C’est un lecteur du mot du jour habitant le Viet-Nam qui, il y a déjà assez longtemps, c’était le 20 décembre 2018, m’a écrit
« J’ai vu un super documentaire d’ARTE il y a peu, sur YouTube : « Le monde selon Xi Jinping ». Je pense que ça te plaira ».
J’ai plusieurs fois voulu partager ce documentaire ou le rappeler à celles et ceux qui l’ont déjà vu et écrire une série de mots du jour sur la Chine, la Chine de Xi Jinping.
Mais j’ai toujours reporté le moment d’aborder ce sujet.
Il faut bien se lancer…
Cette série aura toutefois une publication discontinue, car certains éléments vont me conduire à l’interrompre pour écrire des articles spécifiques.
La Chine est un empire qui aspire à devenir une nation.
C’est un empire, l’empire du milieu.
Pendant longtemps, cet empire dominait économiquement le monde.
Et puis il y a eu la révolution industrielle en Angleterre et en Europe.
Au XIXème siècle, les chinois qui avaient, et je dirais à juste titre, une haute opinion de leur culture et de leur civilisation ont été brusquement confrontés à une puissance militaire bien supérieure qui les a vaincu et, plus grave encore, à une civilisation britannique tellement fière d’elle-même et méprisante par rapport aux autres et particulièrement aux extra-européennes, que ce fut un choc, un choc d’humiliation.
Il y eut alors une réaction contre le système impérial qui va conduire à la révolution en 1911. La république de Chine est proclamée en février 1912 et met à sa tête « Sun Yat-Sen» qui était une personnalité en exil et qui va créer le parti nationaliste « Kuomintang ».
Il aura le plus grand mal à unifier le pays et devra combattre contre des Seigneurs de la guerre, des chefs de clan. Il crée une académie militaire et met à sa tête un militaire « Tchang Kaï-chek » qui prendra la tête du Kuomintang à sa mort en 1925.
Mais parallèlement, en s’inspirant de l’empire voisin de Russie, un Parti communiste chinois se crée et organise un premier congrès en 1921.
Par la suite, tantôt allié contre les Seigneurs de la guerre, puis contre le Japon, tantôt ennemi, le Parti Communiste et le Kuomintang vont s’affronter jusqu’à la victoire finale des communistes qui ont mis à leur tête Mao Tse Toung. Les nationalistes du Kuomintang et Tchang Kaï-chek, vont se retirer sur l’île de Formose que les chinois appellent Taïwan.
Mao proclame la république populaire de Chine le 1er octobre 1949.
Mao et les communistes vont avoir comme premier objectif de rendre sa fierté à la Chine.
Il y eut quelques succès, mais surtout beaucoup de répressions, beaucoup de morts et un désastre économique.
Le désastre économique conduit à limiter les pouvoirs de Mao et à donner une grande importance à un de ses proches collaborateurs Deng Xiaoping qui met en œuvre, avec d’autres, une libéralisation économique. Parmi ceux qui ont accompagné Mao très tôt et qui désormais sont au côté de Deng Xiaoping il y a Xi Zhongxun le père de Xi Jinping.
Nous savons que pour reprendre l’intégralité du pouvoir, Mao lance avec les jeunesses communistes la révolution culturelle qui va chasser du pouvoir, violenter, humilier, obliger à des « travaux de rééducation » en usine ou à la campagne tous ceux qui ont participé à cette première libéralisation économique. Pour être exact, « bénéficierons » de ce traitement, ceux qui n’ont pas été tués. Par ailleurs, le cercle de celles et de ceux qui seront opprimés est beaucoup plus large que ceux qui ont participé à la libéralisation de l’économie.
Xi Jinping en tant que fils de Xi Zhongxun va aussi subir la disgrâce. Wikipedia nous apprend que :
« En 1969, lors de la révolution culturelle, il est envoyé […] dans le village de Liangjiahe, dans la province de Shaanxi. Il y vit près de sept ans, de 15 à 22 ans, dans une habitation troglodytique. À cette époque, les enfants des hauts fonctionnaires intègrent en général l’armée, mais son père Xi Zhongxun étant exclu du PCC a perdu tout appui. Toutefois, la région est l’ancienne base révolutionnaire de son père, et Xi Jinping y est bien accueilli. Après quelques mois, il s’enfuit et regagne Pékin, où il est découvert et envoyé dans un camp de travail pour avoir déserté la campagne. »
Avec une telle histoire, on pourrait penser qu’il exprime un certain ressentiment à l’égard du Parti Communiste.
Mais et c’est ce que nous apprend le documentaire « le monde de Xi Jinping », en réalité il va subir l’effet qu’on appelle « le syndrome de Stockholm », terme créé par le psychiatre Nils Bejerot en 1973. Le syndrome de Stockholm est un phénomène psychologique observé chez des otages ayant vécu durant une période prolongée avec leurs geôliers et qui ont développé une sorte d’empathie, de contagion émotionnelle vis-à-vis de ceux-ci, selon des mécanismes complexes d’identification et de survie.
Et il fera tout ce qu’il pourra pour être intégré et gravir les échelons du Parti Communiste. Et pourtant ce ne fut pas simple : Il essuya neuf refus avant de pouvoir adhérer à la Ligue de la jeunesse communiste chinoise en 1971. Puis, il réussit en 1974 à adhérer au Parti communiste chinois.
Après le retour au pouvoir de Deng Xiaoping qui fut suivi rapidement de la réhabilitation de son père Xi Zhongxun, les choses devinrent plus simples pour lui.
Toujours est-il que sans bruit, avec beaucoup de diplomatie il parvint à grimper jusqu’à la plus haute marche du pouvoir en Chine.
Il est vrai que ce documentaire <Le monde selon Xi-Jinping> est passionnant et inquiétant aussi. Plusieurs points sont à souligner.
Aujourd’hui je me concentrerai sur le début du documentaire, cela commence à 3 min13.
Xi Jinping est arrivé au pouvoir suprême.
Accompagné d’un très petit nombre de dirigeants, il pénètre dans un endroit étrange qui est ce que j’appellerai « le sanctuaire du Parti Communiste Chinois », le lieu historique du premier congrès.
Ils sont sept.
Ces 7 dirigeants constituent le : « Comité permanent du Bureau politique du Parti communiste chinois ». On les appelle parfois «les empereurs».
C’est en fait eux qui dirigent la Chine.
Et comme pour une cérémonie religieuse devant la stèle qui représente les premiers dirigeants du Parti, tous ces hommes lèvent le point et vont prêter serment. Le numéro 1, Xi Jinping parle en premier, puis les six autres répètent :
« Je jure de préserver les secrets du Parti Communiste
Je jure de lutter pour le communisme
Je jure de ne jamais trahir le parti »
C’est quand même un étrange serment.
Je peux comprendre qu’ils jurent de ne jamais trahir le parti.
Je pense que ne pas trahir le parti devrait conduire à ce qu’on ne dévoile pas ce qui n’a pas vocation à être dévoilé. Et donc, ne pas trahir le parti doit impliquer, doit englober le fait de ne pas trahir les secrets.
Et non seulement, il s’agit d’un verset spécifique de ce serment, il s’agit même du premier.
Ils ne doivent pas être très honorables ces secrets pour que ces 7 dirigeants trouvent si essentiel de le déclamer en premier.
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