Mercredi 16 novembre 2016

Mercredi 16 novembre 2016
«Jusqu’à très récemment, la folle inégalité de richesse entre les Américains était un sujet tabou.
Aujourd’hui, pour la première fois en quarante ans, on en parle, tant à droite qu’à gauche. Et là, peut-être, réside un espoir.»
Philipp Meyer,  écrivain, auteur de Un arrière-goût de rouille (éd. Folio) et Le Fils (éd. Albin Michel)
TELERAMA a publié la réaction de 3 écrivains américains après la victoire de Donald Trump.
L’un d’entre eux, Philipp Meyer, a écrit : « C’est une erreur de penser que Trump a gagné l’élection uniquement parce qu’il a fait appel au thème du racisme, à la crainte que l’Amérique devient moins blanche. Tous les candidats de droite ont toujours fait de même. Trump a gagné l’élection parce qu’il était le seul Républicain qui parlait constamment des dégâts que la mondialisation, les marchés financiers non régulés et le commerce complètement libre ont fait à l’Amérique et aux Américains. Les gens qui ont porté Trump au pouvoir sont ceux qui ont tout perdu lors des quarante dernières années passées sous le règne de politiques économiques déterminées par le marché. Les classes moyennes et populaires que la mondialisation a dévastées.
De plus, Hillary Clinton n’était pas aimée. Les gens de droite la détestaient, mais ceux de gauche également. Wall Street la payait un quart de million de dollars pour chacun de ses discours. Et elle était censée remplacer Obama ? Ce ne pouvait être qu’une plaisanterie. Bernie Sanders aurait probablement gagné la nomination démocrate, mais le parti, avec l’aide de ses alliés dans les médias, y compris le New York Times, s’est assuré que ce ne soit pas le cas.
Jusqu’à très récemment, la folle inégalité de richesse entre les Américains était un sujet tabou. Aujourd’hui, pour la première fois en quarante ans, on en parle, tant à droite qu’à gauche. Et là, peut-être, réside un espoir.»
Le livre de Piketty sur le Capital a eu un énorme succès aux Etats Unis probablement pour cette raison : Ce pays inégalitaire et qui l’a toujours accepté commence à interroger cette réalité : N’est-on pas allé trop loin dans l’inégalité ?
Cette question est très pertinente. Mais donner comme réponse Donald Trump constitue quand même un pari audacieux …
D’autant que si Philipp Meyer cible dans son analyse les marchés financiers non régulés, il semblerait que Donald Trump annonce vouloir aller encore plus loin dans la dérégulation.