Mardi 14/02/2017

Mardi 14/02/2017
« Le jour où quelqu’un vous aime, il fait très beau »
Jean Gabin
C’est le jour de la Saint Valentin. Je me souviens avec émotion le jour où j’ai entendu pour la première fois ce texte, j’étais bien jeune alors : 16 ans.
Aujourd’hui plus près de l’âge de Jean Gabin de l’époque, je reste sensible à ce poème particulièrement à la phrase d’exergue et aussi cette belle vérité : «On oublie tant de soirs de tristesse, mais jamais un matin de tendresse !»
Quand j’étais gosse, haut comme trois pommes,
J’parlais bien fort pour être un homme
J’disais, JE SAIS, JE SAIS, JE SAIS, JE SAIS
C’était l’début, c’était l’printemps
Mais quand j’ai eu mes 18 ans
J’ai dit, JE SAIS, ça y est, cette fois JE SAIS
Et aujourd’hui, les jours où je m’retourne
J’regarde la terre où j’ai quand même fait les 100 pas
Et je n’sais toujours pas comment elle tourne !
Vers 25 ans, j’savais tout : l’amour, les roses, la vie, les sous
Tiens oui l’amour ! J’en avais fait tout le tour !
Et heureusement, comme les copains, j’avais pas mangé tout mon pain :
Au milieu de ma vie, j’ai encore appris.
C’que j’ai appris, ça tient en trois, quatre mots :
“Le jour où quelqu’un vous aime, il fait très beau,
j’peux pas mieux dire, il fait très beau !
C’est encore ce qui m’étonne dans la vie,
Moi qui suis à l’automne de ma vie
On oublie tant de soirs de tristesse
Mais jamais un matin de tendresse !
Toute ma jeunesse, j’ai voulu dire JE SAIS
Seulement, plus je cherchais, et puis moins j’ savais
Il y a 60 coups qui ont sonné à l’horloge
Je suis encore à ma fenêtre, je regarde, et j’m’interroge ?
Maintenant JE SAIS, JE SAIS QU’ON NE SAIT JAMAIS !
La vie, l’amour, l’argent, les amis et les roses
On ne sait jamais le bruit ni la couleur des choses
C’est tout c’que j’sais ! Mais ça, j’le SAIS… !

