Mardi 19 mai 2020

«Provoquer de nouvelles façons de produire, de consommer de se comporter, de vivre ensemble, de savoir vivre les uns avec les autres»
Claude Alphandery en présentant le Conseil National de la Nouvelle Résistance qui vient d’être créé le 13 mai et dont il est co-président

Le monde d’après le COVID-19 ?

Beaucoup l’imagine, en adéquation avec les souhaits, les utopies, les rêves qu’ils avaient avant.

Certains développent des tribunes, des initiatives ou même lance des mouvements. L’une de ses initiatives a retenu mon attention : la création du « Conseil National de la Nouvelle Résistance »

Non pas en raison du titre, mais parce que pour le présider les personnalités qui ont fondées ce mouvement ont eu l’idée de choisir deux figures de la résistance historique : Claude Alphandéry et Anne Beaumanoir.

Le premier est né en 1922 et la seconde en 1923.

Ce sont des grands seniors, mais qui à leur âge restent absolument épatants, au bout d’une vie …bien remplie. Camus a dit :

« Il y a des êtres qui justifient le monde, qui aident à vivre par leur seule présence. » (Le premier homme)

C’est Claude Alphandery qui a été invité aux matins de France Culture de ce samedi pour présenter ce Conseil national de La Nouvelle Résistance.

C’est donc de lui que je vais parler aujourd’hui.

Grâce à Wikipedia nous pouvons connaître son parcours à grands traits :

Claude Alphandéry est né le 27 novembre 1922 à Paris. Il s’engage dans des actions de résistance alors qu’il étudie au lycée du Parc à Lyon en automne 1941. Il assure notamment du transport de documents et des distributions de tracts.

Après dénonciation de ses relations avec une réfugiée juive allemande, il entre dans la clandestinité pendant l’hiver 1942-1943. Il devient lieutenant-colonel dans les Forces françaises de l’intérieur (FFI), chef des Mouvements unis de la Résistance Drôme-Ardèche (MUR) puis président du comité départemental de Libération de la Drôme.

Après avoir été attaché d’ambassade à Moscou, Claude Alphandéry est élève de la 2e promotion de la nouvelle École nationale d’administration (ENA) en 1946. Il devient expert économique auprès de l’Organisation des Nations unies (ONU) à New York. Cette expérience nourrira sa réflexion sur la société de consommation dont l’opulence cache de profondes inégalités dans la répartition des richesses tant du point de vue des individus que des États-nations.

Il devient membre du Parti communiste français en 1945 mais il quitte le PCF en 1956 à la suite du 20e Congrès du Parti communiste soviétique et de la parution du rapport Khrouchtchev.

En 1960, Claude Alphandéry participe à la fondation de la Banque de construction et des travaux publics dont il devient le président de 1964 à 1980.

Il continue de participer au débat public, en tant qu’animateur d’un cercle de réflexion, le Club Jean Moulin (1959-1965), ou dans les années 1970 au sein du club Échanges et projets, fondé par Jacques Delors et animé par Jean-Baptiste de Foucauld.

En 1976, il adhère au Parti socialiste, où il est proche de Michel Rocard.

Par la suite il va prendre un rôle de premier plan dans l’organisation de l’économie sociale et solidaire.

Au début des années 1980, Claude Alphandéry va conduire une mission sur le développement local et la lutte contre les exclusions. C’est ainsi qu’en 1988 il est amené à créer, présider et développer l’association France active, qui soutient et finance les initiatives économiques créatrices d’emplois et génératrices de solidarité et dont il est aujourd’hui le Président d’honneur.

En 1991, Claude Alphandéry devient président du Conseil national de l’insertion par l’activité économique.

En 2006, Claude Alphandéry et Edmond Maire, ancien secrétaire général de la Confédération française démocratique du travail (CFDT), sont les initiateurs d’un « manifeste pour une économie solidaire ».

Considéré comme le porte-flambeau de l’économie sociale et solidaire, à 89 ans, Claude Alphandéry continue d’initier de nombreuses actions pour promouvoir cette économie qui place l’être humain avant le profit. Il est Président du Labo de l’Economie Sociale et Solidaire et a animé l’organisation des États généraux de l’économie sociale et solidaire, marqués par un grand rassemblement au Palais Brongniart les 17, 18 et 19 juin 2011.

Il a aussi participé, en mars 2012, à la constitution du Collectif Roosevelt que j’ai évoqué lors du mot du jour récent évoquant Franklin D. Roosevelt et son petit-fils Curtis..

Il me semblait important de savoir tout cela avant de dire qu’il participe avec une vingtaine de personnalités à la création du Conseil National de la Nouvelle Résistance (CNNR), le 13 mai 2020.

