peut tout critiquer même la démocratie : Nous ne pouvons pas comprendre qu’on ne nous aime pas, qu’on peut ne pas aimer notre manière de vivre, notre démocratie, notre liberté, notre individualisme.
Or tel est le cas, il y a des sociétés, des groupes, des organisations, des structures étatiques qui ne nous aiment pas du tout, qui sont opposés à nos valeurs qu’ils considèrent comme erronés selon leur conception du monde.
Vous trouverez en pièce jointe, un article du Monde où Marcel Gauchet développe aussi sa réflexion sur ce qui nous arrive.
Il écrit notamment : « Nous allons tout de suite chercher des causes économiques et sociales. Or celles-ci jouent tout au plus un rôle de déclencheur. C’est bien à un phénomène religieux que nous avons affaire. Tant que nous ne regarderons pas ce fait en face, nous ne comprendrons pas ce qui nous arrive. »
Après un développement où il approfondit encore les causes du fondamentalisme il arrive à une conclusion assez optimiste pour l’avenir car il pense que  le fondamentalisme est en dépit de tout et malgré lui une voie d’entrée à reculons dans la modernité : « Il ne constitue pas pour moi une menace capable de remettre en question la manière d’être de nos sociétés. Bien sûr, il peut tuer beaucoup de gens, faire des dégâts épouvantables et créer des situations atroces, mais il ne représente pas une alternative en mesure de nous submerger. Affrontons-le pour ce qu’il est, sans lui prêter une puissance qu’il n’a pas. »

Mercredi 2 décembre 2015

Mercredi 2 décembre 2015
« De cette guerre de tout homme contre tout homme résulte aussi que rien ne peut être injuste.
Les notions de bien et de mal, justice et injustice, n’ont pas leur place ici. Là où n’existe aucun pouvoir commun, il n’y a pas de loi.
Là où n’existe pas de loi, il n’y a aucune injustice.
La force et la ruse sont en temps de guerre les deux vertus cardinales. »
Thomas Hobbes, « le Léviathan » Chapitre 13
Thomas Hobbes (1588 – 1679) est un philosophe anglais que l’on connaît par son livre de philosophie politique « le Léviathan ».
Il est un de ceux qui sont en général reconnus comme un des concepteurs du libéralisme dans un temps où la religion était omniprésente et l’organisation des sociétés était dominé par le gouvernement de droit divin d’un souverain.
Nous sommes en état de guerre disent nos gouvernants.
Plusieurs fois j’ai entendu des intervenants citer Hobbes pour parler de nos temps présents de la guerre. Brice Couturier a même opposé une France avec une politique Hobbesienne en face d’une Allemagne adepte d’une politique Kantienne en référence probablement à son ouvrage « Zum ewigen Frieden. Ein philosophischer Entwurf» –  Vers la paix perpétuelle, un essai philosophique.
C’est dans son chapitre 13 du « Leviathan », qu’Hobbes parle de la guerre. Vous en trouverez un extrait dans une pièce jointe.
Et si j’essaie de résumer son propos dans un langage plus moderne : il dit que pour mettre fin à la guerre, il faut des Lois et les Lois sont le fait de la Politique, c’est à dire l’organisation des hommes et des sociétés.
S’il n’y a pas de Loi, pas de politique, les notions de bien et de mal n’ont pas leur place.
Toute cette réflexion est développée dans l’émission les chemins de la connaissance : <http://www.franceculture.fr/emission-les-nouveaux-chemins-de-la-connaissance-qu-est-ce-qu-une-guerre-14-hobbes-et-clausewitz-l-e>
Dans cette émission Hobbes est opposé à Clausewitz, celui à qui on attribue la phrase : « La guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens », phrase qu’il n’a pas écrite ainsi. Dans l’émission la phrase est citée dans sa version originale.
Il s’agit donc bien deux pensées différentes, l’une qui oppose la politique et la guerre et l’autre qui considère que la guerre fait partie intégrante de la politique.
Il reste cependant que l’utilisation du terme guerre est très problématique dans notre situation actuelle.