Lundi 13/02/2017

Lundi 13/02/2017
« La liberté de penser, la liberté d’opinion, […] n’existent pas seulement pour satisfaire le désir de la connaissance individuelle, le bien-être intellectuel de chaque citoyen. […] Elles [existent]  aussi parce que ces libertés sont consubstantielles à l’existence d’une société démocratique »
François Sureau devant le Conseil Constitutionnel
J’ai déjà cité plusieurs fois, sans jamais en faire l’exergue d’un mot du jour, cette sentence de Benjamin Franklin, l’un des Pères fondateurs des États-Unis (1706-1790) : « Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l’une ni l’autre, et finit par perdre les deux.»
Nous sommes dans les pays occidentaux et particulièrement en France, dans cette dérive, cette faiblesse, cette lâcheté.
Heureusement il existe des contre-pouvoirs comme le conseil constitutionnel et des défenseurs de la liberté comme Maître François Sureau qui est intervenu comme avocat de la Ligue des droits de l’homme
Le texte qui avait été porté devant le Conseil Constitutionnel était l’article 412-2-5-2 du code pénal, créé par la loi du 3 juin 2016 «renforçant la lutte contre le crime organisé, le terrorisme et leur financement», et  punissait «de deux ans d’emprisonnement et de 30 000 euros d’amende» le fait de «consulter habituellement un service de communication au public en ligne mettant à disposition des messages, images ou représentations soit provoquant directement à la commission d’actes de terrorisme, soit faisant l’apologie de ces actes».
Et voici cette remarquable plaidoirie de Maître François Sureau que je vous engage vraiment à lire  :
« Le 20 avril 1794, le comité de salut public institua à Orange, département du Vaucluse, une commission populaire de trois membres, sorte de tribunal révolutionnaire destiné à juger les ennemis du peuple trouvés dans ces régions reculées. A peine installé, son président, Fauvety, entreprit de dénoncer à Robespierre son premier assesseur, un nommé Meilleret. On trouve cette lettre aux archives et l’on peut y lire : « Meilleret ne vaut rien comme juge, il lui faut des preuves ».
Remplacez le mot de preuves par celui d’intention, au moins dans le sens où le droit criminel l’entend depuis cinq siècles, et vous aurez à peu près l’affaire que vous avez à juger aujourd’hui. […]
C’est à ma connaissance la première fois en France qu’une démarche purement cognitive fait naître la présomption d’une intention criminelle. Le délit d’éventuelle intention terroriste dont on parle ici repose sur une double supposition. D’une part, la supposition d’un endoctrinement « radical », comme on le dit aujourd’hui ; d’autre part, la supposition que cet endoctrinement est susceptible par nature de déboucher sur un projet terroriste effectif. La notion d’acte préparatoire devient liquide, nébuleuse, subjective, et recule dans le temps. […]
Je le dis avec gravité : même l’inquisition de Bernardo Gui n’est pas allée aussi loin. Elle se fondait également sur le for interne, mais celui-ci n’était pas supposé, et sûrement pas d’aussi loin. Il fallait qu’il se soit vu traduit par des prises de position hérétiques explicites. Et d’autre part, il fallait que des manifestations tangibles de l’option hérétique aient pu être relevées par les inquisiteurs. En sens inverse, il pouvait suffire d’abjurer l’expression publique de l’opinion émise pour échapper aux poursuites.
[…], le premier ministre parlant de la « première extériorisation d’une participation active à un endoctrinement terroriste » que manifesterait la consultation. Passons sur ce langage étrange, qui cache quelque chose d’assez simple. Aucune opinion n’est demandée pour poursuivre. La simple démarche intellectuelle suffit. La consultation seule. Nous avons à l’évidence passé les bornes du raisonnable. Cette guerre de perpétuelles surprises que fut, selon Marc Bloch dont je reprends ici les termes, celle de 1940, il jugeait, avant même d’entrer en résistance, que les Français l’avaient perdue par incuriosité intellectuelle. […]
En réalité, l’incrimination en question a pour effet direct et nécessaire, et je ne parle même pas ici des chercheurs, ou des journalistes, d’empêcher radicalement, si vous me passez cet adverbe fâcheux, le citoyen d’une démocratie de se former une opinion justifiée sur l’une des menaces les plus graves qui pèsent sur notre société, sur sa nature et sur ses formes. […] C’est un pan entier de la liberté de penser qui passe tout d’un coup dans l’ombre policière et répressive. Et l’on peut penser que ce naufrage est d’autant plus regrettable qu’il s’agit de combattre un fléau politique, culturel et social.
C’est là-dessus que je voudrais en finir avec le droit, par mon troisième point. Je m’en voudrais de vous infliger un cours de philosophie politique, mais je ne détesterais pas que les grands principes pussent, à cette occasion être rappelés au gouvernement.
La liberté de penser, la liberté d’opinion, et je n’aurai pas l’outrecuidance de citer la foule des grands auteurs, n’existent pas seulement pour satisfaire le désir de la connaissance individuelle, le bien-être intellectuel de chaque citoyen. Elles ne sont pas protégées seulement à ce titre par la déclaration que vous avez mandat d’appliquer. Elles le sont aussi parce que ces libertés sont consubstantielles à l’existence d’une société démocratique, dont le premier devoir de l’Etat est de garantir le perfectionnement incessant. C’est l’éducation de l’homme à la raison politique de Kant. Et c’est ce devoir que l’Etat méconnaît ici, ruinant, sous prétexte de sécurité immédiate, ce mouvement même de la connaissance et du choix à la fin, est seul susceptible de protéger notre société du péril qui la menace. Ce n’est pas en ôtant du cerveau du citoyen, selon le mot de Tocqueville, le trouble de penser, qu’on peut espérer triompher de ceux qui précisément veulent qu’on ne pense pas. Cette question est aussi vieille que la démocratie elle-même.
Tous les auteurs l’ont vue, qu’ils se soient intéressés davantage à la liberté d’opinion ou à la qualité de la répression pénale. Tous les auteurs l’ont vue, sauf notre législateur. Comme s’il ne s’agissait pas de questions anciennes, et qu’il fallût à chaque fois réinventer le monde pour la satisfaction politique, électorale, ou d’opinion de la génération présente. Prenez Beccaria par exemple, dans son traité : « La vraie mesure des crimes est le tort qu’ils font à la nation et non l’intention du coupable (…). Celle-ci dépend des impressions causées par les objets présents et de la disposition précédente de l’âme, lesquelles varient chez tous les hommes et dans chacun d’eux selon la succession rapide des idées, des passions et des circonstances. Il serait donc alors nécessaire de rédiger un code particulier pour chaque citoyen et de nouvelles lois pour chaque crime ». Tout est dit. Il suffisait d’ouvrir les vieux livres et de réfléchir un peu.
Et devant tout cela, vous ne pourrez que constater l’indigence de la défense du gouvernement. Je ne vois pas qu’en matière de liberté de pensée, de garanties individuelles ou de formation du citoyen libre, l’on puisse remettre toute notre tradition à la discrétion d’un policier ni même d’un juge, sous prétexte de bonne foi. Et je ne vois pas non plus comment on pourrait sauver ce texte par la notion de « consultation habituelle ». Il y a des esprits lents qui ont besoin et j’en fais partie, d’y revenir longtemps pour comprendre. Tout cela n’est pas le moins du monde sérieux.
J’en viens à présent au contexte, c’est-à-dire aux excuses qu’on se donne. Car je sais bien ce qu’on dira, ce que le gouvernement dira, ce que la police dira : « Voilà bien des grands mots, et les temps sont si difficiles ». C’est une chanson souvent entendue et qui sert depuis quelques années à faire passer toutes les atteintes aux libertés : une réforme pénale par an, l’état d’urgence maintenu jusqu’à on ne sait quand, mettant notre genre de vie, pour employer un euphémisme, à la merci du moindre attentat.
Mais si les temps sont difficiles, ce que personne ne conteste, les principes dont je parle ne sont pas réductibles à […] de grands mots. Il y va de ce que nous sommes, si nous ne voulons pas finir, une loi après l’autre, par ressembler à cette Russie dont parlait Custine en disant : « J’ai senti au fond de cet exercice une volonté de fer employée à faux, et qui opprime les hommes pour se venger de ne pouvoir vaincre les choses ». Et le soupçon peut, en effet, nous traverser l’esprit qu’il est plus facile de plaire à tout le monde en passant des lois excessives qu’en réformant la police pour la rendre mieux adaptée aux nécessités de l’heure.
Les temps sont difficiles bien sûr, mais ceux de nos grands ancêtres ne l’étaient pas moins. L’idée informulée des gouvernements et des législateurs contemporains, c’est que les principes ne valent que par temps calme. C’est à l’évidence le contraire qui est vrai, et là-dessus nos prédécesseurs ne se trompaient pas. Quand Beccaria écrivait son traité célèbre dont j’ai cité tout à l’heure un passage, on ne pouvait pas traverser la forêt de Bondy sans escorte armée. Et quand, à l’inverse, le parlement meurtri par la bombe de Vaillant a fait voter des dispositions analogues dans leur nature à celles dont vous êtes saisis aujourd’hui, il a aussitôt subi l’opprobre d’avoir édicté ce que les historiens appelle encore aujourd’hui des « lois scélérates », qualificatif infamant qui dure. […]
Non, rien n’a changé. Les temps, au fond, sont toujours difficiles pour ceux qui n’aiment pas la liberté. La tristesse de ce temps ne tient pas seulement à ce climat de violence civile […] pour notre génération de citoyens. Il tient aussi à l’évidente fragilité des grands principes dans notre conscience même. Il tient à la fréquence avec laquelle il nous faut désormais rappeler ces évidences qui renferment en elles-mêmes une part de notre honneur collectif.
Les gouvernements ont cédé. Les parlements ont cédé. Personne je crois n’aurait pu, dans notre jeunesse nourrie des grands exemples et des drames du passé, imaginer qu’ils céderaient aussi facilement, par lâcheté, par inconséquence ou par calcul. Il est sûr que cela nous rendra moins sévères à l’égard de nos aînés, mais c’est une bien faible consolation.
Vous êtes, et je voudrais le dire au-delà même de l’émotion, les derniers gardiens de cet honneur et de nos libertés. Permettez-moi d’espérer que vous les défendrez encore, alors qu’elles cèdent un peu partout dans le monde et que personne, ce qui est aussi grave que le reste, ne semble en faire un drame.
Car ce qui est en jeu ici n’est pas seulement cette disposition particulière, mais cette disposition prise comme partie d’un mouvement qui s’étend et s’accélère partout, et qui chez nous a commencé voilà près de vingt ans. C’est ce mouvement lui-même qui est destructeur. « L’esclavage, disait Simone Weil dans l’un de ses derniers écrits, avilit l’homme jusqu’à s’en faire aimer ; la vérité, c’est que la liberté n’est précieuse qu’aux yeux de ceux qui la possèdent effectivement ». Par la médiocrité de son inspiration, par le vague de son contenu, la disposition en cause s’oppose à cette possession effective. Il est déjà infiniment surprenant, et infiniment triste, qu’elle soit arrivée jusqu’à vous. C’est la raison pour laquelle, au nom de la Ligue des droits de l’homme, je vous demande de la déclarer contraire à la Constitution.»
Le Conseil Constitutionnel a suivi Maître Sureau et é écrit notamment : « Il résulte de tout ce qui précède que les dispositions contestées portent une atteinte à l’exercice de la liberté de communication qui n’est pas nécessaire, adaptée et proportionnée. L’article 421-2-5-2 du code pénal doit donc, sans qu’il soit besoin de statuer sur les autres griefs, être déclaré contraire à la Constitution. »
Vous trouverez sur Youtube cette plaidoirie : https://www.youtube.com/watch?v=i1u16BdE8tQ
Derrière ce lien sur le site du Conseil Constitutionnel vous verrez les différentes interventions pour éclairer la décision du Conseil :  http://www.conseil-constitutionnel.fr/conseil-constitutionnel/francais/videos/2017/janvier/affaire-n-2016-611-qpc.148570.html
« Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l’une ni l’autre, et finit par perdre les deux.»
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Vendredi 10/02/2017