Sa conclusion dans l’émission fut la suivante :

« Nous avons vu comment, par la solidarité, la pandémie a pu être contenue. C’est un exemple de ce que nous pouvons faire, dans un monde qui risque d’être invivable. Avec ce nouveau Conseil, nous voulons susciter la renaissance de cet esprit de solidarité. Il existe, en France, des milliers d’associations, d’entreprises sociales et solidaires, qui doivent être un noyau de ce système nouveau que nous voulons mettre en place. […]

Il y a des adversaires, il y en a qui voudrait revenir au système actuel parce qu’il leur est hautement profitable.

Il faut savoir résister à ceux qui ne veulent pas du bien.

Mais il faut surtout savoir s’appuyer sur les choses existantes

Je pense que l’important pour la réussite c’est de s’appuyer complètement et développer sur tout ce qui existe déjà en France d’entraide, de coopération, de solidarité.

Il y a des milliers d’associations de l’économie sociale et solidaire qui se sont développées, ce sont elles qui doivent constituer le noyau de ce système nouveau que nous essayons de mettre en place.

On ne pourra pas avancer, s’il n’y a pas d’abord un sauvetage des faillites et du chaos. On a besoin d’un Etat qui fasse ce qu’il faut.

Mais pour investir dans ce nouveau système, il faut une bonne fiscalité, un bon code du travail, des crédits qui vont aux bonnes activités et pas aux mauvaises.

Il y a bien sûr ce qui vient de l’Etat ou de l’Europe, mais il y aussi ce qui se fait sur le terrain. C’est un changement de comportement qui au lieu de se fonder sur la seule concurrence, la seule compétition, se fonde sur la solidarité et la coopération.

Ce n’est pas irréaliste, cela existe un peu partout. Il faut simplement les aider, les soutenir.

Il faut simplement que tout ce qui existe, converge, coopère ensemble. Parce que pour l’instant c’est encore trop dispersé, disséminé, fragmenté. Et dans la mesure où c’est fragmenté, cela n’a pas l’impact suffisant.

Cela ne fait pas système, ça ne change pas la façon de produire de consommer, d’échanger, de faire des affaires.

Changer le système, il le faut au niveau de la France, au niveau de l’Europe, au niveau du monde et partout sur le terrain.

La nouvelle résistance, c’est cela : faciliter, encourager, soutenir, provoquer de nouvelles façons de produire, de consommer de se comporter, de vivre ensemble, de savoir vivre les uns avec les autres.

Et cela bien entendu nécessite l’Etat, mais à côté de l’Etat un Conseil National de la résistance qui vérifie la capacité de la société de se transformer profondément.

C’est cette fameuse métamorphose dont parle souvent Edgar Morin. »

Cela apparaît un peu utopique et le chemin est si compliqué dans un monde interdépendant où la France pèse si peu de chose.

Mais l’enthousiasme de cet homme de 98 ans est tellement communicatif.

Il n’est pas seul dans cette aventure outre Anne Beaumanoir, il y a aussi neuf femmes (Dominique Méda, Danièle Linhart, Sabrina Ali Benali, Anne Eydoux, Pauline Londeix, Véronique Decker, Fatima Ouassak, Anne-Claire Rafflegeau, Clotilde Bato) et neuf hommes (Dominique Bourg, Samuel Churin, Pablo Servigne, Olivier Favereau, Yannick Kergoat, Jean-Marie Harribey, Dominique Rousseau, Antoine Comte, Benoît Piédallu). Plusieurs de ces personnalités ont été citées dans des mots du jour.

Ils ont un Logo et l’Obs leur a consacré un article : « Des personnalités créent un… « Conseil national de la Nouvelle Résistance » » il y a aussi une vidéo accessible dans cet article dans laquelle divers intervenants explique la démarche.

Ils vont produire un document dans lequel :

« Il s’agit d’énoncer les principes selon lesquels notre société devra être gouvernée et de sommer les responsables politiques de s’engager vis-à-vis d’eux. »

Le résultat de ces travaux sera publié le 27 mai, journée nationale de la Résistance.

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Une réflexion au sujet de « Mardi 19 mai 2020 »

  • 19 mai 2020 à 9 h 15 min
    Permalink

    En dehors de l’intérêt que peut représenter un énième cercle de propositions, je crois qu’il serait utile de s’interroger parallèlement sur notre incapacité à évoluer collectivement sur des projets communs en dehors d’affrontements hystériques, à défaut on continuera d’avancer par crises successives qui nous maintiendrons au sommet des peuples les plus pessimistes du monde

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