Parce que d’une part si nous sommes en guerre et en cela je rejoins Hobbes « rien ne peut être injuste », il semble quand même difficile de ne pas reconnaître que si nous bombardons nos ennemis de DAECH dans le cadre d’une guerre, ces derniers ne soient pas légitimes à venir nous frapper chez nous. Alors oui, ils utilisent des armes asymétriques, la France utilise des avions sophistiqués, le Rafale coûte 94 Millions d’euros environ. Faire un lavage de cerveau d’un jeune braqueur occidental, l’armer d’une kalachnikov et d’une ceinture d’explosif pour finir le travail est beaucoup moins onéreux. Mais le résultat est suffisant pour le but de guerre de l’ennemi : créer la peur, diviser les français en espérant que d’autres jeunes écervelés rejoignent les rangs des tueurs.
Qu’ensuite le but de guerre semble assez peu établi. Éradiquer le terrorisme ! Ce n’est pas sérieux, ils n’y arriveront pas uniquement avec une action militaire, encore moins des frappes aériennes. Si une coalition parvient à s’unir suffisamment, ils pourront éliminer les chefs de DAECH et chasser ses combattants des villes qu’ils occupent actuellement. Mais ils n’auront toujours pas éradiqué le terrorisme, il est passé d’Al Qaida à DAECH, si DAECH est suffisamment amoindri, un autre groupe se lèvera.
Car le but de guerre, c’est surtout répondre à deux questions de manière claire au moment où on passe à l’action :
1° Quand considère-t-on l’objectif atteint ?
2° Qu’est qu’on fait après ?
Lors de la seconde guerre mondiale, l’objectif était la capitulation de l’Allemagne. On s’en est donné les moyens, on a cherché tous les alliés qui pouvaient aider, on les a armés et on a gagné. Le général Patton voulait continuer après avoir battu les nazis, il voulait se retourner contre l’URSS et continuer la guerre. Les stratèges américains et alliés ont heureusement freiné cette dérive : le but de guerre sur le front européen était atteint, il fallait arrêter
Et puis après, la suite a été organisée et on en connaît les fruits, une Allemagne pacifique qui est sortie de la noire période nazie.
Lors de la guerre du Viet Nam les Etats-Unis n’avaient pas un tel but de guerre. Ils se sont enlisés et ont dû se retirer piteusement, exactement comme l’URSS en Afghanistan.
Et puis il y a la politique que l’on fait après …
Quand GW Bush a engagé la seconde guerre contre l’Irak, il avait peut-être un but de guerre, battre l’armée régulière irakienne puis destituer Saddam Hussein. Mais c’est tout ! Pour après, il n’y avait pas de plan. Ou alors un plan pour les contes pour enfant : et après avoir vaincu l’horrible dictateur les gentils américains ont aidé l’Irak à entrer dans l’ère progressiste et pacifique de la démocratie ! 
Parce que s’il existe des fous d’Allah qui participent à ce chaos et à ce naufrage de la civilisation, il y a aussi des problèmes fondamentalement politiques qui ont conduit à la création de ce monstre.
Vous trouverez en pièce jointe un article montrant le rôle qu’a joué un ancien colonel des services secrets de l’armée de Saddam Hussein dans l’émergence et l’organisation de DAECH.
Il faut toujours rappeler que c’est GW Bush qui a le premier depuis bien longtemps utilisé le terme de croisade. Quand DAECH dans sa revendication des attentats du 13 novembre parle de « croisés », il ne fait que répondre au camp occidental.
Il semble donc que l’utilisation du terme de guerre est à la fois inappropriée et laisse le problème de fond dans un flou tel qu’il n’existe aujourd’hui aucun espoir que l’engagement de nos forces armées règle le moindre problème en Irak et en Syrie et nous évitent des attaques terroristes qui seront mieux combattues par des services de sécurités et de renseignements efficaces et communicants à l’échelle du continent européen.
Mais pour le reste, je crois qu’on peut revenir à la pensée de Hobbes, il faut faire de la politique.
C’est-à-dire réfléchir sur les frontières artificielles de cette région, et puis traiter la question kurde, israélo-palestinienne, la cohabitation entre les communautés religieuses.