Vendredi 10/02/2017
«700.000 euros, c’est ce que la moitié d’une génération va gagner en une vie de travail»
Thomas Piketty
Un article de Slate reprend certains de ses propos et les rapproche de l’affaire Fillon : http://www.slate.fr/story/136709/700-000-euros-gagner-vie
«700.000 euros: c’est un montant autour duquel tourne l’affaire dans laquelle le couple Fillon est empêtré depuis les révélations du Canard enchaîné. Après s’être expliqué devant la presse lundi 6 février, le candidat de la droite à l’élection présidentielle a publié les montants que son épouse aurait touchés lorsqu’elle travaillait comme assistante parlementaire à son service. À raison de 3.700 euros net mensuels, Penelope Fillon aura donc touché, selon cette version, 680.000 euros pour le cumul des quinze ans de travail qu’elle aurait effectués au service de son mari député. Mais 700.000 euros, c’est aussi un montant proche de la propriété sarthoise de François Fillon, évaluée à 750.000 euros selon les documents publiés par le candidat.
Et 700.000 euros, c’est également le montant que touchera la moitié d’une génération pour une vie entière de travail. C’est l’économiste Thomas Piketty, spécialiste des inégalités et auteur d’un livre devenu célèbre sur le retour du patrimoine dans les sociétés occidentales, qui cite ce montant comme point de référence. Interviewé sur France Culture à l’occasion de la Nuit des idées le 26 janvier dernier, il a précisé pourquoi ce montant était important pour comprendre les inégalités sociales en France:
    «Il y a un indicateur que je calcule dans mes recherches et qui est assez parlant, c’est: quelle est la part d’une génération qui va recevoir en succession ou donation l’équivalent d’une vie au salaire minimum, ou si on prend un peu plus que le salaire minium, le revenu moyen gagné par leur travail par les 50% d’une génération qui gagnent le moins, donc c’est pas beaucoup au-dessus que le salaire minimum, c’est mettons 15.000 euros par an sur cinquante ans.»
On aboutit donc à un montant de 750.000 euros. «C’est un peu ce qu’a gagné Pénélope Fillon comme assistante parlementaire si j’ai bien compris», s’amusait l’économiste sur l’antenne de France Culture. Pourquoi cet indicateur est-il important? Parce qu’alors que le poids de l’héritage avait quasiment disparu dans l’après-Seconde guerre mondiale, avec environ 1% d’une génération qui touchait un tel montant, pour les générations des années 1970-1980, environ 15% va recevoir ce montant en succession, en faisant une classe de quasi-rentiers de fait:
    «Évidemment c’est un montant qui n’est pas suffisamment important pour s’arrêter complètement de travailler, et de fait les personnes en question vont sans doute faire de très belles études et gagner des salaires importants, mais en même temps c’est quand même autant que ce que 50% de cette même génération va gagner sur toute sa vie par son travail en étant serveur, caissière de supermarché, en faisant des boulots pas très rigolos.»
Une forme d’inégalité dérangeante, car ces moyens ou petits rentiers ne sont pas comparable au fameux –et unanimement décrié– 1% accusé de concentrer les richesses.
    «Aujourd’hui, il y a plus de moyen rentiers, et moins de très gros rentiers, analysait encore Piketty au micro de France Culture, et cette société des petits rentiers ou des moyens rentiers c’est une société qui est peut-être plus difficile encore à réguler politiquement que celle du XIXe siècle.» »

Jeudi 09/02/2017

«Le népotisme»
Mot utilisé dans l’actualité
Le terme a été emprunté en 1653 à l’italien nepotismo, lui-même dérivé de nepote qui signifie « neveu », par référence au favoritisme accordé par un pape à l’un de ses neveux par la cession indue de titres ecclésiastiques ou de donations réservés au Vatican.
Au Moyen Âge, le mot désigne normalement dans ce contexte, les enfants des frères et sœurs des ecclésiastiques. Mais souvent, par euphémisme, les mots « neveux » et « népotisme » désignaient aussi les propres enfants des ecclésiastiques. »
En politique, le népotisme est caractérisé par les faveurs qu’un homme ou une femme au pouvoir montre envers sa famille ou ses amis, sans considération du mérite ou de l’équité, de leurs aptitudes ou capacités.
Un mot du jour court aujourd’hui.
Il me semblait pertinent de rappeler la signification et l’origine de ce mot.
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Mercredi 8 février 2017

« La cinquième République »
(1958 – ?) Régime politique actuel de la France

Le régime politique de la France, voulu par le Général de Gaulle et mis en place par lui, est un régime singulier.

En effet, les constitutionnalistes distinguent deux types de démocraties libérales :

  • Le régime présidentiel ;
  • Le régime parlementaire ;

Le régime présidentiel par excellence est le système existant aux Etats-Unis. Les spécialistes parlent d’une séparation rigide des pouvoirs.

Le Président est élu et désigne son gouvernement avec lequel il forme l’exécutif. Les membres du gouvernement doivent cependant se soumettre à une procédure constitutionnelle d’approbation de leur nomination par le Sénat américain.

Evidemment les représentants et les sénateurs sont élus au suffrage direct et sont totalement indépendants du président.

Je veux dire que la notion « de majorité présidentielle » bien connue sous notre 5ème république constituerait une incongruité aux Etats-Unis.

La séparation est rigide parce que l’exécutif n’a aucun moyen de contraindre le législatif et réciproquement.

Ce qui signifie que pour faire des lois et des réformes fondamentales il faut que le Président et le législateur se mettent d’accord et fassent des compromis.

Cela fonctionne assez mal, Obama a dû faire énormément de concessions pour faire passer sa réforme de l’obamacare.

Le régime parlementaire qui est dominant en Europe et qui est aussi le régime du Japon procède essentiellement du parlement c’est-à-dire de l’élection de la chambre basse du Parlement.

Des partis ayant à leur tête un chef parfaitement identifié se présentent avec un programme devant les électeurs. Des députés des différents partis sont élus à la chambre. Si un seul parti a la majorité absolue, le chef de l’Etat qui est souvent un monarque mais qui peut être un Président sans réel pouvoir nomme, premier ministre, le chef du parti majoritaire et le tour est joué.

