Mercredi 1er Juillet 2015

Mercredi 1er Juillet 2015
«Si c’est votre idée de l’Europe vous pouvez vous la garder»
Matteo Renzi le Premier ministre italien à propos du refus de certains pays d’accueillir des migrants
La réunion des chefs d’Etat et de gouvernement des 28 Etats membres de l’Union européenne s’est achevée peu avant 3h, vendredi 26 juin 2015, après un débat très tendu sur le dossier de la migration et les efforts que les Etats membres doivent faire pour accueillir des migrants. «L’effort, disons-le en toute quiétude, est modeste», a commenté le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker.
La réunion s’est prolongée très tard après que le débat sur la migration a pris un tour plus que houleux.
Le Premier ministre italien Matteo Renzi s’est emporté face aux atermoiements de certains Etats, notamment les pays baltes et des pays d’Europe de l’est, qui refusent de se voir attribuer des migrants de manière obligatoire. «Si c’est ça votre idée de l’Europe, vous pouvez vous la garder. Ou il y a de la solidarité, ou bien arrêtez de nous faire perdre notre temps», a-t-il déclaré. La réunion a alors vu s’affronter Matteo Renzi et Jean-Claude Juncker – tous deux favorables à un système de répartition obligatoire – d’un côté, et le président du Conseil européen Donald Tusk et les pays favorables à un système volontaire de l’autre.
Aucun texte sur l’approche européenne du problème de la migration n’a finalement été adopté, les Etats membres n’étant pas parvenus à se mettre d’accord sur une version finale.
Bernard Guetta, dans sa chronique du 18 juin 2015 avait exprimé sa colère :
«Voyons les chiffres. Le Liban et ses 6 millions d’habitants accueillent aujourd’hui plus d’un million deux cent mille réfugiés, essentiellement syriens. La Jordanie, 8 millions d’habitants, en accueille plus de 600 000. La Turquie, 77 millions d’habitants, en a déjà plus d’un million huit cent mille sur son territoire.
L’Union européenne compte, elle, 500 millions d’habitants et se considère en état de siège et menacée des pires maux car 100 000 réfugiés ont atteint ses côtes, dix-huit fois moins qu’en Turquie.
Alors que dire ?  
Force est, d’abord, de constater que des pays de tradition chrétienne semblent avoir totalement oublié ce que sont la charité et la compassion, alors que des pays musulmans, et infiniment moins riches, font preuve de ces vertus. C’est là qu’il y a de quoi s’inquiéter sur notre identité car ces visages d’enfants hagards et de parents désespérés ont beau s’afficher en première page de nos journaux, le pape a beau s’époumoner à rappeler l’Europe – non pas l’Union européenne mais chacun de nous, les Européens – au devoir d’humanité, nous détournons nos regards, bouchons nos oreilles et fermons nos cœurs.
Oui, dira-t-on, mais la compassion ne peut pas commander la politique, exercice de réalisme qui a ses exigences propres, si dures soient-elles. Oui, c’est vrai, mais alors, parlons politique.
La France se rend-elle compte que son capital international, l’atout maître qui fait d’elle une nation singulière aux yeux du monde et lui procure, puisqu’il faut être réaliste, tant d’avantages économiques, est d’être la patrie des droits de l’homme, de la liberté, de l’égalité, de la fraternité ? Si tant des plus éduqués de ces réfugiés fuyant égorgeurs et dictateurs rêvent de la France, c’est parce qu’elle a cette image, cet atout essentiel que nous sommes en train de gaspiller et bientôt perdre en ayant été les premiers à refuser la répartition des réfugiés entre les 28 que la Commission européenne avait tant raison de proposer.
Oui, oui dira-t-on, mais plus de générosité ferait le jeu du Front national en France et, partout ailleurs en Europe, des formations de ce type. Ah, oui ?
Eh bien non, au contraire, car c’est en adoptant l’attitude de ces partis et collant à eux qu’on laisse croire que ces réfugiés constitueraient un danger contre lequel il faudrait se prémunir et qu’on donne ainsi raison aux nouvelles extrêmes-droites.
Et puis enfin, soyons réalistes – soyons ne serait-ce qu’un peu politiques – qui sont ces réfugiés si ce n’est nos alliés ? Que dénonce leur fuite si ce n’est la barbarie de ces jihadistes que nous avons raison de craindre et de combattre ?
Ils sont nos alliés, et nous les rejetons. Nous les rejetons et permettons par-là aux jihadistes de moquer les démocrates arabes et leurs prétendus amis des démocraties européennes. Nous nous tirons, autrement dit, dans le pied parce que nous avons peur de malheureux dont toute l’ambition est d’échapper à la mort. Vous, je ne sais pas mais, moi, tant de stupidité me fait honte.»
Mais qui sont ces femmes, ces hommes et ces enfants qui fuient ?
Ce sont des Syriens et des Libyens, je n’ai pas besoin de rappeler les crimes et atrocités de DAESH et autres extrémistes islamistes.
Ce sont aussi des soudanais. Voici un article du Figaro qui cite un rapport de l’ONU. (Les âmes sensibles devraient s’abstenir de lire cet article) http://www.lefigaro.fr/international/2015/06/19/01003-20150619ARTFIG00393-les-enfants-du-soudan-du-sud-victimes-de-massacres.php