Je ne dis pas que cela est facile. Bien sûr que non.
Mais la guerre ne permettra pas d’améliorer la situation bien au contraire.
Je pense qu’il peut aussi être intéressant de lire cette Tribune dans Libération écrit le 24 novembre 2015 par un groupe d’intellectuels : <Les Rafale tuent des civils aussi innocents que ceux du Bataclan. Comme en Irak, certains de ces civils finiront par se solidariser avec les djihadistes : ces bombardements sont des bombes à retardement.>

Mardi 1er décembre 2015

Mardi 1er décembre 2015
«  C’est formidable d’être un con. »
Gérard Depardieu
Je voudrais à nouveau partager avec vous un billet de François Morel, celui du vendredi 27 novembre :
Depuis vendredi, il y a eu de belles manifestations en ouverture de la COP 21 et aussi des comportements de cons violents.
« Et si on parlait d’autre chose.
Je feuillette les journaux, Je regarde les infos, j’écoute la radio et je me dis : «  tiens si on parlait d’autre chose ! »
Oui mais de quoi ?
De Gérard Depardieu !
Il vient de sortir un livre dans lequel il écrit : « c’est formidable d’être un con. »
Il a raison.
Je suis un con disait Wolinski mais quand je vois ce que les gens intelligents ont fait du monde.
Un anonyme a dit : « Il vaut mieux être bourré qu’être con, ça dure moins longtemps. » Ce n’est pas forcément vrai pour Gérard Depardieu…
Oui Gérard, c’est formidable d’être un con comme nous le dit Brassens : « Quand les cons sont braves comme moi, comme toi, comme nous, comme vous, ce n’est pas très grave. Qu’ils commettent, se permettent des bêtises, des sottises, qu’ils déraisonnent, ils n’emmerdent personne. Par malheur sur terre, la plupart des tocards sont des gens très méchants, des crétins sectaires. Ils s’agitent, ils s’excitent, ils s’emploient, ils déploient Leur zèle à la ronde, ils emmerdent tout le monde. »
« A propos de tocards, de crétins sectaires… Le père Hervé Benoit, chapelain à la basilique de Fourvière, juge que les victimes du bataclan étaient les frères siamois de leurs bourreaux.
On peut penser que c’est très exagéré.
On est plus dans la vérité si on juge que le père Hervé Benoit est le frère siamois de l’imam de Brest qui prétend que ceux qui chantent seront engloutis sous la terre par Allah et transformés en porc ou en singe.
Iman et Curé, Partez en vacances ensemble s’il vous plaît, le plus loin possible de la terre, vers les paradis où vous pensez trouver la félicité et surtout ne revenez jamais !
Ah Oui ! Je voulais parler d’autre chose, mais de quoi ?
De cons ! Oui ! Çà c’est un bon sujet.
En Belgique, une mère de famille a été jugée pour avoir obligé son fils à copier 100 fois : « je suis un con ! » parce qu’il renâclait devant ses devoirs de vacances. Avant, elle l’avait frappé, lui avait administré une douche froide, jeté son MP3 dans l’aquarium puis l’avait contraint à manger du papier. Après on va reprocher aux mamans de ne pas être assez exigeante avec leurs rejetons. On va condamner une trop grande permissivité dans l’éducation des enfants.
Abdelhamid Abaoud était un petit con, selon un ex camarade de classe, qui harcelait ses condisciples et ses professeurs. S’il avait écrit 100 fois : « je suis un petit  con ! » et mâcher du papier, serait-il devenu moins con ? Rien n’est moins sûr.
Oui je sais, je voulais parler d’autre chose, des cons, surtout que les cons occupent l’actualité. […]
Henry Miller a écrit un livre en français : « je ne suis pas plus con qu’un autre. On trouve dedans, cette phrase certainement pas plus conne qu’une autre : « N’essayez pas de changer le monde, changer le ! »
Décidément on ne peut pas parler d’autre chose ! »
François Morel
Si vous voulez l’écouter, <c’est ici>