Si aucun parti n’obtient la majorité absolue, il nomme le chef du parti arrivé en tête avec pour mission de discuter avec les autres partis pour constituer une majorité parlementaire. Pratiquement, systématiquement les partis se mettent d’accord sur un programme gouvernemental. Le gouvernement est alors constitué et doit obtenir la confiance du Parlement.

On parle de séparation souple parce que le parlement peut renverser le gouvernement, le gouvernement pouvant aussi dissoudre le parlement pour de nouvelles élections.

Ce type de régime permet aussi de créer de grandes coalitions capables de réformer leur pays.

Rien de tel en France.

La 3ème République était parlementaire comme la 4ème. De Gaulle reprochait à ces régimes parlementaires en France d’être trop instables, il fallait changer tout le temps de gouvernement.

D’où ce régime hybride de la 5ème république qui est avant tout un régime parlementaire dans la mesure où le Parlement doit accorder sa confiance au gouvernement et peut le renverser et réciproquement le Parlement peut être dissous, mais dissous par le Président qui lui ne peut pas être renversé, ce qui crée une inégalité forte entre l’exécutif et le législatif.

Et puis d’autres incongruités existent.

Nous avons récemment beaucoup débattu du 49-3 avec lequel l’exécutif contraint, sous peine de dissolution, le parlement de se soumettre à la volonté du gouvernement. Il y a aussi l’article 16, mais passons…

Du temps du Général de Gaulle, il y avait deux choses fondamentales : Il était intègre et s’il fixait les grandes lignes politiques il laissait son premier ministre gouverner.

Et même une troisième : Régulièrement il proposait un référendum pour lequel il annonçait que si le peuple français montrait son désaccord avec la proposition qu’il lui soumettait, il démissionnerait.

Mes bons professeurs de Droit répétaient que cela transformait le référendum en plébiscite et que le plébiscite c’était le mal !

Dans le concept on devait certainement les suivre.

Mais en pratique, à cause du pouvoir exorbitant du Président de la République en France, cette respiration démocratique permettait au moins au peuple de révoquer le monarque présidentiel. Ce qu’il a fait en 1969 en disant « Non » à la réforme du Sénat et la création des Régions proposés par le Général de Gaulle.

Aujourd’hui, le référendum est tombé en désuétude, les trois derniers présidents n’ont jamais utilisé cette possibilité constitutionnelle.

Et depuis, le Général de Gaulle, aucun président qui a utilisé l’outil du référendum, n’a promis sa démission en cas de rejet !

Et puis, la 5ème république a été victime d’abord d’un putsch constitutionnel puis d’une trahison.

Le putsch constitutionnel a été réalisé par le général lui-même qui a révisé la constitution en ne respectant pas les règles permettant cette révision et il a imposé l’élection du Président au suffrage universel en passant directement par le référendum ce qui n’était pas prévu.

En tout cas ce changement a rapidement, après Pompidou en tout cas, rendu les hommes politiques français fous, ils voulaient tous devenir président.

Et puis, Jospin a trahi. Il a trahi la Gauche et Mendés-France parce que la Gauche est viscéralement attachée au régime parlementaire et n’aime pas l’homme providentiel.

Or Jospin a par deux réformes encore davantage éloigné la 5ème république de la logique d’un régime parlementaire.

La première réforme a été d’aligner la durée du mandat présidentiel sur celui des parlementaires : 5 ans.

Mais la vraie trahison est la deuxième mesure : contrairement à ce qui se serait passé s’il avait laissé faire les institutions, il a imposé que les élections présidentielles se fassent avant les élections législatives.

Et ainsi les élections législatives sont devenues l’accessoire de l’élection présidentielle.

C’est une immense bêtise.

Et maintenant on y a ajouté des primaires.

Alors prenons l’exemple de l’Allemagne ou de l’Angleterre ou de l’Italie…

Dans chacun de ces pays, les électeurs votent 1 fois et le parlement est élu puis par le processus normal un chancelier ou premier ministre est désigné et un gouvernement se met en place avec une coalition parlementaire. En un vote les électeurs créent les conditions suffisantes pour que la démocratie représentative fonctionne.

En France, pour un électeur de gauche ou de droite il faut 6 votes, parce qu’en plus la France a cette particularité du vote uninominal à deux tours, pour arriver à ce qu’il existe un pouvoir exécutif et un pouvoir législatif en état de marche, en passant par les primaires.

Pour celles et ceux qui sautent la primaire il faut quand même 4 votes pour un seul en Allemagne, en Angleterre etc…

Aux Etats Unis, il y a des primaires, mais à un tour pour chaque état et puis le même jour les américains élisent le Président et la moitié du Congrès. 2 ans plus tard l’autre moitié est renouvelée.

Ainsi François Fillon a été désigné par une primaire sur un programme très particulier qui lui est propre. Il l’a fait dans son coin avec quelques collaborateurs et probablement sa femme puisqu’elle participait sans cesse à son activité politique.

Mais voilà, s’il existe un problème qui conduirait à le remplacer, comment fait-on ?

On prend le second évidemment, mais le second n’a pas du tout le même programme. Cela ne va pas du tout.

Supposons qu’il arrive la même chose en Allemagne : Madame Merkel est empêchée. Pas de problème, la CDU désigne un autre, avec le même programme de la CDU, peut-être quelques nuances mais fondamentalement le même programme.

Et puis, si la CDU n’a pas la majorité elle discute avec d’autres même avec le SPD et ils font un panachage des deux programmes et le mettent en œuvre.

Avec le système d’élection débile à deux tours que nous avons, nous pensons que les thèses du président élus sont majoritaires : c’est totalement faux : en 2002 Chirac c’était moins de 20 % du corps électoral. On se souvient du second tour … Mais les français comme des moutons et avec le système électoral ont élu une assemblée conforme aux vœux du Président qui a gouverné avec les gens qui était d’accord avec lui au premier tour : 1/5ème de la France !

5 ans plus tard Sarkozy a fait beaucoup mieux 31,18% des voix. Mais il n’en reste pas moins qu’il s’agit de moins d’un tiers des électeurs. Valéry Giscard d’Estaing avait cette formule qu’il fallait que 2 français sur 3 soient d’accord avec la ligne politique du gouvernement.

Avec un tel système et une si petite portion de soutien, on ne peut pas réformer la France.

Et puis cela rend les candidats incroyablement égocentriques.

Vous avez lu cette exigence du candidat Macron ? :

«  tous les candidats investis s’engageront à défendre le plan de transformation proposé en signant le contrat avec la Nation évoqué par Emmanuel Macron. »

Bref, il n’y a qu’une tête pensante, les députés ne sont là que pour la suivre.

Et avec ce candidat il n’y a même pas de programme précis, celui qui veut devenir parlementaire doit signer un chèque en blanc.

Il y aurait encore tant de dérives à dénoncer qui proviennent directement de cette organisation bancale, n’existant nulle part ailleurs.

Mais les français sont des veaux, comme disait De Gaulle, ils ne veulent surtout pas changer l’élection du Président de la République au suffrage universel.

Au moins pourrait-on faire coïncider les élections présidentielles et législatives et restreindre la possibilité de dissoudre l’Assemblée.

En tout cas le Président de la République joue un rôle trop important, du point de vue organisationnel, dans notre pays et nous ne trouverons plus des femmes ou des hommes capables de faire de cette fonction, telle qu’elle existe actuellement, quelque chose de positif pour la France.

C’est ma conviction !

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Mardi 7 février 2017

« Il y a une chose plus terrible que la calomnie, c’est la vérité. »
Talleyrand  [1754-1838]

Donc François Fillon continue à se défendre en plaçant son affaire sur le seul plan de la légalité. Il sait qu’il sera très compliqué de prouver, au niveau pénal, que l’emploi de son épouse était fictif.

Il a une explication étonnante pour justifier le montant des rémunérations : les diplômes de sa femme. Les surdiplômés qui peinent à trouver un emploi bien rémunéré seront ravis d’apprendre que ce n’est pas normal.

Les étudiants stagiaires seront ravis d’apprendre le montant des rémunérations versés par Papa Fillon à ses enfants sur des deniers publics.

C’est la loi ? mais ce sont les députés qui font la Loi, et les députés se doivent donc d’être exemplaires.

Et puis il y a les rémunérations à la revue des deux Mondes. Je vous invite à écouter l’assemblée de centristes réunis par Philippe Meyer commenter cette affaire et particulièrement La revue des deux Mondes : https://www.franceculture.fr/emissions/lesprit-public/laffaire-fillon-le-candidat-benoit-hamon

Philippe Meyer nous apprend que les auteurs prestigieux qui écrivent dans la Revue des deux Mondes, le font gratuitement et a des mots très durs sur le rôle trouble du propriétaire de ce journal.

Et puis nous savons que brusquement François Fillon a arrêté de rémunérer son épouse. Coïncidence ? Il l’a fait juste au moment de la mise en place de la Loi sur la transparence publique qui a suivi l’affaire Cahuzac.

Est-ce que quelqu’un peut croire qu’il l’a fait parce qu’il venait de se rendre compte que c’était choquant ?

On a du mal à le croire puisque le Canard enchaîné a rappelé qu’« A la suite de l’affaire Cahuzac, François Hollande annonce le 10 avril 2013, un projet  de loi sur la transparence de la vie publique. Qui se précipite dans les studios de télé pour le critiquer avec véhémence ? François Fillon. Le député de Paris explique au 20 heures de France 2 qu’ »il n’y a pas besoin de projet de loi (…). Je récuse l’idée que les hommes politiques soient tous corrompus » Sur iTélé, il ajoute : « Je suis scandalisé que le gouvernement parle de loi de moralisation. Comme si la vie politique était immorale. Moi, je n’ai rien à cacher. Je ne voterai pas ce texte parce qu’il n’a aucun intérêt ». »

Sur ce point il a tenu parole, il n’a pas voté le texte.

Et évidemment il accuse tout le monde, les officines, les médias, le gouvernement…

Pour finir je vous montre une collection de tweets que cet homme a réalisé depuis quelques années :

De la calomnie ?

Non la vérité : Faites ce que je vous dis, pas ce que je fais….

S’il parvient à se maintenir et à se retrouver au second tour contre Marine Le Pen, je pense qu’il sera battu.

Et s’il était quand même élu, il n’aura aucune légitimité de faire les réformes qu’il annonce, il sera rapidement plus impopulaire que François Hollande.

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Lundi 06/02/2017

Lundi 06/02/2017
« Why Is France So Corrupt ? »
«Pourquoi la France est-elle si corrompue ?»
Robert Zaretsky journaliste du Foreign Policy
Foreign Policy est un bimestriel américain qui s’exprime sur les questions essentielles de la politique étrangère américaine. Le titre appartient à la Graham Holdings Company, ancien groupe du Washington Post, qui possède aussi le site Slate.
Impossible de ne pas parler de l’affaire qui touche le candidat favori jusque là de l’élection présidentielle de mai. Personne ne saurait se réjouir de cette affaire qui affaiblit la France et affaiblit de débat politique.
C’est extrêmement préoccupant.
Ce qui me semble le plus pertinent c’est de sortir du bain hexagonal et de lire ou d’écouter ce que disent des journaux étrangers.
Ainsi, le magazine américain Foreign Policy estime que la corruption est ancrée dans la Ve République. Il reprend la phrase : “Qui imagine le Général de Gaulle mis en examen ?” lancée par François Fillon au mois d’août 2016 en référence à son rival Nicolas Sarkozy et ajoute : Maintenant que les enquêteurs financiers ont entamé leurs recherches sur l’affaire Fillon, le Général semble plus seul que jamais.”
“La France n’est pas un pays particulièrement corrompu au sens large, écrit-il, mais c’est un cas atypique en Occident.” En effet, d’après le classement 2016 de Transparency International sur la corruption, la France est classée 23e sur 170, juste derrière l’Estonie. Ce qui aggrave ce constat, c’est que la corruption française concerne avant tout ses élites : elle ne vient pas de ses policiers demandant des petits pots-de-vin ou d’entreprises achetant des bureaucrates. Au lieu de ça, grâce au système très français de monarchie républicaine, la corruption en France implique des sommes considérables et se déroule au plus haut sommet du pouvoir.”
Pour le magazine américain, la raison de cette corruption des élites est due à l’exemple donné par le sommet de cette pyramide et aux fondements de la Ve République. “Le président, par principe, n’a pas à répondre de ses actes face au Parlement : il règne et ses ministres gouvernent à peine.” Et si de Gaulle avait montré l’exemple par “son autorité personnelle et son incorruptibilité”, ses successeurs ont conservé le principe de règne mais “ont saccagé l’incorruptibilité”, constate Foreign Policy. Et la revue de citer une série de scandales présidentiels français, des diamants de Bokassa au “kaléidoscope d’affaires judiciaires entourant Sarkozy”.
Un remède bien timide
Foreign Policy reconnaît tout de même un début d’effort en France pour “remédier à ce problème” grâce à la loi Sapin 2, adoptée en 2014 et relative à la transparence et la lutte contre la corruption. Si elle va dans le bon sens, admet la revue américaine, “la majeure partie de cette loi vise des cibles bien en dessous de l’Élysée”.
Et le magazine de conclure que, si la campagne pour la présidentielle est plus indécise que jamais en France, “une chose apparaît clairement : grâce au Penelopegate, une vieille tradition française semble destinée à se perpétuer.”
Vous trouverez ces extraits de l’article sur le site du Courrier international : http://www.courrierinternational.com/article/vu-des-etats-unis-pourquoi-la-france-est-si-corrompue

<L’article original est ici>

Libération a publié <ICI> un article où sont cités d’autres journaux étrangers qui parle de cette affaire :
L’Orient le Jour (Liban). Pour le quotidien, l’affaire pourrait «finir façon Dominique Strauss-Kahn en 2012 ou façon Lionel Jospin en 2002». Peu confiant sur l’avenir politique de l’ancien Premier ministre, l’Orient le Jour souligne le climat de défiance dans lequel survient cette affaire. François Fillon s’est distingué de ses adversaires en faisant valoir sa probité. «Son “qui imagine le général de Gaulle mis en examen ?”» avait marqué les esprits et «est resté dans toutes les têtes», écrit le journal, qui ajoute que «sur le plan moral, le PenelopeGate semble difficilement défendable».
The Independent (Royaume-Uni). La corruption «is busines as usual» («la routine habituelle») dans la vie politique française. C’est la conclusion que tire The Independent. Le quotidien en ligne britannique rappelle l’affaire des emplois fictifs de Jacques Chirac et s’étonne qu’«Alain Juppé était un candidat extrêmement populaire malgré le fait qu’il ait été condamné». Et de dérouler une liste non exhaustive des politiciens français et d’affaires. «Le fait est que l’enrichissement personnel s’est institutionnalisé», analyse le média. Sans concession.
Le Temps (Suisse). Selon le quotidien genevois, l’affaire révèle le rapport difficile qu’entretient «la droite française avec la justice». L’affaire Bygmalion ou l’utilisation des fonds secrets par Claude Guéant alors ministre de l’Intérieur en sont des exemples. Le Temps souligne aussi la solitude dans laquelle se retrouve François Fillon. D’autant que «la plupart des ténors du camp conservateur n’ont pas digéré sa victoire». La tempête médiatique dans laquelle Fillon a «rouvert la foire aux ambitions» à droite.
La Libre Belgique. Pour le quotidien, François Bayrou pourrait remplacer François Fillon, «mais pas encore», titre-t-il. La Libre Belgique s’appuie sur l’interview télévisée du président du Modem, où il déclarait vouloir «faire ce qu’il faut pour que la France s’en sorte». Pour le journal belge, «la porte Fillon est fermée», mais il reste «l’hypothèse Emmanuel Macron».
Die Zeit (Allemagne). L’hebdomadaire allemand relate les déboires du «M. Propre» français. Die Zeit continue en assénant entre autres que «pour beaucoup, Penelope Fillon était déjà vue comme la future première dame : elle apparaissait non pas comme une collaboratrice politique mais comme une épouse sage et traditionnelle, qui s’occupe des enfants et des chevaux, sans rapport avec la politique». Pour ce média, c’est une affaire qui ne tombe pas au très bon moment : «Cette semaine, il voulait briller sur la scène internationale, en rendant visite à la chancelière allemande Angela Merkel à Berlin et en demandant la fin des sanctions contre la Russie. Mais soudainement, on ne lui pose plus que cette unique question : qu’a fabriqué son épouse pendant toutes ces années ?»
The New York Times (Etats-Unis). Le journal annonce d’entrée la couleur avec son titre : «Le scandale Fillon incrimine avant tout l’ensemble de l’élite politique française». Avant d’attaquer : «Le président de l’Assemblée nationale le fait, le président du Sénat le revendique, des douzaines de parlementaires le font également. Embaucher son épouse, sa sœur ou son enfant au Parlement français est parfaitement légal.» Et de poursuivre en constatant que «beaucoup de politiciens français se demandent donc où est le problème». Selon lui, la réponse qui serait revenue dans un «rugissement populo-médiatique» est tout simplement qu’«ils [les hommes politiques français, ndlr] ne peuvent pas comprendre». De plus, le journaliste considère la volonté de François Fillon de rester en course comme une preuve que «la classe politique française a progressivement été gangrenée et que qu’aucun de ses remplaçants potentiels n’est blanc comme neige».
Je tenterai quand même une réponse à cette question «Pourquoi la France est-elle si corrompue ?». Parce que nous, les français, le tolérons. Jacques Mellick ou Patrick Balkany ont été condamnés par la Justice pourtant un corps électoral les a réélus. Chose inimaginable dans un pays nordique ou même l’Allemagne.

Vendredi 03/02/2017

Vendredi 03/02/2017
«Manterrupting»
Tendance masculine à interrompre la parole féminine
Dans la continuité du mot du jour d’hier où certains milieux religieux défendaient cette idée, étonnante dans le monde tel qu’il est, qu’il y aurait un manque de testostérone dans les relations sociales, je partage avec vous ce nouveau concept qui nous vient des Etats-Unis.
Dans <cet article de France Info> vous trouverez une video qui montre ce que signifie concrètement ce terme.
Pour faire court, il s’agit de cette tendance qu’auraient plusieurs hommes à couper systématiquement la parole aux femmes lors de réunions publiques ou débats. Les féministes américaines se sont penchées sur le phénomène et lui ont donné un nom : le «manterrupting», une contraction des mots «man» et «interrupting».
Dans le milieu du cinéma, en entreprise comme en politique, nombreuses sont les femmes restant silencieuses, agacées de se voir couper la parole. Parfois, certains hommes vont jusqu’à se réapproprier les propos de leur interlocutrice, ou essayer de leur expliquer ce qu’elle pense. Un phénomène nommé “mansplaining”, ou “mecsplication” en français.
Mais à la Maison Blanche, sous Obama bien sûr,  une ancienne employée a expliqué au Washington Post que les femmes se sont alliées pacifiquement et ont commencé à utiliser une technique rhétorique simple pour stopper les interruptions incessantes et renforcer les idées formulées par d’autres femmes lors de la réunion quotidienne de 7h30 dans le bureau ovale.
Celle-ci se présente sous la forme suivante : lorsqu’une femme propose une idée ou un argument, une autre femme doit la répéter, et donner du crédit à la personne (une femme en l’occurrence) qui l’a prononcé. Cela rend l’idée plus difficile à ignorer, ou même à voler. Elles ont appelé cette technique « l’amplification », qui se rapproche étroitement de l’anaphore (répéter le même mot au commencement de plusieurs phrases).
« Nous avons commencé à l’appliquer et en avons fait un objectif à tenir » a raconté au Post l’une des anciennes conseillères du président Barack Obama. « C’était devenu une habitude journalière. » Et les résultats ne se sont pas fait attendre : elle a ajouté qu’Obama a davantage prêté attention et a commencé à solliciter les femmes plus souvent.
Les femmes, peut-être inconsciemment, avaient remarqué deux choses. Tout d’abord, que la répétition est l’une des façons les plus simples de renforcer tout point de vue, ce qui peut être vérifié dans l’histoire à travers l’art oratoire et la poésie. Mais d’autre part, que marteler simplement une même idée en la répétant soi-même a ses limites, surtout dans un environnement concurrentiel où tout le monde réclame d’être entendu. Certains chercheurs ont émis l’hypothèse que les femmes sont plus interrompues parce que leur style de conversation a tendance à être collaboratif, là où les hommes ont tendance à être plus compétitifs.
Ce qu’il y a d’utile avec un concept c’est qu’une fois qu’on le connaît on comprend plus facilement et on sait plus facilement analysé un phénomène que l’on perçoit, qui nous met mal à l’aise et surlequel jusque là on n’a pas su mettre des mots.
Observez votre milieu professionnel ou familial à travers ce concept de «manterrupting» et vous verrez son degré de prégnance.

Jeudi 02/02/2017

Jeudi 02/02/2017
« l’homme ne sera véritablement sûr et doux que s’il assume la force que le Créateur lui donne. Il a besoin de se battre (…), d’un lieu où le guerrier qui est en lui peut reprendre vie »
John Eldredge
Le sur lendemain de Noël, le journal le Monde a publié un article qui a attiré mon attention :  <Des catholiques veulent rendre à l’église sa virilité>
Je vous donne de larges extraits ci-après :
«Des catholiques veulent rendre à l’Eglise sa virilité. Des laïcs et des prêtres multiplient camps et stages pour aider les hommes à se réconcilier avec leur masculinité, jugeant que la société et l’Eglise sont dominées par des valeurs féminines. Lorsque Philippe Matron s’est inscrit au camp « Au coeur des hommes », il ne savait pas bien ce qui l’attendait. Trois jours plus tard, ce catholique pratiquant de 56 ans, père de six enfants dont cinq filles, est ressorti transformé de ces moments passés « entre frères » et avec le Christ. « J’ai découvert qu’on ne devient pas un homme grâce à une femme mais par son père ou par des références masculines », dit-il.
Quentin Schaepelynck, 34 ans, lui aussi catholique pratiquant, se souvient de moments très forts où l’on peut se livrer, faire tomber le masque : « J’ai compris quelle était ma place en tant qu’homme au sein de ma famille, dans la société. Y aller, c’était un petit cadeau aux miens. »
« Au coeur des hommes », « Optimum », association Pater… Depuis deux ou trois ans, les offres destinées spécifiquement à des hommes à la recherche de leur masculinité et de leur place dans l’Eglise catholique se multiplient. Comme si une inquiétude existentielle s’était emparée d’eux.
Camps, retraites, expéditions, fraternités à l’ambiance « virile mais pas bourrin » sont venus s’ajouter aux quelques pèlerinages des pères de famille (Cotignac, Saint-Michel, Vézelay) déjà existants.
Ce phénomène très nouveau est certes encore limité, mais le bouche-à-oreille lui donne du dynamisme. Le père Alain Dumont, pionnier des retraites pour hommes, créées à Paray-le-Monial (Saône-et-Loire) il y a une quinzaine d’années, témoigne de cet engouement : « Nous avons commencé avec des retraites de dix ou douze hommes et, depuis cinq ans, cela monte en force. Aujourd’hui, chacune rassemble entre 80 et 120 hommes, majoritairement des trentenaires et des quadragénaires. » Aussi les a-t-il fait essaimer ailleurs en France.
A l’origine de cette réflexion sur la masculinité et de ces initiatives, on retrouve souvent des laïcs, parfois insatisfaits de leur place dans l’Eglise. Des prêtres s’y trouvent aussi impliqués, mais ces initiatives sont d’abord l’un des fruits du grand mouvement de réaffirmation catholique qui s’est produit en 2013 lors des manifestations contre la loi Taubira sur le mariage homosexuel. « Ça a créé des liens et des initiatives. On est sur la lancée de ce dynamisme », confirme le père Simon Chouanard, curé du Coeur-eucharistique-de-Jésus, dans le 20e arrondissement de Paris.
La réflexion sur le masculin et le féminin conduite dans ce creuset a peut-être donné son impulsion à ce mouvement masculiniste. Il a pris forme dans la mouvance de la communauté de l’Emmanuel, qui a pour particularité de mélanger laïcs, laïcs consacrés et clercs, et autour de figures d’un catholicisme de réaffirmation, comme l’évêque de Toulon, Mgr Dominique Rey, aussi issu de l’Emmanuel. […]
Un livre, au titre un peu boy-scout, fait figure de référence : Indomptable (Farel, 2015). Il est d’ailleurs fortement recommandé de l’avoir lu avant de venir au camp. Son auteur, John Eldredge, conférencier américain, pioche pêle-mêle dans son expérience personnelle, dans des scènes de films grand public (Gladiator, Braveheart, Un monde parfait…) et dans la Bible pour illustrer et révéler à ses lecteurs « le secret de l’âme masculine». La thèse qu’il défend – « l’homme ne sera véritablement sûr et doux que s’il assume la force que le Créateur lui donne. Il a besoin de se battre (…), d’un lieu où le guerrier qui est en lui peut reprendre vie » – a rencontré un énorme succès. […]
Ces catholiques sont en plein questionnement sur la masculinité, qu’ils jugent aujourd’hui « blessée ». A leurs yeux, l’Église comme la société, baignées par la mixité, entravent l’expression de ces « désirs » profonds et laissent les hommes incertains de leur rôle. « Cela a un rapport à la force et à la violence » propres à l’homme, assure Clément Lescat. « C’est un sujet très épineux car la barbarie du XXe siècle a discrédité l’usage de la force. Aujourd’hui, l’homme se cherche entre deux caricatures : la soumission et la domination. Il a peur de ses désirs. Pourtant, il a un désir de combattre pour quelque chose qui le dépasse », résume-t-il. « Il y a une force, une animalité en l’homme qui le pousse à aller vers l’extérieur. Elle doit être canalisée dans le don et la grandeur. Les garçons ont besoin de grandeur », […]
« Dans les camps, on perçoit que les hommes, parfois, ne se sentent pas autorisés à être des hommes à fond, note Gabriel Morin. La virilité est suspectée d’une façon générale. Ils ont parfois intériorisé l’idée que c’est dangereux ou mal vu. Nous leur disons que la masculinité est une vocation, un appel de Dieu, et qu’on peut être pleinement homme sans être machiste et dominateur. » […]
Tous les acteurs de ce mouvement viriliste évoquent avec envie des rites de transmission religieuse masculine, comme la bar-mitsvah (la majorité religieuse chez les jeunes garçons juifs de 13 ans), ou d’initiation, dans les cultures africaines. Ils regrettent que les garçons n’aient pas le temps de construire leur masculinité parce qu’ils « passent des bras de leur maman à ceux d’une jeune fille ». […]
Redonner du lustre à la masculinité, cela n’est pas destiné à entrer en compétition avec la place conquise par les femmes, assurent les artisans de ce réveil masculin. « Nous ne sommes surtout pas là pour réveiller la guerre des sexes », assure Clément Lescat. « Aujourd’hui, on tend vers une uniformisation des rôles, des façons d’être et de penser. […]
Dans l’Église catholique aussi, au clergé diocésain pourtant intégralement masculin, les laïcs à l’origine de ces initiatives font le constat que les hommes ne sont pas toujours à l’aise et qu’ils éprouvent le besoin de se ménager un espace pour être entre hommes. L’effacement des communautés masculines pour les laïcs, l’omniprésence des femmes dans la vie paroissiale, des homélies jugées « asexuées », une liturgie post-concile Vatican II et ses cantiques qualifiés de trop « sucrés », tout cela contribue, selon eux, à une « féminisation de la vie en Église ». « Où sont les mecs dans nos églises ? », s’écrie ainsi l’abbé Chouanard. « Aujourd’hui, beaucoup d’hommes suivent leur femme à l’église et ils ne se sentent pas suffisamment rejoints comme homme par l’Église », abonde Gabriel Morin, des camps « Optimum ». « Ils n’ont pas besoin de discours gnangnan. L’Église doit faire un gros travail de conscientisation sur l’homme », tranche Clément Lescat. La virilité de Jésus serait édulcorée, la figure de Dieu présentée comme trop maternante. […].»
Que dire ?
Je ne vais pas sombrer dans l’essentialisme et dire : les catholiques ….
Mais, il se trouve toujours au sein des différents religions des groupes de personnes qui par leur réflexion et leurs actes montrent que les religions sont surtout des réflexions du genre mâle de l’homo sapiens.
Car il faut quand même oser penser et dire ce qui est relaté dans cet article, alors que tous les postes de pouvoir sont monopolisés par les hommes et que les femmes n’entrent dans ces cercles que de manière marginale.
Si on ne se restreint qu’à la France et qu’on regarde les patrons du CAC 40 ou qu’on va dans les postes de responsabilité de l’Etat.
Dans un contexte où la violence faite aux femmes reste immense partout et que plus que jamais ce sont des mâles qui veulent légiférer sur le corps, les désirs et même les habits des femmes.
Et comme souvent un dessin ou une photo disent plus qu’un long discours.
Cette photo montre Donald Trump, le 23 janvier 2017, entouré uniquement de mâles signant le décret sur la limitation du financement par des fonds fédéraux d’ONG internationales qui soutiennent l’avortement.
Et le journaliste du Guardian, Martin Belam a commenté :
« Aussi longtemps que vous vivrez, vous ne verrez jamais une photo de 7 femmes signant une législation sur ce que les hommes peuvent faire avec leurs organes reproducteurs »
<Il y a 43 ans, le 26 novembre 1974, Simone Veil> introduisait le débat sur sa célèbre Loi par un discours d’une exceptionnelle humanité. Et elle disait notamment :
« Je voudrais tout d’abord vous faire partager une conviction de femme, je m’excuse de le faire devant cette Assemblée presque exclusivement composée d’hommes : aucune femme ne recourt de gaieté de cœur à l’avortement ».
La photo montre la continuité d’un monde de décideur qui n’a pas changé de sexe dominant.
Je ne crois pas que le monde manque de masculinité, ni d’ailleurs les religions où seuls les mâles ont le pouvoir.
Je pense exactement le contraire.

Mercredi 01/02/2017

Mercredi 01/02/2017
« Un salarié allemand sur quatre a un bas salaire, contre un sur dix en France »
Catherine Chatignoux
On nous raconte tant de choses. On nous explique surtout que l’Allemagne est un pays bien mieux géré que la France et que nous devrions nous en inspirer pour toutes nos politiques économiques.
Et il est vrai que l’Allemagne est plus riche, est moins endettée et dispose d’une balance commerciale bien plus favorable que la France.
Certes, mais cette politique économique a un prix ou disons son côté obscur qui est de plus en plus éclairé par des études internationales.
Catherine Chatignoux est journaliste dans le journal « Les Echos ». Elle a écrit un article en s’appuyant sur une étude statistique produite par Eurostat qui a a calculé la proportion de « bas salaires » dans les différents pays de l’Union européenne.
Vous trouverez cet article, derrière ce lien : <Un salarié allemand sur quatre a un bas salaire>
Mais Grâce à cet article, ce mot du jour et les deux précédents, j’espère que plus personne ne pensera que je n’aime pas les chiffres. Mais un chiffre n’est pas neutre, je vous l’ai déjà écrit…
Je cite l’article : « Si l’Union européenne est toujours considérée comme un îlot de prospérité relative dans le monde, les dernières données de l’office statistique Eurostat montrent que la précarité n’épargne aucune de ses économies et révèlent quelques anomalies. »
Mais montrant d’abord le schéma :
«Première indication : la proportion de bas salaires parmi l’ensemble des salariés de l’Union européenne atteint 17,2 %, la zone euro en compte un peu moins, 15,9 %, ce qui est logique compte tenu de sa plus grande homogénéité économique. Est considéré comme un bas salaire celui qui touchait en 2014 deux tiers ou moins du salaire horaire national brut médian. Il s’agit donc d’un niveau relatif et non en valeur absolue.
S’il n’est pas étonnant de trouver le plus grand nombre de ces bas salaires en Lettonie (25,5 %), en Roumanie (24,4 %) ou en Pologne (23,6 %), leur forte proportion est plus inattendue en Allemagne (22,5 %), au Royaume-Uni (21,3 %), en Irlande (21,6 %), et même aux Pays-Bas (18,5 %). A noter que, pour des raisons liées à la réorganisation du système de collecte, les données de la Grèce n’apparaissent pas.
A l’inverse, les pays scandinaves continuent de mériter leur réputation de pays plus égalitaires puisque moins de 10 % des salariés percevaient des bas salaires en Suède (2,6 %), en Finlande (5,3 %) et au Danemark (8,6 %). La France (8,8 %) et la Belgique (3,8 %) apparaissent également plus équitables tandis que les pays du sud de l’Europe, Espagne, Portugal et Italie, affichent un niveau de bas salaires intermédiaire, inférieur à 15 %.
Concernant le niveau du salaire brut médian, les écarts restent très importants dans l’Union européenne puisqu’ils s’échelonnent de 1 à 15. Le niveau le plus élevé a été enregistré au Danemark (25,50 euros de l’heure), devant l’Irlande (20,20 euros) et la Suède (18,50 euros). A l’autre bout de l’échelle, le salaire médian le plus faible se trouve en Bulgarie (1,70 euro) et en Roumanie (2 euros). En Allemagne, il s’élève à 15,70 euros et en France à 14,90 euros. »
L’étude d’Eurostat confirme par ailleurs que les femmes sont davantage concernées par les bas salaires (21,1 %) que les hommes (13,5 %) et les moins diplômés (28,2 %) bien plus que ceux qui ont un niveau d’éducation supérieur (6,4 %). Les faibles rémunérations concernent enfin davantage les CDD (31,9 %) que les CDI (15,3 %).
Ces chiffres que nous disent-ils ?
On nous dit que le Royaume-Uni et l’Allemagne ont un taux de chômage nettement inférieur à la France, c’est vrai !
Mais parallèlement ils ont aussi le système qui produit une plus grande précarité et une plus grande inégalité des salariés.
Bien sûr que la France a un grand problème avec le chômage, mais quand j’entends certains politiques dirent nous allons appliquer les recettes qui ont marché ailleurs en pensant à l’Allemagne et à la Grande Bretagne je ne peux être qu’inquiet.